• Amazonie. Les Mura jurent de « lutter jusqu’au dernier souffle »

    Le clan Mura a décidé de lutter contre les exploiteurs en déposant une plainte en justice ainsi qu'un recours auprès de l'agence de protection de l'environnement.
    Le clan Mura a décidé de lutter contre les exploiteurs en déposant une plainte en justice ainsi qu'un recours auprès de l'agence de protection de l'environnement. | UESLEI MARCELINO / REUTERS

    La tribu des Mura du Brésil est sur le pied de guerre pour affronter les incendies qui détruisent l’Amazonie. Son combat promet d’être compliqué, mais ses membres sont déterminés.

    Les Indiens de la tribu Mura du Brésil ont enduit leur corps de peinture rouge orangée, pris leurs arcs et leurs bâtons et sont partis dans la jungle cette semaine, prêts au combat pour défendre leur bien le plus précieux, la forêt amazonienne actuellement en proie aux flammes.

    Plus de 18 000 Mura vivent dans l’État brésilien d’Amazonas, selon les données rassemblées par l’organisation non gouvernementale Instituto Socioambiental.

    Des membres de la tribu ont conduit Reuters jusqu’à une zone de la taille de plusieurs terrains de football près de leur village où la forêt a été défrichée. Un vaste trou est creusé dans le sol marqué par les traces de lourdes machines.

    Les Indiens de la tribu Mura du Brésil ont enduit leur corps de peinture rouge orangée, prêts au combat pour défendre la forêt amazonienne. | UESLEI MARCELINO / REUTERS

    Partout dans la région autour du village Mura, des poches de feu.

    « Chaque jour qui passe, nous assistons à une avancée de la destruction : déforestation, invasion, exploitation forestière », raconte Handerch Wakana Mura, l’un des dirigeants d’un clan d’une soixantaine de personnes.

    « Nous sommes tristes parce que la forêt meurt à chaque instant. Nous sentons le climat changer et le monde a besoin de la forêt. »

    Les Mura luttent depuis près de 20 ans pour que les terres autour de leur village soient classées réserve indigène officielle, ce qui apporterait des protections supplémentaires, explique Handerch Wakana Mura.

    Le clan dit que ce sera une bataille difficile parce que le président brésilien Jair Bolsonaro s’est engagé à ne plus mettre en réserve de terres tribales.

    Ouvert à la tronçonneuse

    La déforestation en Amazonie a augmenté de 67 % au cours des sept premiers mois de l’année par rapport à la même période l’an dernier, selon l’agence de recherche spatiale brésilienne INPE.

    Les incendies sont en hausse de plus de 80 % au Brésil depuis le début de l’année, atteignant leur plus haut niveau depuis au moins 2013, toujours selon l’INPE.

    Les écologistes accusent le président Bolsonaro d’encourager tacitement l’abattage des arbres ainsi que le défrichage, éventuellement en allumant des feux.

    Les Mura luttent depuis près de 20 ans pour que les terres autour de leur village soient classées réserve indigène officielle. | UESLEI MARCELINO / REUTERS

    De fait, le clan n’a pas pu arrêter les bûcherons. La déforestation dans le secteur a commencé il y a quatre ans, et ce n’est que l’an dernier que les autorités ont chassé les bûcherons et ceux qui creusaient la roche pour aménager une chaussée à proximité.

    L’exploitation forestière est ensuite passée de l’autre côté de la chaussée : une zone immense d’arbres abattus est visible par drone.

    Plus tard, les Mura ont découvert un chemin dans la jungle avoisinante, ouvert récemment ouvert à la tronçonneuse et à la machette, un chemin pour les bûcherons et le signe avant-coureur d’un nouveau secteur dans leur collimateur.

    Cette fois, le sentier est particulièrement proche d’un groupe de noisetiers dont les populations du secteur se nourrissent des fruits, expliquent Handerch Wakana Mura et d’autres chefs de tribus.

    Le clan Mura a donc décidé de lutter contre les exploiteurs en déposant une plainte en justice ainsi qu’un recours auprès de l’agence de protection de l’environnement.

    Le chef Raimundo Praia Belem Mura, qui a vécu sur cette terre toute sa vie, a juré de se battre jusqu’au bout.

    « Pour cette forêt, déclare cet homme de 73 ans, je continuerai jusqu’à mon dernier souffle ».

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  • Pétition : URGENCE AMAZONIE : Stop à la déforestation ! Sauvons notre planète !

     

    À l'attention : Ursula Von Der Leyen, Présidente de la Commission européenne

     

     

    A Ursula Von Der Leyen, Présidente de la Commission européenne,

     

    Madame la Présidente,

     

    Vous prendrez vos fonctions dans quelques semaines. Nous vous écrivons afin de vous alerter sur une situation extrêmement préoccupante pour l’avenir de la planète et, par conséquent, celui de l’humanité: la disparition de la forêt amazonienne.

     

    Les chiffres sont alarmants: la déforestation au Brésil, en juillet dernier, a été quasiment quatre fois supérieure au même mois de 2018, selon des chiffres officiels. 

     

    L’élevage intensif de viande bovine et la monoculture agricole, soutenue par l’utilisation massive de produits phytosanitaires dévastateurs pour l’environnement, sont en grande partie responsables de cette déforestation.

     

    L'Institut National de Recherche Spatiale brésilien (INPE), l'organisme public chargé de mesurer la déforestation en Amazonie, a fait état de 2 254 kilomètres carrés de zones déforestées dans le pays le mois passé, contre 596,6 kilomètres carrés en juillet 2018, soit une augmentation de 278 % sur un an. Les dernières données de l'INPE faisaient état d'une augmentation de 88 % de la déforestation au Brésil en juin par rapport à ce qui avait été recensé pour le même mois l'année dernière.

     

    Les scientifiques du monde entier s’accordent sur un point: si la déforestation ne cesse pas, nous parviendrons d’ici peu à un point de non retour avec l’effondrement de cet écosystème qui ne pourra plus assumer ses fonctions vitales pour la planète. La forêt tropicale régule le climat de l'Amérique du Sud mais influence aussi celui de la planète. La déforestation à grande échelle accroît l'émission massive de CO2 et favorise les phénomènes météorologiques extrêmes tels que les sécheresses, les pluies torrentielles et les violentes tempêtes. 

     

    Depuis de nombreuses années, les populations indigènes d’Amazonie lancent un appel à la communauté internationale. Réunies en Coordination des Organisations Indigènes du Bassin Amazonien (COICA), elles demandent à l’ONU et aux gouvernements sud-américains de protéger le territoire amazonien.

     

    Nous, signataires de cette lettre, soutenons cet appel en faveur de la protection de leur habitat, et de l’arrêt immédiat de la déforestation du poumon vert de la planète.

     

    Nous appelons l'Union européenne, deuxième partenaire commercial du Brésil, deuxième importateur mondial de soja brésilien et l’un des principaux importateurs de viande bovine et d’autres produits agricoles en provenance du Brésil à mettre fin immédiatement à toute relation commerciale qui compromettrait l’avenir de la biosphère amazonienne, qui serait en contradiction avec l’Accord de Paris sur le climat, qui soutiendrait les agressions envers les populations autochtones et l’environnement… 

     

    L’Union européenne doit s’honorer en envoyant un message sans équivoque au gouvernement brésilien: l’UE doit refuser de négocier un accord commercial avec le Brésil tant que les violations des droits humains n’auront pas pris fin, que des mesures strictes pour mettre un terme à la déforestation n’auront pas été prises et que des engagements concrets pour mettre en oeuvre l’Accord de Paris ne seront pas effectifs.

     

    En outre, l’Union européenne doit user de tout son poids auprès de l’Organisation des Nations Unies afin qu’elle se prononce pour une intervention internationale d'urgence en Amazonie en coordination avec la COICA et les gouvernements des pays amazoniens. L’objectif est de faire adopter par les États concernés des normes sociales et environnementales pour leurs entreprises, inexistantes ou insuffisantes à l’heure actuelle. 

     

    Nous vous prions de croire, Madame la Présidente, en l'assurance de notre respectueuse considération.

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    Les terribles plans de Bolsonaro pour l'Amazonie révélés

    Jair Bolsonaro ne cache pas son désir de vouloir saboter les efforts de préservation de la forêt amazonienne.Jair Bolsonaro ne cache pas son désir de vouloir saboter les efforts de préservation de la forêt amazonienne. [EVARISTO SA / AFP]

    Jair Bolsonaro n'a aucune pitié pour l'Amazonie. Le président de la République fédérative du Brésil souhaite construire une autoroute, un pont et une centrale dans la forêt amazonienne pour «lutter contre la pression internationale» qui vise à protéger le «poumon de la planète».

    Son objectif assumé est de saboter les efforts de préservation de la forêt amazonienne. Selon des documents - une présentation Powerpoint - révélés le mercredi 21 août par le site britannique de l’association engagée pour le débat démocratique et les droits de l’homme OpenDemocracy, le gouvernement climatosceptique prévoit notamment la construction d’une autoroute, un pont ou encore une centrale hydraulique au cœur de la forêt.

    Une «campagne mondialiste» dénoncée

    Dans d’autres diapositives, le gouvernement dénonce une «campagne mondialiste qui porte atteinte à la souveraineté du Brésil dans le bassin amazonien», en pointant particulièrement du doigt les médias et les ONG de défense de l’environnement et des droits des autochtones. 

    La déforestation, qui avance rapidement, est la principale cause des départs de feu dans la plus vaste forêt tropicale de la planète.

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    Le chef indigène Raoni Metuktire, le 29 mai 2019 à Lyon (France) [JEFF PACHOUD / AFP/Archives]
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    Pour le ministre de l'environnement Brésilien, la solution aux incendies est de «monétiser la forêt d'Amazonie»

    Le ministre de l'environnement veut diviser la forêt d'Amazonie en différentes zones d'activités commerciales.Le ministre de l'environnement veut diviser la forêt d'Amazonie en différentes zones d'activités commerciales. [Marcos CORREA / Brazilian Presidency / AFP]

    Ricardo Salles, le ministre de l'environnement de Jair Bolsonaro, a proposé de développer des activités commerciales dans la forêt d'Amazonie.

    En 2019, près de 74.000 incendies ont ravagé la forêt. Depuis 48h, près de 700 feux se sont déclenchés, menaçant le poumon de la planète. La forêt d'Amazonie produit du CO2 et contribue à la régulation des températures sur Terre.

    Pour préserver la région, le ministre a proposé de «monétiser la forêt tropicale». Selon lui, beaucoup d'activités considérées comme illégales et criminelles s'y développent actuellement. «Le fait est que les lois et règlements adoptés et utilisés depuis 10 ou 20 ans étaient trop restrictifs pour le développement des zones amazoniennes», a-t-il déclaré.

    Interviewé par le Financial Times, le ministre explique qu'il veut mettre en place un «règlement de zonage pour l'Amazonie qui stipule qu'une zone peut être utilisée d'une certaine manière, ou pour une certaine activité».

    Beaucoup d'incendies dans la forêt sont liés à la déforestation. «Si les investissements viennent, et si nous les distribuons aux personnes qui y vivent, ils garderont la forêt tropicale», estime le ministre.

    Située à 3.000 kilomètres de la forêt d'Amazonie, la ville de São Paulo s'est trouvée recouverte cette semaine d'une épaisse fumée sombre. Les habitants de la ville ont signalé des pluies noires.

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  • EN DIRECT - Incendies en Amazonie : le chef indien Raoni demande le départ de Bolsonaro "le plus vite possible"

     

     

    Video

     

     

    La forêt amazonienne touchée par des incendies ravageurs

    CATASTROPHE ENVIRONNEMENTALE, CRISE DIPLOMATIQUE - La gigantesque forêt amazonienne, plus grande forêt au monde, est en proie à de violents incendie. Une situation qui inquiète au niveau international. et a provoqué une crise diplomatique entre la France et le Brésil. Suivez les dernières informations sur ces incendies dans ce live.

    Live  

    RAONI VEUT LE DÉPART DE BOLSONARO "LE PLUS VITE POSSIBLE"

     

    Le chef indien Raoni demande le départ de Bolsonaro "le plus vite possible". "C'est une catastrophe ce qu'il est en train de faire avec nous", a déclaré ce dernier à l'AFP depuis Rio, faisant référence au discours brutal du président à l'encontre des peuples autochtones et aux invasions qui se multiplient sur leurs terres depuis son élection. Le chef en a appelé à une mobilisation internationale pour éteindre les feux qui sévissent toujours dans la forêt amazonienne. 

     

    "Il veut en finir avec la forêt, avec nous (les indigènes), c'est vraiment  terrible ce qu'il fait", poursuit le chef du peuple kayapo. "C'est (lui) qui excite ces gens, comme les fermiers. Ils l'écoutent. Il  pensent qu'ils ont tous les droits et se mettent à brûler les forêts" (pour les  cultures), ajoute le chef de 89 ans qui se bat inlassablement pour le respect  des droits des communautés indigènes.

    "Il en va ainsi pour les coupeurs de bois, les chercheurs d'or. Ils se  lâchent tous car sa parole les pousse à détruire la forêt beaucoup plus vite",  a-t-il accusé.

     

    CE QU'IL FAUT RETENIR

     

    - Crise écologique. L’Amazonie est en proie aux flammes depuis début juillet. L’Institut national de recherche spatiale a enregistré au Brésil une hausse des incendies de 83 % entre janvier et août 2019, par rapport à 2018.

     

    >> Notre article pour comprendre le drame écologique qui est en train de s'y dérouler

     

    - #PrayForAmazonia. Ces incendies provoquent une émotion et une indignation mondiale.  Sur les réseaux sociaux , des hashtags, "Pray for Amazonia", "Pray for the Amazon" et désormais "Act for the Amazon" sont largement relayés  avec des appels à manifester devant les ambassades du Brésil 

     

    - Crise diplomatique. Jair Bolsonaro est vivement critiqué par les ONG et plusieurs pays, dont la France, sur la gestion de cette crise. ll s'est défendu en accusant Paris de "mentalité colonialiste". Macron s'est opposé "dans ces conditions" à l'accord de libre-échange entre l'UE et le Mercosur. Ce dernier reproche à son homologue brésilien de lui avoir "menti" sur ses engagements environnementaux lors du G20 en juin dernier. Sous la pression internationale, Jair Bolsonaro a autorisé vendredi le déploiement de l'armée pour lutter contre les incendies en Amazonie. 

     

    >> La déforestation s'est-elle accélérée depuis l'arrivée de Bolsonaro ? 

     

    >> Que contient le texte des accords du Mercosur ?

     

    -Des annonces au G7 ?  La France formulera trois propositions au sujet de l'Amazonie lors du sommet qui s'ouvre ce samedi : "lever des financement pour pouvoir reboiser le plus vite possible", "développer des mécanismes de prévention", et trouver une "gouvernance" avec les ONG et populations autochtones pour "stopper le processus de déforestation industrialisée".

    14:58

    CONFLIT DE LA LANGOUSTE 

     

    Le Brésil et la France connaissent la plus grave crise diplomatie depuis le 'conflit de la langouste', estiment des diplomates auprès du quotidien Folha S. Paulo. Ce différend avait opposé les deux pays au début des années 60 au sujet de la pêche à la langouste, à la suite d'une décision brésilienne d'interdire ses eaux aux navires français. Après une brève escalade militaire, le conflit purement juridique s'est résolu de manière apaisée.

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    L'accès à l'usine Monsanto de Peyrehorade bloqué par des militants altermondialistes

    Adeline Haverland , ,

    Publié le 23/08/2019 À 17H15

     

    En marge du G7, les associations militantes Attac et les Amis de la terre ainsi que les syndicats agricoles la Confédération paysanne et le LAB ont bloqué l'accès à l'usine Monsanto de Peyrehorade. Les militants dénoncent "la responsabilité de Monsanto dans les désastres sanitaires et environnementaux".

     

    L'accès à l'usine Monsanto de Peyrehorade bloqué par des altermondialistes Les militants d'Attac et la confédération paysanne devant l'usine Monsanto de Peyrehorade © attac

     

     

    A quelques encablures de Biarritz où va se tenir le G7, les militants d'Attac, ainsi que des syndicats agricoles - la Confédération paysanne et le LAB - ont bloqué l'accès à l'usine de Monsanto de Peyrehorade. Les militants dénoncent les "désastres sanitaires et environnementaux" causés par le géant américain producteur notamment du round-up. 

     

    150 salariés employés à Peyrehorade

     

     

    Pour cela, les militants ont déposé des bottes de foin et des plans de maïs devant l'usine landaise.  Le site de 10 hectares emploie plus de 150 salariés qui travaillent à la recherche et la sélection de nouvelles variétés ainsi qu'à la production "de semences de maïs et de colza", précise le porte-parole de Monsanto. 2,5 millions de sacs sont expédiés chaque année depuis le site landais. 

     

    Bayer dans l'oeil du cyclone

     

    "L'action aura duré moins d'une heure et demi et n'a pas entraîné d'arrêt de la production", rassure Bayer.

     

    Bien que symbolique, la manifestation des associations place de nouveau Bayer, propriétaire de Monsanto depuis juin 2018 au centre de l'actualité. Depuis le rachat du semencier américain, plus de 18 000 plaintes ont été déposées, aux Etats Unis, contre le glyphosate, produit phare de Monsanto. En France, le pesticide est également dans la ligne de mire du gouvernement qui entend l'interdire d'ici à 2021.

     

    De quoi plomber la confiance des investisseurs dans les performances du géant pharmaceutique allemand. L'action Bayer s'échange actuellement à 67,61 euros contre 98 euros il y a un an.

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    Où en est-on dans le feuilleton du glyphosate ?

    Alice Vitard , , ,

    Publié le 24/07/2019 À 11H04, mis à jour le 30/07/2019 À 09H49

     

    Le glyphosate, principe actif du Roundup de l'américain Monsanto, est toujours au cœur de nombreuses controverses, de part et d'autre de l'Atlantique. Les études scientifiques s'entassent, voire se contredisent, alors que Bayer, géant allemand de la chimie et nouveau propriétaire de Monsanto, continue de défendre cet herbicide. Retour sur cette série, qui n'a rien à envier aux best-sellers de Netflix.  

     

    Où en est-on dans le feuilleton du glyphosate ? Les études scientifiques se suivent mais ne se ressemblent pas. © Jean-Louis Salque

     

     

    Ce 24 juillet, la Mission d’information commune sur le suivi de la stratégie de sortie du fameux pesticide glyphosate, menée par des députés, poursuit ses auditions. Objectif, vérifier l'effectivité du plan du gouvernement visant à sortir la France de l'utilisation du glyphosate d'ici juillet 2021 au plus tard, comme l'a voulu Emmanuel Macron. Le 19 juillet, à la demande du gouvernement, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) a pour sa part lancé un appel à candidature pour mener une nouvelle étude sur la cancérogénicité du célèbre glyphosate. Encore une…

     

    Il faut dire qu'avec le temps les études s'amoncèlent, se contredisent et, parfois même, s'opposent totalement. La politique tergiverse. Et, les tribunaux, de leur côté, ont la délicate tâche d'évaluer la responsabilité de Monsanto, l'agrochimiste à l'origine de cette molécule, dans les pathologies développées par les plaignants. Alors, où en est-on dans le feuilleton du glyphosate, actif principal du Roundup, désormais propriété du géant allemand Bayer ?

     

     

    Le CIRC et les agences européennes continuent de s'opposer

     

    Le Centre national de recherche contre le cancer (CIRC), organe dépendant de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), classe depuis mars 2015 le glyphosate comme "cancérigène probable" (groupe 2A).

     

    Les autorités européennes - l'EFSA et l'ECHA- estiment que, au contraire, l'herbicide est peu susceptible de présenter un risque cancérogène. Conséquence de quoi, l'autorisation européenne pour le glyphosate a été renouvelée en décembre 2017 pour cinq ans, contre dix ans initialement prévus. En vue de cette échéance, l'Union européenne a demandé à un Etat de devenir rapporteur du sujet. Aucun n'a répondu positivement. Le comité technique sur les produits phytosanitaire a alors désigné, en avril 2019, quatre pays dont la France pour remplir cette mission.

     

    L'Autriche, seul Etat de l'Union européenne, à interdire le glyphosate

     

    En France d'ailleurs, le gouvernement n'a cessé de changer d'avis à ce propos. En novembre 2017, le président Emmanuel Macron avait promis d'interdire le glyphosate "au plus tard dans trois ans" si des alternatives étaient disponibles. Début 2019, il revient sur ses propos en admettant qu'il est impossible d'en éradiquer totalement l'usage d'ici janvier 2021. Dans le même temps, François de Rugy, alors ministre de la Transition écologique et solidaire, confirme, sur le plateau d'Envoyé Spécial, l'engagement de la France pour éradiquer l'utilisation du glyphosate d'ici à 2021.

     

    Pour l'instant, un seul pays de l'Union européenne a pris le parti d'interdire totalement l'herbicide controversé : l'Autriche. Début juillet 2019, son Parlement a justifié cette abolition par le "principe de précaution". Cette décision a provoqué de nombreux débats, notamment sur la conformité avec la réglementation européenne. En effet, cette dernière prévoit que la licence d'utilisation du glyphosate dans l'Union européenne court jusqu'en décembre 2022.

     

    Il ne s'avère pas forcément facile pour les Etats de se positionner vu le nombre d'études à ce sujet.

     

    Des études qui ne se suivent mais ne se ressemblent pas 

     

    Impossible de compiler l'ensemble des études qui ont été menées sur le glyphosate. Elles sont bien trop nombreuses et surtout, elles se contredisent très souvent. En mai 2019, un rapport de l'Office parlementaire chargé de l'évaluation des choix scientifiques tentait d'expliquer ces divergences. Il pointe "une différence d'approche fondamentale entre le danger et le risque". L'OMS s'intéresserait plutôt à la question du danger tandis que les agences européennes se concentreraient sur le risque.

     

    En 2015, l'Agence européenne de sécurité des aliments estime que le risque cancérogène est improbable. En mai 2016, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture et l'OMS ont publié une étude dans laquelle elles jugent "peu probable" que le glyphosate soit cancérigène "chez les humains qui en seraient exposés par l'alimentation". Mais, certaines études établissent un lien de causalité ou, du moins, de corrélation. 

     

    En février 2019, un groupe de chercheurs a publié une étude dans la revue Elsevier selon laquelle l'exposition au glyphosate augmenterait de 41 % le risque de lymphome non hodgkinien. Mais, cela ne concerne alors que les personnes exposées à cet herbicide durant leur vie professionnelle. Et c'est là que se situe la complexité : les études choisissent des cohortes, des niveaux et des durées d'exposition différentes. Cette situation amène parfois à comparer l'incomparable. Cela n'a pas empêché les tribunaux à devoir se positionner sur ce sujet, particulièrement en France et aux Etats-Unis.

     

    Les Etats-Unis, noyau dur de la contestation

     

    Aux Etats-Unis, le groupe allemand Monsanto devait faire face à 13 400 actions en justice. Ce chiffre a été revu à la hausse le 30 juillet 2019. Il s'agit désormais de 18 400 requêtes. Dernier événement en date : le 26 juillet 2019, un juge américain a fortement revu à la baisse les montants de dommages et intérêts, infligés à Monsanto en mai dernier. Ils ont été réduits de 2 milliards à 86,7 millions de dollars, pour les époux Alva et Alberta Pilliod, deux septuagénaires atteints d'un lymphome non-hodgkinien qu'ils attribuent à leur utilisation du Roundup. Ce n'est pas la première fois qu'un juge baisse cette somme. 

     

    Le 15 juillet 2019, un juge du district de San Francisco a récemment revu à la baisse le montant des dommages et intérêts dû par Bayer, de 75 à 22 millions d'euros. La raison : la violation d'un principe constitutionnel qui fixerait de 1 à 9 au maximum le rapport entre dommages compensatoires et dommages punitifs. Mais Monsanto a déjà été condamné à plusieurs reprises par la justice américaine.

     

    En août 2018 et mars 2019, la firme avait été condamnée par deux fois à San Francisco. Les jurys populaires ont considéré que le désherbant était responsable des cancers de deux personnes et que Monsanto n'avait pas pris les mesures nécessaires pour avertir des risques potentiels.

     

    Monsanto nie en bloc son implication dans les symptômes de Paul françois

     

    En France, le combat judiciaire fait également rage. Le 22 juillet 2019, Bayer s'est pourvu en cassation contre l'arrêt de la Cour d'appel de Lyon. Cette juridiction l'avait en partie reconnue responsable de l'intoxication de l'agriculteur charentais Paul François. Ce dernier a inhalé accidentellement de l'herbicide Lasso produite par la multinationale et l'accuse de ses troubles neurologiques et organiques. Monsanto nie en bloc le lien entre l'inhalation de son produit et les troubles décrits par le plaignant.

     

    Les industriels peinent encore à se mobiliser

     

    En novembre 2017, l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) a publié une étude dans laquelle il envisage les alternatives possibles au glyphosate. Bien que des pistes existent, il n'y a pas de "solution miracle". Cette transition demande de la patience : " la réflexion sur la transition vers la sortie du glyphosate doit donc se faire sur une échelle de temps qui prend en compte la mise en œuvre de ces techniques alternatives".

     

    Reste aux industriels de se mobiliser. Or, l'Union des Industries de la protection des plantes (UIPP), lors de sa conférence annuelle de 2018, avait déclaré qu'"Il faut en moyenne 10 à 12 ans pour développer et commercialiser un nouveau produit". La route est encore semée d'embuches pour sortir du glyphosate…

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    L'accès à l'usine Monsanto de Peyrehorade bloqué par des militants altermondialistes

    Adeline Haverland , ,

    Publié le 23/08/2019 À 17H15

     

    En marge du G7, les associations militantes Attac et les Amis de la terre ainsi que les syndicats agricoles la Confédération paysanne et le LAB ont bloqué l'accès à l'usine Monsanto de Peyrehorade. Les militants dénoncent "la responsabilité de Monsanto dans les désastres sanitaires et environnementaux".

     

    L'accès à l'usine Monsanto de Peyrehorade bloqué par des altermondialistes Les militants d'Attac et la confédération paysanne devant l'usine Monsanto de Peyrehorade © attac

     

     

    A quelques encablures de Biarritz où va se tenir le G7, les militants d'Attac, ainsi que des syndicats agricoles - la Confédération paysanne et le LAB - ont bloqué l'accès à l'usine de Monsanto de Peyrehorade. Les militants dénoncent les "désastres sanitaires et environnementaux" causés par le géant américain producteur notamment du round-up. 

     

    150 salariés employés à Peyrehorade

     

     

    Pour cela, les militants ont déposé des bottes de foin et des plans de maïs devant l'usine landaise.  Le site de 10 hectares emploie plus de 150 salariés qui travaillent à la recherche et la sélection de nouvelles variétés ainsi qu'à la production "de semences de maïs et de colza", précise le porte-parole de Monsanto. 2,5 millions de sacs sont expédiés chaque année depuis le site landais. 

     

    Bayer dans l'oeil du cyclone

     

    "L'action aura duré moins d'une heure et demi et n'a pas entraîné d'arrêt de la production", rassure Bayer.

     

    Bien que symbolique, la manifestation des associations place de nouveau Bayer, propriétaire de Monsanto depuis juin 2018 au centre de l'actualité. Depuis le rachat du semencier américain, plus de 18 000 plaintes ont été déposées, aux Etats Unis, contre le glyphosate, produit phare de Monsanto. En France, le pesticide est également dans la ligne de mire du gouvernement qui entend l'interdire d'ici à 2021.

     

    De quoi plomber la confiance des investisseurs dans les performances du géant pharmaceutique allemand. L'action Bayer s'échange actuellement à 67,61 euros contre 98 euros il y a un an.

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