• Répression des manifestations en Iran : l’ONU et Amnesty redoutent un lourd bilan humain

     

    Répression des manifestations en Iran : l’ONU et Amnesty

    redoutent un lourd bilan humain

    Les Nations unies craignent « des dizaines » de tués lors des manifestations contre une hausse du prix de l’essence. L’ONG évoque au moins 100 morts.

     

    Le Monde avec AFP Publié aujourd’hui à 19h46, mis à jour à 21h03

     

      

     

    Des manifestants bloquent une route à Téhéran, samedi 16 novembre.Des manifestants bloquent une route à Téhéran, samedi 16 novembre. Majid Khahi / AP

    Des « dizaines de morts » selon l’Organisation de Nations unies (ONU), « au moins 106 » pour Amnesty International. La répression de manifestations contre une hausse du prix de l’essence en Iran fait craindre le pire mardi 19 novembre, alors que les autorités ont coupé l’accès à Internet depuis samedi. Du fait de ce « black-out », la situation est très difficile à évaluer à l’échelle du pays, après quatre jours de troubles. Téhéran a averti qu’Internet ne serait rétabli qu’en cas de retour au calme durable.

    Ainsi, « au moins 106 manifestants dans 21 villes ont été tués, selon des informations crédibles », récoltées par Amnesty. Mais pour l’ONG de défense des droits humains, « le bilan véritable pourrait être bien plus élevé, avec des informations suggérant jusqu’à 200 tués ». L’ONG se fonde sur « des images vidéos vérifiées, des témoignages de personnes sur le terrain et d’informations » de militants des droits humains hors d’Iran.

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    Selon Amnesty, les forces de sécurité « ont reçu le feu vert pour écraser » les manifestations. Elle assure avoir consulté des vidéos montrant « des membres des forces de sécurité utiliser des armes à feu, des canons à eau et des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants » mais aussi « des snipers sur les toits d’immeubles tirer sur la foule et, dans un cas, un hélicoptère ». « Des images de douilles sur le sol, ainsi que le nombre élevé de morts, indiquent qu’ils ont utilisé des balles réelles », précise l’organisation non gouvernementale.

    « Alors que la plupart des manifestations ont semblé pacifiques, dans certains cas, au fur et à mesure que la répression s’accentuait, un petit nombre de manifestants ont lancé des pierres, ont provoqué des incendies et ont endommagé des banques », poursuit Amnesty, qui demande aux autorités iraniennes de « mettre fin immédiatement à cette répression brutale et meurtrière ».

    Plus tôt, mardi, l’ONU avait tiré la sonnette d’alarme. « Nous sommes particulièrement alarmés par le fait que l’utilisation de munitions réelles aurait causé un nombre important de décès dans tout le pays », a déclaré à Genève un porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme, Rupert Colville. « Des dizaines de personnes pourraient avoir été tuées », a-t-il ajouté, parlant également de « plus de 1 000 » arrestations et exhortant « les autorités et les forces de sécurité à éviter de recourir à la force », et les manifestants « à manifester pacifiquement ».

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    Des dizaines de villes touchées par la contestation

    La mesure à l’origine des troubles est l’augmentation du prix de l’essence, très subventionnée : le litre est passé de 10 000 à 15 000 rials (11 centimes d’euros) pour les 60 premiers litres achetés chaque mois. Au-delà de cette quantité, le prix a triplé, à 30 000 rials. Les autorités assurent que les recettes dégagées doivent bénéficier aux 60 millions d’Iraniens les moins favorisés, sur une population totale de 83 millions de personnes.

    Quelques heures après l’annonce vendredi de cette mesure, des dizaines de villes d’Iran ont été touchées par les manifestations, qui ont rapidement dégénéré en émeutes. Selon les informations publiées dans les médias iraniens, seuls cinq morts ont été officiellement confirmées, dont celles de trois membres des forces de l’ordre tués « à l’arme blanche » par des « émeutiers » dans la province de Téhéran.

    A Téhéran, des centaines de policiers antiémeute armés de matraques et de canons à eau ont été déployés sur plusieurs places, selon des journalistes de l’Agence France-presse (AFP). Dans l’est de la capitale, deux stations-service en flammes témoignaient des violences. Dans l’ouest, un poste de police et un grand panneau publicitaire au-dessus d’une autoroute urbaine ont également été incendiés.

    Le porte-parole de l’autorité judiciaire iranienne, Gholamhossein Esmaïli, a demandé « à la population de signaler aux forces de l’ordre et à l’appareil judiciaire les séditieux et ceux qui ont perpétré des crimes ». Sans donner de chiffres, M. Esmaïli a fait état de l’arrestation de personnes ayant incendié des mosquées ou des banques, et d’« individus ayant fourni des films et des informations à des médias étrangers et à des ennemis » de l’Iran. Les autorités ont accusé des puissances étrangères, notamment les Etats-Unis, leur ennemi juré, de fomenter les heurts. De son côté, Washington a apporté son soutien aux manifestants.

    La télévision d’Etat montrait pour sa part des rassemblements de soutien aux autorités, à Tabriz (nord) et Chahr-é Kord (centre). A Tabriz, les manifestants ont scandé « Manifester est un droit du peuple, les émeutes sont l’œuvre des ennemis », selon l’agence Fars. D’autres manifestations progouvernementales sont annoncées pour mercredi dans diverses villes.

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