• «La finance va vivre un tsunami d’ici fin 2020», selon l’ex-n°2 de Wall Street

    Ancien vice-président de la Bourse de New York, Georges Ugeux tire la sonnette d’alarme sur le niveau de surendettement explosif des pays industrialisés.

     Paris (IIIe), le 19 mars. «Les banques centrales doivent absolument arrêter progressivement d’emprunter de l’argent facile», prévient Georges Ugeux. Paris (IIIe), le 19 mars. «Les banques centrales doivent absolument arrêter progressivement d’emprunter de l’argent facile», prévient Georges Ugeux. LP/Philippe Lavieille
     
    Le 25 mars 2019 à 17h30, modifié le 26 mars 2019 à 16h05

    L'ancien numéro deux de la Bourse de New York est formel. Il faut se préparer à vivre une crise financière mondiale sans précédent avant la fin 2020. À 74 ans, l'actuel président et patron belge de la société de conseil Galileo Global Advisors, Georges Ugeux, tire la sonnette d'alarme et en décrypte les ressorts dans son dernier ouvrage « la Descente aux enfers de la finance »*.

    Plus dévastatrice encore que celle qui a secoué la planète en 2008, cette crise serait cette fois non plus causée par les mauvais placements des banques mais par le niveau extrêmement élevé de l'endettement des États. Il nous explique ce qui lui fait craindre le pire.

    Dix ans après la crise de 2008, qu'est-ce qui vous fait dire qu'on va dans le mur ?

    GEORGES UGEUX. Depuis des années, les États ont pu s'endetter dans des conditions excessivement favorables et ne s'en sont pas privés. À tel point que des pays comme l'Italie, la France, les États-Unis et le Japon sont arrivés à niveau d'endettement qui n'est plus soutenable. Le montant de la dette publique mondiale s'élève désormais à 63 000 milliards de dollars (55 000 milliards d'euros) dont 10 000 milliards de dollars (8 800 milliards d'euros) émanant de l'Europe, 10 000 milliards de dollars du Japon et 22 000 milliards de dollars (19 000 milliards d'euros) des États-Unis… Au fur et à mesure que les taux d'intérêt augmentent -comme c'est déjà le cas-, les déficits budgétaires augmentent et menacent la notation de ces pays et leur capacité à se refinancer sans exploser. C'est arithmétique. C'est ce qui me fait dire que d'ici à fin 2020, nous allons vivre un tsunami financier. Ce qui est arrivé à Lehman Brothers, c'est lilliputien à côté de ce qui nous attend!

    Quelle serait l'étincelle ?

    Je ne connais pas l'élément déclencheur… Les banques centrales et les gouvernements vont peut-être la déclencher par leur action. En se rendant compte de la dangerosité et du niveau de leurs emprunts d'État, certains de ces acteurs risquent de commencer à les vendre et lancer la spirale qui va faire grimper les taux d'intérêt et on connaît la suite.

    Quelles solutions préconisez-vous ?

    Il faut sortir du déni. Les banques centrales doivent absolument arrêter progressivement de prêter de l'argent facile. Les gouvernements doivent avoir une meilleure discipline budgétaire. Et il faut tester la hausse graduelle des taux d'intérêt comme l'ont fait les États-Unis pour sortir d'urgence des taux négatifs. Je suis convaincu que lorsqu'on a des taux extrêmement bas, le fait de les bouger dans un sens ou un autre n'a aucun impact sur la décision d'un chef d'entreprise ou d'un ménage d'investir.

    La France est secouée par la crise des Gilets jaunes, comment l'interprétez-vous ?

    Nous vivons une perversion du capitalisme où les entreprises parviennent à faire faire aux États à peu près ce qu'elles veulent alors qu'elles contribuent peu aux besoins de l'État. Typiquement, un dispositif, le CICE ( Crédit d'impôt compétitivité emploi ), mis en place sous la présidence de François Hollande, a permis d'octroyer 40 milliards d'euros aux entreprises. Et alors qu'on avait demandé au Medef de s'engager sur la création d'un million d'emplois, rien n'a été fait…

    Le gouvernement a pourtant mis sur la table 11 milliards d'euros, était-ce une erreur ?

    Ce qui s'est passé sur les Champs-Élysées n'est pas un problème d'argent. Le problème, c'est qu'une classe moyenne entière se sent complètement déconnectée, que son vote ne sert à rien, que le président, élu théoriquement d'un gouvernement de gauche, mène une politique de droite. Emmanuel Macron a joué avec le feu. Ce qui pèche, c'est davantage la séquence des mesures lancées par Emmanuel Macron que les mesures elles-mêmes…

    Que voulez-vous dire ? Il ne fallait pas supprimer l'Impôt sur la fortune (ISF) ?

    Si, bien sûr. L'ISF est une aberration fiscale non parce qu'elle taxe les riches mais parce qu'elle taxe le stock de richesses qu'on appauvrit, ce qui ne sert à rien. Il aurait fallu le remplacer par une tranche d'impôt supplémentaire, une cinquième tranche imposée à 55 % à partir de 1 million d'euros de revenus par exemple. Si le citoyen a le sentiment que le système fiscal est inéquitable, il devient désespéré et c'est ce à quoi on assiste avec la crise des Gilets jaunes.

    Votre discours dénote de la part d'un banquier… Seriez-vous un banquier de gauche ?

    Non, d'ailleurs je ne suis plus tout à fait un banquier mais un financier. J'ai vu la finance évoluer et j'ai vécu mon chemin de Damas en 2008 en voyant à quel point les banques avaient agi de manière irresponsable et mon regard critique s'est acéré. Parce que, soyons clairs, on ment aux citoyens.

    *La Descente aux enfers de la finance, préfacé par Jean-Claude Trichet, éditions Odile Jacob, 336 pages, 23,90 euros.

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  •  Marianne
     
    "Comme médecin du travail à la Ville de Paris, j’ai suivi ces personnels qui interviennent dans les égouts. Ils sont confrontés à de nombreux pathogènes"
    "Comme médecin du travail à la Ville de Paris, j’ai suivi ces personnels qui interviennent dans les égouts. Ils sont confrontés à de nombreux pathogènes" - © RAPHAEL DE BENGY / Hans Lucas via AFP
    Entretien

    Claude Danglot, médecin biologiste : "Je suis très inquiet d'une possible contamination des rats au Covid-19 via leurs déjections"

    Les égoutiers de la Ville de Paris ont démarré une grève perlée, renouvelable, du 11 au 30 mai. Entretien avec Claude Danglot, médecin biologiste, qui demande à la Ville de les doter d’équipements de protection, mais aussi d'engager des études sur la contagiosité du Covid-19 à partir des eaux usées.

    Médecin biologiste, ingénieur hydrologue, aujourd’hui à la retraite, Claude Danglot est un ancien responsable de la recherche en biologie au Centre de recherche et contrôle des eaux de Paris (ex-CRECEP). Il a également suivi médicalement durant sept ans les personnels des égouts et de la propreté de Paris. Marianne s'est entretenu avec lui après le début de gréve perlée et renouvelable des égoutiers de la Ville de Paris, qui doit durer du 11 au 30 mai.

    Marianne : Les égoutiers sont-ils particulièrement à risque face au coronavirus?

    Claude Danglot  : Que les égoutiers de la Ville lumière soient massivement infectés par un virus comme le coronavirus, présent dans les matières fécales, n’a rien d’étonnant. La maladie du Covid-19 a deux phases, la première est aéro-respiratoire, la seconde, qui dure une vingtaine de jours, est une phase digestive, durant laquelle le virus se multiplie dans les intestins et se retrouve naturellement dans les égouts. Plutôt que de se morfondre de l’odeur nauséabonde de souffre qui a pollué Paris, Emmanuel Grégoire devrait se pencher sur une question sanitaire autrement plus importante pour les Parisiens : les 1.5 x 10^6 génomes/L de SARS-Cov-2 que véhiculent les eaux d’égouts de la capitale (mais c’est aussi le cas ailleurs). Comme médecin du travail à la Ville de Paris, j’ai suivi ces personnels qui interviennent dans les égouts. Ils sont confrontés à de nombreux pathogènes, et disposent d’une espérance de vie de sept ans inférieure à la moyenne.

    Mais ces eaux usées sont traitées. Le virus disparait-il ?

    Après leur traitement dans les usines du SIAAP et leur rejet dans la Seine, on observe, non pas une disparition du virus, mais une dilution. Puisée dans la Seine, l’eau brute du réseau d’eau non potable, parallèle à celui potable, affiche encore des concentrations de morceaux de virus à raison de 1.000 unités de génome par litre. C’est mille fois moins, mais cela n’a rien de négligeable, on s’inquiétait de concentration 1.000 fois moins importante pour le virus de la polio il y a encore peu de temps.

    Problème : la mairie se sert de cette eau brute pour le nettoyage des trottoirs et l’arrosage des jardins. Dangereux en temps ordinaire comme je l’avais montré quand j'exerçais au Centre de recherche et contrôle des eaux de Paris, la vaporisation par Karcher de cette eau l’est encore davantage avec la présence du SARS-Cov-2 qui se retrouve sous forme d’un nuage en suspension prêt à franchir les portes d’entrées de nos corps que sont nos yeux et nos voies respiratoires. Si la mairie a décidé de stopper l’usage sous pression, après que la presse ait évoqué le sujet, elle continue de nettoyer la ville avec cette eau, pour quelques maigres économies. C'est absurde : les communes de la première couronne, comme les pompiers de Paris, utilisent de l’eau potable désormais. Il est également absurde que la régie eaux de Paris n’ait pas d’ores et déjà fourni des lunettes de protections aux égoutiers.

    Lors du Comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail, la Mairie de Paris n'a pas donné suite aux demandes d’études. Lesquelles?

    Niet aux études, mais ce fut niet aussi pour de simples lunettes. Tout ça pour des économies de bout de chandelle : le prix de ces protections sur une année, ne représente même pas le prix d’une journée en réanimation. Prévenir plutôt que guérir, c’est pourtant une équation simple et toujours gagnante.

    Pour ce qui est des études, une en particulier me semble urgente. Nous savons que les égouts, mais aussi l’eau brute, sont infectés par du génome de SARS-Cov-2. La question est : parmi ces morceaux d’ARN, combien sont le fait de virus entier, actif, et donc des agents infectieux ? Cette mesure d’infectiosité n’a rien de sorcier. On sait faire, notamment à l’institut Pasteur. C’est important, pas seulement pour les égoutiers, mais pour tout le monde, et pas qu’à Paris.

    D’autres études vous semblent-elles nécessaires ?

    Oui. Je suis très inquiet sur une possible contamination des rats via leurs déjections fécales, transformant les trois millions de rongeurs de la capitale une sorte de réservoir permanent de la maladie. Il faut absolument tester cette possibilité. D’abord parce qu’on ne sait pas si les rats se comportent comme les porcs ou les poulets, des animaux qui ne sont pas infectés par le virus, ou si à l’instar des chats et des furets, ils y sont sensibles. Et il y a des chances qu’ils le soient au sens où ils disposent de la même porte d'entrée biochimique au niveau cellulaire que les humains : la molécule ACE2. Il suffirait de capturer et de tester quelques animaux pour le savoir. Il faudrait analyser, non les matières fécales émises, mais de procéder directement par écouvillonnage PCR du rectum des rats. Cela a un coût nul, pourquoi ne le fait on pas ? Cette hypothèse est renforcée par la découverte de ce que les rats, via leur fèces, semblent bien être les vecteurs de la transmission à des humain de l'hépatite E, comme on vient de le découvrir à Hong Kong.

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  • Plus d'un millier de marins du porte-avions Charles-de-Gaulle ont été testés positifs au Covid-19.
    Plus d'un millier de marins du porte-avions Charles-de-Gaulle ont été testés positifs au Covid-19. - AFP.
    Armée
    Marianne

    Mauvais diagnostics, manque de prudence : ce que contient le rapport sur la contamination du porte-avions Charles-de-Gaulle

    Escales en Sicile, en Espagne, au Portugal : le porte-avions avait certainement accueilli le virus avant de passer trois jours à Brest, selon l'enquête épidémiologique du service de santé des armées. L'enquête de commandement pointe aussi des erreurs dans la transmission de l'information, et l'organisation d'un concert dans un hangar à avions...

    Les termes sont mesurés, mais derrière le ton policé du rapport officiel, on sent poindre le reproche, pour rester dans l'euphémisme. « Dans la gestion de cette crise à bord du porte-avions, il y a bien eu des erreurs mais les inspections n'ont pas constaté de faute » a déclaré la ministre des Armées, Florence Parly, lors de son audition au Sénat devant la Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées le 12 mai. L'enquête épidémiologique diligentée par la ministre, que Marianne a pu consulter, confirme que des comportements pour le moins légers ont facilité la diffusion du coronavirus à bord du porte-avions Charles-de-Gaulle (CDG).

    1.060 marins testés positifs, sur 1.720, soit 60% de l'équipage, 24 hospitalisés dont 10 sous oxygène, et un évacué par hélicoptère et intubé, désormais sorti d'affaire mais toujours hospitalisé, il y avait en effet de quoi se pencher sérieusement sur ce qui s'était passé. Pas très étonnant quand on imagine la promiscuité qui règne sur cet énorme immeuble flottant, où l'activité et les échanges avec la terre sont permanents, un peu plus quand on considère qu'il a fallu attendre que le nombre de patients grimpe en flèche, brusquement, entre le 5 et le 6 avril, deux semaines après que le bateau a fait escale à Brest du vendredi 13 mars au lundi 16 au matin. Que s'était-il passé entre-temps ? Le virus était-il arrivé sur le porte-avions lors de cette fameuse escale, ou avant ? Pourquoi la mission n'a-t-elle pas été interrompue plus tôt, et pourquoi la ministre n'a-t-elle, ainsi que le Chef d'Etat-Major des Armées, n'a été prévenue de la situation que le 7 avril ?

    Contamination à Brest

    Selon les résultats de l'enquête épidémiologique, le Covid était déjà présent à bord à Brest, mais cette escale a constitué un deuxième « point d'entrée ». Le CDG a quitté Toulon le 21 janvier pour participer à l'opération Chamal au Levant du 29 janvier au 21 février, puis a effectué une première escale à Limassol, sur l'île de Chypre, du 21 au 26 février. Mais ce n'est vraisemblablement pas là que le virus aurait pu entrer, puisque les premiers cas ne sont confirmés à Chypre qu'entre le 9 et le 12 mars, soit quinze jours après le passage du bateau. Pas plus qu'à Haifa, en Israël, ou le porte-avions a encore un peu d'avance sur le Covid.En revanche, les escales suivantes sont autant de lieux probables de contamination : Comiso en Sicile, Ibiza et Cadix en Espagne, Porto, Monte Real et Al Cochete, dans la région de Lisbonne, au Portugal, puis Portsmouth et Londres, en Angleterre. A chaque fois que le bateau passe, le virus est déjà là et progresse. Un porte-avions étant une grande plate-forme aéroportuaire flottante, les échanges entre la terre et la mer, avec des personnels des marines françaises et étrangères embarquant et débarquant en permanence, les occasions de transmissions sont multiples. L'enquête épidémiologique n'a pas pu à ce stade déterminer à quel moment et où précisément le Covid est arrivé sur la CDG. En revanche, elle établit une nouvelle « entrée » lors de l'escale de Brest, où les marins ont pu aller visiter leurs familles, même si les visites de ces dernières à bord ont été annulées.

    Dès la mi-février, le service de santé reçoit des consignes et veille à repérer les signes du virus. Par précaution, des masques et du gel hydroalcoolique sont commandés. Puis, 24 heures avant l'annonce du confinement, alors que le bateau est encore à Brest, le commandement prend des mesures : plus de mouvements de personnels, briefings réduits au minimum, plus de rassemblement, mesures de distanciation. Des mesures très efficaces, selon le rapport, et qui ralentissent considérablement la diffusion du virus. Mais qui pèsent sur le moral, et qui détériorent le lien entre la hiérarchie et l'équipage. La hiérarchie est focalisée sur la mission, tandis que l'équipage est abreuvé en permanence par les nouvelles alarmantes des familles, amplifiées par les réseaux sociaux. Ce flux d'informations permanent, ce lien avec les proches censé être bénéfique pour le moral des troupes, a pu aussi avoir un effet fortement anxiogène.

    Confiance excessive

    Par ailleurs, le rapport pointe une confiance excessive du commandement du CDG et du service de santé à bord dans la gestion d'une crise de ce type, renforcé par l'expérience de l'épidémie de H1N1 en 2009, qui avait été très bien contrée. De plus, comme les marins travaillent dans des conditions souvent difficiles, sur le pont, en plein vent et avec des températures basses, que cette population est jeune et en bonne santé, les premiers signes de maladie sont identifiés, de par leurs symptômes, comme des grippes ordinaires. D'autant plus que le nombre de malades n'est pas plus élevé qu'en temps ordinaire.Mais le 30 mars, alors que l'épidémie ne semble pas avoir pris, et que le moral des troupes souffre des mesures strictes qui lui ont été imposées (ce qui a des conséquences sur la mission), ces dernières sont assouplies. Et c'est sans doute à ce moment que la situation dérape : reprise des briefings, des échanges entre cadres et subordonnés, du sport et... organisation d'un concert dans le hangar à avions ! Pour favoriser « la cohésion et l'esprit d'équipage » et où « les mesures de distanciation étaient respectées ». Ce qui devait arriver arrive : le 5 avril, le nombre de consultations à l'infirmerie grimpe en flèche, les mesures de confinement strictes sont rétablies, 85 marins sont mis à l'isolement à l'avant du navire « dans des conditions précaires », ce qui est également mal vécu, mais « la situation est reprise en main dans les 48 heures suivantes », et le même jour, un marin débarqué au Danemark le 30 mars informe le commandement du CDG qu'il a été testé positif.Ce que l'enquête a mis au jour, principalement, c'est un manque de transmission d'informations et de communications à différents échelons de la chaîne de commandement, un excès de confiance de certains échelons, et un manque de pédagogie dans la communication avec les équipages et leurs familles, véritable casse-tête à l'heure des réseaux sociaux et du tout Internet. Avec ce rapport, plus que la question des masques et des tests, virologiques (qui seront utilisés, en plus de la quatorzaine, lors des départs en opérations extérieures) et sérologiques quand ils seront disponibles, il apparaît que Florence Parly et le chef d'état-major des armées veulent surtout... qu'on leur rende compte. Les militaires ont une expression bien à eux : quand en haut, on « ouvre le parapluie », « ça retombe en pluie fine ». Traduction : c'est en bas que ça trinque. Mais cette fois, le bas, c'est plutôt le milieu, et le commandement du groupe aéronaval.

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  •   - LOIC VENANCE / AFP
    Coronavirus
    Marianne

    Anxiété, dépression, stress... L’ONU alerte sur les détresses psychologiques post-confinement

    Dans un rapport publié ce jeudi 14 mai, l’ONU pointe l’impact de la pandémie sur la santé mentale des populations et appelle les états à débloquer des fonds pour la prise en charge des troubles mentaux.

    Douze millions de Français souffrent déjà de troubles mentaux, soit une personne sur cinq. Avec la pandémie liée au Covid-19, le nombre de personnes en détresse psychologique pourrait augmenter d’après un rapport des Nations Unies, publié ce jeudi 14 mai. Selon l’ONU, après la crise sanitaire, la pandémie pourrait déclencher une crise psychiatrique.

    Si de nombreux pays ont commencé un déconfinement progressif, l’épidémie a pu laisser chez certains les stigmates d’une période propice à un isolement physique et social douloureux. D’aucuns auront souffert de la solitude, ou encore de ne pas avoir pu faire un deuil digne et solennel, confinement oblige. Quand d’autres auront eu une bouffée, presque étouffante, d’anxiété par peur d’attraper la maladie et de la transmettre, alors que le virus a fait près de 300.000 morts à travers le monde.

    "La pandémie de Covid-19 frappe maintenant les familles et les communautés en leur infligeant davantage de stress mental", a déclaré le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres dans un message vidéo diffusé pour lancer la publication du rapport. "Même quand la pandémie sera maîtrisée, le deuil, l'anxiété et la dépression continueront d'affecter les personnes et les communautés", a-t-il ajouté.

     

    is not only attacking our physical health; it is also increasing psychological suffering.

    Mental health services are an essential part of all government responses to .

    They must be expanded and fully funded.https://bit.ly/35Vn0Id 

    Le rapport alerte également de l'impact psychologique de la pandémie sur les personnes qui ont perdu ou risquent de perdre leurs sources de revenus, sur celles qui ont été séparées de leurs proches ou ont souffert d'un long confinement. "Nous savons que la situation présente, la peur et l'incertitude, les turbulences économiques engendrent ou peuvent engendrer de la détresse psychologique", a rappelé Devora Kestel, directrice Santé mentale et abus de substances psychoactives à l'Organisation mondiale de la santé, lors d'une conférence de presse virtuelle.

    En France, l’impact sur le bien être des citoyens et leur santé mentale a été rapidement notable après l’annonce du confinement selon le psychiatre Nicolas Franck, chef de pôle au centre hospitalier Le Vinatier à Lyon et co-auteur d’une étude en ligne sur l’impact du confinement sur la santé mentale. "On a tout de suite vu une baisse de moral chez les chômeurs, les étudiants et les personnes en invalidité", explique à Marianne le psychiatre qui a analysé les résultats de 22.000 personnes ayant répondu à son questionnaire. "Cette crise a eu un effet délétère sur toute la population", ajoute-t-il.

    D'autres études, citées par le rapport de l’ONU, indiquent que la prévalence du stress mental pendant la crise atteint 60% en Iran et 45% aux Etats-Unis. Une enquête chinoise, réalisée dans la ville de Wuhan en Chine, épicentre de l’épidémie mondiale, indique également que 42% des citoyens souffrent de dépression et 28% d'autres troubles mentaux.

    Les soignants et soignés plus à risque

    En première ligne depuis le début de l’épidémie, les soignants font également partie des personnes les plus vulnérables face au développement d’un stress post-traumatique ou de troubles mentaux. Un sujet dont Marianne s’est fait écho il y a quelques semaines.

    Autre conséquence du confinement selon de rapport des Nations Unies : un risque de dégradation de la santé mentale encore plus important pour les populations déjà fragiles psychologiquement. "Pour certains patients, pas tous, aux fragilités psychique préexistantes, le vécu de la période actuelle est encore plus difficile que pour vous et moi", souligne le professeur Nicolas Franck. De nombreux hôpitaux psychiatriques en France ont ainsi vu leur fréquentation augmenter ces derniers temps, "pour prendre en charge des patients déjà connus, comme des nouveaux patients", note Nicolas Franck. Un phénomène que Marianne aborde cette semaine dans le magazine.

    L'ONU appelle ainsi les pays à investir massivement dans le domaine de la santé mentale. En France, avant la pandémie, les personnels des structures psychiatriques étaient parties prenantes des mouvements de grève de l’hôpital public et demandaient une meilleure reconnaissance et davantage de moyens, humains comme matériels.

     

     

     

     

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  • La Planète continue à perdre ses arbres

    Geneviève MARCK
    NICE, France

    1 mai 2020 — 

    En Avril 2020 : presque chaque jour, un ou plusieurs Feux de Forêts dans le Monde !

    Perdre nos arbres, c’est perdre nos producteurs d’oxygène.

    Si l’air au printemps s’enrichit en oxygène grâce à l’éveil des feuillus, ce bénéfice est amoindri à cause de la déforestation et des feux de forêts.

    Et, lors de chaque Feu de Forêt, de l’air vicié dû à la combustion, se dissémine dans les airs.

    30 avril 2020 :
    - USA : 45 hectares brûlés par un incendie dans le Sud de l'Alaska (USA)
    - République Tchèque : Un incendie de forêt parcourt plusieurs dizaines d'hectares à la frontière dans l'Ouest de la République Tchèque.
    Un important incendie de forêt s'est déclenché en République Tchèque près de la frontière avec l'Allemagne, alors que le pays d'Europe centrale est confronté à des conditions de sécheresse extrêmes qui, selon les responsables, sont les pires des siècles.

    26 avril 2020 :
    - Corée du Sud : Un incendie parcourt plus de 100 ha dans les montagnes du Sud de la Corée du Sud 

    25 avril 2020 :
    - USA : Un incendie brûle une trentaine d'hectare de végétation dans le Colorado (USA) 
     
    22 avril 2020 :
    - Brésil : Un incendie brûle 150 ha dans l'état brésil de Rio Grande do Sul
     
    21 avril 2020 :
    - USA : Un incendie parcourt une centaine d'hectare dans le Parc National de Tonto en Arizona (USA)
     
    20 avril 2020 :
    - Pays-Bas : Incendies de forêt aux Pays-Bas : des milliers d'évacués
    - Pologne : Un incendie brûle 6000 ha dans le parc national polonais de Biebrza
     
    18 avril 2020 :
    - Chine : Plusieurs dizaines d'hectares brûlés par un incendie dans la province du Yunnan, dans le Sud-Ouest de la Chine
     
    15 avril 2020 :
    - France : Feu de forêt en Haute-Loire : 12 ha brûlés
     
    14 avril 2020 :
    - Tibet : Un incendie de forêt parcourt 700 ha au Tibet.
    - France : Un feu déclenché par la foudre brûle une centaine d'hectares en Gironde.
     
    11 avril 2020 :
    - Vénézuela : Nombreux incendies de forêt autour de Caracas (Vénézuela)
    - Bosnie-Herzégovine : Des incendies de forêt parcourent des centaines d'hectares dans le Sud de la Bosnie-Herzégovine
    - France : Un incendie de forêt brûle 30 ha dans le Sud de la Charentes.
     
    6 avril 2020 :
    - France : Un incendie de forêt parcourt 13 ha dans le Puy-de-Dôme.
    - USA : Plusieurs incendies se déclenchent dans l'état du Maine (USA)
     
    4 avril 2020 :
    - Ukraine : Un feu de forêt brûle plus de 100 ha à proximité de la centrale de Tchernobyl (Ukraine)
     
    2 avril 2020 :
    - Chine : Un feu brûle une quarantaine d'hectare dans la province chinoise du Yunnan
     
    https://www.catnat.net/veille-catastrophes/veille-des-catastrophes-naturelles/veille-catastrophes-monde/222-incendies-de-foret-monde
    https://www.catnat.net/veille-catastrophes/veille-des-catastrophes-naturelles/veille-catastrophes-france/206-incendies-de-foret-france

    MERCI de continuer à SIGNER et à PARTAGER ces Pétitions :

    « POUR une POLITIQUE de REBOISEMENT de la PLANETE »
    https://www.change.org/p/pour-une-politique-de-reboisement-de-la-planete

    « NON à la DESTRUCTION des FORETS FRANCAISES – NON aux FORETS MONOTYPE »
    https://www.change.org/p/non-%C3%A0-la-destruction-de-nos-forets-non-aux-forets-monotype-sans-chant-d-oiseau-sans-vie-animale-sans-sous-bois

    « STOP aux INONDATIONS – REBOISEZ la PLANETE ! »
    https://www.change.org/p/emmanuel-macron-stop-aux-inondations

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  • Les Américains auraient droit en priorité à son futur vaccin du Covid-19, confirme le patron du français Sanofi

    G. F. , , , ,

    Publié le 09/05/2020 À 14H45, mis à jour le 13/05/2020 À 17H14

     

    En bref Pour être le premier à proposer un vaccin contre le Covid-19, le groupe pharmaceutique français Sanofi multiplie les collaborations à l’international. Y compris avec le gouvernement américain. Résultat, les Américains seraient servis en priorité si les recherches débouchaient, a confirmé le dirigeant de Sanofi, Paul Hudson, le 13 mai.

     

    Le vaccin Covid-19 de Sanofi serait bien donné en priorité aux Américains, confirme son patron "Il y a peu d’entreprises qui peuvent produire des vaccins à notre échelle", insiste le dirigeant de Sanofi Paul Hudson. © Novartis

     

     

    Il existe une centaine de projets de vaccins contre le Covid-19, dont une dizaine en phase d’essais cliniques menés par des équipes chinoises, américaines, britanniques et allemandes. Bien qu’il n’ait pas encore débuté ses essais sur des patients, le groupe pharmaceutique français Sanofi s’estime bien placé dans cette course mondiale.

     

    Il multiplie les collaborations : avec l’anglais GSK – son concurrent de toujours dans les vaccins –, le ministère américain de la Santé via la Barda, ou la biotech américaine Translate Bio. Surtout, Sanofi dispose d’énormes capacités de production avec onze usines (trois en France, trois en Asie, et le reste sur le continent américain) et 10 000 salariés dédiés à travers le monde, via Sanofi Pasteur. "Il y a peu d’entreprises qui peuvent produire des vaccins à cette échelle", insiste son dirigeant Paul Hudson.

     

     

     

    Le coup de gueule envers l'Europe

     

    Mais le 24 avril, il alertait sur le risque que ce vaccin soit fabriqué aux États-Unis... et donc distribué en priorité aux Américains, si le projet développé avec la Barda se révélait concluant le premier... et que le gouvernement américain imposait de faire passer les Européens après. Paul Hudson déplorait alors le manque de coopération européenne, en particulier d’engagement de la Commission.

     

     

     

    Cette dernière se serait-elle (enfin) réveillée ? Lundi 4 mai, la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, annonçait ainsi avoir levé 7,4 milliards d’euros pour financer la recherche et le développement d’un vaccin contre le Covid-19.

     

    Mais cela ne changera pas la donne. Sanofi servira bien les États-Unis en premier puisque ces derniers "partagent le risque" des recherches menées via leur partenariat, a confirmé Paul Hudson à l'agence Bloomberg dans un entretien le 13 mai. Ils "obtiendront les vaccins en premier", car "ils ont investi pour essayer de protéger leur population". Le gouvernement américain aurait ainsi "le droit aux plus grosses pré-commandes"... avec une avance de quelques jours voire quelques semaines sur le reste du monde.

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  • TRIBUNE. Racisme et antisémitisme en temps de Covid-19

    Comme « la peste noire avait surexcité la haine et la furie contre les Juifs », la pandémie de coronavirus suscite un déferlement de propos racistes et antisémites, écrit Marc Knobel, historien et directeur des études du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif).

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    Lorsque l’homme est confronté à l’indicible, lorsqu’il est dépassé et atteint par des événements épidémiologiques d’une grande ampleur et/ou des catastrophes naturelles, il perd ses repères, le contrôle des choses et le monde s’écroule. Au fond, il devient vulnérable individuellement et/ou collectivement. C’est là une constante de l’humanité.

    De plus, sans que forcément, nous nous en rendions compte, cette pandémie dramatique rappelle les périodes les plus sombres de notre histoire, notamment la peste noire de 1347 à 1352. Justement, à cette époque, la peste noire avait surexcité la haine et la furie contre les Juifs. Ils avaient été accusés d’empoisonner les puits et de répandre la maladie.

    Mais 668 ans plus tard, les réseaux sociaux sont les vecteurs d’accusations multiples. Là, des individus, des groupes/groupuscules délirants, diffusent ou relayent des rumeurs, des informations erronées, mensongères et trafiquées afin d’attiser la peur, tout en désignant des boucs émissaires.

    « Des militants et sympathisants d’extrême droite et suprémacistes blancs »

    Sans entrer dans le détail, j’ai vu ces dernières semaines, des caricatures racistes et antisémites, elles sont particulièrement ignobles. Elles ont été publiées ou reproduites, notamment sur le réseau russe VKontakte. Pourquoi VKontakte ? Les militants d’extrême droite pullulent sur le principal réseau social russe. Là, ils sont entre eux, mais ils profitent probablement d’une certaine mansuétude des autorités russes, qui voient peut-être d’un bon œil l’arrivée de ces ennemis autoproclamés de nos démocraties. Mais, des posts antisémites et racistes ont été publiés également sur des comptes Facebook et sur Twitter. Cela n’a rien d’étonnant, lorsque l’on sait à quel point Twitter est utilisé pour diffuser propos, commentaires racistes, antisémites et délires complotistes.

    Mais, et pour une grande part, ce sont des militants ou des sympathisants d’extrême droite et des suprémacistes blancs qui ont posté ces messages. Ils sont endoctrinés et fanatisés, tant en France qu’aux Etats-Unis. Ordinairement, les mêmes personnes, les mêmes groupes alimentent régulièrement leurs comptes de propos racistes, antisémites, xénophobes, homophobes, en les saupoudrant de théories complotistes.

    La différence, cette fois, tient au fait qu’ils utilisent cette crise sanitaire gravissime pour accuser dans un premier temps les Asiatiques d’en être responsables, d’avoir provoqué ou répandu la mort. Par la suite, d’autres accusations ont été portées contre les chrétiens évangélistes. C’est ainsi que, dans les réseaux sociaux, de nombreux internautes se sont lâchés littéralement en invectivant la communauté asiatique. Dans les lieux publics, des personnes d’origine asiatique ont constaté des mouvements d’évitement, voire des prises à parties racistes dans certains espaces publics. Des personnes ont été injuriées dans les transports, dans la rue.

    Dans un second temps, les Juifs ont été accusés de tirer profit de cette crise. Des noms ont été cités, des caricatures ont été publiées, des vidéos ont été postées. Il faut rappeler ici que le stéréotype selon lequel « les Juifs ont de l’argent » est (bien) ancré dans les esprits - et cela ne date pas d’aujourd’hui. L’antisémitisme « économique » est une conséquence de l’antijudaïsme religieux : considéré comme le peuple « déicide », les Juifs sont mis au ban de la société par les chrétiens. Il faut rappeler également que c’est à l’orée du XIXe siècle, avec l’émergence du capitalisme industriel, que le cliché des Juifs et de l’argent s’affirme avec une nouvelle force. Les Juifs sont alors accusés d’être les promoteurs du capitalisme mondialisé. Le cliché se transforme en complot.

    En temps de Covid 19, les militants d’extrême droite s’adaptent et adaptent leurs accusations récurrentes, à des fins stratégiques C’est ainsi qu’ils continuent de diffuser de la propagande, mais cette fois elle est centrée sur l’épidémie et ses conséquences. D’expérience, ils savent que, souvent, les réseaux sociaux s’érigent en tribunaux populaires permanents, que certains thèmes deviennent viraux. Ils savent aussi que les internautes se lâchent littéralement. Que beaucoup se répandent pour chercher/trouver/désigner des fautifs, responsables, coupables, des boucs émissaires. Dans cet univers glauque, le racisme et l’antisémitisme s’alimentent donc très facilement. C’est alors une avalanche de propos violents.

    De fait, les racistes et les antisémites utilisent l’irrationalité ambiante pour transmettre leur message à un large public, effrayé et en colère. C’est ainsi qu’ils espèrent capter l’attention du plus de monde possible. Ils savent par ailleurs, que, comme les gens sont confinés chez eux, certains visionneront plus rapidement les vidéos et séquences conspirationnistes d’Alain Soral et de Dieudonné, par exemple. En temps de Covid 19, elles totalisent plus de 400 000 vues. Mais, là encore, rien d’étonnant. Traditionnellement, les vidéos de Dieudonné totalisent autant de vues, quelquefois beaucoup plus.

    « Pas de remède contre la bêtise »

    Dernier point et il n’est pas des moindres. Dans certains pays, des sites officiels et/ou affiliés participent généralement de la désinformation ambiante, divulguent des théories complotistes, mènent des campagnes systématiques de dénigrement et de basse propagande. Les rumeurs et diverses manipulations se répandent sur Internet aussi rapidement que peut se répandre le virus. C’est ainsi que la question de l’origine du nouveau coronavirus en particulier alimente toutes les théories du complot et les conversations.

    Cette situation est préoccupante. En temps de Covid 19, des accusations infondées et malsaines, des théories conspirationnistes se répandent, sans le moindre fondement que celui de faire du mal à des gens, eux-mêmes pourtant victimes d’une épidémie dangereuse. Les accusations mensongères et le complotisme feront alors le lit de toutes les exclusions, des discriminations et des appels à la haine.

    Mais, au fond ce que révèle également cette nouvelle crise épidémiologique, c’est qu’il n’y a apparemment ni remède ni vaccin contre un autre virus, celui de la bêtise et de la haine raciste et antisémite. Et ses effets, seront peut-être dévastateurs.

    Marc Knobel est historien et membre du Crif. Il est notamment l’auteur en 2013 de « Haine et violences antisémites. Une rétrospective 2000-2013 » (Berg International).

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  • Une enquête de Mediapart accable la députée (LREM) Laetitia Avia, qui aurait fait subir des humiliations au quotidien à son équipe. Elle a aussi tenté de modifier sa fiche Wikipedia à plusieurs reprises. Plongée dans l'historique wikipédien.

     

    La députée et porte-parole LREM Laetitia Avia. Crédit : G. Garitan – Wikimedia Commons

    Alors que la loi contre la cyberhaine passe aujourd'hui en dernière lecture à l'Assemblée nationale, sa rapporteuse principale, Laetitia Avia, vient de faire l'objet de révélations peu flatteuses dans Mediapart. Dans une longue enquête signée par le journaliste indépendant David Perrotin, la députée de la 8e circonscription de Paris est accusée d'avoir formulé des mots stigmatisants envers son équipe. Plusieurs témoignages d'ex-collaborateurs racontent comment la porte-parole de La République en marche a régulièrement tenu des propos “à connotation sexiste, raciste et homophobe”.

     

    Article recommandé : Loi Avia : les mesures phares du texte contre la cyberhaine

    Au milieu des “humiliations au quotidien” rapportées par d'ex-collaborateurs et collaboratrices, on apprend que Laetitia Avia a tenté de modifier sa page Wikipedia pour faire disparaître des informations gênantes. À propos d'une section relatant une altercation durant laquelle la députée aurait mordu un chauffeur de taxi, Laetitia Avia écrit à son équipe : “Wikipedia, il y a plusieurs choses à faire. Il faut prendre le contrôle sur cette page. Il ne suffit pas juste de supprimer le paragraphe sur Le Canard Enchaîné, il faut le réécrire de toute façon et le sourcer quand on le réécrit.”

    Entre modifications et suppression pure et simple

    Toujours présente au moment où nous écrivons ces lignes, cette section a effectivement connu de nombreuses modifications, comme l'historique de la page en atteste. Le 12 avril 2019, un compte nommé Simonalbert18 a effectué près de sept modifications dans un laps de temps d'une heure trente. Une activité riche pour une page qui n'avait pas évolué depuis un mois. Sur l'une des modifications apportées, il est indiqué : “Diminution du paragraphe sur le taxi par le collaborateur de Laetitia Avia”. En réalité, c'est une bonne moitié de la section qui avait été supprimée.

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    Une des modifications apportées sur la fiche Wikipedia

    De quoi alerter une vingtaine de minutes plus tard un autre contributeur de Wikipedia qui a rétabli le passage supprimé et inscrit en commentaire : “Le fait que vous soyez collaborateur de LA ne vous donne pas de privilèges éditoriaux sur cet article, et certainement pas celui d'en retirer des passages sourcés.” Pas de quoi décourager Simonalbert18 qui, une poignée de minutes plus tard, a supprimé purement et simplement tout le paragraphe — rétabli immédiatement après.

    Plus tôt, en 2017 et 2018, de nombreuses autres modifications à peine plus subtiles avaient été apportées pour adoucir un peu le récit. Les détails de l'altercation ont été effacés alors à plusieurs reprises par différents comptes et à différentes dates, ne laissant de l'histoire qu'une version édulcorée où la députée “affirme l'avoir [le chauffeur de taxi, ndlr] simplement saisi par l'épaule […] Elle a déposé plainte pour séquestration.”

    IP de l'Assemblée nationale

    Quand ils ne sont pas anonymes, les auteurs de ces modifications sont majoritairement actifs sur la page de Laetitia Avia ou d'autres pages liées au parti présidentiel. Derrière les IP de certains se trouvent des ordinateurs de l'Assemblée nationale, comme le remarque un wikimédien sur Twitter. De quoi corroborer le récit de Mediapart où l'on apprend qu'il a été demandé à l'équipe de la députée de s'occuper de sa page Wikipedia.

    En revanche, les modifications auront mis un peu de temps à arriver, puisque selon Mediapart la note aurait été envoyée en août 2017, le gros des modifications n'étant effectué qu'à partir de septembre 2018, avec tout de même une suppression anonyme en décembre 2017. Une modification plus légère opérée en juillet 2017 a pris une autre tournure depuis les révélations de Mediapart. Son résumé affirmait que “le chauffeur de taxi n'a pas porté plainte et ne s'est pas rendu à la confrontation”, et établissait comme unique source “l'assistance parlementaire de Mme Avia”.

    “Supprimé en loucedé par un CAOU”

    L'historique de la page laisse entrevoir, comme souvent, les guerres d'édition menées dans le monde de Wikipedia, mais certains commentaires dévoilent une situation assez tendue. Dans un résumé de modification datant du 13 septembre 2018, un certain Celette enrage : “Je remets le paragraphe tel qu'il était pendant plus d'un an et supprimé en loucedé par un CAOU (compte à usage unique, ndlr) le 5 septembre à 16h22 dans le cadre d'une modif de masse (donc pas vraiment visible). On peut en débattre […] mais hors de question que ça passe aussi facilement à la trappe, en particulier si on juge la façon dont ça a été retiré”, s'insurge-t-il.

    Enfouie dans le pas toujours très accessible onglet Historique de Wikipedia, se jouait donc une bataille politique qui fera parler d'elle des années plus tard. Depuis les révélations de Mediapart, et au moment de l'écriture de ces lignes, plus d'une quarantaine de modifications ont été apportées à la page de la députée, la plupart pour synthétiser les révélations faites par le site d'information. On ne caviarde pas Wikipedia si facilement.

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