La lutte biologique contre les chenilles:
1/ Les variétés de chenilles :
- La piéride de la rave : papillon blanc aux ailes tachées de noir, larve vert clair tachée de plaques noires et de bandes jaunes. La chenille mange les feuilles externes des crucifères.
- Les teignes sont des chenilles communes et très différentes : de la betterave, de la pomme de terre, du poireau, des crucifères, ...
- Les noctuelles : papillons discrets et nocturnes, leurs larves sont parmi les ravageurs les plus sérieux des cultures légumières. La noctuelle du chou par exemple, Mamestra brassicae, est un papillon nocturne gris brun taché de gris clair et chocolat qui donne naissance à des larves glabres brun vert au corps pointillé de noir. Ce sont des chenilles dites défoliatrices, qui peuvent faire de gros dégâts dans les rangs de crucifères. D’autres noctuelles : potagère, gamma, noirâtre, de l’artichaut, ...
- Cheimatobie ou phalène brumeuse, Operophtera brumata, est un ravageur que l’on trouve souvent dans les petits fruitiers (cassissier, groseillier), dans les arbres fruitiers et autres arbres. La chenille, vert pâle avec des bandes vert jaune, affiche de caractéristiques fausses pattes à l’avant. Elle s’attaque aussi bien aux bourgeons qu’aux fleurs, feuilles et fruits selon son stade de développement.
- Les tordeuses et les carpocapses : les chenilles possèdent 3 paires de pattes et 5 paires de fausses pattes. On les trouve souvent enroulées dans les feuilles de leurs plantes-hôtes : vigne, arbres fruitiers, rosacées, plantes potagères, plantes ornementales, ...
- La fausse chenille de la tenthrède : cette larve n’est pas une chenille mais un hyménoptère. Elle est gris bleu sombre avec des points noirs et se nourrit des feuilles du chou. L’adulte est une petite guêpe noir et orangée. Les tenthrèdes vrais sont présents sur les arbres fruitiers, les plantes ornementales, les petits fruitiers, certaines plantes potagères. Ils en dévorent les feuilles, pouvant aller jusqu’à une défoliation complète.
2/La Lutte écologique contre les chenilles :
- Les oiseaux sont de bons agents de lutte biologique contre les chenilles de toutes sortes. Les mésanges notamment sont particulièrement efficaces contre les noctuelles et autres chenilles.
- Le piégeage est basé sur des phéromones sexuelles ou sur des esters odorants (voire une combinaison des 2) et permet d’attirer ou de perturber les chenilles ou les papillons.
3/Les luttes écologiques ciblées :
La lutte biologique contre les chenilles du chou
La chenille du chou, Pieris brassicae, est une larve d’environ 50 mm. D’abord jaune-vert, elle est ensuite jaune vif avec des bandes blanches ponctuées de taches noires et parcourue de poils blancs dressés. Il y a 5 stades de l’œuf à l’adulte. Elle est alors un papillon aux ailes blanches marquées de brun fumé à l’avant.
Les papillons apparaissent lorsque la température est assez élevée pour s’accoupler, vers le mois de mai, puis les femelles déposent leurs œufs jaunes sur leurs plantes favorites. Il peut y avoir 2 à 3 générations par an.
Ses plantes-hôtes préférées sont les choux, choux-fleur, navets, capucines. Les larves, très voraces, en dévorent les feuilles externes, n’en laissant que les côtes. Celles de la seconde génération, naissant vers le mois d’août, terminent leur développement dans le sol sous forme d’une chrysalide.
Une méthode de lutte biologique contre les chenilles du chou consiste à l’utilisation d’auxiliaires du jardin se révèle également efficace :
- Les syrphes, chrysopes, guêpes sont des prédateurs qui raffolent des œufs et des chenilles.
- Les ichneumons, mouches tachinaires, Apanteles glomeratus, Chalcidiens sont des parasites qui vont s’attaquer aux chenilles.
Mais avant de guérir, il est possible de prévenir en plaçant des filets sur vos plantations qui empêcheront les papillons de pondre à cet endroit. Enlever les œufs à la main, qui se trouvent généralement à l’envers des feuilles, est aussi une méthode qui a fait ses preuves mais qui demande d’être très attentif aux moments de ponte, en mai et en juillet-août.
Certaines plantes ont un effet répulsif sur les piérides : sauge, thym, mélisse, absinthe, aneth peuvent être plantés à proximité et parmi les rangs de Brassicacées pour les protéger du ravageur. Plantez également les végétaux qui plaisent aux prédateurs des chenilles du chou !
Les chenilles processionnaires sont des lépidoptères. On connaît 2 espèces en Europe : La processionnaire du pin, Thaumetopoea pityocampa, est spécifique de ces arbres, se nourrissant exclusivement d’aiguilles de Pinus et de quelques sapins et cèdres. Elle construit dans ces résineux de gros cocons blancs et soyeux. On la trouve surtout dans le Sud de l’Europe.
Son corps est brun sombre, marqué de taches rouges sur les flancs et sur le dos tandis que sa face ventrale est jaune. Entre les mois de juin et de septembre, les femelles déposent leurs œufs dans les pins, entre 150 et 200 par individu. Un mois et demi plus tard environ a lieu l’éclosion de petites chenilles de quelques millimètres. La chenille passe par 5 stades de développement dont les durées dépendent de la température. Elle est très velue, montrant de longues soies dressées. Les 3 premiers stades se déroule dans les nids d’été. Les chenilles construisent dès que les températures baissent des nids d’hiver mieux protégés et plus épais, dans lesquels elles termineront leur développement. Elles passeront de l’un à l’autre en processions.
L’hiver terminé, elles sortent de leur nid en même temps pour se diriger vers le sol et s’y enterrer. Elles vont s’y transformer en chrysalides et s’envoleront quelques mois plus tard, vers le mois de juin, sous la forme de papillons pour s’accoupler. Le mâle meurt juste après tandis que la femelle part pondre, elle meurt juste après.
L’adulte est un papillon nocturne très éphémère de 3 à 4 cm d’envergure, avec des ailes blanches marquées de gris.
La hausse des températures favorise l’expansion de cet insecte dans des régions où on en voyait fort peu y a encore 30 ans, comme l’Île-de-france.
La processionnaire du chêne, Thaumetopoea processionea préfère les feuillus, principalement les chênes. Elle est blanche avec une ligne dorsale noire.
À savoir : Dès la fin du troisième stade, la chenille processionnaire présente sur sa face dorsale des micro-poils qui sont projetés en cas d’attaque. Lorsqu’ils se cassent, ils libèrent une toxine urticante, la thaumétopoéine, qui peut déclencher d’importantes réactions allergiques. Le danger est le même pour les animaux que pour les humains : troubles respiratoires, fortes démangeaisons, troubles oculaires...
5/La lutte biologique contre les chenilles processionnaires du pin
Les méthodes préventives
- La confusion sexuelle : des phéromones de synthèse attirent les mâles et les capturent afin qu’il n’y ait pas de procréation.
- Planter des bouleaux : cet arbre semble avoir un effet répulsif sur les chenilles processionnaires.
- Installer des haies défensives : installer des feuillus devant et parmi les groupement de pins pourrait perturber les chenilles qui du coup ne pourraient pas repérer leur refuge garde-manger.
Les méthodes curatives bio et alternatives
- Lutte mécanique : on enlève les nids à la main qui seront incinérés. Un équipement de protection est nécessaire pour éviter les poils urticants.
- Écopiège : une gouttière est placée autour d’un arbre où sont installées des colonies de chenilles. Lorsque celles-ci se déplacent, elles peuvent être récupérées dans un sac, toujours pour être incinérées.
- Mésanges : cet oiseau est un prédateur de Thaumetopoea, pouvant en ingurgiter une quarantaine par jour qu’elle va piocher directement dans le nid. On installe de nombreux nichoirs pour les attirer.
La pyrale du buis, Cydalima perspectalis, est un lépidoptère qui envahit progressivement le territoire depuis son arrivée en France en 2008. Originaire d’Asie orientale, cette espèce est invasive car elle a peu de prédateurs. Sa chenille montre une tête noire et un corps vert aux bandes noires et blanches.
Les femelles pondent plusieurs fois leurs œufs sur les feuilles du buis, au printemps pour la première ponte de l’année. Au total une femelle peut pondre entre 800 et 1200 œufs dans sa courte vie. Ceux-ci sont difficilement repérables car translucides, déposés sur le revers des feuilles. Entre l’œuf et l’adulte la pyrale passe par 7 stades larvaires.
Les chenilles se nourrissent des feuilles jusqu’au stade de nymphe et de chrysalide.
Le papillon qui en sort est soit bicolore, blanc entouré de brun sombre, soit entièrement brun.
Plusieurs générations peuvent se succéder entre mars et novembre, selon la température, généralement au nombre de 4. À la fin de l’automne, les jeunes chenilles (premier stade) se mettent en diapause (hibernation) entre 2 feuilles, protégées par un petit cocon en soie qu’elles ont tissé.
La lutte biologique contre ces chenilles vertes est difficile du fait de l'absence de prédateurs naturels de ce ravageur importé. L’étude de moyens efficaces est en cours depuis la prise de conscience de la menace que représente la pyrale pour les buis et les chercheurs proposent peu à peu des solutions.
C’est notamment à l’aide des mésanges que l’on peut lutter contre cette chenille verte, en installant des nichoirs à proximité des buis.
Le piégeage des papillons grâce à des diffuseurs de phéromones donne également de bons résultats. L’utilisation de phéromones sexuelles qui perturbent les mâles, est une méthode pour limiter leur reproduction.
Les trichogrammes sont actuellement testés, afin de trouver une espèce de ce parasitoïde qui irait spontanément vers la pyrale.