• Catalogne : « Une situation de répression et de violence policière alarmante pour les droits humains »

     

    par Collectif 24 octobre 2019

    Depuis la condamnation de neuf dirigeants séparatistes catalans le 14 octobre, les mobilisations n’ont pas faibli à Barcelone. Nous publions ici une tribune de l’Observatoire de la dette dans la globalisation (ODG), basée à Barcelone.

    Le 14 octobre, neuf dirigeants séparatistes catalans ont été condamnés à des peines de neuf à treize ans d’emprisonnement pour sédition. Depuis, les mobilisations pacifiques n’ont pas faibli à Barcelone. Mais vendredi, la journée s’est terminée par des affrontements avec la police. 579 personnes ont déjà été blessées à la suite des violences policières. Quatre personnes ont perdu un œil à cause de l’utilisation de balles en caoutchouc par la police espagnole. Près de 200 personnes ont aussi été arrêtées. En début de semaine, 28 d’entre elles se trouvaient en détention préventive.

    Pour l’organisation basée à Barcelone Observatorio del Deute en la Globalització (Observatoire de la dette dans la globalisation, ODG), les peines prononcées le 14 octobre confirment « la dérive antidémocratique de l’État espagnol qui loin de résoudre le conflit l’aggrave ». Voici leur tribune.

    « Le référendum d’autodétermination de la Catalogne du 1er octobre 2017 était un exercice démocratique massif et exemplaire pour le droit de s’exprimer par les urnes comme cela fut le cas en Écosse ou au Québec, et ce indépendamment du résultat du scrutin. Face au refus de l’État espagnol de faciliter cette expression démocratique, le référendum a été rendu possible grâce à la participation de différentes couches de la société catalane, notamment de nombreuses organisations de la société civile, des mouvements sociaux, des syndicats, des partis politiques et bien d’autres. Depuis ce jour nous vivons en Catalogne une situation alarmante d’escalade de la violation des droits humains, de la répression des manifestations, de la violence policière et institutionnelle et de la judiciarisation d’un conflit politique et social. En particulier, la suspension du gouvernement autonome catalan démocratiquement élu par l’application de l’article 155 de la Constitution espagnole en 2017 a suspendu de facto l’autonomie de la Catalogne.

    Lundi 14 octobre 2019, la Cour suprême espagnole a condamné neuf dirigeants politiques élus démocratiquement et deux personnalités de la société civile à des peines de neuf à treize ans d’emprisonnement pour sédition. Cela confirme la dérive antidémocratique de l’État espagnol qui loin de résoudre le conflit, l’aggrave. Les fortes mobilisations et manifestations qui se déroulent sur le territoire catalan, à la fois spontanément et organisées, en sont un symptôme sans équivoque. Les gens sont déterminés à défendre leurs droits par le biais de la désobéissance civile légitime de manière pacifique et non violente.

    « Cette sentence ouvre la voie à une persécution généralisée des mouvements sociaux »

    Nous trouvons particulièrement important de souligner en quoi cette sentence ouvre la voie à une persécution généralisée et à la criminalisation des mouvements sociaux ou politiques. En particulier le délit de sédition pourra également être caractérisé :

    « […] lorsque des agents (de police) doivent renoncer et s’abstenir de se conformer à l’ordre judiciaire dont ils sont dépositaires face à une attitude établie de rébellion et d’opposition à son exécution par un groupe de personnes en nette supériorité numérique. […] Même à travers des formes de résistance non-violente. […] »

    Comme de nombreuses organisations de défense des droits humains l’ont déjà souligné, enraciner le délit de sédition dans ce type d’événements et de comportements signifie ouvrir la voie à la persécution d’une multitude de groupes et de mouvements sociaux qui les utilisent pour la défense de droits fondamentaux tels que le logement, la santé, éducation, services de base, etc. En particulier, toute personne qui pratique la désobéissance civile non violente sur le territoire espagnol, comme le font le mouvement des jeunes pour le climat, le mouvement féministe ou les mouvements populaires pour le logement et le logement, contre les expulsions pourrait se voir condamner.

    « Il est inacceptable qu’au XXIe siècle, un État membre de l’UE emprisonne des opposants démocratiquement élus »

    L’ODG fait partie de différents réseaux et mouvements sociaux où nous pratiquons la désobéissance civile légitime face aux injustices en tant qu’outil de transformation sociale. Compte tenu de cette situation, nous voulons exprimer notre profond rejet de ce qu’implique cette sentence pour la société catalane et espagnole. En outre, nous demandons la libération de toutes les personnes détenues et emprisonnées, à la fois après le 1er octobre et après les manifestations qui ont suivi.

    Nous souhaitons également saisir l’occasion pour souligner l’importance de prendre soin de nous-mêmes face à la situation actuelle et dans l’ensemble de nos luttes quotidiennes pour la transformation sociale. La répression et les mobilisations intenses attendues au cours des prochains jours peuvent entraîner un important stress physique et psychologique. Face à cette situation, nous encourageons les citoyen-ne-s à se mobiliser, dans la mesure de leurs possibilités, pour dénoncer les injustices et défendre nos droits fondamentaux, tels que la liberté d’expression, le droit de réunion et de manifestation et la participation politique.

    Nous appelons la communauté internationale et les États membres de l’Union européenne à défendre les droits humains et la démocratie en Europe. Nous appelons la société civile à faire pression sur vos gouvernements pour qu’ils agissent en faveur d’une médiation du conflit. Il est inacceptable qu’au XXIe siècle un État membre de l’UE emprisonne des opposants démocratiquement élus et des militants pacifiques de la société civile, et mettre en danger les droits fondamentaux dans l’ensemble du pays. »

    L’équipe de l’Observatori del Deute en la Globalització (Observatoire de la dette dans la globalisation, ODG).

    ODG, basée à Barcelone, est né en 2000 avec le porjet de réseau citoyen pour l’abolition de la dette externe. L’organisation est partenaire de l’Observatoire des multinationales et de Basta ! dans le cadre du réseau européen d’observatoires des multinationales (European Network of corporate observatories, Enco).

    photo : CC Masha Gladkova via flickr

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  • Femme enceinte tuée par des chiens dans l'Aisne : le commandant de gendarmerie faisait-il partie de l'équipage de chasse à courre ?

    Le procureur de la République de Soissons et la gendarmerie nationale confirment la présence du lieutenant-colonel dans la forêt de Retz. Des mesures ont toutefois été prises pour ne pas entraver l'enquête.

    Un fourgon de gendarmerie, le 17 novembre 2019, près du lieu où le corps d\'une jeune femme enceinte a été retrouvé, dans la forêt de Retz (Aisne).Un fourgon de gendarmerie, le 17 novembre 2019, près du lieu où le corps d'une jeune femme enceinte a été retrouvé, dans la forêt de Retz (Aisne). (MAXPPP)

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    Benoît ZagdounFrance Télévisions

    Mis à jour le 20/11/2019 | 18:12
    publié le 20/11/2019 | 15:33

    Le corps d'Elisa Pilarski, victime d'une attaque de chiens, a été retrouvé, samedi 16 novembre, dans les bois, sur la commune de Saint-Pierre-Aigle, dans l'Aisne. Cette femme de 29 ans, enceinte, était partie promener son chien dans la forêt de Retz, où se tenait au même moment une chasse à courre. La meute de chiens des chasseurs est-elle responsable de la mort de cette jeune femme ? Les enquêteurs explorent cette piste parmi d'autres. Un élément troublant, évoqué dans la presse, est venu s'ajouter : le commandant du groupement départemental de gendarmerie de l'Aisne aurait fait partie de l'équipage de la chasse à courre. Dans le live de franceinfo, vous nous avez demandé de confirmer cette information.

    L'enquête confiée à une autre unité

    Le procureur de la République de Soissons, Frédéric Trinh, confirme à franceinfo la "présence" du lieutenant-colonel Jean-Charles Métras parmi les chasseurs. Le magistrat assure en avoir été "immédiatement informé" et explique avoir pris des dispositions, afin de s'assurer que cela ne nuise pas à l'enquête. Cela "a justifié que je confie le traitement de la procédure à un service qui n'est pas placé sous son autorité, à savoir la section de recherche d'Amiens".

    La gendarmerie nationale, interrogée par franceinfo, confirme les propos du procureur de la République de Soissons. Le lieutenant-colonel était bien "l'un des suiveurs de la chasse à courre", mais "cela ne gêne absolument pas l'enquête", compte tenu de la mesure prise "en lien avec le procureur", affirme la gendarmerie nationale. 

    Des prélèvements sur des dizaines de chiens

    La victime, âgée de 29 ans et enceinte, avait appelé son concubin pour "lui signaler la présence de chiens menaçants", selon le parquet, alors qu'elle "était partie promener son chien". C'est lui qui a découvert le corps de sa compagne, samedi après-midi. D'après les résultats de l'autopsie, cités par le procureur, la mort a "pour origine une hémorragie, consécutive à plusieurs morsures de chiens aux membres supérieurs et inférieurs, ainsi qu'à la tête". La victime a en outre été mordue avant et après sa mort.

    ici -> Des prélèvements ADN ont été effectués sur 67 chiens - et non 93 comme le parquet l'avait indiqué initialement. Il s'agit des cinq chiens du couple et des 62 chiens de l'association qui organisait la chasse à courre. Le parquet espère ainsi "identifier le ou les chiens mordeurs". Le parquet a indiqué mercredi que ces investigations techniques étaient achevées. Mais que "l'ampleur du nombre d'analyses et de rapprochements génétiques" à faire "va différer de plusieurs jours la date de retour des résultats".

    La gendarmerie nationale confirme que "la chasse à courre est une piste étudiée de près par les enquêteurs", mais qu'"en l'état actuel de l'enquête, on ne peut affirmer que la meute est à l'origine de la mort de cette femme". L'hypothèse des chiens errants n'est donc pas écartée. Pas plus que celle du propre animal de la promeneuse, selon la gendarmerie. Il faut attendre les résultats des prélèvements ADN effectués sur l'ensemble des chiens.

    et là -> Mercredi, le parquet a annoncé qu'une information judiciaire avait été ouverte contre X du chef d'homicide involontaire par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obligation de prudence ou de sécurité imposée par la loi ou le règlement résultant de l'agression commise par des chiens. Le dossier a été confié à un juge d'instruction.

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    Répression des manifestations en Iran : l’ONU et Amnesty

    redoutent un lourd bilan humain

    Les Nations unies craignent « des dizaines » de tués lors des manifestations contre une hausse du prix de l’essence. L’ONG évoque au moins 100 morts.

     

    Le Monde avec AFP Publié aujourd’hui à 19h46, mis à jour à 21h03

     

      

     

    Des manifestants bloquent une route à Téhéran, samedi 16 novembre.Des manifestants bloquent une route à Téhéran, samedi 16 novembre. Majid Khahi / AP

    Des « dizaines de morts » selon l’Organisation de Nations unies (ONU), « au moins 106 » pour Amnesty International. La répression de manifestations contre une hausse du prix de l’essence en Iran fait craindre le pire mardi 19 novembre, alors que les autorités ont coupé l’accès à Internet depuis samedi. Du fait de ce « black-out », la situation est très difficile à évaluer à l’échelle du pays, après quatre jours de troubles. Téhéran a averti qu’Internet ne serait rétabli qu’en cas de retour au calme durable.

    Ainsi, « au moins 106 manifestants dans 21 villes ont été tués, selon des informations crédibles », récoltées par Amnesty. Mais pour l’ONG de défense des droits humains, « le bilan véritable pourrait être bien plus élevé, avec des informations suggérant jusqu’à 200 tués ». L’ONG se fonde sur « des images vidéos vérifiées, des témoignages de personnes sur le terrain et d’informations » de militants des droits humains hors d’Iran.

    Lire aussi Face à la contestation, l’Iran bloque l’accès à Internet

    Selon Amnesty, les forces de sécurité « ont reçu le feu vert pour écraser » les manifestations. Elle assure avoir consulté des vidéos montrant « des membres des forces de sécurité utiliser des armes à feu, des canons à eau et des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants » mais aussi « des snipers sur les toits d’immeubles tirer sur la foule et, dans un cas, un hélicoptère ». « Des images de douilles sur le sol, ainsi que le nombre élevé de morts, indiquent qu’ils ont utilisé des balles réelles », précise l’organisation non gouvernementale.

    « Alors que la plupart des manifestations ont semblé pacifiques, dans certains cas, au fur et à mesure que la répression s’accentuait, un petit nombre de manifestants ont lancé des pierres, ont provoqué des incendies et ont endommagé des banques », poursuit Amnesty, qui demande aux autorités iraniennes de « mettre fin immédiatement à cette répression brutale et meurtrière ».

    Plus tôt, mardi, l’ONU avait tiré la sonnette d’alarme. « Nous sommes particulièrement alarmés par le fait que l’utilisation de munitions réelles aurait causé un nombre important de décès dans tout le pays », a déclaré à Genève un porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme, Rupert Colville. « Des dizaines de personnes pourraient avoir été tuées », a-t-il ajouté, parlant également de « plus de 1 000 » arrestations et exhortant « les autorités et les forces de sécurité à éviter de recourir à la force », et les manifestants « à manifester pacifiquement ».

    Article réservé à nos abonnés Lire aussi Emeutes en Iran après la hausse du prix de l’essence

    Des dizaines de villes touchées par la contestation

    La mesure à l’origine des troubles est l’augmentation du prix de l’essence, très subventionnée : le litre est passé de 10 000 à 15 000 rials (11 centimes d’euros) pour les 60 premiers litres achetés chaque mois. Au-delà de cette quantité, le prix a triplé, à 30 000 rials. Les autorités assurent que les recettes dégagées doivent bénéficier aux 60 millions d’Iraniens les moins favorisés, sur une population totale de 83 millions de personnes.

    Quelques heures après l’annonce vendredi de cette mesure, des dizaines de villes d’Iran ont été touchées par les manifestations, qui ont rapidement dégénéré en émeutes. Selon les informations publiées dans les médias iraniens, seuls cinq morts ont été officiellement confirmées, dont celles de trois membres des forces de l’ordre tués « à l’arme blanche » par des « émeutiers » dans la province de Téhéran.

    A Téhéran, des centaines de policiers antiémeute armés de matraques et de canons à eau ont été déployés sur plusieurs places, selon des journalistes de l’Agence France-presse (AFP). Dans l’est de la capitale, deux stations-service en flammes témoignaient des violences. Dans l’ouest, un poste de police et un grand panneau publicitaire au-dessus d’une autoroute urbaine ont également été incendiés.

    Le porte-parole de l’autorité judiciaire iranienne, Gholamhossein Esmaïli, a demandé « à la population de signaler aux forces de l’ordre et à l’appareil judiciaire les séditieux et ceux qui ont perpétré des crimes ». Sans donner de chiffres, M. Esmaïli a fait état de l’arrestation de personnes ayant incendié des mosquées ou des banques, et d’« individus ayant fourni des films et des informations à des médias étrangers et à des ennemis » de l’Iran. Les autorités ont accusé des puissances étrangères, notamment les Etats-Unis, leur ennemi juré, de fomenter les heurts. De son côté, Washington a apporté son soutien aux manifestants.

    La télévision d’Etat montrait pour sa part des rassemblements de soutien aux autorités, à Tabriz (nord) et Chahr-é Kord (centre). A Tabriz, les manifestants ont scandé « Manifester est un droit du peuple, les émeutes sont l’œuvre des ennemis », selon l’agence Fars. D’autres manifestations progouvernementales sont annoncées pour mercredi dans diverses villes.

    Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Partout où l’Iran exerce une influence dans le monde arabe, il est aujourd’hui sur la sellette »

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    Environnement. Après un mois et demi d’enquête publique, le commissaire enquêteur a rendu, hier lundi, un avis retoquant le projet d’extension de la SCEA Perault, à Houlbec-Cocherel, qui envisageait la présence de 1 000 bovins sur l’exploitation.

     

      Celia MICK

     

    Publié le 18/11/2019 à 20:56
    Mis à jour le 18/11/2019 à 20:56

     

     
     
     
     

    «N ous avons gagné une bataille. Il va falloir maintenant remporter la guerre. » Véronique Brzezinski, présidente de l’association de défense de l’environnement à Houlbec-Cocherel et alentour (Adehca), n’a pas caché sa satisfaction, hier, quelques minutes après avoir actualisé, pour la centième fois, le site internet de la préfecture de l’Eure. Christian Baïsse, le commissaire enquêteur en charge de l’affaire dite des 1 000 vaches, à Houlbec-Cocherel, a en effet rendu un avis défavorable au projet d’extension de la SCEA Perault.

    Un commissaire « à l’écoute »

    Bonifacius et Hector Van Ranst, exploitants belges, prévoyaient une augmentation du cheptel de vaches laitières de 20 %, passant progressivement de 400 vaches laitières sur le site de Cailleterie, à Houlbec-Cocherel, et de 130 vaches sur leur site de Douains à un total de 634.

    À cet atelier laitier s’en rajouterait donc un second, de 280 veaux à l’engraissement de type « veaux rosés » (jeunes mâles de moins d’un an nés sur l’exploitation). Ce qui porterait le nombre total de bêtes à 1 069 sur le site d’Houlbec-Cocherel et à 460 sur le site de Douains — lire nos éditions précédentes.

    Ce projet « totalement incohérent » pour ses opposants, a entraîné une vague de mobilisation depuis plusieurs mois. « Le commissaire enquêteur a vraiment tenu compte des arguments de tous les participants à l’enquête publique. On sent qu’il a vraiment été à l’écoute », note Véronique Brzezinski.

    Après avoir relevé cinq aspects positifs de l’éventuelle extension de l’exploitation, comme l’impact sur l’emploi ou encore les ressources locales, le commissaire enquêteur s’est largement concentré sur les nuisances actuelles de la SCEA Perault : nuisances olfactives et prolifération de mouches autour du site de la Cailleterie d’Houlbec-Cocherel, impactant plus de 150 maisons dans un rayon de moins d’un kilomètre autour du site ; risques routiers lors du croisement des engins agricoles sur des petites routes de campagne et surtout dans des parties urbanisées des deux communes de Houlbec-Cocherel et Douains ; la présence d’une décharge sauvage ou encore le brûlage à l’air libre.

    En matière de bien-être animal, Christian Baïsse recommande aux exploitants belges « d’organiser une fois par an une journée porte ouverte, pour que le public et les riverains du site puissent se rendre compte des conditions de vie des bêtes. Il convient également qu’un plan d’action, engagé dès à présent, pour réduire la mortalité au sein de l’élevage avant d’envisager une augmentation des effectifs ».

    Abonnement numérique à partir de 1 euro

    « Un certain nombre de désordres »

    En conclusion de son rapport, le commissaire enquêteur conseille à Bonifacius et Hector Van Ranst d’améliorer la situation actuelle de la SCEA Perault avant d’envisager un quelconque agrandissement. « Cette exploitation, dans son fonctionnement actuel, présente un certain nombre de désordres qui ne traduisent pas une situation normale et engendre des problèmes importants de voisinage », pointe-t-il du doigt.

    Christian Baïsse souligne également que « ces désordres sont d’autant plus préoccupants que l’effectif actuel de l’élevage est nettement inférieur aux effectifs présents sur ces sites il y a quelques années. Une extension à 634 vaches laitières reviendrait à quasiment doubler les effectifs de caches laitières par rapport à l’effectif actuel. Ce n’est pas envisageable tant que les actions techniques pour remédier à cette situation n’ont pas été mises en place et tant que l’on n’a pas pu en mesurer l’efficacité vis-à-vis du voisinage ».

    Véronique Brzezinski et l’Adehca vont, de leurs côtés, solliciter un rendez-vous avec Thierry Coudert, préfet de l’Eure, et désormais dernier décisionnaire. « Nous attendrons ensuite son couperet, glisse Véronique Brzezinski. Je ne vois vraiment pas comment, maintenant, il pourrait soutenir le projet », estime une source proche du dossier.

    La décision du préfet est attendue pour le premier trimestre 2020.

    Infos pratiques

    Contactés, Frédéric Duché, président de Seine-Normandie-Agglomération et les frères Van Ranst n’ont pas donné suite à nos demandes d’interview. Le rapport du commissaire enquêteur : eure.gouv.fr/content/download/33316/217715/file/rapport%20%20-SCEA%20Perault.pdf

    Célia Mick

    Journaliste, agence locale de Vernon

     

     

     

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    27 min
    La Grande table cultureReza & Manoocher Deghati, regard-frère sur l’Iran

    La prise d'otages dans l'ambassade des Etats-Unis

    Du 4 novembre 1979 au 20 janvier 1981, pendant 444 jours, cinquante-six diplomates et civils américains sont retenus en otage par des étudiants iraniens dans l'ambassade des États-Unis de Téhéran.Du 4 novembre 1979 au 20 janvier 1981, pendant 444 jours, cinquante-six diplomates et civils américains sont retenus en otage par des étudiants iraniens dans l'ambassade des États-Unis de Téhéran. Crédits : Reza

    "La prise d'otages dans l'ambassade américaine par les étudiants islamiques a commencé un matin de pluie à Téhéran. C'est vraiment ce qu'on appelle le flair du journalisme qui m'a amené à me dire qu’il pouvait se passer des choses à l'ambassade américaine parce que la veille, Khomeini avait fait un discours très anti-américain. En arrivant, j’ai vu des étudiants en train de grimper les grilles et le mur de l'ambassade pour rentrer à l’intérieur. C’était incroyable de voir ça. Mes photographies, ce sont les seules photographies de ces premiers moments. J'ai continué à photographier cet événement pendant les 444 jours qu’il a duré. Comme je travaillais pour l'agence Sipa Press et pour Newsweek, on m'avait surnommé "le 54e otage" ! Parce que j'étais tout le temps devant l'ambassade, et que je ne bougeais pas de là-bas.

    Les Iraniennes

    Les femmes iraniennes ne pensaient pas du tout être les premières victimes de l’arrivée des islamistes.Les femmes iraniennes ne pensaient pas du tout être les premières victimes de l’arrivée des islamistes. Crédits : Reza

    "Les femmes ont vécu, je dirais, une double souffrance, une double injustice en Iran. Les femmes étaient très actives. Elles croyaient que Khomeini était un vieux sage, qu’il n'avait aucune envie de pouvoir. Elles ne croyaient pas du tout être la première victime de l’arrivée des islamistes, qui les obligeraient à porter des voiles, ou des vêtements comme elles portent aujourd'hui. Les premières manifestations d'opposition, c'étaient des femmes qui sont venues devant le palais du Président, devant des lieux gouvernementaux en disant : on nous avait promis la liberté. Et à peine arrivés au pouvoir, vous nous obligez à porter des vêtements noirs et des voiles…. Les femmes sont les premières qui ont subi cette injustice. Encore aujourd'hui, il y a des manifestations de femmes qui mènent des campagnes contre le voile.  Il y a des jeunes filles de 20 ans qui ont enlevé leur voile en signe protestation et qui se retrouvent en prison. Elles ont été condamnées à vingt ans de prison."

    Les exécutions publiques

    L'une des rares photos d'exécutions publiques prises dans les rues de Téhéran (1980).L'une des rares photos d'exécutions publiques prises dans les rues de Téhéran (1980). Crédits : Manoocher Deghati

    "Quelques mois après la révolution où le peuple iranien a cru se trouver dans une démocratie, on a vu que ce n'était pas du tout ce qui était promis. Cette haine de la part des religieux contre la liberté, contre les gens libres, s'est abattue sur l'Iran. Les arrestations, les exécutions dans les rues ont commencé assez vite. Dans l’une des photos de Manoocher, on voit très bien une exécution en public. C'était le début de milliers d'autres exécutions..."

    La souffrance des Kurdes

    Habitants du village Kurde de Baneh après un bombardement iranien en  1980Habitants du village Kurde de Baneh après un bombardement iranien en 1980 Crédits : Reza

    "Des scènes comme celle-là, quand on les voit pour la première fois, c'est très choquant de se trouver devant une telle injustice, une telle souffrance humaine. Mais de l'autre côté, dans la continuité de ce travail que je mène depuis quarante ans dans d'autres pays du monde, dans d'autres guerres, je vois les mêmes scènes : les pères qui prennent dans leurs bras leurs enfants morts, les mères qui pleurent leurs enfants, les enfants qui pleurent leurs parents. On est tous hantés par ces scènes. Il n'y a pas une scène plus forte que les autres, ça reste en nous. On doit l'absorber, on doit vivre avec. Mais surtout, le plus important, c'est de ne pas s'habituer à voir ces scènes. A chaque fois, ce doit être comme si c'était la première fois. S'habituer à la souffrance pour se protéger, c'est la mort du photojournalisme." 

    Dès le début de la révolution islamique, les Kurdes (qui ont activement participé à la résistance contre la dictature du Chah en 1979) ont exprimé leur souhait d’autonomie. Pour l’ayatollah Khomeini, qui veut asseoir la jeune République, il n’en est pas question. Il déclare la guerre sainte aux Kurdes, surnommés "les fils de Satan". Ce fut une guerre militaire, économique, culturelle et psychologique pendant laquelle des milliers de civils perdirent la vie.

    Un livre pour le peuple iranien

    "J'ai quitté l'Iran en mars 81 à cause de mes photographies qui avaient engendré la rage du régime contre moi. Je ne pouvais plus rester. Je suis resté en contact constamment avec l'Iran, même si la France est devenue mon pays d'adoption, mon pays du cœur. Cela m'a aussi donné cette possibilité d'avoir un regard beaucoup plus ouvert sur l'Iran, et vers d'autres pays du monde. Le monde doit comprendre ce qui s'est passé en Iran et comment ce que nous vivons aujourd'hui au Moyen-Orient avec l'arrivée de Daech, la guerre de la Turquie contre les Kurdes, tout cela est lié. A la base, c'est cette révolution en Iran et l’arrivée des islamistes au pouvoir en Iran qui a engendré tout cela. Ce livre, quelque part, c'est aussi un hymne à ce peuple qui souffre, ce peuple qui se voit constamment mis de côté pour des intérêts économiques mais qui continue à se battre. "

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  • 22% des hommes admettent avoir agressé sexuellement une femme

    Société

     

    Après #MeToo

     

     

    Par Léa Collet

    22% des hommes admettent avoir agressé sexuellement sur une femme

     

     

    22% des hommes déclarent avoir un jour commis une agression sexuelle envers une femme. Une récente étude Ifop pour le magazine Elle montre que, deux ans après MeToo, la culture du viol persiste en France et que la notion de consentement reste floue chez de nombreux hommes. Et que le chemin est encore long pour stopper les violences faites aux femmes. Eclairage de Liliane Daligand, docteur en médecine et en droit et psychiatre des hôpitaux au CHU de Lyon.

     

    Le chiffre est glaçant. Terrifiant. 22% des hommes reconnaissent avoir commis au cours de leur vie au moins une agression sexuelle (embrasser une femme, lui caresser les parties intimes ou avoir une pratique sexuelle alors qu’elle ne le souhaitait pas). Autre chiffre, tout aussi effrayant : 24% des hommes de 18-24 pensent que « lorsqu’on veut avoir des relations sexuelles avec elles, beaucoup de femmes disent non, mais ça veut dire oui ».

     

    Voici les résultats d’une étude Ifop pour le magazine ELLE, qui, deux ans après les mouvements #MeToo et son équivalent français #BalanceTonPorc, a demandé à des hommes de se confier sur leur rapport aux femmes, sur la libération de la parole de ces dernières et sur les violences sexuelles.

     

    Quel impact #MeToo a-t-il eu sur les hommes ? 37% d’entre eux ont noté une amélioration dans leurs rapports aux femmes, tandis que 39% y voient une dégradation. 17% se disent « déstabilisés » par la libération de la parole des femmes. 69% des hommes déclarent qu’ils ne peuvent plus draguer comme avant. 

     

    Nous avons demandé à Liliane Daligand, docteur en médecine et en droit et psychiatre des hôpitaux au CHU de Lyon, d’analyser ces chiffres.

     

    Que pensez-vous du chiffre de 22% des hommes qui reconnaissent avoir été l’auteur d’une agression sexuelle sur une femme ?

     

    Liliane Dalignad : 22% des hommes qui reconnaissent un baiser volé ou une caresse sur les parties intimes ne me choque pas. Par contre, 22% des hommes qui reconnaissent avoir agressé sexuellement, au sens de viol, une femme, c’est élevé. Ces hommes ne se rendent pas forcément compte qu’un baiser volé, par exemple, peut être une agression sexuelle. On ne leur a pas forcément appris. On peut voir également dans ces comportements une manière de séduire, de se montrer dans cette virilité toute puissante. Avec #MeToo, la parole des femmes s’est libérée mais celle des hommes auteurs de violences aussi. Ils avouent plus facilement « oui j’ai pu faire cela, j’ai pu être auteur, sans forcément le savoir ou en m’en rendant compte après ». Après tout, c’est un progrès si ces hommes arrivent à le reconnaître. Mais le fait d’en parler n’est pas un acte de pardon, ils peuvent juste le reconnaître, il y a encore du travail à faire sur les révélations.

     

    Le consentement est encore moins clair chez les 18-24 ans selon l’étude Ifop…

     

    Liliane Daligand : C’est énorme. Je trouve ça archaïque, on se demande ce qu’il faudrait faire pour faire comprendre aux hommes que quand une femme ne dit rien, ce n’est pas qu’elle est consentante et que quand elle dit non, c’est non. On doit apprendre aux filles à dire non fermement, leur expliquer qu’elles ont le droit de dire non surtout, et aux garçons, à accepter le refus de l’autre. Aux Etats-Unis, dans les années 90, il y avait des flyers dans les universités qui disaient aux étudiantes « vous allez à un rendez-vous avec un garçon, si vous ne voulez pas aller jusqu’à la relation sexuelle, dites non et aux garçons, si la fille leur dit non, c’est non. Mais lorsque l’on voit la culture du viol dans les universités américaines on se dit que cela a échoué aussi. Ça ne suffit pas, il faut éduquer les garçons beaucoup plus tôt au respect et à la parole de l’autre, dès l’enfance. À l’université c’est presque trop tard.

     

    Dans cette même étude, 40% des moins de 30 ans admettent ne pas vérifier systématiquement que leur partenaire est consentante avant un rapport sexuel. Un chiffre bien trop important encore lorsque l’on sait que le mouvement #MeToo et #BalanceTonPorc ont pointé du doigt, depuis deux ans maintenant, l’importance du consentement dans n’importe quelle relation. Comment l’analysez-vous ?

     

    Liliane Daligand : Je suis certaine que ce mouvement #MeToo a eu un effet sur les hommes, sur l’écoute des femmes. Les femmes sont la grande majorité des victimes dans les violences conjugales ou les viols et les hommes ne s’en rendaient pas suffisamment compte. On n’a pas cette culture de la demande, il faudrait même vérifier à chaque pas si l’autre est consentant. Ça peut paraître un peu excessif mais il faut peut-être, là aussi, une formation de la société et des jeunes. Les hommes doivent se mettre en tête qu’une femme a le droit de changer d’avis, même si les prémices d’une relation sexuelle ont lieu. Elle peut ne plus être d’accord et surtout, elle a le droit au refus.

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  • Précarité étudiante : la ministre de l'Enseignement supérieur annonce la création d'un numéro d'appel pour des aides d'urgence

    "Il reste chaque année un peu plus de 15 millions d'euros d'aide d'urgence non-consommées" par les étudiants en situation de précarité, a déclaré Frédérique Vidal, mardi sur RTL. 

    La ministre de l\'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l\'Innovation Frédérique Vidal, à la sortie de l\'Elysée, à Paris, le 30 octobre 2019. La ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation Frédérique Vidal, à la sortie de l'Elysée, à Paris, le 30 octobre 2019.  (LUDOVIC MARIN / AFP)
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    franceinfoFrance Télévisions

    Mis à jour le 19/11/2019 | 11:02
    publié le 19/11/2019 | 08:46

    Un numéro pour venir en aide aux étudiants en situation de précarité. Invitée de RTL, mardi 19 novembre, la ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation, Frédérique Vidal, a annoncé le lancement "au plus tard à la fin de l'année" d'un numéro d'appel, permettant de débloquer des aides d'urgence pour les étudiants en difficulté financière. Il y a dix jours, un étudiant de 22 ans, en situation de grande précarité, s'était grièvement brûlé en pleine rue, devant un restaurant universitaire du Crous à Lyon. 

    Sur les 5,7 milliards d'euros d'aides étudiantes comprises dans le budget de l'Etat, certaines aides d'urgence "sont sous-consommées", a expliqué la ministre. "Il reste chaque année un peu plus de 15 millions d'euros d'aide d'urgence non-consommées", a-t-elle précisé. 

    Pour remédier à cela, Frédérique Vidal propose de "mettre en place un numéro d'appel", d'"embarquer les organisations syndicales pour qu'elles nous aident à repérer les jeunes en situation de précarité, de manière à ce qu'il y ait un fonds d'aides d'urgence qui puisse être mobilisé par ces étudiants en situation de précarité".

     
     
    RTL France @RTLFrance
     

     

      : "Nous venons d’augmenter les bourses étudiantes. Il y a 5,7 milliards d'euros consacrés aux aides étudiantes. Un numéro d’appel sera mis en place à la fin de l’année pour mieux les renseigner", @VidalFrederique dans avec @VenturaAlba

    VIDEO

     

     

    Une trêve hivernale dans les cités universitaires

    Ce numéro d'appel servira notamment à prendre rendez-vous pour rencontrer une assistante sociale. 

    La ministre de l'Enseignement supérieur a également annoncé le déploiement de la trêve hivernale dans les cités universitaires. "On va faire en sorte que la trêve hivernale s'applique dans les cités universitaires, dès à présent, a promis Frédérique Vidal. Ça veut dire qu'on ne peut pas expulser un étudiant d'une cité universitaire, puisque les cités universitaires jusqu'à présent n'étaient pas dans le droit commun."

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