• Covid-19 : L'aéroport de Roissy s'équipe de caméras thermiques pour détecter les passagers fiévreux

    12 caméras thermiques ont été installées à l'arrivée des vols internationaux à l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle. L'objectif est de détecter les passagers fiévreux susceptibles d'être atteints du Covid-19. Même si cette mesure a de nombreuses limites, elle est de plus en plus plébiscitée.  
    Publié le 15 mai 2020 à 10H45

    Covid-19 : L'aéroport de Roissy s'équipe de caméras thermiques pour détecter les passagers fiévreuxCovid-19 : L'aéroport de Roissy s'équipe de caméras thermiques pour détecter les passagers fiévreux© ADP

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    L'aéroport Roissy-Charles de Gaulle a annoncé le 14 mai 2020 s'être équipé de 12 caméras thermiques installées en salle de livraison bagage à l'arrivée des vols internationaux.

    Détecter les passagers infectés

    Testé pendant plusieurs semaines sur des salariés volontaires, ce dispositif a pour objectif de détecter les passagers fiévreux susceptibles d'être atteints du Covid-19. Si le seuil des 38 degrés est dépassé, le personnel aéroportuaire pourrait de nouveau prendre la température de la personne via un thermomètre sans contact. Si la fièvre se confirme, elle se verra proposer une visite médicale durant laquelle un médecin lui suggéra d'effectuer un test. Le Service médical d'urgence (SAMU) de l'aéroport est responsable de ce protocole élaboré avec le centre hospitalier intercommunal Robert-Ballanger d'Aulnay-sous-Bois-Villepinte.

    Des dispositifs de caméras thermiques ont été mis en place dans 18 aéroports du réseau à l'international du groupe Aéroport de Paris (ADP). "Nous partageons en effet à l'échelle du groupe la même exigence sanitaire autour des mesures mises en place et des défis à relever pour que les citoyens du monde entier retrouvent en confiance le chemin de nos aéroports", peut-on lire dans le communiqué.

    La prise de température, un faux indicateur

    Les caméras thermiques sont plébiscitées par plusieurs entreprises. Amazon en a installé dans ses entrepôts américains et à l'entrée des magasins Whole Foods. L'opérateur télécoms britannique Vodafone a lancé une caméra thermique connectée pour sécuriser le retour des employés sur leur lieu de travail. Or cet engouement soulève plusieurs problématiques.

    Premièrement, la température corporelle n'est pas un indicateur fiable d'une contamination car la fièvre n'est pas toujours présente chez les malades et elle peut être masquée par des médicaments. Le Haut Conseil de la Santé Publique s'est même prononcé contre ce type de contrôle à l'entrée des lieux accueillant du public. A ce sujet, ADP affirme que la prise de température doit être complétée par le port du masque, le lavage des mains, la distanciation physique…

    Une réglementation stricte

    Par ailleurs, la réglementation française interdit aujourd'hui aux employeurs de mettre en place des caméras thermiques dans leur entreprise. Seule la prise de température manuelle sans constitution de fichier est autorisée, rappelle la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil) dans un document publié le 7 mai 2020. En effet, lorsqu’elle fait l’objet d’un traitement, la température corporelle d’un individu constitue une donnée sensible relative à sa santé justifiant qu’elle fasse l’objet d’une protection particulière.

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  • Sète : top départ pour la réouverture de dix kilomètres de plages

     
      Publié le 16/05/2020 à 15:30 / Mis à jour le 16/05/2020 à 17:11 S'abonner
     

    Les plages situées sur le Lido sont ouvertes au public depuis ce samedi 16 mai au matin, et sont accompagnées de certaines restrictions.

    Les Sétois étaient nombreux à l'attendre. Elle est enfin là. La réouverture des plages, sujet de nombreux débats depuis plusieurs semaines, a été actée par le préfet le vendredi 15 mai. Un dispositif exceptionnel a alors été mis en place, afin de garantir la sécurité de tous, tout en profitant des plages chères aux Sétois. Malgré la fine pluie, quelques sportifs et autres promeneurs n'ont pas souhaité attendre plus longtemps avant de retrouver les plages du Lido, qui sont désormais accessibles de 7h à 20h. Rien de plus normal, après deux mois passés confiné chez soi. Dès 9h du matin, ils découvraient avec étonnement les signalétiques permettant de réguler les entrées et les sorties.(suite abonnés)

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  • Où se trouvent les 25 clusters identifiés en France depuis le déconfinement ?

    • Olivier Véran promet un bilan du déconfinement dans 15 jours. Olivier Véran promet un bilan du déconfinement dans 15 jours. AP POOL / THIBAULT CAMUS
      Publié le 17/05/2020 à 10:01 / Mis à jour le 17/05/2020 à 10:14 S'abonner

    Dans les colonnes du JDD de ce dimanche 17 mai, le ministre de la Santé Olivier Véran révèle que de nouveaux clusters ont été identifiés en France depuis le 11 mai, jour effectif du déconfinement.

    "Depuis lundi, nous avons identifié 25 clusters (aussi bien dans les zones vertes que rouges) sur notre territoire. Le système mis en place pour tester, isoler et casser les chaînes de contamination est opérationnel", assure le ministre des Soldarités et de la Santé Olivier Véran, dans le JDD de ce dimanche 17 mai, ajoutant que "vendredi, nous en étions à plus de 50 000 tests réalisés par jour".

    Trois foyers épidémiques en Occitanie

    Parmi les nouveaux foyers détectés, la région Auvergne-Rhône-Alpes en compte trois, tout comme l'Île-de-France, qui en recense notamment un dans un foyer de jeunes travailleurs de Clamart, dans les Hauts-de-Seine.

    L'Occitanie a également repéré trois foyers épidémiques, dont un au sein du personnel municipal de Carmaux, dans le Tarn. Les Pays-de-la-Loire en dénombrent aussi trois, dont un à l'hôpital de Saumur, dans le Maine-et-Loire.

    Les Régions Grand Est, Hauts-de-France et Bourgogne Franche-Comté comptent deux clusters chacune. La Bretagne en a aussi signalé deux dans les Côtes d’Armor, dans un abattoir près de Saint-Brieuc et dans un hôpital de Lannion.

    En Nouvelle Aquitaine, des foyers épidémiques ont été repérés en Dordogne après des obsèques fin avril dans le village d’Eglise-Neuve-de-Vergt, près de Périgueux, et dans un collège de Chauvigny (Vienne).

    Selon le ministère de la Santé, un foyer de contaminations a également été identifié en Paca, un en Guyane dans la ville de Saint-Georges de l’Oyapock, à la frontière brésilienne, et enfin un dernier dans le Centre Val de Loire : 34 personnes travaillant à l’abattoir Tradival à Fleury-les-Aubrais ont été contaminées, selon France Bleu.

    Le bilan sanitaire du déconfinement d'ici 15 jours

    Le ministre de la Santé Olivier Véran estime qu'un bilan sanitaire du déconfinement pourra être tiré d'ici 15 jours alors que le nombre de personnes hospitalisées dans les services de réanimation poursuit son reflux, selon les derniers chiffres communiqués samedi 16 mai par la Direction générale de la santé (DGS).

    L'Hexagone a engagé depuis lundi la levée progressive du confinement - l'un des plus stricts en Europe - décrété il y a huit semaines pour tenter d'enrayer la propagation de l'épidémie de coronavirus. Si les commerces non-essentiels ont pu rouvrir, les cinémas, les restaurants et les bars restent fermés dans tout le pays au moins jusqu'à début juin, date à laquelle le gouvernement conduira un nouvel examen des mesures à prendre.

    Interrogé par le Journal du Dimanche sur le bilan du déconfinement moins d'une semaine après le début de sa mise en oeuvre, Olivier Véran répond "nous aurons un premier retour d’ici dix à quinze jours". "Vendredi, nous avons diagnostiqué 1 100 nouveaux patients atteints par le coronavirus. C’est moins de 2 % des tests réalisés", a-t-il dit.

    Selon les chiffres communiqués par Santé publique France, 142 291 cas ont été recensés depuis le début de l'épidémie le 1er mars avec la confirmation de 372 nouveaux cas au cours des dernières 24 heures. Avec 96 décès supplémentaires portant le total à 27 625, la France accuse le quatrième bilan le plus lourd derrière les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et l'Italie mais devant l'Espagne.

    La DGS précise que le nombre de personnes hospitalisées pour une infection Covid-19 a reculé pour s'établir 19 432, contre 19 861 la veille, soit 429 personnes de moins. Les hôpitaux ont cependant enregistré 350 nouvelles admissions au cours des dernières 24 heures à comparer à 265 il y a une semaine.

    Concernant les formes sévères de la maladie, 2 132 malades sont hospitalisés en réanimation, soit 71 de moins que la veille. Depuis le début de l'épidémie, 98.449 personnes ont été hospitalisées, dont près de 17 500 sont passées dans des services de réanimation. 61 066 personnes sont rentrées à domicile.

    La promesse d'un plan pour l'hôpital d'ici l'été

    Le ministre français de la Santé promet de présenter d'ici l'été un nouveau plan pour l'hôpital alors qu'une partie des personnels, en première ligne dans la lutte contre le coronavirus, menace de reprendre la contestation, jugeant les moyens toujours insuffisants. Toujours dans le JDD, Olivier Véran annonce qu'il réunira le 25 mai les partenaires sociaux et les collectifs hospitaliers pour donner le coup d'envoi à un "Ségur de la Santé".

    Vendredi, le président de la République Emmanuel Macron avait effectué une visite surprise à l'hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière, où il avait promis d'accélérer la mise en place d'un plan de revalorisation des carrières du médical et du paramédical. "Je veux que le plan soit présenté cet été, pour traduire tout ce qui peut l’être dans le prochain budget de la Sécurité sociale", explique Olivier Véran.

    Ce nouveau plan doit notamment permettre une amélioration des rémunérations pour les salariés, pour beaucoup des femmes, travaillant dans les métiers du soin à la personne. "La nation va devoir faire un effort important pour reconnaître leur rôle", déclare Olivier Véran dans l'entretien. "Je souhaite que, rapidement, nous puissions atteindre un niveau de rémunération correspondant au moins à la moyenne européenne".

    Outre les salaires, Olivier Véran recense parmi les principaux chantiers la mise au point d'un programme d'investissements, la réorganisation des soins mais aussi la revue du temps de travail. "Si des salariés de l’hôpital souhaitent travailler davantage et augmenter leur rémunération, il faut que ce soit possible. Pour ça, il faut revoir le cadre d’organisation du temps de travail à l’hôpital", explique-t-il.

    Emmanuel Macron avait annoncé le 25 mars dernier à Mulhouse une prime exceptionnelle pour les personnels soignants et tous les fonctionnaires mobilisés face au coronavirus et promis qu'un plan massif d'investissement et de revalorisation des carrières à l'hôpital serait mis en place à l'issue de la crise sanitaire.

    Mais les mesures prises jusqu'ici par le gouvernement, dont le versement d'une prime allant de 500 à 1 500 euros pour les soignants, et la remise d'une "médaille de l'engagement" face à l'épidémie, peinent à combler les attentes du personnel hospitalier. L'hôpital "ne veut pas de médailles, juste des moyens", avait réagi jeudi le collectif inter-hôpitaux.

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  • 7.mai.2020 // Les Crises

    SARS-CoV-2 et Anthropocène : significations et enjeux pour la politique publique

     

    Source : Blogs Mediapart

    La pandémie du Covid 19 n’est pas une pandémie quelconque. Benjamin Coriat, membre du collectif d’animation des Économistes atterrés propose d’analyser en quoi, pourquoi et par quels liens doit-on associer Covid et anthropocène.

    Beaucoup a été dit et écrit à propos du Covid 19 depuis que la pandémie s’est abattue sur le monde. Pourtant, et c’est la motivation profonde qui anime cet article, des choses essentielles semblent n’avoir pas été entendues, ou en tous cas n’avoir été que très insuffisamment relevées. A commencer par celle ci : la pandémie du Covid 19 n’est pas une pandémie quelconque, une pandémie de plus – comme celles que furent en d’autres temps les pandémies de la peste, de la variole ou de la fièvre jaune… pour ne citer que les plus terribles d’entre elles.

    Non. La pandémie du Covid 19 a ceci en propre qu’elle marque de manière indubitable le fait que l’âge nouveau dans lequel nous sommes entrés, celui de l’anthropocène, est et sera aussi celui de la multiplication des épidémies et des pandémies dans l’ensemble de la planète. Cette vérité nouvelle, si sa signification pleine est enregistrée, amène nécessairement un ensemble de bouleversements considérables dans la manière d’envisager et d’analyser le monde dans lequel nous sommes désormais entrés. Comme évidemment elle conduit à un ensemble d’implications majeures sur la manière de s’y comporter et de faire face aux défis inédits auxquels nous sommes désormais confrontés.

     

    C’est sur ces sujets que porte la réflexion que nous proposons dans cet article.

    1. Les zoonoses, filles naturelles de l’anthropocène

    L’anthropocène, rappelons-le pour commencer, est généralement entendue comme un « âge » de l’évolution géologique de la planète, caractérisé par le fait que l’activité humaine – économique et industrielle – se manifeste désormais de manière si forte et si intense qu’elle affecte et perturbe ses équilibres éco-systémiques. C. Bonneuil (qui a joué un rôle clé pour introduire en France le débat sur ce thème) écrit à ce propos que le vocable « anthropocène » est le mot code qui s’est imposé « pour penser cet âge dans lequel le modèle de développement actuellement dominant est devenu une force tellurique, à l’origine de dérèglements écologiques profonds, multiples et synergiques à l’échelle globale.[1] » Pour le dire d’un mot, l’anthropocène, dans son acception la plus générale désigne le moment où « les activités humaines sont devenues la principale force agissante du devenir géologique de la Terre » amenant avec elles un ensemble de dérèglements majeurs »[2].

    La thèse est discutée et plusieurs questions sont débattues. La première s’énonce ainsi : sommes nous entrés dans une « époque » géologique nouvelle, ou bien l’anthropocène n’est elle qu’un simple « âge » nouveau (le dernier moment) de l’ère géologique actuelle – l’holocène ? Une autre question en débat est celle se savoir de quand date cette entrée dans l’âge nouveau… De nombreuses autres questions encore sont posées[3]. Elles ne nous retiendront pas ici.

    Sauf l’une d’entre elles, d’importance majeure car elle a trait à la signification même de la notion d’anthropocène. Au plus simple deux contenus, deux « récits » ici s’opposent. Selon le premier, « naturaliste » et qui domine dans les arènes scientifiques internationales, la cause des destructions associées à l’anthropocène est rapportée à un acteur qui serait constitué par une « humanité » hypostasiée, a-historique, et posée comme a-sociale. Les implications de cette vision des choses sont que c’est « l’espèce humaine » comme telle – et sans plus de précisions – qui doit réviser ses activités et revoir ses comportements. Une seconde vison de l’anthropocène au contraire l’installe et la situe dans ses racines et fondements historiques véritables. Ce récit assume que c’est le mode de développement né du capital et de la propriété privée, de la poursuite effrénée de l’exploitation des ressources de la planète par les méga-acteurs que sont les grandes multinationales qui sont à l’origine des dérèglements constatés. Selon cette vision des choses l’anthropocène est un « capitalocène », au sens où c’est le mode développement imposé à « l’humanité » par le capital et ses opérateurs qui est au coeur de l’explication des destructions constatées et de l’entrée dans un nouvel âge géologique. L’auteur de ces lignes se range évidemment dans ce second récit. Et dans la suite de ce texte, les motifs qui justifient ce choix seront explicités[4].

    Il résulte dans tous les cas, que dans le moment où nous sommes, les grands biens communs globaux que sont le climat, les océans, les pôles, l’atmosphère où la couche d’ozone… sont désormais devenus des écosystèmes dont les principes de reproduction – savants, complexes, infiniment délicats … – sont désormais percutés par des forces issues de l‘activité humaine et de son industrie. La mondialisation conduite sous l’égide du capital et de ses exigences a opéré de manière si puissante que nous sommes aujourd’hui entrés dans un monde ou les catastrophes – non nécessairement exactement prévisibles quant à leur nature et à leurs occurrences – sont pourtant désormais (si rien ne change) certaines.

    Ce tableau et cette vision du monde sont celles qui jusqu’il y a peu s’imposaient. L’entrée dans l’anthropocène signifiait en pratique et par dessus tout, avec les altérations multiples subies par la biodiversité, l’entrée dans une ère de changement climatique, amenant avec elle un cortège de désastres annoncés.

    Et voici qu’un virus, cette fois venu de Chine[5], change et complexifie sérieusement la donne. Ce virus, il faut le désigner par son nom scientifique : le SARS-CoV2[6], plutôt que sous le nom le plus souvent utilisé de Covid 19. Pourquoi SARS-CoV2 ? Parce que cette désignation, et notamment le chiffre 2 accolé à CoV, a le mérite d’apporter une précision essentielle : CoV2 signifie que le virus qui sévit aujourd’hui est un « remake », un « retour »[7]. Il y eut en effet, très proche dans sa structure moléculaire, un SARS-CoV1. Souvenons-nous en, c’était entre 2002 et 2004, le CoV1 aussi venait de Chine, mais d’un tout autre lieu (le Gouangdong au sud du pays, alors que le CoV2 est né à Wuhan dans le Hubei, au centre-est de la Chine). Le SARS-CoV1 fit en son temps, craindre le pire. Avant qu’inexplicablement il ne se dissipe, laissant derrière lui quelques milliers « seulement », de morts, là où on attendait des dégâts bien plus importants.

    Ajoutons à cela, qu’un autre type de Coronavirus le MERS[8], qui sévit de manière privilégiée au Moyen-Orient, est venu confirmer, si besoin en était, la variété et la multiplicité de la diffusion de ces nouvelles maladies émergentes.

    Poursuivons : les scientifiques nous donnent, à propos du SARS, des informations essentielles, pas assez entendues nous semble-t-il, et surtout qui doivent être mises en relation avec d’autres connaissances, d’autres savoirs.

    Ce que nous disent d’abord les épidémiologistes, c’est que le SARS1, comme le SARS2, (comme un nombre incalculable de virus aujourd’hui répertoriés) sont membres d’une même famille de maladies : celle des zoonoses, c’est-à-dire de maladies provoquées par des virus présents dans l’animal, et qui – dans certaines circonstances – se transmettent à l’homme (l’inverse étant aussi possible). Ce que nous disent ensuite les scientifiques, c’est ce fait fondamental que les zoonoses, au cours des dernières décennies, sont en pleine expansion et ne cessent de se multiplier : VIH, SARS1, H1N1, H5N1, Ebola, MERS, SARS2… ne sont que les expressions les plus connues de ces nouvelles affections[9].

    A cette lumière, la pandémie du SARS2 s’éclaire d’un jour nouveau. Non ce n’est pas une plaie d’Egypte… venue du ciel, sans causes, ni raisons, un « choc externe » imprévisible comme un vol de sauterelles qui s’abattrait sur nos villes ou nos campagnes. Ou un « cygne noir » comme disent les financiers. Tout au contraire, le SARS2 – quel que soit sa brutalité, la violence et la soudaineté avec laquelle il a fait irruption et s’est répandu dans le monde – obligeant à confiner pendant de nombreuses semaines, 3 à 4 milliards de personnes – était parfaitement prévisible. Parfaitement attendu. Mille signaux – les précédentes zoonoses – indiquaient que l’une d’entre elle, à un moment ou à un autre, ne disparaîtrait pas d’elle même, et se transformerait en une pandémie durable, et qu’après celle-là, il en viendrait d’autres, beaucoup d’autres… (cf. Encadré ). En ce sens, par sa brutalité, son universalité, son niveau de létalité, le SARS CoV2 est hautement symbolique. Il trace dans l’opinion une ligne de démarcation. Même si, loin s’en faut, le SARS-CoV2 n’est pas la première zoonose qui s’est diffusée dans le monde[10], il indique à tous, qu’un cran a été franchi, qu’une ère nouvelle s’est ouverte.

    Les prochaines zoonoses… L’Arctique et la fonte du permafrost, menace principale ?

    VIH, Grippe aviaire, SARS1, MERS, SARS2,… et puis quoi… . ?

    Parmi les travaux scientifiques récents sur les zoonoses et leur diffusion, ceux réalisés par Kate Jones, Professeure à l’University College de Londres, (une modélisation de la biodiversité, qui a consisté à passer au crible 335 maladies émergentes apparues depuis 1940 (*)) ont mis en évidence qu’une dizaine de facteurs seulement est associée à plus de 80 % des affections virales chez l’homme.

    Point central : ce sont les changements ou les ruptures dans les écosystèmes qui sont la cause première de la diffusion des zoonoses. Près d’un quart des épidémies trouvent là leur origine. Ainsi en est-il, par exemple, de la flambée de paludisme en 2010 en Amérique du Sud dont les chercheurs ont démontré que l’origine était liée à la fragmentation de la forêt amazonienne. Un récent article des Échos (« Covid 19. Les prémisses d’un Big One » par Paul Molga, Les Échos, 21 Avril 2020), qui décrypte le travail cité des chercheurs de l’University College rapporte que « les animaux sauvages peuvent en effet être porteurs d’une cinquantaine de virus avec lesquels ils co-évoluent en bonne intelligence, sans débordement. La contamination provient des mauvaises rencontres avec des espèces facilitant leur reproduction : au Liberia par exemple où la virulence de la dernière épidémie d’Ebola a surpris tout le monde, c’est le déboisement massif de la forêt tropicale qui a poussé plusieurs espèces de chauves-souris à se rassembler en groupes serrés sur les rares arbres encore sur pied, faisant de ce rassemblement un bouillon de culture constituant un puissant réservoir de transmission à l’homme». (Les Échos, art cité …)

    Parmi les candidats à un retour dévastateur : la variole. Considérée comme éradiquée depuis 1979, elle est réapparue il y a dix ans en République du Congo sous forme d’une variante animale du virus qui s’est transmise à l’homme. L’OMS a ainsi émis une mise en garde contre une possible réémergence de la maladie (800 cas avaient été recensés), avant que celle-ci ait pu être contenue. En attendant la suite …

    Hors les dégâts provoqués par le déboisement et l’extractivisme qui opèrent dans des lieux toujours plus nombreux, c’est de l’Arctique que pourrait venir la menace la plus sérieuse. En effet, du fait du dérèglement climatique, un tiers du permafrost, cette glace autrefois considérée comme « éternelle » qui recouvre une bonne partie des terres émergées de l’hémisphère Nord, pourrait fondre et libérer des pathogènes oubliés. Sur ce point, l’alerte fut donnée pendant l’été 2016 quand un enfant est mort en Sibérie après avoir sans doute contracté le bacille de l’anthrax libéré après le dégel d’un cadavre de renne conservé au froid pendant des décennies. « Peu avant, rappelle l’article des Échos, « le chasseur de virus Jean-Michel Claverie, directeur du laboratoire Information Génomique et Structurale de Marseille, était parvenu à ressusciter deux virus inoffensifs congelés depuis 30 000 ans. Et le chercheur de conclure : « Aucune raison que certains germes plus virulents pour l’Homme, les animaux ou les plantes ne survivent pas plus longtemps ».

    Ainsi, à l’âge de l’anthropocène, il n’y aurait pas seulement addition et coexistence des chaos provoqués par le changement climatique d’un coté, la diffusion des zoonoses de l’autre. On assisterait à une combinaison et une association des deux phénomènes :car ici, avec le cas de la fonte du permafrost, c’est le changement climatique qui se transforme en source d’émergence et de diffusion de nouvelles pandémies.

    (*) Ces 35 maladies ont permis d’identifier 84 virus pathogènes résultant de transmissions interespèces, 11 virus à ADN, 9 à intermédiaire ADN (familles des VIH et du virus de l’hépatite B) et 64 à ARN, du type de Covid-19.

    2. Zoonoses, extractivisme et mondialisation

    Pourquoi une limite a-t-elle été franchie ? Pourquoi faut-il s’attendre à ce que les zoonoses à l’avenir se répandent à travers la planète ? C’est ici que le savoir et les enseignements des infectiologues, après avoir été entendus, doivent être relayés et prolongés.

    Repartons des infectiologues. La multiplication des zoonoses, nous disent-ils, tient au fait que l’activité des hommes, tout spécialement les destructions effectués de plus en plus profondément au cœur des forêts, pour y déployer des activités économiques diverses, les met en contact avec des espèces animales et les foyers de virus qu’ils hébergent, pour lesquels aucune immunité n’est constituée. Plus nous détruisons l’Amazonie pour y planter du soja transgénique, plus nous déboisons les forêts de Malaisie ou d’Indonésie, demain celles du Congo, pour y implanter la monoculture de l’huile de palme, plus nous prétendons faire de la forêt brûlée du pâturage pour produire de la viande bovine, bref : plus nous détruisons d’écosystèmes, plus nous multiplions les zones de contact, plus nous ouvrons la voie et le chemin à ces zoonoses devenues le vecteur central des épidémies. Dont certaines, comme le montre le cas du SARS2, ne peuvent être stoppées, parcourent le monde et se transforment en pandémies.

    Nommons les choses par leurs noms : ces « zones de contact » multipliées désignées par les infectiologues comme les sources de nouvelles épidémies, sont le fruit d’un phénomène connu et étudié dans le détail depuis des décennies – notamment par les géographes et les économistes – et qui porte pour nom l’extractivisme.

    L’extractivisme s’entend ici comme l’ensemble des activités (et des industries qui leur servent de support) consistant à extraire, directement et en masse dans le milieu naturel et sans retour vers lui, des ressources naturelles qui ne se renouvellent pas ou peu, lentement, difficilement ou coûteusement

    Pour le dire plus complètement, l’extractivisme consiste en la destruction de la biodiversité par l’irruption de l’activité humaine dans des écosystèmes complexes et par nature fragiles, soit pour extraire une ressource déjà disponible dans l’écosystème (du bois, des ressources halieutiques en mer, du pétrole ou des gaz en milieu souterrain…), soit pour, après destruction du milieu naturel et de l’écosystème prévalent, implanter une mono-activité (huile de palme, soja le plus souvent transgénique, troupeaux d’animaux à viande…),. avec des effets de destruction souvent irréversibles sur de vastes ensembles naturels .

    L’extractivisme concerne tout à la fois des ressources naturelles « foncières » ou des ressources relevant de la biosphère, et ne cesse de s’étendre[11]

    Ainsi, avec la fonte des glaces en zone arctique, la ruée vers l’or noir présent dans les pôles menace de détruire ou de sérieusement altérer nos plus grandes et seules réserves d’eau potable, et met en danger l’espèce humaine dans son ensemble par le risque désormais avéré que la fonte des glaces jointe aux activités d’extraction de l’homme libère des ensembles de virus inconnus pour lesquels aucun système immunitaire dans le monde vivant d’aujourd’hui n’est préparé (cf. Encadré).

    L’extractivisme, précisons le, ne consiste pas en la seule activité « d ’extraction » conçue dans le sens étroit de prélèvement de ressources, car pour être efficace, ou seulement opérant, l’extractivisme suppose la mise en place de voies d’évacuation, de transport et de circulation mondialisées. L’extractivisme requiert en effet d’immenses réseaux de transports (routes, voies ferrées, canaux, pistes d’atterrissage, pipe-lines, lignes à haute tension, navires et cargos marchands spécialisés de divers types, etc.). Les confins de la planète sont ainsi reliés par ces voies de pénétration multiples – qui sont autant d’atteintes à l’intégrité des espaces naturels désormais artificialisés et implantés dans le globe.

    L’ouverture de ces routes et conduits multiples modifie totalement les données de l’exploitation des ressources naturelles là ou elles sont extraites. Ainsi, au cœur des forêts détruites et éventrées pénètrent et s’entassent des flux ininterrompus de migrants – journaliers employés par les grandes multinationales de l’extraction mis en contact avec les populations indigènes encore isolées, comme avec ces populations d’animaux qui sont les foyers d’où essaimeront et se répandront les futures zoonoses. Ce pour ne rien dire du fait que les routes et pistes forestières spécialement créées pour donner accès aux ressources naturelles en forêt, en montagne, dans la toundra ou les tourbières sont ensuite utilisées par d’autres acteurs – attirés là par les infrastructures installées, pour tenter leur chance et exploiter d’autres ressources toujours plus loin dans les béances ouvertes par les grandes exploitations multinationales.

    Ajoutons ici un dernier élément. La voracité de l’extractivisme – un phénomène ancien – est aujourd’hui décuplée et démultipliée par le niveau de puissance, sans précédent dans l’histoire de l’humanité – de la finance internationale[12]. L’avidité de la finance– le niveau de rémunération exigé par les détenteurs de capitaux et les actionnaires – le niveau de concentration du capital entre des mains restreintes (les fameux fonds de pensions et autres fonds de placement), ont atteint des proportions telles que ces nouveaux opérateurs industrialo-financiers sont capables en quelques années seulement d’imprimer des destructions irréversibles sur des espaces immenses. Que l’on songe par exemple au gaz de schiste. Lorsque, il y a quelques années, le pétrole a atteint le prix de 150 dollars le baril (en 2004), ouvrant ainsi un boulevard aux énergies vertes et renouvelables, car à ce prix tout investissement ou presque dans les énergies vertes devenait rentable, qu’ont fait la finance, les grandes banques d’affaires et les grands opérateurs de l’énergie ? Se sont-ils précipités pour – enfin – faire monter en puissance la production d’énergie verte ? Que nenni ! La finance, les grandes multinationales de l’énergie se sont précipitées sur un nouvel hydrocarbure : le gaz de schiste ! Des investissements immenses sont ainsi venus prolonger l’extractivisme « classique » des compagnies pétrolières, en l’étendant et en lui donnant un nouveau terrain de jeu presque sans limite. Ainsi, en quelques années, les États-Unis, importateurs nets d’hydrocarbures depuis des décennies, sont devenus le premier producteur mondial d’hydrocarbures et un des principaux exportateurs de la planète, le tout au prix de gigantesques nouvelles et irréversibles destructions.

    La voracité, la puissance des multinationales, appuyées sur une finance plus concentrée et plus destructrice que jamais, est ce qui caractérise la période que nous traversons.[13]. L’anthropocène, que nous avions désignée aussi sous le vocable de capitalocène défini comme l’âge dans lequel le capital et ses opérateurs (financiers comme industriels) ont pris la commande et le contrôle de l’extractivisme – a ainsi ouvert cette ère de destructions enchaînées et enchâssées les unes dans les autres, dans laquelle nous sommes aujourd’hui plongés.

    Dans ces conditions on comprend pourquoi extractivisme et zoonose(s), zoonose(s) et mondialisation sont dans une relation étroite, intime, nécessaire[14].

    Ainsi, et là est le point essentiel que nous voulions établir dans ce premier article, l’enseignement central de la crise ouverte par le SARS2 est que l’entrée dans l’anthropocène ne se manifeste plus seulement par un changement climatique dont les effets – à peine commencés – sont déjà catastrophiques. L’enseignement du SARS2 est que l’entrée dans l’anthropocène signifie aussi et tout autant l’entrée dans l’âge des zoonoses, dans l’âge de nouvelles épidémies et pandémies « émergentes » et à répétitions, celles ci pour certaines d’entre elles étant elles mêmes puissamment favorisées par le changement climatique. Zoonoses et changement climatique apparaissent ainsi comme les deux grandes menaces aujourd’hui avérées, liées à l’entrée dans l’anthropocène.

    C’est cette nouvelle situation durable qu’il faut désormais être capable de penser et pour laquelle, il faut concevoir et préparer – en matière de politiques publiques – les armes nécessaires.

    A suivre…

    Notes

    [1] C. Bonneuil « Capitalocène, réflexions sur l’échange inégal et le crime climatique ». revue EcoRev, 2017/1, n°44.

    [2] idem C. Bonneuil précise encore: «… en termes d’extinction de la biodiversité, de composition de l’atmosphère et de bien d’autres paramètres (cycle de l’azote, de l’eau, du phosphore, acidification des océans et des lacs, ressources halieutiques, déferlement d’éléments radioactifs et de molécules toxiques dans les écosystèmes…), notre planète sort depuis deux siècles, et surtout depuis 1945, de la zone de relative stabilité que fut l’Holocène pendant 11 000 ans et qui vit la naissance des civilisations. Dans l’hypothèse médiane de +4°C en 2100 (formulée par le GIEC), la Terre n’aura jamais été aussi chaude depuis 15 millions d’années. Quant à l’extinction de la biodiversité, elle s’opère actuellement à une vitesse cent à mille fois plus élevée que la moyenne géologique, du jamais vu depuis 65 millions d’années. Cela signifie que l’agir humain opère désormais en millions d’années, que l’histoire humaine, qui prétendait s’émanciper de la nature et la dominer, télescope aujourd’hui la dynamique de la Terre par le jeu de mille rétroactions. Cela implique aussi une nouvelle condition humaine : les habitants de la Terre vont avoir à faire face, dans les prochaines décennies, à des situations auxquelles le genre Homo, apparu il y a deux millions et demi d’années seulement, n’avait jusqu’ici jamais été confronté, auxquelles il n’a pas pu s’adapter biologiquement et dont il n’a pu nous transmettre une expérience par la culture. »

    [3] Les divers débats auxquels l’hypothèse de l’entrée dans l’Anthropocène a donné lieu sont précisément discutés dans C. Bonneuil et J.B Fressoz (2016) « Anthropocène. La Terre, l’histoire et nous ». On consultera aussi avec fruit Andreas Malm (2017) « L’anthropocène contre l’histoire: Le réchauffement climatique à l’ère du capital « (ed LA FABRIQUE), ainsi que Virginie Maris (2018) La part sauvage du monde – Penser la nature dans l’Anthropocène (ANTHROPOCENE) du Seuil. Des lectures complémentaires utiles sont constitués par : Campagne Armel [2017], Le capitalocène, Aux racines historiques du dérèglement climatique, Préface de Christophe Bonneuil, Paris, Éd. Divergences. ; Malm Andreas [2016], Fossil Capital : The Rise of Steam Power and the Roots of Global Warming, New York, Verso. ; Malm Andreas [2017], « Nature et société : un ancien dualisme pour une situation nouvelle », Actuel Marx, Paris, PUF, 1er semestre, p. 47-63.

    [4] La suite de cet article en présentant les formes particulières prises par l’extractivisme sous l’égide du capital et de la finance, précisera en quoi et pourquoi l’anthropocène est bien un capitalocène. Le maintien des deux notions se justifie par la relation qu’elles entretiennent entre elle. En suivant P.J Crutzen (météorologie et chimiste, rappelons le) qui le premier a proposé le terme, on posera que l’anthropocène désigne bien un âge géologique nouveau – celui dans lequel les activités et productions humaines influencent de manière décisive l’évolution des grands écosystèmes de la planète. L’expression capitalocène désigne alors quant à elle les modalités particulières – sous l’action et la domination du capital – sous lesquelles ces écosystèmes sont percutés et altérés.

    [5] Nous disons cette fois venu de Chine, car le H5N1 est né au Mexique, Ebola dans les forêts d’Afrique …

    [6] SARS-CoV-2 est l’acronyme anglais de Severe Acute Eespiratory Syndrome Coronavirus 2) . Il s’agit de la désignation officielle du coronavirus 2, exprimé en français par le sigle SRAS-CoV2, acronyme de Syndrome Respiratoire Aigu Sévère.

    [7] Le chercheur scientifique Bruno Canard s’est longuement exprimé sur ce sujet, pour regretter notamment que les travaux, qu’avec son équipe il avait engagé pour approfondir l’étude du SARS-CoV1 et tester des vaccins, avaient dû être interrompu. L’Union Européenne (comme au demeurant le CNRS et l’ANR…) sollicité pour financer la poursuite de ces travaux n’ont pas vu l’intérêt de poursuivre une recherche fondamentale sur un virus – même s’il faisait partie d’une famille – dont les effets dévastateurs annoncés, avaient somme toute été limités … Voir l’entretien donné par Bruno Canard au journal Le Monde « Face aux coronavirus, énormément de temps a été perdu pour trouver des médicaments » Le Monde, 29 Février 2020

    [8] Le coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient ou MERS-CoV (acronyme anglais de Middle East respiratory syndrome-related coronavirus, est le nom d’une variante de coronavirus hautement pathogène découvert en 2012 au Moyen-Orient, se caractérisant lui aussi par un symptôme de pneumonie aiguë, le syndrome respiratoire du Moyen-Orient.

    [9] Ainsi, un récent article de synthèse sur le sujet précise : « …60% des 1 400 agents pathogènes pour l’Homme sont d’origine animale et 75% des maladies animales émergentes peuvent se transmettre à l’Homme » Avec encore cette précision qu’« au sein des maladies émergentes, les zoonoses occupent une place particulière et leur importance tend à augmenter mécaniquement. La fréquence des maladies émergentes s’accroît depuis 1940 avec un pic dans les années quatre-vingt-dix (…). Entre 1940 et 2004, près de 330 nouvelles maladies infectieuses ont été découvertes, dont 60 % sont des zoonoses provenant à 70 % de la faune sauvage. » (Hélène Chardon, Hubert Brugère (2016) « Zoonoses au plan mondial, Enjeux et Perspectives » in La Revue Scientifique. Viandes et Produits Carnés, 13 novembre 2017.

    [10] Il semble que la première véritable zoonose pandémique (et non simplement « épidémique ») a été celle du VIH Sida, dont les travaux les plus solides rapportent l’origine à des virus présents dans des grands singes d’Afrique qui se seraient transmis à l’homme.

    [11] Il est hors de portée de cet article de proposer une « quantification » des ressources objets de l’extractivisme. A titre d’illustration et pour faire toucher du doigt l’ampleur des phénomènes concernés, indiquons à propos de la seule déforestation que selon la FAO (en charge du comptage sur ce point),16 millions d’hectares de forêts disparaissaient annuellement sur Terre. Ce qui représente l’équivalent de la surface de l’Angleterre, ou encore l’équivalent en surface de 86 % de la forêt française qui disparaît chaque année. Sont principalement visées les forêts tropicales. Selon le dernier rapport du World Ressources Institute (WRI), en 2018, près de 12 millions d’hectares de forêts tropicales ont disparu. Ce chiffre est en augmentation constante

    [12] Alimenté et soutenu par la finance et la banque, l’extractivisme dans les dernières décennies a démultiplié ses champs d’opération. C’est ainsi qu’il se déploie désormais dans des domaines tels que :

    – les ressources en eaux souterraines et superficielles (eaux minérales y compris)

    – les ressources minières, pétrolières, gazière (gaz de schiste et de souche y compris),

    – les ressources minérales (graviers, sable, pierre, argile…) et en métaux et métalloïdes (sous forme de nodules polymétalliques en mer),

    – les ressources forestières (notamment en forêt tropicale et tout particulièrement en Amazonie), etc.

    Le plus souvent un même milieu est soumis à plusieurs formes d’extractivisme qui vont cumuler leurs effets négatifs. Ainsi, par exemple, dans de nombreuses forêts tropicales l’extractivisme végétal (tourné vers l’exploitation d’une ressource particulière) voit ses effets écologiques, sanitaires et sociaux exacerbés par la collecte intensive de viande de brousse, l’orpaillage ou d’autres activités minières, pétrolières ou gazières qui en général se développent autour de l’activité d’extraction initiale.

    [13] Ce point est rappelé avec force par C. Bonneuil (2017) dans un article spécialement consacré à ce sujet, dans lequel il est rappelé notamment que « Si toute l’activité humaine transforme l’environnement, les impacts sont inégalement distribués. 90 entreprises sont à elles seules sont responsables de plus de 63 % des émissions mondiales de gaz à effets de serre ». Sur ce thème, voir aussi le récent ouvrage de J.-M. Harribey (2020), Le Trou noir du Capitalisme, ed Du Bord de l’Eau

    [14] Sur les formes destructrices prises par la mondialisation libérale (au-delà du seul extractivisme) et le sens qu’ y revêt la pandémie du Covid, voir l’analyse proposée par L. Charles : « Le Covid-19, révélateur des contradictions de la mondialisation néolibérale ». Note des Economistes Atterrés, mise en ligne sur le site des EA le 23 Mars 2020.

    Source : Blogs Mediapart

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  • 16/05/2020 à 19h07

    Biophytis veut éviter le passage en réanimation grâce à son traitement Sarconeos
     
    Biophytis veut éviter le passage en réanimation grâce à son traitement Sarconeos - AFP
     
     

    Depuis le début de l'épidémie, le coronavirus a fait 27.625 morts en France, dont 96 décès supplémentaires au cours des dernières 24 heures. Mais la pression exercée sur les services hospitaliers continue de s'alléger.

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    • Sincères condoléances à toute la famille,nous partageons votre peine...

      Coronavirus : un premier enfant atteint d'une forme proche de la maladie de Kawasaki est mort en France

      En France, 125 signalements ont été rapportés entre le 1er mars et le 12 mai, selon Santé publique France.

      Le service de réanimation de l\'hôpital de la Timone, à Marseille (Bouches-du-Rhône), le 30 avril 2020.Le service de réanimation de l'hôpital de la Timone, à Marseille (Bouches-du-Rhône), le 30 avril 2020. (MAXPPP)

      avatar
      franceinfo avec AFPFrance Télévisions

      Mis à jour le 15/05/2020 | 13:42
      publié le 15/05/2020 | 12:55

      #OnVousRépond

      C'est le premier décès de ce type en France. Un enfant de 9 ans, atteint d'une forme proche de la maladie de Kawasaki décrite chez de jeunes patients ayant été en contact avec le coronavirus, est mort, a-t-on appris vendredi 15 mai auprès de son médecin.

      >> Suivez les dernières informations sur le coronavirus dans notre direct

      L'enfant, mort d'une "atteinte neurologique liée à un arrêt cardiaque", avait "une sérologie montrant qu'il avait été en contact" avec le coronavirus, mais n'avait pas développé les symptômes du Covid-19, a précisé à l'AFP le professeur Fabrice Michel, chef du service de réanimation pédiatrique de La Timone à Marseille, confirmant une information de La Provence.

      Le jeune patient, âgé de neuf ans et domicilié à Marseille, a fait "un malaise grave avec un arrêt cardiaque" chez lui avant d'être transporté dans ce service spécialisé. Il y a reçu "des soins pendant sept jours" et est mort samedi, a précisé le médecin. Il présentait "une comorbidité neuro-développementale", selon Santé publique France.

      Fièvre, troubles digestifs et éruption cutanée

      Ces trois dernières semaines, plusieurs pays ont signalé des cas d'enfants touchés par une maladie inflammatoire aux symptômes proches d'une affection rare, la maladie de Kawasaki. En France, 125 signalements ont été rapportés entre le 1er mars et le 12 mai, selon Santé publique France. Plus de la moitié des cas ont été déclarés en Ile-de-France. Un tiers avait entre 5 et 9 ans, un peu plus d'un quart entre 10 et 14 ans et autant entre 1 et 4 ans.

      Les symptômes sont une forte fièvre, des douleurs abdominales et troubles digestifs, une éruption cutanée, une conjonctivite et la langue qui rougit, gonfle et prend un aspect de framboise. Toutefois, il existe des différences : le caractère inflammatoire et les atteintes cardiaques sont "beaucoup plus marqués" dans les cas suspectés d'être en lien avec le Covid-19, selon Santé publique France.

      Ces cas concernent "très peu d'enfants, et un seul décès, ils ne doivent pas inquiéter outre mesure", tient à préciser le professeur Fabrice Michel. Il faut "consulter quand les enfants ont de la fièvre pendant plus de deux jours et des signes associés", ajoute-t-il.

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    •   - LOIC VENANCE / AFP
      Coronavirus
      Marianne

      Anxiété, dépression, stress... L’ONU alerte sur les détresses psychologiques post-confinement

      Dans un rapport publié ce jeudi 14 mai, l’ONU pointe l’impact de la pandémie sur la santé mentale des populations et appelle les états à débloquer des fonds pour la prise en charge des troubles mentaux.

      Douze millions de Français souffrent déjà de troubles mentaux, soit une personne sur cinq. Avec la pandémie liée au Covid-19, le nombre de personnes en détresse psychologique pourrait augmenter d’après un rapport des Nations Unies, publié ce jeudi 14 mai. Selon l’ONU, après la crise sanitaire, la pandémie pourrait déclencher une crise psychiatrique.

      Si de nombreux pays ont commencé un déconfinement progressif, l’épidémie a pu laisser chez certains les stigmates d’une période propice à un isolement physique et social douloureux. D’aucuns auront souffert de la solitude, ou encore de ne pas avoir pu faire un deuil digne et solennel, confinement oblige. Quand d’autres auront eu une bouffée, presque étouffante, d’anxiété par peur d’attraper la maladie et de la transmettre, alors que le virus a fait près de 300.000 morts à travers le monde.

      "La pandémie de Covid-19 frappe maintenant les familles et les communautés en leur infligeant davantage de stress mental", a déclaré le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres dans un message vidéo diffusé pour lancer la publication du rapport. "Même quand la pandémie sera maîtrisée, le deuil, l'anxiété et la dépression continueront d'affecter les personnes et les communautés", a-t-il ajouté.

       

      is not only attacking our physical health; it is also increasing psychological suffering.

      Mental health services are an essential part of all government responses to .

      They must be expanded and fully funded.https://bit.ly/35Vn0Id 

      Le rapport alerte également de l'impact psychologique de la pandémie sur les personnes qui ont perdu ou risquent de perdre leurs sources de revenus, sur celles qui ont été séparées de leurs proches ou ont souffert d'un long confinement. "Nous savons que la situation présente, la peur et l'incertitude, les turbulences économiques engendrent ou peuvent engendrer de la détresse psychologique", a rappelé Devora Kestel, directrice Santé mentale et abus de substances psychoactives à l'Organisation mondiale de la santé, lors d'une conférence de presse virtuelle.

      En France, l’impact sur le bien être des citoyens et leur santé mentale a été rapidement notable après l’annonce du confinement selon le psychiatre Nicolas Franck, chef de pôle au centre hospitalier Le Vinatier à Lyon et co-auteur d’une étude en ligne sur l’impact du confinement sur la santé mentale. "On a tout de suite vu une baisse de moral chez les chômeurs, les étudiants et les personnes en invalidité", explique à Marianne le psychiatre qui a analysé les résultats de 22.000 personnes ayant répondu à son questionnaire. "Cette crise a eu un effet délétère sur toute la population", ajoute-t-il.

      D'autres études, citées par le rapport de l’ONU, indiquent que la prévalence du stress mental pendant la crise atteint 60% en Iran et 45% aux Etats-Unis. Une enquête chinoise, réalisée dans la ville de Wuhan en Chine, épicentre de l’épidémie mondiale, indique également que 42% des citoyens souffrent de dépression et 28% d'autres troubles mentaux.

      Les soignants et soignés plus à risque

      En première ligne depuis le début de l’épidémie, les soignants font également partie des personnes les plus vulnérables face au développement d’un stress post-traumatique ou de troubles mentaux. Un sujet dont Marianne s’est fait écho il y a quelques semaines.

      Autre conséquence du confinement selon de rapport des Nations Unies : un risque de dégradation de la santé mentale encore plus important pour les populations déjà fragiles psychologiquement. "Pour certains patients, pas tous, aux fragilités psychique préexistantes, le vécu de la période actuelle est encore plus difficile que pour vous et moi", souligne le professeur Nicolas Franck. De nombreux hôpitaux psychiatriques en France ont ainsi vu leur fréquentation augmenter ces derniers temps, "pour prendre en charge des patients déjà connus, comme des nouveaux patients", note Nicolas Franck. Un phénomène que Marianne aborde cette semaine dans le magazine.

      L'ONU appelle ainsi les pays à investir massivement dans le domaine de la santé mentale. En France, avant la pandémie, les personnels des structures psychiatriques étaient parties prenantes des mouvements de grève de l’hôpital public et demandaient une meilleure reconnaissance et davantage de moyens, humains comme matériels.

       

       

       

       

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      Par SudOuest.fr avec AFP

      Publié le 11/05/2020

      Royaume-Uni : les travailleurs moins qualifiés meurent davantage du coronavirus

      Ces travailleurs figurent parmi ceux qui ne peuvent pas travailler de chez eux et qui sont dès lors encouragés par le Premier ministre Boris Johnson à reprendre le chemin du travail cette semaine.© Crédit photo : DANIEL LEAL-OLIVAS AFP  Par SudOuest.fr avec AFP

       


       

      Epidémie Coronavirus : la rédaction de "Sud Ouest" mobilisée
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      Une étude menée britannique révèle que "les hommes exerçant les professions les moins qualifiées présentaient le taux de mortalité lié au Covid-19 le plus élevé" au Royaume-Uni. Ces derniers sont parmi ceux ne pouvant pas télétravailler.

       

      Les travailleurs moins qualifiés, surtout les hommes, courent davantage de risques de mourir du nouveau coronavirus au Royaume-Uni, selon une étude publiée lundi au moment où le gouvernement veut commencer à redémarrer l’économie.

      Office for National Statistics (ONS) @ONS
       

      Using estimates of exposure to disease and physical proximity, we’ve looked at how likely different occupations are to be exposed to , based on 2019 data http://ow.ly/WPo250zCr0Y 

      Voir l'image sur Twitter
      Office for National Statistics (ONS) @ONS

      Healthcare workers are among those most likely to be exposed to due to physical proximity and exposure to disease in general, though this may be mitigated by availability of protective equipment http://ow.ly/rMwI30qEX2L

      Les agents de sécurité les plus tués

      Ces travailleurs figurent parmi ceux qui ne peuvent pas travailler de chez eux et qui sont dès lors encouragés par le Premier ministre Boris Johnson à reprendre le chemin du travail cette semaine, malgré le maintien du confinement au Royaume-Uni.

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      L’étude du Bureau britannique des statistiques (ONS) porte sur 2 494 décès de personnes âgées de 20 à 64 ans enregistrés jusqu’au 20 avril en Angleterre et au Pays de Galles. "Les hommes exerçant les professions les moins qualifiées présentaient le taux de mortalité lié au Covid-19 le plus élevé", a indiqué le bureau de statistiques, évoquant notamment les agents d’entretien ou les ouvriers du bâtiment. Le taux de mortalité est de 21,4 décès sur 100 000 hommes.

      "Les hommes travaillant comme agent de sécurité avaient l’un des taux les plus hauts" (45,7), selon l’étude. Les chauffeurs de taxi ou de bus, les cuisiniers et vendeurs figurent parmi les autres professions à risque chez les hommes. Les hommes et les femmes travaillant dans le secteur social, notamment les maisons de retraite, avaient également "un taux de mortalité significativement plus élevé", a souligné l’ONS.

      Ce n’est en revanche pas le cas pour les soignants, dont les médecins et infirmières.

      Deux fois plus de morts dans les quartiers défavorisés

      L’ONS a toutefois mis en garde contre des conclusions hâtives, les chiffres de l’étude n’ayant pas été corrigés de l’origine ethnique des personnes décédées ou de leur lieu de résidence. Le Royaume-Uni est le deuxième pays au monde le plus touché par la pandémie derrière les États-Unis, avec près de 32 000 morts.

      Selon deux études britanniques publiées début mai, qui pointent le rôle de facteurs socio-économiques, les personnes noires, asiatiques ou d’autres minorités ethniques habitant dans le pays ont bien plus de risque de mourir du nouveau coronavirus que la moyenne. L’ONS avait aussi précédemment constaté que le virus tuait deux fois plus dans les quartiers défavorisés d’Angleterre.

      Publié le 11/05/2020
       
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