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    Un viol collectif en Israël, révélateur

    des violences faites aux femmes

    Viol collectif d'une adolescente à Eilat.-Le parquet israelien inculpe 11 suspects. [RTS]  
    Viol collectif d'une adolescente à Eilat.Le parquet israelien inculpe 11 suspects. / 19h30 / 3 min. / aujourd'hui à 19:30
    En Israël, le viol collectif d'une adolescente dans la station balnéaire d'Eilat suscite une vague d'indignation. Cette semaine, le parquet israélien a annoncé l'inculpation de 11 suspects, dont huit mineurs. Cette affaire jette la lumière sur les violences sexuelles en Israël.

    Au bord de la mer rouge, à l'extrême sud d'Israël, Eilat est bordée de plages de rêve avec des eaux cristallines et des hôtels de luxe. La station balnéaire fourmille aussi de petits hôtels bon marché. C'est dans l'un d'eux qu'a eu lieu le viol collectif qui a bouleversé le pays.

    Ce mercredi au tribunal de Beer Shéva, onze jeunes hommes âgés de 16 à 27 ans ont été inculpés. Selon l'accusation, ils auraient attendu leur tour en fil indienne dans le couloir devant la chambre de la jeune fille.

    "La jeune femme était allongée sur le lit de sa chambre d'hôtel pendant une heure sans pouvoir bouger. Et aucun des jeunes qui se trouvaient là-bas n'est venu la secourir", a expliqué au 19h30 Rotem Yehanani, procureure du tribunal de Beer Shéva.

    "Personne ne leur explique que lorsqu'une femme dit 'non' c'est non"

    Ce viol a bouleversé les Israëliens, car il met en lumière les pratiques d'une certaine jeunesse israëlienne qui s'oublie complètement lorsqu'elle vient à Eilat, où tout semble permis. La victime et ses agresseurs étaient fortement alcoolisés au moment des faits, et l'alcool coulait à flot dans l'hôtel.

    "Ils tombent dans ce genre de situation à cause de l'abus d'alcool, à cause du manque d'éducation. A la maison, personne ne leur explique que lorsqu'une femme dit 'non', c'est non", constate Rinat, une habitante d'Eilat.

    Tom, une autre habitante, renchérit: "Et puis il faut dire aussi qu'il n'y pas de punition. S'ils savaient qu'ils seraient fortement punis, alors ils auraient peur. Mais ils savent qu'il ne leur arrivera rien. Il y a eu des cas de gens célèbres ici et ailleurs dans le monde qui ont violé des femmes en toute impunité."

    Série de protestations à travers le pays

    Des centaines d'Israëliens ont protesté dans les rues de Tel-Aviv après le viol collectif d'une adolescente. [Oded Balilty - AP Photo]Des centaines d'Israëliens ont protesté dans les rues de Tel-Aviv après le viol collectif d'une adolescente. [Oded Balilty - AP Photo]Le viol collectif d'Eilat a provoqué une série de protestations à travers le pays, notamment  à Tel-Aviv, où de manifestantes, souvent très jeunes, dénoncent toute une culture méprisant les filles.

    "Dans mon lycée ils notent les filles. Ils disent : 'celle-là je lui mets 7 sur 10, elle mérite qu'on couche avec elle. Celle-là, seulement 2 sur 10. Elle ne vaut rien'", explique l'une d'entre elles.

    "Ils ne parlent même pas de la relation sexuelle comme quelque chose de réciproque. Ils en parlent comme de quelque chose qu'on fait à la fille. Alors pourquoi s'étonner après ça que des hommes fassent la queue pour violer une gamine?" s'interroge une autre manifestante.

    "Une certaine culture encourage le viol"

    Ce viol intervient un an tout juste après une autre affaire, à Chypre cette fois. Des jeunes Israéliens avaient été accusés d'avoir violé une jeune anglaise. Innocentés par la justice chypriote, ils avaient été accueillis en héros à leur retour.

     Une certaine culture encourage le viol. Cela passe par des publicités machistes ou le refus de critiquer certains actes. On laisse penser que l'on peut faire ce q"u'on veut d'une femme, qu'elle ne vaut rien", explique Orit Soliciano, présidente d'une ONG de lutte contre le viol.

    Des écoles, des médias ou encore des artistes ont engagé des actions pour sensibiliser la jeunesse israélienne contre les violences sexuelles. Le viol d'Eilat a agi comme le révélateur d'un douloureux problème d'éducation.

    Stéphane Amar/asch

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  • Johanna Clermont est la chasseuse française la plus suivie sur Instagram, où elle offre un contenu léché à ses 120.000 abonnés.
    Johanna Clermont est la chasseuse française la plus suivie sur Instagram, où elle offre un contenu léché à ses 120.000 abonnés. - Page Facebook de Johanna Clermont.
    Féminité et fusils

    "On apporte une image plus douce" : les influenceuses,

    nouveau visage de la chasse et égéries des marques

    Les influenceuses autour de la chasse cumulent des dizaines de milliers d'abonnés sur les réseaux sociaux, où leur image tranchant avec un milieu âgé et masculin. Elles y promeuvent des carabines et vêtements pour le compte de marques, qui saisissent l'occasion de viser un nouveau public.

    Elle pose les cheveux au vent, les yeux dans le vague et un fusil à la main. Avec ses plus de 120.000 abonnés sur Instagram, Johanna Clermont est à 23 ans la figure de proue des "influenceuses" françaises autour de la chasse, qui partagent leur traque du gibier sur les réseaux sociaux. Au moins aussi populaires que leurs homologues masculins, elles servent d'égéries à des marques vendant des carabines et autres treillis. Et affirment vouloir donner une image tranchant avec les stéréotypes, dans un milieu dominé par des hommes de plus de 55 ans.

    Sur leurs comptes Instagram, les mosaïques de photos font la part belle aux paysages de forêts et de montagnes. Les chasseuses apparaissent souriantes, une main posée sur la crosse d'un fusil, l'autre sur le pelage de leur chien. Les compagnons canidés sont omniprésents parmi les clichés, qui comptent aussi de nombreux animaux sauvages : sangliers, canards, cerfs… Les influenceuses posent également avec leurs "prélèvements", nom donné aux prises, mais les clichés de faune décédée restent minoritaires. "J'essaye d'en partager très peu, parce que ce n'est pas la partie la plus importante et que les réseaux sociaux censurent. D'ailleurs certains chasseurs me le reprochent, en disant que j'ai honte de partager le prélèvement", explique Johanna Clermont.

    "Si j'avais été un homme, je n'en serais pas arrivé là"

    Les chasseuses semblent au moins aussi suivies que les influenceurs masculins sur les réseaux. Une recherche rapide sur Instagram permet de trouver plus d'une dizaine de comptes féminins dépassant le millier d'abonnés. Et ce alors que les femmes ne représentent que 2,5% des chasseurs, selon des statistiques de la Fédération nationale de la chasse (FNC). Comment expliquer cette surreprésentation sur internet ? "Être chasseresse aujourd'hui permet d'être plus 'populaire' que certains hommes, car notre image est certainement plus douce que l'image masculine", analyse Justine, une lycéenne de 17 ans qui compte 7.600 abonnés sur Instagram. "Si j'avais été un homme, je n'en serais pas arrivé là, estime de son côté Johanna Clermont. Je pense qu'une partie de mon succès est dû à ma féminité. On sait que la femme fait mieux vendre, et d'autant plus dans un monde d'hommes". Parmi leurs suiveurs, ces chasseuses comptent environ 80% d'hommes pour 20% de femmes, un déséquilibre moins marqué que dans la pratique.

    Cette popularité a attiré l'attention des marques de chasse, qui rémunèrent les influenceuses à travers des placements de produits. Les chasseuses s'affichent avec une carabine, un couteau ou autre veste en tweed, identifient le fabricant dans la description de la photo, voire l'accompagnent d'une description louangeuse. "Première sortie avec le B725 plus que concluante. 3,5kg de bonheur qui m’ont permis de passer une excellente matinée de régulation corvidés", vantait par exemple Fiona Hopkins à ses 19.000 abonnés Facebook en mai dernier, à côté d'une photo la montrant avec un fusil sur l'épaule et une dépouille de corbeau à la main. Johanna Clermont organise aussi régulièrement des jeux concours : "L’un ou l’une d’entre vous remportera une magnifique veste de tir en tweed Alan Paine", annonçait-elle sur Instagram en octobre 2019. Pour avoir une chance de décrocher le gros lot, ses suiveurs devaient alors s'abonner au compte de la marque et identifier "deux amis en commentaire".

    Cibler une "nouvelle génération de chasseurs"

    Parmi ces marques, Browning fait figure de pionnière sur les réseaux sociaux. "Ils sont très en avance sur la gestion des influenceurs", souligne Marine, la deuxième chasseuse française la plus suivie avec 37.000 abonnés sur son compte "Instachasseresse". Cette jeune femme de 27 ans fait partie des quatre "ambassadeurs" du célèbre fabriquant de carabines, un panel à moitié féminin. Au cœur de la pandémie de Covid-19, la marque a diffusé en direct une série de longues interviews en visioconférence avec ces représentants : "Browning vous confine avec Marine", titrait une vidéo diffusée le 11 avril, dans laquelle l'influenceuse répondait à des questions depuis son canapé.

    En plus de ces têtes d'affiches, l'entreprise "travaill[e] avec une vingtaine d'influenceurs", précise Adrien Koutny, chargé des relations presse et des réseaux sociaux au sein de l'entreprise. Y figure Johanna Clermont, dont le succès est étroitement lié avec la stratégie de la marque. "La première fois que j'ai tué un sanglier, j'ai publié la photo sur mon Facebook personnel et elle a commencé à beaucoup tourner. Un employé de Browning m'a alors contacté par message pour me proposer de travailler avec eux. Ils m'ont dit qu'ils aimeraient que j'aie une page officielle, et m'ont suggéré de créer des comptes sur d'autres plateformes", raconte l'influenceuse.

    Pari numérique

    Un tel pari numérique peut surprendre, alors que la moitié des chasseurs a plus de 55 ans. "Il y a une nouvelle génération qui arrive, avec de plus en plus de jeunes chasseurs, explique Adrien Koutny. En plus d'apporter de la visibilité et du contenu, nos ambassadeurs permettent de se rapprocher des clients, qui les contactent pour leur poser des questions sur les produits". Et de se donner un vernis "glamour" à travers des visages avenants ? On pourrait le penser à la lecture d'une interview avec Johanna Clermont, publiée sur le site de l'entreprise en janvier 2017 : intitulé "Johanna Clermont, la chasseresse qui traque vos cœurs", l'article la présente comme une "jolie jeune femme de 19 ans". "Nous l’avons interviewé pour votre plus grand plaisir", poursuit le texte, signé par Adrien Koutny. Interrogé sur ce portrait, ce dernier note avec un embarras perceptible que "son physique est probablement la première chose qu'on remarque", avant d'assurer que "la beauté n'est pas un critère de sélection pour entrer chez Browning".

    Parmi les influenceuses que nous avons interrogées, Johanna Clermont est la seule à en tirer sa "source de revenu principale". Et à avoir adopté une organisation professionnelle : "Il y a différentes personnes qui gravitent autour de moi : une attachée de presse, des photographes… J'organise des shootings en extérieur, avec des mises en scène. Mais la plupart des clichés sont pris sur le vif, par un photographe qui me suit". De quoi produire des images léchées, au risque de s'attirer des reproches sur un manque d'authenticité. "Ce n'est pas du tout représentatif : elle est très jolie, bien habillée, porte une arme pour laquelle elle a été payée", pointe par exemple Martine Pion, présidente de l'Association nationale de la chasse au féminin. Les autres chasseuses indiquent prendre la plupart de leurs photos avec leur téléphone, et de façon "spontanée". "Je peux publier une photo un peu retouchée, mais jamais un shooting avec des animaux morts", souligne Marine, qui travaille comme responsable marketing d'une plateforme de réservations.

     

    "Casser le stéréotype"

     

    Toutes affirment vouloir participer à améliorer l'image de la chasse. "Cela permet de casser le stéréotype du sketch des Inconnus, d'un chasseur qui a la cinquantaine et boit de l'alcool. On montre une image plus féminine, plus élégante et plus jeune", estime Marine. "Les femmes apportent une image de la chasse différente, plus douce", abonde Margaux, une chasseuse de 28 ans. Sur sa page Facebook aux 13.000 abonnés, cette employée d'une coopérative agricole défend sa passion avec vigueur. "INONDEZ GROUPES DE CHASSE ET D’OPPOSANTS, PAGES DE CHASSES ET D’OPPOSANTS, PROFILS EN TOUT GENRE DE CETTE VIDÉO !", enjoignait-elle en juillet dernier, en partageant une vidéo YouTube sur "les bouffons du RIP sur les animaux", une initiative visant entre autres à interdire certains modes de chasse. Tandis que le 26 août, elle partageait un sondage du journal Le Point demandant s'il faut "interdire la chasse en France" : "La tendance est à deux doigts de s’inverser, ne lâchons rien !".

    En revanche, les influenceuses sont plus divisées sur une autre possible vocation : la promotion d'une meilleure place des femmes dans la chasse. Toutes récusent d'ailleurs le terme de "féminisme". "J'essaie de montrer aux hommes qu'une femme a autant sa place à la chasse qu'eux, affirme toutefois Mélissa, une chasseuse de 22 ans suivie par 5.000 personnes sur Instagram. Je pense qu'il y a beaucoup de femmes qui n'osent pas passer leur permis de chasse (...) de peur de ne pas être acceptées et de se faire marcher dessus par les hommes". A l'inverse, Johanna Clermont récuse un tel objectif, même si elle se dit "très contente quand des filles m'écrivent pour me dire que je les ai incitées à passer leur permis". "Ce n'est pas notre but", affirme-t-elle, considérant qu'il "est démontré que la femme a toute sa place dans la chasse". "On ne demande pas aux influenceurs de voyage ou de beauté ce qu'ils ont à prouver sur la place de la femme", ajoute-t-elle.

    Johanna Clermont va même plus loin en taclant l'Association nationale de la chasse au féminin, qui indique sur son site vouloir "créer une dynamique féminine dans le monde de la chasse". "Ce n'est pas en faisant une battue entre femmes que l'on va s'intégrer dans un monde d'hommes", assène-t-elle, ajoutant que "ce séparatisme-là ne fait qu'accentuer le problème". Et de railler le manque de visibilité de l'association par rapport à la sienne : "La personne qui a fait la Une de beaucoup de médias dernièrement, ce n'est pas l'association de Martine Pion". De quoi irriter l'intéressée. "Nous ne sommes pas des féministes, elle n'a rien compris ! Nous sommes là pour créer de la communication, par exemple avec les équipementiers, en les incitant à concevoir des produits adaptés au corps féminin", rétorque Martine Pion. Malgré cette passe d'armes, la responsable considère la visibilité des influenceuses comme "une bonne chose", et assure avoir "de très bons contacts sur Internet avec elles". La défense de la chasse passe avant tout.

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    • Avant 1979, les femmes iraniennes étaient libres. Elles veulent le redevenir.

    • Les féministes iraniennes qui refusent le hijab sont courageuses. Mais leurs homologues occidentales qui portent un chapeau rose et les abandonnent sont des misérables.

    • Pourquoi la barbarie iranienne est-elle si facilement tolérée en Occident ?

    • Il y a trente ans, le mur de Berlin tombait parce que des citoyens ordinaires voulaient recouvrer leur liberté de mouvement. Aujourd'hui, le mur du régime iranien pourrait être abattu par ces femmes ordinaires qui veulent retrouver la liberté de porter ce qu'elles aiment, qui refusent courageusement de marcher sur les drapeaux d'Israël et des États-Unis - et entendent jouir à nouveau du vent dans leurs cheveux.

    De courageuses femmes iraniennes sont à la pointe du soulèvement contre le régime iranien. Elles nous remémorent l'avant de la révolution islamique de 1979, quand le voile n'était pas obligatoire. Elles en connaissent le prix : nombre de celles qui ont participé aux manifestations contre le régime ont été violées et torturées en prison. Photo : des femmes voilées apparaissent dans une émission de propagande à la télévision publique iranienne, le 12 juillet 2014. (Photo de Behrouz Mehri / AFP via Getty Images)

    En octobre 1979, l'ayatollah Ruhollah Khomeiny a donné l'une de ses rares interviews à feu la journaliste italienne Oriana Fallaci. A la question : le voile est-il le symbole de la ségrégation que la révolution islamique impose aux femmes, Khomeiny a répondu : « nos coutumes ne vous regardent pas. Si vous n'aimez pas le vêtement islamique, vous n'êtes pas obligé de le porter parce que le voile islamique est fait pour les jeunes femmes honnêtes et convenables. »

    « Merci de votre réponse, » a répondu Fallaci. « Et puisque vous m'en donnez la permission, j'enlève ce stupide chiffon médiéval à l'instant ». Fallaci retira son voile et quitta la pièce sans ajouter un mot. En retrouvant le geste de Fallaci, les femmes iraniennes sont à la pointe du combat contre le régime.

    Peu après que le régime iranien ait admis avoir abattu un avion de ligne ukrainien le 8 janvier, à l'extérieur de Téhéran, des Iraniennes ont arraché les portraits du terroriste assassiné, le général Qassem Soleimani. Quelques heures plus tôt, les ayatollahs avaient attaqué la base d'Ain el-Assad en Irak, qui abrite des troupes américaines. Mais avant cela encore, la photo d'une iranienne dévoilée, Shohreh Bayat, arbitre du Championnat du monde d'échecs féminin, est devenue virale sur les réseaux sociaux. « Les gens devraient avoir la liberté de se vêtir comme ils le souhaitent, aucun code vestimentaire ne devrait être imposé » a déclaré Bayat évoquant ainsi les règles islamiques qui pèsent sur le vêtement des femmes.

    « Devrais-je commencer par bonjour, au revoir ou par toutes mes condoléances ? Bonjour, peuple iranien opprimé ; au revoir noble peuple iranien ; toutes mes condoléances à vous qui pleurez toujours », a écrit Kimia Alizadeh, médaille de bronze de Taekwondo aux Jeux olympiques de Rio 2016, peu après qu'elle ait déménagé en Europe. Elle aussi a protesté contre le « voile obligatoire ».

    Le 13 janvier, trois présentatrices ont démissionné de la Télévision de la République Islamique d'Iran (IRIB). « Pardonnez-moi pour les 13 années où je vous ai menti, s'est excusé Gelare Jabbari dans un post Instagram. Pendant plusieurs jours, les responsables iraniens ont nié que le Corps des gardiens de la révolution islamique avait détruit un avion de ligne ukrainien, tuant 176 passagers et membres d'équipage.

    Ces iraniennes qui font le choix de l'exil marchent dans les pas des dissidents soviétiques qui ont franchi le rideau de fer pour vivre en Occident. Ces dissidents ont joué un rôle fondamental dans la défaite de l'Union soviétique : ils ont ouvert les yeux de l'opinion publique occidentale sur la réalité de leur pays.

    Les femmes iraniennes qui défient aujourd'hui ouvertement les mollahs renouent avec une époque antérieure à la révolution islamique de 1979, quand le voile n'était pas obligatoire. Des photos de cette époque montrent des femmes sans voile. Du jour au lendemain, les iraniennes sont passées « de la mini-jupe au hijab ».

    « Je suis au regret de dire que le tchador a été imposé aux femmes », a déclaré Zahra Eshraghi, petite-fille de l'ayatollah Khomeiny. « Il est devenu obligatoire - dans les édifices publics, dans l'école que fréquente ma fille. Ce vêtement qui était une robe iranienne traditionnelle a été transformé en symbole d'une révolution. »

    La dernière impératrice d'Iran, Farah Diba, a rappelé qu'« à son époque, les femmes étaient actives dans toutes sortes de domaines. À un moment donné, le nombre de femmes à l'université a même été supérieur à celui des hommes ». Mais bien qu'elles soient « maintenant maltraitées et dédaignées, bien que leurs droits soient bafoués, les femmes agissent de manière incroyablement courageuse ».

    Il existe une photo de 1979 qui montre les femmes descendues dans la rue pour protester contre le port obligatoire du voile. « Elle a été prise le 8 mars 1979, au lendemain de l'entrée en vigueur de la loi sur le hijab qui imposait aux femmes le port d'une écharpe pour leurs déplacements urbains » a expliqué le photographe Hengameh Golestan. « Beaucoup de gens à Téhéran se sont mis en grève et sont descendus dans la rue. C'était une énorme manifestation avec des femmes - et des hommes ... Nous nous battions pour la liberté ». Depuis cette date, les femmes ne sont plus sorties à découvert.

    À l'époque, 100 000 femmes avaient protesté contre le régime islamiste. Aujourd'hui, de courageuses femmes iraniennes sont à la pointe du soulèvement contre le régime iranien. Elles en connaissent le prix : nombre de celles qui ont participé aux manifestations anti-régime ont été violées et torturées en prison. Les mollahs surveillent 40 millions de femmes iraniennes car ils savent que si ces femmes se rebellent ensemble contre la charia, la révolution islamique implosera. Cette peur explique peut-être pourquoi le régime charge l'Occident de tous les maux.

    Quand l'actuel "Guide" suprême de l'Iran, l'ayatollah Ali Khamenei, a défendu publiquement le voile, il a accusé les « ennemis » de l'Iran d'avoir « trompé une poignée de filles pour qu'elles retirent leur hijab dans la rue ». En 2009, le symbole des manifestations iraniennes était Neda Agha-Soltan, assassinée par le régime. Le cas de Sakineh Mohammadi Ashtiani, une Iranienne condamnée à mort par lapidation pour un soi-disant « adultère », a déclenché des rassemblements en France, qui pourraient avoir joué un rôle dans sa libération. Il y a deux ans, une autre Iranienne, Vida Movahedi, est devenue un symbole de défi après qu'elle ait agité un foulard blanc.

    Des livres sur la dissidence iranienne - tels que Persépolis et Lire Lolita à Téhéran - ont été écrits par des femmes. Les femmes sont à la pointe du combat contre les ayatollahs. Parmi les 1 500 personnes tuées par le régime à l'occasion des dernières émeutes, il y avait environ 400 femmes a indiqué un communiqué du ministère de l'Intérieur iranien repris par Reuters.

    Selon la romancière irano-française Chahla Chafiq :

    « Leur acte nous interpelle avant tout sur l'ordre infernal que la République islamique instaure en sacralisant, au nom de dieu, les discriminations et les violences faites aux femmes. La diabolisation du corps des femmes comme lieu de péché, symbolisé par l'obligation du port du voile, implique une série d'interdictions qui altèrent la vie des femmes, soumises à de constantes humiliations et souffrances. »

    Une avocate des droits humains, Nasrin Sotoudeh, qui a défendu des femmes en lutte contre le voile, a été condamnée en mars à 38,5 ans de prison, avec une peine incompressible de 12 années de prison. Les activistes Yasaman Aryani, sa mère Monireh Arabshahi et Mojgan Keshavarz, ont été arrêtées pour avoir diffusé une vidéo qui les montre sans voile et distribuant des fleurs aux passagers. Trois femmes accusées de « non-respect du hijab obligatoire » ont été condamnées à 55 ans de réclusion. Shaparak Shajarizadeh, 43 ans originaire de Téhéran, a été condamnée à deux ans de prison pour s'être montrée tête nue dans l'espace public. Azam Jangravi, qui a agité son foulard au-dessus de sa tête dans une rue animée de Téhéran, a déclaré qu'elle avait agi ainsi pour sa fille âgée de huit ans. « Je me suis dit : 'Viana ne devrait pas grandir dans des conditions identiques à celles que l'on m'a infligées quand j'avais son âge' », a-t-elle expliqué.

    Les mollahs iraniens semblent prêts à tout pour casser le mouvement des femmes. Des femmes, qui ont partagé des vidéos les montrant tête nue, ont été condamnées à 10 ans de prison. La « police des mœurs » chargée de briser le mouvement des femmes a embauché 2 000 nouvelles recrues. Le régime iranien diffuse également des vidéos de propagande sur le hijab. Une fille qui s'est déguisée en homme pour assister à un match de football à Téhéran, s'est immolée par le feu peu après son procès. Les femmes iraniennes ont « le taux de suicide le plus élevé au sein de la population féminine du Moyen-Orient». Soixante-dix pour cent des suicides en Iran sont commis par des femmes que le régime opprime directement.

    Mais le voile n'est pas le seul problème des femmes. Danser, chanter, jouer de la musique ou serrer la main des hommes sont aussi des activités à risque. Avant 1979, les femmes iraniennes étaient libres. Elles veulent le redevenir.

    « La flamme du féminisme est vivante en Iran », a rapporté Foreign Policy. Les féministes iraniennes qui refusent de porter le hijab sont courageuses, tandis que leurs homologues occidentales, qui portent des chapeaux roses, et les abandonnent sont des misérables. Federica Mogherini, ancienne Haute représentante de l'Union européenne pour les affaires étrangères, porte un tchador pendant les visites officielles en Iran, prend des selfies avec les législateurs iraniens, et n'a jamais eu un mot sur ces extraordinaires femmes iraniennes.

    Masih Alinejad, qui a aidé à populariser la lutte des femmes iraniennes contre le port obligatoire du voile, a interpellé les femmes politiques occidentales qui cachent leurs cheveux quand elles voyagent en Iran : « Je serai claire avec vous : considérer qu'une loi discriminatoire est partie intégrante de notre culture - est une insulte à toute notre nation ». Le régime iranien n'a pas tardé à arrêter des membres de sa famille.

    La loi qui a institué la lapidation des homosexuels au Brunei a provoqué un tollé international. Mais l'Iran peut bien tuer des homosexuels et pendre des femmes pour « adultère », pas un sourcil ne frémit en Occident. Pourquoi la barbarie iranienne y est-elle si facilement tolérée ?

    La révolution iranienne de 1979 a créé le premier État moderne fonctionnant sur des principes islamiques. Les ayatollahs ont prouvé que la charia n'empêchait pas de gouverner et permettait même de construire une théocratie musulmane. L'assujettissement des femmes a au coeur de ce système.

    Il y a trente ans, le mur de Berlin est tombé parce que des citoyens ordinaires ont voulu recouvrer leur liberté de circulation. Aujourd'hui, le mur du régime iranien pourrait être abattu par ces femmes ordinaires qui veulent retrouver la liberté de s'habiller comme elles l'entendent. Courageusement, elles refusent de piétiner les drapeaux d'Israël et des États-Unis - et réclament le droit de jouir du vent dans leurs cheveux.

    Giulio Meotti, journaliste culturel à Il Foglio, est un journaliste et auteur italien.

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  • Droit des femmes : « Gisèle Halimi a sorti le combat féministe de l’illégitimité politique », salue la philosophe Geneviève Fraisse

    INTERVIEW Pour la philosophe et directrice de recherche émérite au CNRS Geneviève Fraisse, l’avocate Gisèle Halimi a contribué à porter le combat féministe « sur la place publique »

    Propos recueillis par Hélène Sergent

    Publié le 28/07/20 à 16h16 — Mis à jour le 28/07/20 à 17h55

     
    Gisèle Halimi (à g.) lors du procès de Marie-Claire Chevalier, poursuivie pour avoir avorté après s'être faite violée.

    Gisèle Halimi (à g.) lors du procès de Marie-Claire Chevalier, poursuivie pour avoir avorté après s'être faite violée. — AFP

    • Avocate, femme politique et écrivaine engagée Gisèle Halimi est décédée ce mardi à l’âge de 93 ans.
    • Elle a fait de sa vie un combat pour le droit des femmes, marqué par le procès de Bobigny en 1972, qui a ouvert la voie à la légalisation de l’avortement.
    • Pour la philosophe de la pensée féministe Geneviève Fraisse, si Gisèle Halimi ne portait pas une « utopie » féministe et n’était pas révolutionnaire, elle défendait la politique du féminisme.

    « Une républicaine passionnée » et « une grande combattante de l’émancipation des femmes », « un exemple pour toutes et tous » ou « une immense voix ». À l’annonce du décès de l’avocate Gisèle Halimi survenu ce mardi, les hommages de la classe politique ont afflué. Disparue à l’âge de 93 ans, cette écrivaine et ancienne députée avait fait de sa vie un combat permanent pour le droit des femmes.

    Quel héritage Gisèle Halimi laisse-t-elle et quel rôle a-t-elle joué dans la lutte contre les violences faites aux femmes en France ? Pour Geneviève Fraisse, philosophe de la pensée féministe et directrice de recherche émérite au CNRS, l’infatigable avocate a contribué à « légitimer » le combat pour le droit des femmes en « imposant sur la place publique » des sujets jusqu’ici délaissés par le politique.

    Genevieve Fraisse est philosophe de la pensée féministe et directrice de recherche émérite au CNRS.

    Qu’est-ce que Gisèle Halimi a apporté dans le combat pour les droits des femmes en France ?

    Tout au long de sa vie Gisèle Halimi a porté sur la place publique la question du droit des femmes. Comme elle l’a fait pendant la guerre d’Algérie dans son combat contre la torture. Aujourd’hui on parle de « convergence des luttes », mais à l’époque, Gisèle Halimi portait déjà une forme de contiguïté des luttes. C’était une femme politique, pas seulement parce qu’elle a eu des activités politiques à proprement parler, mais parce qu’elle a su imposer des sujets dans l’espace public qui n’y étaient pas auparavant. C’était aussi une intellectuelle qui pensait le féminisme. En 2003 déjà dans une tribune au Monde Diplomatique, elle pointait un « continuum de la violence » dans les violences faites aux femmes. Elle avait une idée très claire de ce qu’était l’oppression des femmes. Et elle n’a pas porté seulement le combat pour la dépénalisation de l’avortement, elle s’est aussi engagée pour la criminalisation du viol, qui rappelons-le, était considéré comme un simple délit jusqu’à un changement de la loi en 1980.

    Le procès de Bobigny, au cours duquel Gisèle Halimi défendait une jeune femme poursuivie pour avoir avorté après avoir été violée, a-t-il marqué un tournant en France ?

    À l’époque j’ai brièvement enseigné dans un lycée en banlieue parisienne. Je me souviens qu’un de mes élèves de terminale est intervenu au sujet de ce procès qui se tenait et avait dit : « Ça fera jurisprudence ». Cela m’a marqué parce que cela voulait dire qu’à la maison on discutait de ce procès. En portant le combat pour le droit à l’avortement dans l’enceinte judiciaire, Gisèle Halimi a permis de légitimer ce débat. Il ne faut pas oublier qu’à ce moment-là en France, les militantes féministes étaient très critiquées, ridiculisées et moquées, elles étaient dans la rue et peu dans les institutions républicaines. Ce procès a tout changé. En amenant l’avortement dans une institution comme l’institution judiciaire, elle a poussé l’Etat à prendre en charge cette question-là et elle a sorti le combat féministe de l’illégitimité politique.

    Pourquoi sa voix a-t-elle porté au-delà des cercles militants ?

    Parce que son parcours était d’une cohérence évidente et parce qu’elle a gagné ses batailles. Elle était aussi soutenue par Simone de Beauvoir​, à la fois sur son combat contre la torture en Algérie et lors du procès de Bobigny. Ça a été un soutien très important.

    Dans quelle pensée ou courant féministe s’inscrivait-elle ?

    Gisèle Halimi ne portait pas une « utopie » féministe et n’était pas révolutionnaire. Elle défendait la politique du féminisme. C’est-à-dire qu’elle assumait la dimension politique de ce combat et refusait de faire un « découpage » dans les violences faites aux femmes. Quand elle parle de continuum en 2003, elle refuse justement ce découpage et maintient qu’il existe bel et bien un lien entre l’injure sexiste, la gifle et le viol. Aujourd’hui même si on dépolitise moins le combat féministe, ce découpage persiste encore.

    « Les jeunes filles ne réalisent pas l'importance de ce combat »

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  • Vidéo.Aucune femme française ne dirige actuellement

    une entreprise du CAC 40

    ENTREPRISES Chaque jour, « 20 Minutes » vous conseille une vidéo réalisée par son partenaire « Brut »

    A.Le G.

    Publié le 16/07/20 à 12h26 — Mis à jour le 16/07/20 à 12h27

     

     

    Isabelle Kocher était la seule patronne d'une entreprise du CAC 40 jusqu'à ce qu'elle soit débarquée, en février. (archives)

    Isabelle Kocher était la seule patronne d'une entreprise du CAC 40 jusqu'à ce qu'elle soit débarquée,

    en février. (archives) — ERIC PIERMONT / AFP

    Espèce en voie de non-apparition. Aucune femme française ne dirige aujourd’hui une entreprise du CAC 40.

    Pourquoi ? Fondatrice de Women Equity, Dunya Bouhacène tente de répondre à cette question… Même si, comme elle le rappelle, la parité femmes-hommes au baccalauréat depuis trois générations, la majorité de mentions accordées aux femmes lors de l’obtention de leurs diplômes d’études supérieures auraient dû paver la voie à une véritable parité dans les sphères dirigeantes. Ce n’est pas le cas. Sans doute parce que les stéréotypes et les biais ont la vie dure.

    Une interview de notre partenaire Brut à regarder ci-dessous.LIEN

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    L'’historien Robert Muchembled

    De la diabolisation des femmes aux bûchers de sorcières

    Dénoncée avec force à l’heure actuelle, une forme de haine du féminin sévit depuis des siècles. Elle a culminé avec les chasses aux sorcières des XVIe-XVIIe siècles. Retour sur les racines de l’antiféminisme avec l’historien Robert Muchembled.

     

    Propos recueillis par et Julie Klotz Publié aujourd’hui à 05h59, mis à jour à 11h48

     

     Article réservé aux abonnés

     

    Examen d’une sorcière pendant un procès, par Thomkins H. Matteson, 1853 (Collection du Peabody Essex Museum). Examen d’une sorcière pendant un procès, par Thomkins H. Matteson, 1853 (Collection du Peabody Essex Museum). WIKIPEDIA

    Au cours des siècles, l’Eglise impose l’idée que le démon est partout. Selon elle, les femmes en sont la proie la plus facile, car faibles et par essence pécheresses. De là à faire d’elles de dangereuses sorcières, il n’y a qu’un pas. Comment expliquer l’acharnement politique et religieux qui a conduit des centaines de milliers d’entre elles au bûcher ? L’historien Robert Muchembled décrit la montée en puissance de cette violente misogynie qui atteignit son paroxysme au XVIe et au XVIIe siècle.

    Vous mettez en avant dans vos travaux la profonde misogynie des sociétés européennes aux alentours de la Renaissance. Comment l’expliquer, alors que le Moyen Age avait été marqué par une certaine idéalisation de la femme, notamment à travers l’amour courtois ?

    Cette misogynie vient du fait que les femmes commencent à prendre de l’importance dans la société. Ainsi, la sœur de François Ier, Marguerite de Navarre, accède-t-elle à la célébrité en tant qu’écrivaine. Au temps de Catherine de Médicis, des centaines de jeunes femmes arrivent à la cour, qui était jusque-là extrêmement masculine. Les possibilités d’ascension sociale féminine se développent. Certaines savent lire et écrire, et représentent un danger pour la société patriarcale. Face à cette menace, la réponse masculine a été de « resserrer la vis ».

    Par ailleurs, la femme est considérée par les théologiens, et surtout par les médecins, comme un être dangereux, mauvais, entretenant une relation particulière avec le diable. Les médecins définissent le corps de la femme comme un danger pour l’homme : sa sexualité est dangereuse pour lui et risque de le tuer ! Dans le sillage de la médecine antique, les médecins affirment que les femmes sentent beaucoup plus mauvais que les hommes parce qu’elles sont froides et humides, alors que l’homme est chaud et sec.

    « Une femme libre est un danger »

    Au fil des siècles, l’Eglise a imposé l’idée que la femme est par essence pécheresse, à l’image d’Eve, même si l’institution développe en parallèle le culte marial. Mais la Vierge Marie, c’est la femme sans sexualité ! La théorie qui prévaut, c’est que la femme est tellement faible dans son corps et dans son âme qu’elle ne peut pas faire son salut toute seule. Elle doit être aidée par les hommes – mari, père, frère – et être mise en tutelle. Une femme libre est un danger.

    Le XVIIe siècle a vu le développement de cette puissante vague misogyne, qui s’est brisée au siècle suivant. L’époque des Lumières va reprendre le chemin déjà parcouru au début de la Renaissance : c’est le retour des femmes intellectuelles.

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  • Violences sexuelles dans le sport :

    98% des victimes étaient mineures

    Le sport de haut niveau n’échappe pas aux violences sexuelles.Le sport de haut niveau n’échappe pas aux violences sexuelles. − DANIEL MIHAILESCU / AFPAutres sports

    BILAN - La ministre des Sports Roxana Maracineanu a révélé mercredi que 177 personnes issues de 40 Fédérations sont mises en cause pour des faits de violences sexuelles. Selon les signalements recueillis, la plupart des victimes étaient mineures au moment des faits, et 78% d'entre elles sont des femmes.

    Ce sont des chiffres accablants. À eux seuls, ils témoignent de l'ampleur du mal-être qui sévit. Près de 180 personnes sont mises en cause dans des affaires présumées de violences sexuelles dans le sport, a détaillé mercredi 1er juillet la ministre des Sports Roxana Maracineanu, plusieurs mois après une vague de révélations d'agressions sexuelles dans le sport français. 

    Depuis, les services du ministère des Sports ont reçu plus de 2000 signalements de violences présumées. Quarante Fédérations sont concernées par ces affaires qui touchent essentiellement (98%) des victimes mineures au moment des faits et dont 78% d'entre elles sont des femmes, a précisé l'ancien nageuse olympique, lors d'une conférence de presse. 

    16 personnes incarcérées, 88 procédures judiciaires en cours

    Quatre-vingt huit procédures judiciaires sont en cours concernant ces affaires, et 16 personnes sont actuellement incarcérées, a ajouté Roxana Maracineanu, dressant un premier bilan quatre mois après avoir lancé en février dernier une Convention nationale de prévention des violences sexuelles dans le sport. À l'époque, la première championne du monde française de natation avait reconnu qu'au ministère des Sports "on ne mesurait pas l'ampleur, la gravité et le nombre de cas". 

    En vidéo 

    Violences sexuelles dans le sport : les clubs tentent de rassurer les parents

    En décembre 2019, une enquête réalisée par le site web d'information Disclose en partenariat avec d'autres médias avait mis à jour des "dysfonctionnements majeurs" dans le traitement d'affaires présumées de pédophilie et de violences sexuelles dans le sport. Quelques semaines plus tard, la sortie du livre de l'ancienne patineuse Sarah Abitbol ("Un si long silence", aux éditions Plon) accusant son ex-entraîneur Gilles Beyer de l'avoir violée avait marqué le début d'une vague de révélations d'agressions sexuelles dans le patinage, et plus généralement, dans le sport français. Ces révélations avaient également souligné de nombreux dysfonctionnements au sein de clubs, de Fédérations, de la justice et de services de l'État.

    Toute l'info sur

    Violences sexuelles : grand déballage dans le monde du patinage

    Ces scandales sexuels à répétition ont conduit aux démissions successives du président de la Fédération française des sports de glace (FFSG) Didier Gailhaguet et de son homologue de la Fédération française de roller et de skateboard (FFRS) Nicolas Belloir, tous deux mis en cause pour leur gestion de cas de violences sexuelles dans leur sport.

    Ces scandales sexuels à répétition ont conduit aux démissions successives du président de la Fédération française des sports de glace (FFSG) Didier Gailhaguet et de son homologue de la Fédération française de roller et de skateboard (FFRS) Nicolas Belloir, tous deux mis en cause pour leur gestion de cas de violences sexuelles dans leur sport.

    En décembre 2019, une enquête réalisée par le site web d'information Disclose en partenariat avec d'autres médias avait mis à jour des "dysfonctionnements majeurs" dans le traitement d'affaires présumées de pédophilie et de violences sexuelles dans le sport. Quelques semaines plus tard, la sortie du livre de l'ancienne patineuse Sarah Abitbol ("Un si long silence", aux éditions Plon) accusant son ex-entraîneur Gilles Beyer de l'avoir violée avait marqué le début d'une vague de révélations d'agressions sexuelles dans le patinage, et plus généralement, dans le sport français. Ces révélations avaient également souligné de nombreux dysfonctionnements au sein de clubs, de Fédérations, de la justice et de services de l'État.

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    Violences sexuelles : grand déballage dans le monde du patinage

    Ces scandales sexuels à répétition ont conduit aux démissions successives du président de la Fédération française des sports de glace (FFSG) Didier Gailhaguet et de son homologue de la Fédération française de roller et de skateboard (FFRS) Nicolas Belloir, tous deux mis en cause pour leur gestion de cas de violences sexuelles dans leur sport.

     

    En décembre 2019, une enquête réalisée par le site web d'information Disclose en partenariat avec d'autres médias avait mis à jour des "dysfonctionnements majeurs" dans le traitement d'affaires présumées de pédophilie et de violences sexuelles dans le sport. Quelques semaines plus tard, la sortie du livre de l'ancienne patineuse Sarah Abitbol ("Un si long silence", aux éditions Plon) accusant son ex-entraîneur Gilles Beyer de l'avoir violée avait marqué le début d'une vague de révélations d'agressions sexuelles dans le patinage, et plus généralement, dans le sport français. Ces révélations avaient également souligné de nombreux dysfonctionnements au sein de clubs, de Fédérations, de la justice et de services de l'État.

    Toute l'info sur

    Violences sexuelles : grand déballage dans le monde du patinage

    Ces scandales sexuels à répétition ont conduit aux démissions successives du président de la Fédération française des sports de glace (FFSG) Didier Gailhaguet et de son homologue de la Fédération française de roller et de skateboard (FFRS) Nicolas Belloir, tous deux mis en cause pour leur gestion de cas de violences sexuelles dans leur sport.

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    • © UNICEF/Giacomo Pirozzi
      En Égypte, une assistante sociale (au centre) explique à une jeune fille et à sa mère les dangers des mutilations génitales féminines
      6 février 2020

      Plus de 4 millions de filles risquent de subir des mutilations génitales féminines en 2020, ont alerté les Nations Unies jeudi à l’occasion de la Journée internationale de tolérance zéro à l’égard de ce fléau.

      Plus de 200 millions de filles et de femmes à travers le monde ont subi des mutilations génitales féminines.

      « Les mutilations génitales féminines sont une manifestation flagrante de l'inégalité entre les sexes qui est profondément ancrée dans les structures sociales, économiques et politiques », a rappelé le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, dans un message publié à l’occasion de la Journée. « C'est également une violation des droits de l'homme et une forme extrême de violence à l'égard des filles », a-t-il ajouté.

      Le chef de l’ONU s’est félicité des avancées signalées dans la lutte contre cette pratique « effroyable et néfaste » qui peut entraîner des complications physiques, mentales et sexuelles ». Entre 2000 et 2018, la prévalence des mutilations génitales féminines a diminué de 25%.

      « Cependant, même une seule mutilation est une mutilation de trop », a toutefois souligné M. Guterres, appelant à éliminer ce fléau au cours de la prochaine décennie.

      Selon le chef de l’ONU, la réalisation de cet objectif aurait « des retombées positives sur la santé, l’éducation et la promotion économique des filles et des femmes ».

      L’édition 2020 de la Journée internationale de tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines a été placée sous le thème « libérer le pouvoir de la jeunesse » afin que cette dernière puisse faire entendre sa voix. 

      « Nous devons amplifier ces voix et aider ces jeunes à plaider en faveur du changement et en faveur de leurs droits », a déclaré M. Guterres. « Ensemble, nous pouvons éliminer les mutilations génitales féminines d'ici 2030 ». 
       

       

       « Les MGF ont dévasté ma vie »

      En Ethiopie, Abida Dawud a subi à l’âge de sept ans des mutilations génitales féminines (MGF) comme la plupart des filles de sa communauté.

      « J’ai toujours eu des problèmes urinaires. Lorsque j’avais mes règles, c’était très douloureux. J’avais constamment la nausée. Je vomissais, et c’étaient des moments très difficiles pour moi. J’ai ensuite accouché, et à ce jour j’ai toujours des douleurs qui en résultent », explique-t-elle.

      Abida est l'une des protagoniestes du projet « Une partie de moi » une série de trois films, mis en exergue par le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) à l’occasion de la Journée et réalisés par Sara Elgamal, fille d’une survivante des MGF.

      « Je demandais à ma mère pourquoi elle m’avait fait subir ça. Je l’ai questionnée pour savoir pourquoi elle m’avait tant fait souffrir. Je me suis promis de ne jamais mutiler ma fille », raconte Abida dans le film.

      Les courts métrages de Sara Elgamal donnent la parole à Abida ainsi qu’à Zahra Mohammed Ahmed et Khadija Mohammed, des femmes qui ont subi des mutilations génitales et qui se sont engagées à épargner à leurs filles et leurs petites-filles la douleur et le deuil personnel qu’elles ont dû endurer.

      La région Afar, où réside Abida, est l’une des deux régions de l’Ethiopie où la prévalence de la pratique des MGF demeurent très élevées (plus de 90%). Le taux de mortalité maternelle de la région est cinq fois plus élevé que le taux moyen national.

      « J’informe les femmes et les filles sur les dangers des MGF. Je leur explique que cela leur fait du mal physiquement et leur enlève leur désir sexuel. Les MGF m’ont empêchée d’avoir du désir, et ce serait la même chose pour ma fille », explique Abida.

      « J’aimerais dire au monde : ‘Mettons fin aux MGF, elles m’ont fait du mal et ont dévasté ma vie’. Si l’on n’agit pas, on devra être témoins de la souffrance qu’elles provoquent », avertit-elle.

       

      Khaled Abdul Wahab
      "Les MGF sont un crime" dénoncent ces manifestants en Egypte.

      Environ une survivante sur quatre a été excisée par un prestataire de soins de santé

      L'augmentation de la prévalence des mutilations génitales féminines (MGF) médicalisées assombrit les progrès réalisés au niveau mondial pour éliminer le soutien à cette pratique, alerte le Fonds des Nations Unie pour l’enfance (UNICEF) à l’occasion de la Journée.

      Environ une fille ou femme sur quatre ayant subi une mutilation génitale féminine (MGF), soit 52 millions de survivantes aux MGF dans le monde, ont été excisées par un personnel de santé, selon une nouvelle analyse de l’UNICEF.

      Cette proportion est deux fois plus élevée chez les adolescentes : 34 % des victimes de MGF âgées de 15 à 19 ans ont subi des mutilations médicalisées, contre 16 % des victimes âgées de 45 à 49 ans, ce qui indique une augmentation de la médicalisation de la pratique, selon l'analyse.

      « Les mutilations opérées par des médecins sont toujours des mutilations. Les professionnels de la santé formés qui pratiquent les MGF violent les droits fondamentaux, l'intégrité physique et la santé des filles », a déclaré la Directrice exécutive de l'UNICEF, Henrietta Fore. « Médicaliser la pratique ne la rend pas sûre, morale ou défendable ».

      Selon l’ONU, l'augmentation de la médicalisation des MGF découle d'une croyance erronée selon laquelle les dangers des mutilations sont d'ordre médical plutôt que de constituer une violation fondamentale des droits des filles. 

      L’UNICEF explique que la médicalisation de la pratique des MGF n'élimine pas le danger qu'elle représente pour les femmes, car elle continue d'enlever et d'endommager des tissus sains et normaux, ce qui interfère les fonctions naturelles du corps des filles.

      La tendance à la médicalisation des MGF s'explique par l'opposition croissante à cette pratique dans le monde. Au cours des deux dernières décennies, la proportion de filles et de femmes dans les pays à forte prévalence qui souhaitent que cette pratique cesse a doublé, selon la nouvelle analyse.

      Les adolescentes sont plus susceptibles que les femmes plus âgées de s'opposer à cette pratique, selon l'analyse. En Égypte, en Sierra Leone et en Guinée, les adolescentes ont au moins 50 % de chances de plus que les femmes plus âgées de s'opposer aux MGF.

       

      Asmah Mohamad, 6 ans, qui a été forcée de subir une procédure de mutilation génitale, est réconfortée par sa mère Bedria. Photo UNICEF/NYHQ2005-2229/Getachew

      Les MGF coûtent des milliards de dollars par an

       Au-delà des souffrances humaines que provoquent les MGF, le traitement de leurs impacts sur la santé coûterait quelques 1,4 milliard de dollars par an dans le monde si tous les besoins médicaux qui en résultent étaient couverts, a pour sa part signalé l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

      « Les mutilations sexuelles féminines ne sont pas seulement une violation catastrophique des droits humains qui nuit gravement à la santé physique et mentale de millions de filles et de femmes ; elles prélèvent aussi un lourd tribu sur les ressources économiques vitales d’un pays », a déclaré le Dr Ian Askew, Directeur du Département de la santé sexuelle et reproductive et de la recherche à l’OMS.

      Dans les pays où les MGF sont pratiquées, leur coût avoisinerait en moyenne 10% des dépenses de santé annuelles totales, allant jusqu’à 30%.

      C’est données ont été calculées grâce à un nouveau logiciel de modélisation interactif, présenté lors de la Journée internationale.

      Les mutilations sexuelles dont les femmes et les filles sont victimes les exposent à des risques graves pour leur santé et leur bien-être, notamment à des conséquences immédiates de l’excision telles qu’infection, hémorragie et traumatisme psychologique, et à des affections chroniques pouvant survenir à tout moment de leur existence.

      Les femmes mutilées sont exposées à un plus grand risque de complications potentiellement mortelles à l’accouchement. Elles risquent aussi de souffrir de troubles mentaux et d’infections chroniques. Des douleurs lors des règles et des rapports sexuels ainsi que des problèmes urinaires sont également possibles.
      Toutes ces pathologies nécessitent des soins médicaux.

      La prévention des mutilations sexuelles féminines présente des avantages considérables pour les femmes, les filles, les communautés et l’économie
      Sur la base des données provenant de 27 pays à forte prévalence, le calculateur des coûts montre que l’élimination des mutilations sexuelles féminines a des avantages indéniables pour l’économie. S’il était mis un terme à ces pratiques aujourd’hui, les économies réalisées sur les coûts de santé dépasseraient 60% en 2050.

      À l’inverse, si rien n’est fait, on estime que ces coûts grimperont de 50% dans le même laps de temps, car davantage de filles subiront des mutilations à mesure que la population augmentera.

      « Beaucoup de pays et de communautés montrent qu’il est possible de renoncer aux mutilations sexuelles féminines », affirme la Dr. Christina Pallitto, scientifique à l’OMS. « Si les pays investissent pour mettre fin aux mutilations sexuelles féminines, ils peuvent éviter aux filles d’être victimes de ces pratiques néfastes et promouvoir la santé, les droits et le bien-être des femmes et des filles ».

      Vingt-six pays d’Afrique et du Moyen-Orient ont clairement légiféré contre ces mutilations, ainsi que 33 autres pays qui accueillent des migrants venant de pays où les mutilations génitales féminines sont pratiquées.

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