• By An Qi

    "Angry Birds" flew back to the theaters on August 16, 2019, attracting many fans worldwide. Among all the "angry birds," the angriest – Red, is most loved. Everyone is amused by the irritable, short-tempered, yet adorable creature. If you don't know the real-life bird the character is based on, check it out now!

    The real-life "angry bird" is identical to his image in the popular movie series. /VCG Photo

    The real-life "Red" – the northern cardinal, is quite the opposite of the movie character. The little songbird looks just as red as in the movie, but its temper is much milder. Male northern cardinals treat their mates really nice. They even feed females beak to beak during courtship. Northern cardinals' love life is pretty romantic: Males sing to pay court to females. Once a pair of northern cardinals "marry" each other, they mate for life and stay together year-round. The couple builds a nest and cares for broods together. Male northern cardinals are responsible fathers.

    The northern cardinal is common in Northern America. /VCG Photo

    As songbirds, male northern cardinals use songs to mark their territories. They become as angry as Red when they see other males invading. Sometimes they even mistake their own images on reflective surfaces as intruding males and fight the reflections relentlessly.

    The bird is only 21-23 centimeters in size and weighs about the same as an egg. /VCG Photo

    Northern cardinals are quite common in North America. Due to their bright color and distinctive song, they were once prized as popular pets. According to current laws, it is illegal to sell a northern cardinal or keep it as a caged bird. People still love them even though they cannot keep them as pets anymore. The northern cardinal is the mascot of numerous athletic teams in the U.S. It is the state bird of as many as seven states, more than any other species.

    (Cover image via VCG)

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    Concert harpe et chant avec DANA (the voice ) & TAEZI - Nashuar terre vivante

    dans le cadre d'une tournée en Occitanie. ils s'arrêteront à l abbaye de Caunes-en-Minervois pour un concert exceptionnel

     
    dans le cadre d'une tournée en Occitanie. ils s'arrêteront à l abbaye de Cauns-en-Minervois pour un concert exceptionnel spirituelles harpes et chant .
    la harpe de DANA accompagne de celle de TAEZI raisonnera de note angélique dans ce lieu grandiose .
    les bénéfices de ce concert iront à une association des amis de notre dame du Cros la participation et de 12€
    jusqu' au 15 septembre la participation
     
    présentation de Dana Chanteuse Harpiste
    DANA Une chanteuse à la voix envoûtante...
    Pour qui le monde et la culture celte sont des sources inépuisables d’inspiration. Son passage remarqué à l’émission de TF1 " THE VOICE " Dana avait envoûté Mika avec sa harpe reprenant un titre en breton «Divent An Dour .elle  met en lumière sa voix cristalline qu’elle accompagne à la harpe. Cette émission lance aussi sa carrière professionnelle qui prend, aujourd’hui, son envol.
    Originaire de Provence...
    Dana découvre très jeune la musique, grâce à son papa, musicien amateur. Elle apprend le piano mais très vite, la jeune fille se passionne pour la Bretagne et pour la culture celte. Elle s’inscrit alors dans l’amicale des Enfants de Bretagne du Var. Elle apprend les danses bretonnes, la cornemuse et la bombarde, puis intègre une troupe médiévale. En 2009, elle quitte son Sud natal pour rejoindre la Bretagne. Quelques temps plus tard, la jeune femme découvre la harpe celtique dont elle ne se séparera plus. Elle apprend à en jouer en autodidacte et reprend les chansons des contes médiévaux. Repérée par Alan Simon, auteur-compositeur (Excalibur, Tristan et Yseult, Anne de Bretagne), elle se produit dans de nombreux spectacles et festivals autour de cet univers et a même sorti un album composé uniquement de chansons traditionnelles. The Voice TF1
    Après nous avoir fait voyager pendant quelques années dans son univers, avec des reprises d'airs traditionnels ou plus contemporains, Dana franchit un nouveau cap. Ecrire et composer pour nous transmettre en peu, de son histoire, de sa vie. Elle nous parle depuis un moment d'un envol... Et bien on y est. " L'Envol " est le titre de sa toute première composition. Celle qui lui a donné des ailes, l'envie d'écrire d'autres chansons.
    On aime
    La passion de Dana pour le folklore celte et son désir de le faire découvrir au grand public. Avec des reprises de chants bretons ou des compositions personnelles, elle porte cet héritage traditionnel tout en le mettant au service de créations musicales originales telles que celles d’Alan Simon avec brio. pour ce concert elle reprendras des chant comme l avé maria , un hymne dédier à st François d assise ... etc
     
     
    présentation de Camille Taezi , j'ai découvert la harpe celtique à mes 7 ans avec l'artiste Mandragore, qui donnait un concert dans la vallée de l'Aff, porte sud de Broceliande où j'ai grandi.
    Ma mère m'ayant encouragé à me lancer dans l'apprentissage d'un instrument, j'ai été enchantée de pouvoir me lancer dans des cours de harpe celtique avec Christophe Guillemot puis avec France Allart alias Lawena. J'ai été enseignée de façon traditionnelle, c'est à dire à l'oreille en cours particulier et sans partitions.
    Au bout de 10 ans de cours, j'ai fait le choix d'apprendre seule et d'élargir mon répertoire au delà de la musique celtique.
    En 2006 je rejoins la compagnie médiévale fantastique "Les messagers de Faërie" avec qui j'ai trouvé mon nom de scène "Taezi" qui signifie Marie en elfique.
    Je prends des cours de chant en 2007 avec la chanteuse lyrique Florence Breton-St Just (la maison du Graal à Paimpont).
    En mai 2016 je lance la création de mon premier album "Imagi(e)ne" dans le "petit studio de Broceliande" avec Yann le Saout à Trehorenteuc. Au bout d'un an de travail et grâce au soutien financier d'une 60aine de personnes, j'ai pu arriver au bout de ce Projet où se réunissent compositions, improvisations en solo ou en groupe et reprises d'airs traditionnels.
     
    https://www.tf1.fr/tf1/the-voice/videos/dana-berce-diven-an-our-un-chant-breton.html
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      Participants

      Récapitulatif

      Finalisation

      pleins tarif

      12,00 €
       
       

      tarif reduit

      jusqu'au 15 septembre

      10,00 €
       
       
      Montant à payer :
      0,00 €
       
       

      Abbaye De Caunes Minervois

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      11160 Caunes Minervois
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  •  
    Pétition : Pour la démission du ministre Didier Guillaume en charge du bien-être animal
    Par Front du bien être animal

    Pétition adressée à Didier Guillaume futur ex-ministre du bien être animal

     
    Par la présente nous exigeons de la part du socialiste ministre de l'agriculture Didier Guillaume sa démission à effet immédiat!.

    Ce Monsieur est en charge  également dans ses fonctions du bien-être et de la lutte contre la maltraitance animale, chose incompatible avec ces loisirs qui sont d'assister entre autres à des corridas.


    Nous demandons de ce fait que cette hypocrisie soit rompue par sa démission, ou par son licenciement par le Président de la République à effet immédiat et sans indemnités.

    On ne peut être ministre du bien être animal et être caution de ces manifestations de barbares d'un autre temps où la torture animale est une distraction.
    Ce salarié de vos impôts a été photographié au premier rang du public lors d’une corrida à Bayonne.

    Il démontre de ce fait sa totale impossibilité à occuper ce poste de manière satisfaisante, la France étant déjà une honte occidentale en matière de législation pour la protection des animaux.


    53.333 signatures
    VIDEO

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  • Voici le texte qui a valu à Robert Redeker des menaces de mort. Une fatwa a aussi été émise sur la télévision Al-Jazira (qui en ce qui le concerne, cette fatwa n'est pas une condamnation à mort, voir cet article de Caroline Fourest). À la suite de cette publication, Robert Redeker a fait l'objet de menaces diffusées par un site web d'extrémistes identifié comme proche d'Al-Qaïda par la Direction de la surveillance du territoire (DST) et les Renseignements généraux.

    Selon Le Monde, la DST a repéré des pages de forums islamistes jihadistes, en anglais, sur lesquelles se trouvent sa photo, son adresse et un plan de rue pour se rendre à son domicile[réf. nécessaire]. Redeker est placé sous protection policière. Il a dû quitter son domicile et n'enseigne plus depuis le 20 septembre 20067. Sa situation est, selon ses propres mots, « catastrophique ».

    Je ne partage pas entirement ses points de vue, mais je le met à disposition pour plusieurs raisons :

    • d'abord, pour le principe de liberté d'expression ;
    • ensuite, parce que ce texte est contesté, mais ses contestateurs veulent éviter le débat. Comme le Figaro qui l'a initialement publié ne permet plus sa consultation, mais qu'il est nécessaire de lire le texte pour se faire une opinion, j'en assume la mise à disposition ;
    • il y a différentes façons de dénoncer l'islam, sa violence et l'oppression, qu'il a reçu en partage avec d'autres religions, certaines plus pondérées (voir l'opinion d'Antoine Sfeir), mais ce qui était il y a peu et est encore qualifié d'islamophobie, la critique rationnelle de l'islam, est faite par de plus en plus de journalistes, écrivains, philosophes, dont Michel Onfray ;
    • et enfin pour faire c... les calotins de tout poil.



      Face aux intimidations islamistes, que doit faire le monde libre ?(Robert Redeker)


    Les réactions suscitées par l'analyse de Benoît XVI sur l'islam et la violence s'inscrivent dans la tentative menée par cet islam d'étouffer ce que l'Occident a de plus précieux qui n'existe dans aucun pays musulman : la liberté de penser et de s'exprimer. L'islam essaie d'imposer à l'Europe ses règles : ouverture des piscines à certaines heures exclusivement aux femmes, interdiction de caricaturer cette religion, exigence d'un traitement diététique particulier des enfants musulmans dans les cantines, combat pour le port du voile à l'école, accusation d'islamophobie contre les esprits libres.

    Comment expliquer l'interdiction du string à Paris-Plages, cet été ? Étrange fut l'argument avancé risque de « troubles à l'ordre public ». Cela signifiait-il que des bandes de jeunes frustrés risquaient de devenir violents à l'affichage de la beauté ? Ou bien craignait-on des manifestations islamistes, via des brigades de la vertu, aux abords de Paris-Plages ?

    Pourtant, la non-interdiction du port du voile dans la rue est, du fait de la réprobation que ce soutien à l'oppression contre les femmes suscite, plus propre à « troubler l'ordre public » que le string. Il n'est pas déplacé de penser que cette interdiction traduit une islamisation des esprits en France, une soumission plus ou moins consciente aux diktats de l'islam. Ou, à tout le moins, qu'elle résulte de l'insidieuse pression musulmane sur les esprits. Islamisation des esprits : ceux-là même qui s'élevaient contre l'inauguration d'un Parvis Jean-Paul-II à Paris ne s'opposent pas à la construction de mosquées. L'islam tente d'obliger l'Europe à se plier à sa vision de l'homme.

    Comme jadis avec le communisme, l'Occident se retrouve sous surveillance idéologique. L'islam se présente, à l'image du défunt communisme, comme une alternative au monde occidental. À l'instar du communisme d'autrefois, l'islam, pour conquérir les esprits, joue sur une corde sensible. Il se targue d'une légitimité qui trouble la conscience occidentale, attentive à autrui : être la voix des pauvres de la planète. Hier, la voix des pauvres prétendait venir de Moscou, aujourd'hui elle viendrait de La Mecque ! Aujourd'hui à nouveau, des intellectuels incarnent cet œil du Coran, comme ils incarnaient l'oeil de Moscou hier. Ils excommunient pour islamophobie, comme hier pour anticommunisme.

    Dans l'ouverture à autrui, propre à l'Occident, se manifeste une sécularisation du christianisme, dont le fond se résume ainsi : l'autre doit toujours passer avant moi. L'Occidental, héritier du christianisme, est l'être qui met son âme à découvert. Il prend le risque de passer pour faible. À l'identique de feu le communisme, l'islam tient la générosité, l'ouverture d'esprit, la tolérance, la douceur, la liberté de la femme et des moeurs, les valeurs démocratiques, pour des marques de décadence.

    Ce sont des faiblesses qu'il veut exploiter au moyen « d'idiots utiles », les bonnes consciences imbues de bons sentiments, afin d'imposer l'ordre coranique au monde occidental lui-même.

    Le Coran est un livre d'inouïe violence. Maxime Rodinson énonce, dans l'Encyclopédia Universalis, quelques vérités aussi importantes que taboues en France. D'une part, « Muhammad révéla à Médine des qualités insoupçonnées de dirigeant politique et de chef militaire (...) Il recourut à la guerre privée, institution courante en Arabie (...) Muhammad envoya bientôt des petits groupes de ses partisans attaquer les caravanes mekkoises, punissant ainsi ses incrédules compatriotes et du même coup acquérant un riche butin ».

    D'autre part, « Muhammad profita de ce succès pour éliminer de Médine, en la faisant massacrer, la dernière tribu juive qui y restait, les Qurayza, qu'il accusait d'un comportement suspect ». Enfin, « après la mort de Khadidja, il épousa une veuve, bonne ménagère, Sawda, et aussi la petite Aisha, qui avait à peine une dizaine d'années. Ses penchants érotiques, longtemps contenus, devaient lui faire contracter concurremment une dizaine de mariages ». Exaltation de la violence : chef de guerre impitoyable, pillard, massacreur de juifs et polygame, tel se révèle Mahomet à travers le Coran.

    De fait, l'église catholique n'est pas exempte de reproches. Son histoire est jonchée de pages noires, sur lesquelles elle a fait repentance. L'Inquisition, la chasse aux sorcières, l'exécution des philosophes Bruno et Vanini, ces mal-pensants épicuriens, celle, en plein XVIIIe siècle, du chevalier de La Barre pour impiété, ne plaident pas en sa faveur. Mais ce qui différencie le christianisme de l'islam apparaît : il est toujours possible de retourner les valeurs évangéliques, la douce personne de Jésus contre les dérives de l'Église.

    Aucune des fautes de l'église ne plonge ses racines dans l'Évangile. Jésus est non-violent. Le retour à Jésus est un recours contre les excès de l'institution ecclésiale. Le recours à Mahomet, au contraire, renforce la haine et la violence. Jésus est un maître d'amour, Mahomet un maître de haine. La lapidation de Satan, chaque année à La Mecque, n'est pas qu'un phénomène superstitieux. Elle ne met pas seulement en scène une foule hystérisée flirtant avec la barbarie. Sa portée est anthropologique. Voilà en effet un rite, auquel chaque musulman est invité à se soumettre, inscrivant la violence comme un devoir sacré au coeur du croyant.

    Cette lapidation, s'accompagnant annuellement de la mort par piétinement de quelques fidèles, parfois de plusieurs centaines, est un rituel qui couve la violence archaïque. Au lieu d'éliminer cette violence archaïque, à l'imitation du judaïsme et du christianisme, en la neutralisant (le judaïsme commence par le refus du sacrifice humain, c'est-à-dire l'entrée dans la civilisation, le christianisme transforme le sacrifice en eucharistie), l'islam lui confectionne un nid, où elle croîtra au chaud. Quand le judaïsme et le christianisme sont des religions dont les rites conjurent la violence, la délégitiment, l'islam est une religion qui, dans son texte sacré même, autant que dans certains de ses rites banals, exalte violence et haine. Haine et violence habitent le livre dans lequel tout musulman est éduqué, le Coran. Comme aux temps de la guerre froide, violence et intimidation sont les voies utilisées par une idéologie à vocation hégémonique, l'islam, pour poser sa chape de plomb sur le monde. Benoît XVI en souffre la cruelle expérience. Comme en ces temps-là, il faut appeler l'Occident « le monde libre » par rapport à au monde musulman, et comme en ces temps-là les adversaires de ce « monde libre », fonctionnaires zélés de l’œil du Coran, pullulent en son sein.

    © Le Figaro et son auteur

    Robert Redeker est philosophe. Avant d'être victime d'une fatwa, il enseignait au lycée Pierre-Paul-Riquet, à Saint-Orens de Gammeville. Il va publier Dépression et philosophie (éditions Pleins Feux).

    En complément à la vison pacifiste de JC par Redeker, vous pouvez consulter le communiqué de la Libre pensée ici.

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  • Manger avec Atlantico

    Richard Feinman : "le fait de continuer à financer ce genre d'études retire des fonds dont on a tant besoin pour de véritables recherches scientifiques"

     

     

    Dr Guy-André Pelouze : Quelle est votre opinion actuelle sur l'épidémiologie nutritionnelle et pensez-vous qu'elle valait la peine d'être financée comme elle l’a (généreusement) été depuis la Seconde Guerre mondiale ?

    Richard Feinman : L'épidémiologie constitue une méthode générale qui permet de prouver que deux événements sont liés. Malheureusement, elle a été très largement mal appliquée et, dans le domaine de la nutrition, a produit une masse importante de résultats trompeurs et peu fiables. L'analyse des associations entre les résultats physiologiques ou médicaux et les dossiers diététiques ou d'autres mesures de la consommation qui comportent des erreurs extrêmement importantes n'a fourni que peu ou pas d'information utile, malgré les allégations exagérées. Les conclusions sont souvent absurdes : la viande rouge provoque le diabète, les régimes pauvres en glucides mettent la vie en danger, etc. Je pense que le fait de continuer à financer ce genre d'études retire des fonds dont on a tant besoin pour de véritables recherches scientifiques. Il y a des critiques détaillées et, anticipant votre prochaine question, il y a quelques bonnes règles que vous pouvez utiliser, mais il faut se méfier des approches épidémiologiques en nutrition.

    Je vais vous demander maintenant de commenter trois points essentiels. Tout d'abord la question de l'effet des graisses saturées semble persister en nutrition. Ancel Keys est décédé en 2004 : quel est son héritage sur cette question ? Les graisses saturées augmentent-elles le risque de maladies cardiovasculaires, en lien avec l'athérome ?

    Ancel Keys, bien sûr, est considéré comme le père du mouvement anti-graisses saturées, mais il existe d'autres candidats à cette paternité et il a de nombreux héritiers. Les preuves des effets des graisses saturées sont en grande partie épidémiologiques et par conséquent, comme je vous l’ai expliqué dans la question précédente, extrêmement faibles. La logique de ces preuves consiste d’abord à montrer l’association entre l'apport alimentaire en graisses saturées et le cholestérol total ou une fraction du cholestérol. Mais pour être probants, ces résultats doivent aussi être associés aux preuves d'une corrélation entre la présence de fractions de cholestérol et les maladies cardio-vasculaires. Or ces deux corrélations sont faibles et ne sont pas universellement observées. Donc cette thèse est sous-tendue par une logique qui est de toute façon fallacieuse. On a en réalité deux ensemble de données statistiques distincts ; or pour que le raisonnement tienne, il faudrait montrer que les personnes dont l'apport en graisses saturées prédisait un taux élevé de cholestérol sont les mêmes que celles dont le taux élevé de cholestérol prédisait une maladie cardiovasculaire. Cela n'a jamais été fait. Ce qu'il faut, c'est un test direct de l'effet de la consommation de graisses saturées sur les maladies cardiovasculaires. De telles études ont été réalisées à de nombreuses reprises et ne montrent presque jamais de corrélation. La littérature est claire. Il n'y a aucun lien entre les graisses saturées et les MCV.  Nous avons beaucoup cherché pour en trouver mais nous n'en trouvons pas. Cela ne veut pas dire qu'il ne pourrait pas y en avoir un, c'est-à-dire qu'il pourrait y avoir des individus pour lesquels ce lien existe, mais nous n'avons pas les preuves. De la même manière, lors d’un procès, il est impossible de prouver l’innocence de quelqu’un : ce qui est possible, c’est de prouver que quelqu’un est non-coupable. Beaucoup de gens ont le sentiment que si un régime alimentaire est riche en graisses saturées et en glucides, cela peut représenter un risque, mais nous ne pouvons même pas le démontrer.

    Dans ce contexte, l'épidémiologie nutritionnelle est très paradoxale pour le profane. Un jour, les œufs augmentent le cholestérol et le risque d’avoir une MCV et un autre jour (généralement dans une nouvelle étude comme celle-ci), manger des œufs est bon pour la santé. Y a-t-il une explication ? Pouvez-vous expliquer clairement pourquoi l'épidémiologie nutritionnelle n'est pas un domaine suffisamment sûr pour être utilisé dans les directives alimentaires de la vie quotidienne ?

    Il y a des critères pour décider quand une étude épidémiologique est vraiment prédictive. Un d’entre eux est particulièrement intéressant : ce sont les neuf principes notés par Bradford Hill qui a identifié le lien étroit entre la fumée de cigarette et le cancer du poumon. Les règles de Hill ne sont pas le fruit du hasard, mais plutôt de l'intuition et de l'expérience des scientifiques ou, plus encore, du bon sens. Les études d'observation en épidémiologie nutritionnelle déterminent la probabilité de maladies cardiovasculaires (MCV), par exemple, si vous mangez régulièrement des œufs. La probabilité, bien sûr, comme dans les paris, on la calcule ainsi : le nombre de personnes qui développent une maladie divisé par le nombre total de personnes dans un groupe particulier (manger des œufs, ne pas manger d'œufs). En médecine, la probabilité est aussi appelée risque, et le rapport de risque (RR) est simplement le risque pour le groupe de mangeurs d’œufs d’avoir une MCV divisé par le même risque pour ceux qui n’en mangent pas. Un RR de 1 signifie qu'il n'y a pas d'effet sur les œufs, c'est-à-dire que les chances sont à 50-50. Moins de 1 signifie moins de risque et plus de 1, plus de risque. Alors, dans quelle mesure le RR peut-il être suffisant pour être considéré comme prédictif ? Eh bien, l'étude de Hill's sur le tabagisme est considérée comme une sorte de norme. Il a constaté que le taux de mortalité par cancer du poumon était 10 fois plus élevé chez les fumeurs de cigarettes que chez les non-fumeurs et que le taux chez les gros fumeurs de cigarettes était même de 20 à 30 fois plus élevé. Dans l'étude que vous avez mentionné, le RR pour les mangeur d’oeufs par rapport à ceux qui n’en mangent pas du tout était de 0,89 (1,12 dans l'autre sens). 47/53 est en fait si proche de 50:50 que cela ne veut rien dire. C'est pourquoi, comme vous le dites, l'épidémiologie nutritionnelle ne vous dit rien que vous puissiez utiliser dans la vie quotidienne.  Alors pourquoi en parle-t-on dans les revues scientifiques ? Pourquoi les médias s'en emparent-ils ? Et, comme vous le dites, si la semaine prochaine, les œufs s'avèrent être un risque dans l'une de ces études, pourquoi personne ne les sortira de son alimentation ?

    La réponse est la suivante: l'épidémiologie nutritionnelle, c’est de la mauvaise science, peut-être même de la science du tout. Comment cette « spécialité » peut-elle persister ? La réponse : dans un domaine qui tolère la mauvaise science, les revues scientifiques sont susceptibles d'être mauvaises et lorsque des gens comme moi, des gens qui ont des titres et des diplômes qui montrent leur compétence, des gens d'expérience, soulèvent la question, les revues ne les publient pas. Les consommateurs, les diététiciens, les gens qui souhaitent traiter une maladie avec des solutions nutritionnelles ? Ils sont laissés pour compte. Il y a beaucoup de méthodes pourtant, comme celle de Bradford Hill. Mon livre, des livres écrits par d'autres et de nombreux articles peuvent vous donner des idées sur la façon dont vous pouvez comprendre scientifiquement votre alimentation. Vous pouvez utiliser votre bon sens et vous pouvez fabriquer avec cela votre propre science. Nous pouvons tous voir les effets de ce que nous mangeons. Il faut juste être honnête avec soi-même.  Je dis souvent que "J'aime le mot français pour « experiments », expériences, parce que c'est ce que je recommande", En Anglais, "experiment", c'est-à-dire, l’expérience scientifique, porte une connotation sérieuse et formelle. Par contre, le mot "expérience" implique l’expérience de la vie quotidienne. J'espère d'indiquer que nous pouvons comprendre des idées scientifiques en prêtant attention à notre expérience vécue.  C'est une simple question de bon sens. Si vous suivez les recommandations d'un régime alimentaire et que votre propre expérience vécue est que vous prenez du poids, vous savez que c'était une mauvaise recommandation...

    Le deuxième point concerne les calories. Avez-vous une explication au débat récurrent qui oppose le rôle de l'apport calorique total à la répartition des macronutriments dans l'obésité ? Les nutritionnistes sont paradoxaux et divisés sur le rôle des calories et des macronutriments dans l'obésité et le DT2 : quel est l'état de l'art des données expérimentales en 2019 ?

    Le débat récurrent ressemble un peu à ce que l'on appelle dans les communications "half-duplex" (en français semi-duplex) : il n’y a en fait pas vraiment de conversations sur ces sujets. Les gens se parlent juste à eux-mêmes. La bioénergétique, la science de la thermodynamique appliquée aux systèmes vivants, est claire. C'est que personne ne veut vraiment changer d'avis. Il existe de nombreuses expériences montrant que, tout comme les processus physiques ou industriels, le métabolisme des différents aliments a une efficacité variable sur le nombre de calories qui sont stockées comme graisse, gaspillées comme chaleur, ou utilisées pour un travail utile (pour les organismes vivants, le travail chimique de fabrication de nouveau matériel cellulaire).  Pour l'obésité, il y a un réel avantage pratique à limiter les glucides - au-delà du gain en inefficacité (vous voulez gaspiller de l'énergie à combattre l'obésité ?), la satiété est bien meilleure et vous perdez votre goût pour le sucre (du moins la plupart d'entre nous le font). Pour le DT2, cependant, il s'agit d'un problème critique car le diabète de type 2 est une maladie (en réalité plusieurs maladies) d'intolérance aux glucides. Ici, il y a deux sources de confusion. L'American Diabetes Association et d'autres organismes privés et gouvernementaux insinuent explicitement ou indirectement que la perte de poids est la première approche pour traiter le diabète de type 2, malgré de nombreuses preuves du contraire. Ils reconnaissent qu'il y a beaucoup de personnes obèses qui n'ont pas le diabète et inversement beaucoup de personnes atteintes de diabète qui sont minces.  En même temps, ils reconnaissent que les glucides alimentaires totaux sont le facteur le plus important dans la régulation de la glycémie. Plus important encore, ils se donnent le privilège d'ignorer les preuves qui montrent que la perte de poids n'est pas nécessaire pour améliorer la réponse glycémique et que les régimes à faible teneur en glucides sont au moins aussi efficaces et généralement plus performants que les autres pour perdre du poids.

    Le troisième point concerne le diabète de type 2. Que signifie le fait que l'Association Américaine du Diabète (ADA) a récemment reconnu que les régimes à faible teneur en glucides peuvent être utiles dans le DT2 ? En fait, s'agit-il d'une simple reconnaissance ou du début d'un revirement sur le rôle des sucres et de la charge en glucides dans le traitement de l'obésité et du DT2 ? Quel est le rôle des approches cliniques alternatives comme Virta Health dans ce contexte ?

    Le document de l'ADA est non scientifique, mal rédigé et très biaisé. Il s'agit d'un document politique plutôt que scientifique, et l'intention semble aider l'ADA plutôt que les fournisseurs de soins de santé ou leurs patients. On ne peut donc pas prédire ce que cela signifiera. La question connexe pourrait être de savoir ce que cela signifie que l'ADA a ignoré l'idée évidente, historique et bien documentée que, comme nous le disons, les restrictions alimentaires en matière de glucides devraient être la première approche pour traiter le diabète de type 2 et comme complément à la pharmacologie du diabète de type 1.  Bien que l'ADA ait admis dans ses lignes directrices de 2013 que " la quantité de glucides est le facteur le plus important influençant la réponse glycémique après le repas et devrait être pris en considération lors de l'élaboration du plan alimentaire. L'apport en glucides a un effet direct sur la glycémie postprandiale chez les personnes atteintes de diabète et constitue le principal macronutriment préoccupant dans la gestion de la glycémie." Comme dans votre question précédente, il insiste sur le fait que la perte de poids est primordiale.

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    Répression

    Hong Kong : ces nouvelles formes de censure très efficaces pour empêcher les mouvements sociaux

     

     Atlantico : Il y a visiblement des changements dans la réception des grandes vagues de manifestations comme celle de Hong Kong depuis 1989. L’Occident les considère de moins en moins comme des phénomènes d’émancipation démocratiques, dans le sens du progrès. Qu’est-qui a changé ?

    François-Bernard Huyghe : Il me semble que nous avons vécu sur une période d’optimisme idéologique, géopolitique et technologique autour des années 1990. On était persuadé avec la chute de l’URSS et les révolutions dites de couleur, en allant jusqu’au Printemps arabe (pendant une période de vingt ans, donc), que le sens de l’histoire nous menait à des démocraties pluralistes de marché, et à des sociétés ouvertes. Et on pensait que la chose pouvait se faire spontanément par des révolutions des jeunesses populaires et urbaines, et que ces révoltes s’appuieraient sur le pouvoir libérateur des nouvelles technologies. On a attribué un grand rôle à internet dans ce sens : la technologie offrant à tout citoyen plus de moyens de s’informer et dans les manifestations, plus de moyens de s’exprimer et de se coordonner, on allait automatiquement vers le triomphe mondial d’un modèle démocratique. Tout le monde allait devenir américain, pour faire gros.

    Beaucoup d’ONG ou de gouvernements encourageaient ce mouvement de révoltes sans chef, spontanées, sans idéologies structurées : les gens de Otpor en Serbie ou les manifestants des Printemps arabes, ce n’étaient pas des vieux militants qui avaient passé des années à distribuer des tracts. C’étaient des jeunes, anglophones, qui avaient accès à internet, qui leur offraient aussi les moyens de crypter leurs messages.

    Cette énorme vague d’optimisme s’est révélée fausse à long terme. Plusieurs raisons à cela : la technologie numérique d’abord n’est pas intrinsèquement libératrice. Après les Printemps arabes, beaucoup de gens étaient persuadés qu’avec les réseaux sociaux, les gouvernements autoritaires ne pouvaient plus se maintenir, même en surveillant la presse, la radio et la télévision. C’est faux. Les dictatures sont passées par une courbe d’apprentissage classique : elles ont appris à se servir d’internet, à mieux repérer les contenus, à fermer les comptes, ou à utiliser eux-mêmes des techniques d’intervention, de désinformation, de propagation via des faux comptes. L’exemple typique, c’est la Chine. Avant les Jeux Olympiques de Pékin, il y avait eu une réunion au Sénat qui réunissait des experts du numérique. Le grand thème était le suivant : avec les JO de Pékin, il va y avoir plein de journalistes qui vont se balader avec leur connexion internet, cela va soulever une vague de protestation et de liberté dans le pays. Résultat : il ne s’est rien passé du tout parce que les Chinois ont très bien contrôlé.

    Deuxième facteur : si des foules s’assemblent spontanément pour protester, ce n’est pas forcément parce qu’ils veulent un modèle plus libéral et une société plus ouverte. On constate que les manifestations peuvent dériver vers d’autres formes de protestations, nationalistes, etc. Toutes les formes de protestations tendent à être moins hiérarchisées et moins idéologisées, prenons par exemple les Gilets Jaunes ou encore les manifestations à Hong Kong.

    Les manifestations semblent aussi avoir de plus en plus de mal à émerger. La difficulté vous semble-t-elle liée au positionnement idéologique des régimes autoritaires, beaucoup plus souples idéologiquement qu’auparavant ?

    C’est vrai, mais signalons quand même que les gens ne protestent plus contre le marxisme-léninisme. On peut dire ce qu’on veut sur le gouvernement de Hong Kong, mais ce n’est pas un gouvernement stalinien non plus. Un exemple de ce que vous dites, ce sont les Gilets Jaunes, qui n’étaient pas un mouvement structuré idéologiquement ou hiérarchisé.

    Est-ce qu’il y a selon vous aussi un usage nouveau des médias par les régimes autoritaires ? Il y a une étude d’Harvard qui montre par exemple que le régime chinois censurait constamment les revendications collectives, mais ne censure jamais les revendications de liberté individuelle. Est-ce que cela peut être une des réponses ?

    Il n’y a aucun pays sans censure. La France elle-même va exercer plus de contraintes avec sa loi anti fake news. Cela étant, la censure était exercée pendant très longtemps via les mass médias. Les mass médias déversaient des messages standardisés vers le public. Si vous contrôliez la télévision et la radio, vous pouviez penser tout contrôler. Ce n’était pas toujours vrai, évidemment, les soviétiques l’ont découvert.

    Les choses ont bien sûr changées : non seulement les populations sont de moins en moins imperméables aux médias étrangers, mais aussi à cause de l’apparition des réseaux sociaux. La bataille s’est donc déplacée. En Chine, ils sont très bons pour la censure des réseaux sociaux grâce à des algorithmes de recherche, pleins de méthodes techniques qui leur permettent d’être très forts.

    Ce qui a changé en Chine, c’est qu’ils laissent aussi la pression s’évacuer : vous pouvez probablement protester contre le maire de telle ville ou tel fonctionnaire pour un cas précis d’injustice ou d’incompétence, mais évidemment, vous ne pouvez pas critiquer globalement le système. On est plus dans des systèmes de censure systématique, utilisant les médias de masse. C’est beaucoup plus subtil : il y a des techniques d’infiltration des groupes de protestation, des façons de les diriger vers d’autres objectifs, etc. Une censure totale, avouée, connue, provoque des phénomènes d’incroyance, et provoque le contrepoison : la rumeur ou l’historiette. Quand personne n’y croit, vous croyez ce que vous dit votre voisin et vous avez tendance à croire ce qui se raconte sur les réseaux sociaux. Une censure trop évidente est moins efficace à supposer qu’elle l’ait jamais été.

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    ARCHIVES JEUNE AFRIQUE / REA

     

     

    L’aura intacte de Djamila Bouhired, héroïne de l’indépendance algérienne

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    En Algérie, les manifestations du printemps 2019 ont vu ressurgir une figure aussi discrète qu’emblématique : Djamila Bouhired. L’octogénaire a rompu un long silence pour apporter son soutien aux jeunes Algériens.

     

     

    Comment rester en vie quand on a été condamnée à mort à 22 ans et graciée à 24 ? Comment écrire son histoire quand votre nom est le titre d’un livre ? Comment se faire sa place quand un film vous a élevée au rang d’héroïne éternelle dans tout le monde arabe ? Comment porter son prénom quand il est devenu l’hommage de toute une génération ? Comment former une famille quand votre mari, le père de vos deux enfants, a disparu du jour au lendemain sans un mot d’explication pour réapparaître sept ans plus tard ? Comment ressusciter quand on vous a rendu un hommage national après l’annonce erronée de votre mort ? Comment faire deux révolutions en une seule vie ? Et, pour finir, comment échapper au mythe Djamila quand on écrit sur Mme Bouhired ?

     

    Le nom de Djamila Bouhired résume à lui seul la guerre d’Algérie, la bataille d’Alger, la torture, l’infamie, l’héroïsme, la liberté.

     

    Il est des êtres dont le personnage est plus fort que la personne, des individus entrés dans l’Histoire avant même de devenir adultes. C’est très rare, c’est le cas de Djamila Bouhired, dont le nom résume à lui seul la guerre d’Algérie, la bataille d’Alger, la torture, l’infamie, l’héroïsme, la liberté. La vie, qui est injuste, n’a jamais distribué également ses bienfaits ni ses épreuves : certains en ont trop, sans avoir rien demandé.

    Un quart de la vie de Djamila Bouhired suffirait à remplir bien d’autres existences. Peut-être eût-elle préféré. On ne lui a pas demandé. De toute façon, elle n’a jamais été du genre à se confier ni à raconter ses souvenirs. Djamila Bouhired est en béton armé, sans faille et sans reproche. Elle est, au sens propre, une légende vivante, une énigme.

     

     

     
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    Du Grain à moudreLa France a-t-elle son mot à dire sur l'Algérie ?

    Le symbole des femmes algériennes en lutte

    Djamila Bouhired naît en 1935 dans la classe moyenne d’Alger. À 19 ans, elle rejoint le Front de libération nationale (FLN). Elle est membre du “réseau bombes” et assistante personnelle de Yacef Saadi, chef de la Zone autonome d'Alger pendant la bataille d'Alger. Elle dépose une bombe qui n'explosera finalement pas dans le hall du paquebot Maurétania, car le branchement avait été mal effectué. Elle recrute des femmes combattantes au sein du FLN, parmi lesquelles Djamila Bouazza ou encore Zoulikha.

    Pour la politologue et sociologue Feriel Lalami Fates, "elle a été vraiment le symbole d’une part de la lutte du peuple algérien, mais plus encore des femmes algériennes. Elles sont à peu près 11 000 [combattantes]. Mais ce qui n’est pas comptabilisé, c’est tout l’engagement silencieux, secret, discret, des femmes qui ont caché des armes, qui ont nourri des combattants… et qui ont fait qu’il y a eu un tissu social favorable."

    À 21 ans, Djamila est capturée. Elle porte des documents du FLN prouvant qu'elle est en contact avec le FLN. Les services spéciaux la torturent. Inculpée pour sa participation aux attentats, elle est condamnée à mort. À l’annonce du verdict, elle éclate de rire. 

    L'égérie culturelle 

    Sa condamnation provoque une campagne de soutien menée par son avocat Jacques Vergès, qui publie un manifeste intitulé Pour Djamila Bouhired, publié aux éditions de Minuit. Ce texte alerte l'opinion publique internationale sur les tortures infligées par l'armée aux combattants algériens. "À partir de son cas, il y a eu une médiatisation qui a dépassé les frontières de l’Algérie et de la France de manière extraordinaire", poursuit Feriel Lalami Fates. 

    Elle a 23 ans quand sa vie est adaptée au cinéma par le cinéaste égyptien Youssef Chahine, dans Djamila l’Algérienne, en 1958. 

    "Quand les Égyptiens ont vu ce film, ils sont allés manifester devant l’ambassade française pour l’indépendance de l’Algérie."

    Soutenue par une intense campagne internationale, Djamila est finalement graciée et libérée en 1962. 

    La diva libanaise Fairouz lui dédie alors une chanson qui clame son amitié, sa solidarité : “Lettre à Djamila Bouhired”. 

    Après sa libération, elle travaille avec Jacques Vergès sur Révolution africaine, un magazine des révolutions nationalistes africaines. Elle a 30 ans quand ils se marient. Ils auront ensemble deux enfants.

    "Le régime lui-même en a fait une icône, dans la mesure où, après l’indépendance, elle a sillonné beaucoup de pays pour que la jeune république algérienne soit connue, sous un visage agréable", analyse Feriel Lalami Fates.

    Djamila devient un prénom populaire dans le monde arabo-musulman. "Il y avait les petites filles nommées Houria, ça veut dire “liberté”, et les petites Djamila, les parents dont c’était un modèle absolu de lutte, de dignité et de liberté." 

    Le trait d'union pour la démocratie algérienne

    Le 1er mars 2019, à 84 ans, elle manifeste pour protester contre la candidature d'Abdelaziz Bouteflika à la prochaine élection présidentielle. 

    "Elle était là, et elle a été acclamée. C’est le soutien. C’est comme une chaîne entre la période de lutte pour l’indépendance et la construction de la démocratie en Algérie. C’est la continuité d’un projet de liberté. C’est très important que des gens qui ont participé à la libération du pays soient là pour dire : “Le travail n’est pas fini !” conclut Feriel Lalami Fates. 

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    Égalités / Économie

    Le régime de séparation de biens se fait au détriment des femmes

    Les couples qui s'apprêtent à se marier optent de plus en plus pour un contrat individualisant leurs patrimoines. Une prise en compte du risque de divorce, mais pas seulement.

    L'égalité salariale n'étant toujours pas atteinte, les femmes épargnent moins pendant la durée du mariage. | epicioci via Pixabay
    L'égalité salariale n'étant toujours pas atteinte, les femmes épargnent moins pendant la durée du mariage. | epicioci via Pixabay

    «Ça peut être un peu perturbant. On n'était même pas mariés que, déjà, on avait un contrat de mariage», se remémore Flore*, 33 ans. Le certificat du notaire établissant le régime matrimonial pour lequel le couple a opté étant inclus dans le dossier déposé à la mairie, en toute logique le contrat de mariage est établi avant l'échange des consentements. «Penser à la possibilité de divorcer et nous retrouver chez le notaire alors qu'on était dans l'euphorie de la préparation du mariage en train de réfléchir à la couleur des chaussures, ça nous avait un peu heurtés. La situation avait un côté très formel. Tu comprends que tu n'es pas dans les sentiments.»

    Cet aspect très pragmatique et contractuel peut aussi faire tiquer les personnes invitées le jour J, lorsque l'officier d'état civil procédant à l'union déclare haut et fort qu'il a été fait un contrat de mariage. Cette formule, et l'argent –tabou ultime– viennent supplanter un instant l'amour dans les esprits des convives. «Au mariage, les gens ont rigolé et j'ai cru que c'était par rapport à ça», se rappelle Flore. En fait, ces rires de l'assistance avaient été provoqués par le nom du notaire, quasi semblable à celui d'un grand couturier.

    La jeune femme, mariée depuis maintenant deux ans, n'était de toute façon absolument pas gênée de s'être décidée, avec son mari, pour la séparation de biens. «Pourquoi est-ce que ce serait mal vu? C'est quand même plus logique. En fait, je ne comprends pas pourquoi on ne ferait pas de contrat. Les époux sont solidaires en ce qui concerne les dépenses, mais dans une juste mesure.»

     

     

     

     

    Son couple est loin d'être le seul à tenir ce raisonnement. Si la majorité des personnes mariées ne rédigent aucun contrat et se satisfont du régime légal, à savoir la communauté de biens réduite aux acquêts, la proportion qui opte pour la séparation de biens est néanmoins croissante.

    En 1998, 61% de l'ensemble des adultes étaient mariés sous le régime de la communauté de biens (universelle ou réduite aux acquêts), contre 48,5% en 2015. «Une baisse assez significative», résume Marion Leturcq, chercheuse en démographie économique à l'Institut national d'études démographiques (Ined), et qui ne s'explique pas seulement par l'apparition du Pacs ni l'augmentation de la cohabitation de fait ou du célibat, ne serait-ce qu'entre un divorce et un remariage.

    À l'opposé, la part des couples mariés en séparation de biens a crû de 64% depuis 1992, passant de 6,1% du total de mariages, quelle que soit l'année de l'union, à près de 10% en 2015. Clairement, ce régime matrimonial plus individualiste gagne du terrain. Ce n'est pas seulement parce que les personnes qui s'apprêtent à se passer la bague au doigt ont conscience du risque de divorce (l'indice de divortialité était, en 2016, de 46,7 pour 100 mariages).

    Ce choix est aussi révélateur de l'évolution de la vision du couple ainsi que des inégalités qui le traversent.

    Simplification du divorce

    Dans le régime matrimonial de la communauté de biens réduite aux acquêts, les biens mobiliers et immobiliers acquis par les époux avant leur union civile restent des biens propres mais les biens acquis après le mariage tout comme leurs revenus (notamment ceux issus du travail) sont communs. En cas de divorce, on divise par deux.

    Impossible pour Flore, peut-être aussi parce qu'elle est «fille de divorcés» et que, dans sa famille, sa grand-mère comme sa mère ou sa sœur ont établi des contrats de mariage. «Quand il y a eu des divorces, ça a plutôt simplifié les choses.»

    «Si on se sépare, je veux que les choses soient hyper carrées comme dans un tableau Excel. Ce n'est pas 50-50.»
    Flore, 33 ans

    L'objectif consiste à se mettre d'accord en amont pour éviter de s'écharper au moment d'une éventuelle séparation sur des questions financières parfois complexes. Ne pas se faire spolier, non plus.

    «Ça ne veut pas dire que tu n'aimes pas la personne. Même si, quand tu te maries, tu te dis que c'est pour la vie, le divorce reste une possibilité, tu ne peux pas t'en prémunir.» Flore était déjà propriétaire d'un appartement quand son couple s'est formé.

     

    Elle a ensuite acheté plus grand, avec son conjoint. «On était propriétaires à deux mais j'avais plus de parts. Lui n'avait pas mis d'apport. Si on se séparait, il avait droit à 15% de l'appartement, c'est-à-dire à la salle de bains. On en rigolait.» Le couple a déménagé (et changé de propriété) après le mariage. C'est pourquoi, derrière la plaisanterie conjugale, sourdait une volonté pragmatique de «protéger [son] patrimoine»: «Si on se sépare, je veux que les choses soient hyper carrées comme dans un tableau Excel. Je ne veux pas qu'on fasse 50-50. Il n'y a pas de raison. J'ai mis plus de 50% de la valeur de l'appartement.»

    Union sentimentale, pas financière

    Au-delà de cet aspect, Flore trouvait aussi qu'il était important pour chaque membre du couple d'avoir «une indépendance financière»: «Je ne vois pas le mariage comme une union financière. Thomas* gagne mieux sa vie que moi, je trouve ça normal qu'il garde son salaire. Je ne me dis pas que son argent est mon argent. Ta thune, c'est ta thune.» Ce qui ne les empêche pas d'avoir un compte commun, sur lequel chacun vire de l'argent tous les mois afin notamment de rembourser le prêt de l'appartement acheté conjointement après leurs épousailles.

    Il en résulte que Thomas, même sans apport initial, détient un certain pourcentage (calculé en fonction de sa participation au remboursement du prêt), mais pas la moitié du bien. Pour lui aussi, cette décision matrimoniale, suggérée par Flore, allait de soi: «On en a parlé un mois après nos fiançailles. Il m'a dit que c'était évident, qu'on était indépendants financièrement. Il l'a très bien pris.» Entre autres parce que, de nos jours, le couple n'est plus synonyme d'une communauté des biens systématique. Dans les têtes, dans les faits comme sur les comptes en banque.

    «Autour de 18% des couples mariés récemment penchent pour la séparation de biens», synthétise la spécialiste des contrats de mariage. Comme elle l'écrivait avec Nicolas Frémeaux dans un article de 2013, «la mise en commun (partielle ou totale) des biens entre conjoints n'est aujourd'hui pas adoptée par une majorité des couples récents». On retrouve cette individualisation du patrimoine conjugal même chez les couples qui se sont mariés en communauté réduite aux acquêts, parmi lesquels «la part en biens propres a augmenté», nous apprend la chercheuse.

    Les biens acquis avant le mariage n'étant pas mis en commun, puisque les mariages ont lieu plus tardivement dans la vie des individus et que la hausse du divorce a aussi induit une hausse des remariages, les futur·es marié·es ont statistiquement, au moment de l'union, plus de patrimoine en leur nom propre. Sans compter que l'héritage, même perçu durant le mariage, est exclu de la communauté. Or «les flux d'héritage ont augmenté, comme l'a démontré Thomas Piketty, indique Marion Leturcq. Aujourd'hui, la valeur totale du patrimoine en France représente six à sept années de revenu national brut. Dans les années 1950-1960, on était entre trois et quatre.»

    Patrimoine augmenté

    Cette augmentation du volume du patrimoine n'a pas qu'une incidence technique sur la proportion des biens individuels au sein des couples mariés en communauté réduite aux acquêts. Elle peut aussi inciter les futurs couples mariés à opter pour un contrat de mariage. On observe une corrélation forte entre héritage ou détention de patrimoine et séparation de biens. «En 1992 comme en 2010, les couples ayant hérité de montants importants sont aussi ceux qui ont plus souvent opté pour un contrat de séparation de biens», peut-on encore lire dans l'article de 2013.

    Le patrimoine moyen des couples formés récemment a augmenté entre 1992 et 2010, passant de 128.000 à 194.000 euros, en parallèle de la hausse du recours à la séparation de biens. En outre, «les couples formés il y a moins de douze ans en 2010, mariés en séparation de biens, détiennent près de 20% du patrimoine total des couples formés au cours des douze années qui précèdent l'enquête, alors qu'ils représentent seulement 6,3% de cette sous-population», notaient Nicolas Frémeaux et Marion Leturcq. Autres chiffres parlants relevés par le duo: en 1992, 16% des couples mariés en séparation de biens déclaraient ne pas posséder de patrimoine au moment de la mise en couple; en 2010, ils n'étaient plus que 7%.

    Plus les sommes en jeu augmentent, plus les couples séparent leurs patrimoines respectifs.

    Cette possession rend «les enjeux liés au patrimoine beaucoup plus importants», souligne la spécialiste d'économie de la famille. «Si c'est pour partager un meuble Ikea, il n'y a pas besoin d'un acte notarié», glisse Flore. D'autant que la communauté de biens laisse subsister des doutes quant au partage en cas de divorce, évoque Marion Leturcq: si l'on hérite par exemple d'un appartement à un moment où il ne vaut pas grand-chose mais que celui-ci a pris de la valeur pendant le mariage, la plus-value immobilière sera-t-elle considérée comme un bien commun ou individuel au moment du divorce?

    Cette question était laissée à l'appréciation des juges et n'a été tranchée par la Cour de Cassation que très récemment, en décembre 2018. On comprend mieux que, lorsque des sommes importantes sont en jeu, les couples aient davantage tendance à séparer leurs patrimoines respectifs afin de s'épargner toute complication lors d'une potentielle séparation.

    Inégalités conjugales

    Outre posséder un certain patrimoine, détenir un capital supérieur à celui de la personne qui partage sa vie peut aussi aiguiller vers la séparation de biens. Si l'on gagne autant, que l'on possède autant, quel intérêt autre que de principe à faire des démarches supplémentaires pour s'éviter d'avoir à diviser par deux en cas de divorce? «En 1992 comme en 2010, les couples les plus inégaux sont les mariés en séparation de biens, souligne encore l'article: 49% des hommes et 29% des femmes mariés en séparation de biens possèdent à la rencontre un patrimoine supérieur à celui de leur conjointe.»

    «Ces proportions sont respectivement autour de 30% et 20% pour les autres couples», constatait le binôme à l'origine de l'article. Il est en outre avéré que «lorsque la femme détient un patrimoine supérieur au moment de la mise en couple, le recours à la séparation des biens est plus fort, en 1992 comme en 2010», alors que «les inégalités en faveur de l'homme produisent un effet similaire mais d'une ampleur plus faible».

    Cet aspect genré fait sens dans une société patriarcale. Quand on est une femme qui a le privilège d'avoir une bonne rémunération ou d'appartenir à une famille qui détient du patrimoine, on a tendance à ne pas vouloir en être dépossédée si jamais le couple se brise. Sauf que cet écart femmes-hommes s'est quelque peu «nivelé» en 2015, nous précise Marion Leturcq.

    Si la séparation de biens reflète une vision plus individualiste du couple, elle se fait au détriment des femmes.

    Cette adoption de la séparation de biens n'a rien d'un phénomène qui participe du rétablissement de l'égalité femmes-hommes. Au contraire. «Le revers de la médaille, ce sont des inégalités patrimoniales entre hommes et femmes», déplore la chercheuse à l'Ined. L'égalité salariale n'étant toujours pas atteinte, l'épargne est moindre du côté des femmes. Et «la redistribution au sein des ménages opère de moins en moins». Ce qui «aboutit à une accumulation du patrimoine moins forte au bout du compte».

    Certes, au cours du mariage, la détention de parts moins importantes d'un bien immobilier n'empêche pas l'un·e des conjoint·es d'avoir l'usage de l'ensemble dudit bien, si l'on s'en tient à l'aspect quantitatif; reste que les inégalités patrimoniales s'accroissent entre hommes et femmes. «En 2010, en France, [le patrimoine] d'une femme est environ 13% moindre que celui d'un homme. Cet écart a eu tendance à se renforcer, puisqu'il était de l'ordre de 8,4% en 1998», alertait le duo responsable de la recherche dans une tribune parue dans Le Monde en 2018. Si la séparation de biens reflète une vision plus individualiste du couple, qu'il convient d'accepter, ses conséquences sociétales, au détriment des femmes, ne doivent pas pour autant être ignorées.

    * Le prénom a été changé.

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