• Frédéric Dempuré Le 15/05 à 10:00
     
     
     
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    Mis en place dès le mois de mars et reconduit au mois d’avril 2020 pour aider les petites entreprises affectées par la crise du Covid-19, le fonds de solidarité vient d’être prorogé pour le mois de mai. Présentation des conditions pour en bénéficier.

    Quel est ce fonds de solidarité ?

    Le fonds de solidarité a été créé pour aider les petites entreprises durement affectées par la crise du coronavirus. Ce fonds est financé par l’État, les régions et les collectivités d’outre-mer.

    Qui peut en bénéficier pour le mois de mai ?

    Toutes les entreprises, quel que soit leur statut (société, travailleur indépendant, association, micro-entrepreneur), sont éligibles, à condition :
    - d’avoir un effectif inférieur ou égal à 10 salariés ;
    - d’avoir, sur le dernier exercice, réalisé un chiffre d’affaires inférieur à un million d’euros ;
    - d’avoir débuté son activité avant le 1er mars 2020 ;
    - de ne pas s’être trouvé en situation de liquidation judiciaire au 1er mars 2020.

     

    Précision : seules les associations assujetties aux impôts commerciaux ou employant au moins un salarié sont éligibles au fonds de solidarité.

    À noter : les entrepreneurs bénéficiant, au 1er mars 2020, d’un contrat de travail à temps complet, ou qui ont touché au mois de mai 2020 des indemnités journalières de Sécurité sociale ou une pension de retraite pour un montant supérieur à 1 500 € ne sont pas éligibles.

    Dans quel cas peut-on bénéficier de l’aide ?

    Peuvent prétendre à cette aide, les entreprises ayant :
    - soit stoppé leurs activités en raison d’une mesure d’interdiction d’accueil du public intervenue entre le 1er mars 2020 et le 31 mai 2020 ;
    - soit réalisé un chiffre d’affaires au mois de mai 2020 au moins 50 % inférieur à celui réalisé en mai 2019 ou, au choix de l’entreprise, au chiffre d’affaires mensuel moyen de l’année 2019 ;
    - et réalisé sur l’exercice précédent un bénéfice imposable, augmenté le cas échéant des sommes versées aux dirigeants associés, inférieur à 60 000 €.

    Précision : pour les entreprises en nom propre, ce montant de 60 000 € est doublé si le conjoint du chef d’entreprise exerce une activité régulière dans l’entreprise au titre de conjoint collaborateur. Pour les sociétés, la limite est portée à 60 000 € par associé et par conjoint collaborateur.

    À noter : si l’entreprise a été créée entre le 1er mai 2019 et le 31 janvier 2020, la comparaison, pour évaluer la perte de 50 %, se fera entre le chiffre d’affaires du mois de mai 2020 et le chiffre d’affaires mensuel moyen calculé sur les mois d’activité de l’entreprise entre sa date de création et le 29 février 2020.

    Quel est le montant de l’aide ?

    L’aide correspond à la perte déclarée de chiffre d’affaires pour le mois de mai 2020 dans la limite de 1 500 € (cette aide est défiscalisée).

    À noter : lorsque les entrepreneurs ont bénéficié d’une pension de retraite ou d’indemnités journalières de Sécurité sociale au mois de mai, le montant de l’aide est réduit du montant de ces pensions et indemnités.

    En outre, une aide complémentaire forfaitaire de 2 000 € à 5 000 € pourra être consentie aux entreprises d’au moins 1 salarié (en CDD ou CDI) ainsi qu’à celles ayant fait l’objet d’une interdiction d’accueil du public entre le 1er mars 2020 et le 11 mai 2020 et dont le chiffre d’affaires 2019 est au moins égal à 8 000 € :
    - si elles se trouvent dans l’impossibilité de régler leurs dettes exigibles à 30 jours (le solde entre leur actif disponible, d’une part, et leurs dettes exigibles à 30 jours et le montant de leurs charges fixes au titre de mars, d’avril et de mai, d’autre part, doit être négatif) ;
    - si elles se sont vues refuser un prêt de trésorerie (demandé après le 1er mars) « d’un montant raisonnable » par leur banque (ou la demande est restée sans réponse pendant plus de 10 jours).

    Quelles sont les démarches à effectuer ?

    Pour obtenir l’aide principale (les 1 500 € maximum) au titre du mois de mai, la demande doit être faite par le dirigeant, au plus tard le 30juin 2 020, sur son espace particulier du site www.impots.gouv.fr .

    Sur ce site, l’entreprise devra fournir :
    - ses identifiants (SIREN, SIRET) ;
    - un relevé d’identité bancaire ;
    - une estimation de la perte de chiffre d’affaires ;
    - le cas échéant, l’indication du montant des pensions de retraite ou des indemnités journalières de Sécurité sociale perçues ou à percevoir au titre du mois de mai 2020 ;
    - le montant de l’aide demandée et une déclaration sur l’honneur attestant qu’elle remplit bien les conditions d’octroi et l’absence de dettes fiscales et sociales impayées au 31 décembre 2019 à l’exception de celles bénéficiant d’un plan de règlement.

    Pour obtenir l’aide complémentaire de 2 000 € à 5 000 €, l’entreprise doit s’adresser, au plus tard le 15 juillet 2020, aux services de la région dans laquelle elle exerce son activité.

    Sa demande doit être accompagnée des justificatifs suivants :
    - une déclaration sur l’honneur qui atteste qu’elle remplit bien les conditions d’octroi de l’aide ainsi que l’absence de dette fiscale ou sociale impayée au 31 décembre 2019, à l’exception de celles bénéficiant d’un plan de règlement ;
    - un plan de trésorerie à 30 jours démontrant le risque de cessation des paiements ;
    - le montant du prêt refusé, le nom de la banque et les coordonnées de l’interlocuteur de la banque.

    Précision : une seule aide complémentaire peut être attribuée par entreprise.

    Décret n° 2020-371 du 30 mars 2020, version consolidée au 14 mai 2020

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  • 7.mai.2020 // Les Crises

    SARS-CoV-2 et Anthropocène : significations et enjeux pour la politique publique

     

    Source : Blogs Mediapart

    La pandémie du Covid 19 n’est pas une pandémie quelconque. Benjamin Coriat, membre du collectif d’animation des Économistes atterrés propose d’analyser en quoi, pourquoi et par quels liens doit-on associer Covid et anthropocène.

    Beaucoup a été dit et écrit à propos du Covid 19 depuis que la pandémie s’est abattue sur le monde. Pourtant, et c’est la motivation profonde qui anime cet article, des choses essentielles semblent n’avoir pas été entendues, ou en tous cas n’avoir été que très insuffisamment relevées. A commencer par celle ci : la pandémie du Covid 19 n’est pas une pandémie quelconque, une pandémie de plus – comme celles que furent en d’autres temps les pandémies de la peste, de la variole ou de la fièvre jaune… pour ne citer que les plus terribles d’entre elles.

    Non. La pandémie du Covid 19 a ceci en propre qu’elle marque de manière indubitable le fait que l’âge nouveau dans lequel nous sommes entrés, celui de l’anthropocène, est et sera aussi celui de la multiplication des épidémies et des pandémies dans l’ensemble de la planète. Cette vérité nouvelle, si sa signification pleine est enregistrée, amène nécessairement un ensemble de bouleversements considérables dans la manière d’envisager et d’analyser le monde dans lequel nous sommes désormais entrés. Comme évidemment elle conduit à un ensemble d’implications majeures sur la manière de s’y comporter et de faire face aux défis inédits auxquels nous sommes désormais confrontés.

     

    C’est sur ces sujets que porte la réflexion que nous proposons dans cet article.

    1. Les zoonoses, filles naturelles de l’anthropocène

    L’anthropocène, rappelons-le pour commencer, est généralement entendue comme un « âge » de l’évolution géologique de la planète, caractérisé par le fait que l’activité humaine – économique et industrielle – se manifeste désormais de manière si forte et si intense qu’elle affecte et perturbe ses équilibres éco-systémiques. C. Bonneuil (qui a joué un rôle clé pour introduire en France le débat sur ce thème) écrit à ce propos que le vocable « anthropocène » est le mot code qui s’est imposé « pour penser cet âge dans lequel le modèle de développement actuellement dominant est devenu une force tellurique, à l’origine de dérèglements écologiques profonds, multiples et synergiques à l’échelle globale.[1] » Pour le dire d’un mot, l’anthropocène, dans son acception la plus générale désigne le moment où « les activités humaines sont devenues la principale force agissante du devenir géologique de la Terre » amenant avec elles un ensemble de dérèglements majeurs »[2].

    La thèse est discutée et plusieurs questions sont débattues. La première s’énonce ainsi : sommes nous entrés dans une « époque » géologique nouvelle, ou bien l’anthropocène n’est elle qu’un simple « âge » nouveau (le dernier moment) de l’ère géologique actuelle – l’holocène ? Une autre question en débat est celle se savoir de quand date cette entrée dans l’âge nouveau… De nombreuses autres questions encore sont posées[3]. Elles ne nous retiendront pas ici.

    Sauf l’une d’entre elles, d’importance majeure car elle a trait à la signification même de la notion d’anthropocène. Au plus simple deux contenus, deux « récits » ici s’opposent. Selon le premier, « naturaliste » et qui domine dans les arènes scientifiques internationales, la cause des destructions associées à l’anthropocène est rapportée à un acteur qui serait constitué par une « humanité » hypostasiée, a-historique, et posée comme a-sociale. Les implications de cette vision des choses sont que c’est « l’espèce humaine » comme telle – et sans plus de précisions – qui doit réviser ses activités et revoir ses comportements. Une seconde vison de l’anthropocène au contraire l’installe et la situe dans ses racines et fondements historiques véritables. Ce récit assume que c’est le mode de développement né du capital et de la propriété privée, de la poursuite effrénée de l’exploitation des ressources de la planète par les méga-acteurs que sont les grandes multinationales qui sont à l’origine des dérèglements constatés. Selon cette vision des choses l’anthropocène est un « capitalocène », au sens où c’est le mode développement imposé à « l’humanité » par le capital et ses opérateurs qui est au coeur de l’explication des destructions constatées et de l’entrée dans un nouvel âge géologique. L’auteur de ces lignes se range évidemment dans ce second récit. Et dans la suite de ce texte, les motifs qui justifient ce choix seront explicités[4].

    Il résulte dans tous les cas, que dans le moment où nous sommes, les grands biens communs globaux que sont le climat, les océans, les pôles, l’atmosphère où la couche d’ozone… sont désormais devenus des écosystèmes dont les principes de reproduction – savants, complexes, infiniment délicats … – sont désormais percutés par des forces issues de l‘activité humaine et de son industrie. La mondialisation conduite sous l’égide du capital et de ses exigences a opéré de manière si puissante que nous sommes aujourd’hui entrés dans un monde ou les catastrophes – non nécessairement exactement prévisibles quant à leur nature et à leurs occurrences – sont pourtant désormais (si rien ne change) certaines.

    Ce tableau et cette vision du monde sont celles qui jusqu’il y a peu s’imposaient. L’entrée dans l’anthropocène signifiait en pratique et par dessus tout, avec les altérations multiples subies par la biodiversité, l’entrée dans une ère de changement climatique, amenant avec elle un cortège de désastres annoncés.

    Et voici qu’un virus, cette fois venu de Chine[5], change et complexifie sérieusement la donne. Ce virus, il faut le désigner par son nom scientifique : le SARS-CoV2[6], plutôt que sous le nom le plus souvent utilisé de Covid 19. Pourquoi SARS-CoV2 ? Parce que cette désignation, et notamment le chiffre 2 accolé à CoV, a le mérite d’apporter une précision essentielle : CoV2 signifie que le virus qui sévit aujourd’hui est un « remake », un « retour »[7]. Il y eut en effet, très proche dans sa structure moléculaire, un SARS-CoV1. Souvenons-nous en, c’était entre 2002 et 2004, le CoV1 aussi venait de Chine, mais d’un tout autre lieu (le Gouangdong au sud du pays, alors que le CoV2 est né à Wuhan dans le Hubei, au centre-est de la Chine). Le SARS-CoV1 fit en son temps, craindre le pire. Avant qu’inexplicablement il ne se dissipe, laissant derrière lui quelques milliers « seulement », de morts, là où on attendait des dégâts bien plus importants.

    Ajoutons à cela, qu’un autre type de Coronavirus le MERS[8], qui sévit de manière privilégiée au Moyen-Orient, est venu confirmer, si besoin en était, la variété et la multiplicité de la diffusion de ces nouvelles maladies émergentes.

    Poursuivons : les scientifiques nous donnent, à propos du SARS, des informations essentielles, pas assez entendues nous semble-t-il, et surtout qui doivent être mises en relation avec d’autres connaissances, d’autres savoirs.

    Ce que nous disent d’abord les épidémiologistes, c’est que le SARS1, comme le SARS2, (comme un nombre incalculable de virus aujourd’hui répertoriés) sont membres d’une même famille de maladies : celle des zoonoses, c’est-à-dire de maladies provoquées par des virus présents dans l’animal, et qui – dans certaines circonstances – se transmettent à l’homme (l’inverse étant aussi possible). Ce que nous disent ensuite les scientifiques, c’est ce fait fondamental que les zoonoses, au cours des dernières décennies, sont en pleine expansion et ne cessent de se multiplier : VIH, SARS1, H1N1, H5N1, Ebola, MERS, SARS2… ne sont que les expressions les plus connues de ces nouvelles affections[9].

    A cette lumière, la pandémie du SARS2 s’éclaire d’un jour nouveau. Non ce n’est pas une plaie d’Egypte… venue du ciel, sans causes, ni raisons, un « choc externe » imprévisible comme un vol de sauterelles qui s’abattrait sur nos villes ou nos campagnes. Ou un « cygne noir » comme disent les financiers. Tout au contraire, le SARS2 – quel que soit sa brutalité, la violence et la soudaineté avec laquelle il a fait irruption et s’est répandu dans le monde – obligeant à confiner pendant de nombreuses semaines, 3 à 4 milliards de personnes – était parfaitement prévisible. Parfaitement attendu. Mille signaux – les précédentes zoonoses – indiquaient que l’une d’entre elle, à un moment ou à un autre, ne disparaîtrait pas d’elle même, et se transformerait en une pandémie durable, et qu’après celle-là, il en viendrait d’autres, beaucoup d’autres… (cf. Encadré ). En ce sens, par sa brutalité, son universalité, son niveau de létalité, le SARS CoV2 est hautement symbolique. Il trace dans l’opinion une ligne de démarcation. Même si, loin s’en faut, le SARS-CoV2 n’est pas la première zoonose qui s’est diffusée dans le monde[10], il indique à tous, qu’un cran a été franchi, qu’une ère nouvelle s’est ouverte.

    Les prochaines zoonoses… L’Arctique et la fonte du permafrost, menace principale ?

    VIH, Grippe aviaire, SARS1, MERS, SARS2,… et puis quoi… . ?

    Parmi les travaux scientifiques récents sur les zoonoses et leur diffusion, ceux réalisés par Kate Jones, Professeure à l’University College de Londres, (une modélisation de la biodiversité, qui a consisté à passer au crible 335 maladies émergentes apparues depuis 1940 (*)) ont mis en évidence qu’une dizaine de facteurs seulement est associée à plus de 80 % des affections virales chez l’homme.

    Point central : ce sont les changements ou les ruptures dans les écosystèmes qui sont la cause première de la diffusion des zoonoses. Près d’un quart des épidémies trouvent là leur origine. Ainsi en est-il, par exemple, de la flambée de paludisme en 2010 en Amérique du Sud dont les chercheurs ont démontré que l’origine était liée à la fragmentation de la forêt amazonienne. Un récent article des Échos (« Covid 19. Les prémisses d’un Big One » par Paul Molga, Les Échos, 21 Avril 2020), qui décrypte le travail cité des chercheurs de l’University College rapporte que « les animaux sauvages peuvent en effet être porteurs d’une cinquantaine de virus avec lesquels ils co-évoluent en bonne intelligence, sans débordement. La contamination provient des mauvaises rencontres avec des espèces facilitant leur reproduction : au Liberia par exemple où la virulence de la dernière épidémie d’Ebola a surpris tout le monde, c’est le déboisement massif de la forêt tropicale qui a poussé plusieurs espèces de chauves-souris à se rassembler en groupes serrés sur les rares arbres encore sur pied, faisant de ce rassemblement un bouillon de culture constituant un puissant réservoir de transmission à l’homme». (Les Échos, art cité …)

    Parmi les candidats à un retour dévastateur : la variole. Considérée comme éradiquée depuis 1979, elle est réapparue il y a dix ans en République du Congo sous forme d’une variante animale du virus qui s’est transmise à l’homme. L’OMS a ainsi émis une mise en garde contre une possible réémergence de la maladie (800 cas avaient été recensés), avant que celle-ci ait pu être contenue. En attendant la suite …

    Hors les dégâts provoqués par le déboisement et l’extractivisme qui opèrent dans des lieux toujours plus nombreux, c’est de l’Arctique que pourrait venir la menace la plus sérieuse. En effet, du fait du dérèglement climatique, un tiers du permafrost, cette glace autrefois considérée comme « éternelle » qui recouvre une bonne partie des terres émergées de l’hémisphère Nord, pourrait fondre et libérer des pathogènes oubliés. Sur ce point, l’alerte fut donnée pendant l’été 2016 quand un enfant est mort en Sibérie après avoir sans doute contracté le bacille de l’anthrax libéré après le dégel d’un cadavre de renne conservé au froid pendant des décennies. « Peu avant, rappelle l’article des Échos, « le chasseur de virus Jean-Michel Claverie, directeur du laboratoire Information Génomique et Structurale de Marseille, était parvenu à ressusciter deux virus inoffensifs congelés depuis 30 000 ans. Et le chercheur de conclure : « Aucune raison que certains germes plus virulents pour l’Homme, les animaux ou les plantes ne survivent pas plus longtemps ».

    Ainsi, à l’âge de l’anthropocène, il n’y aurait pas seulement addition et coexistence des chaos provoqués par le changement climatique d’un coté, la diffusion des zoonoses de l’autre. On assisterait à une combinaison et une association des deux phénomènes :car ici, avec le cas de la fonte du permafrost, c’est le changement climatique qui se transforme en source d’émergence et de diffusion de nouvelles pandémies.

    (*) Ces 35 maladies ont permis d’identifier 84 virus pathogènes résultant de transmissions interespèces, 11 virus à ADN, 9 à intermédiaire ADN (familles des VIH et du virus de l’hépatite B) et 64 à ARN, du type de Covid-19.

    2. Zoonoses, extractivisme et mondialisation

    Pourquoi une limite a-t-elle été franchie ? Pourquoi faut-il s’attendre à ce que les zoonoses à l’avenir se répandent à travers la planète ? C’est ici que le savoir et les enseignements des infectiologues, après avoir été entendus, doivent être relayés et prolongés.

    Repartons des infectiologues. La multiplication des zoonoses, nous disent-ils, tient au fait que l’activité des hommes, tout spécialement les destructions effectués de plus en plus profondément au cœur des forêts, pour y déployer des activités économiques diverses, les met en contact avec des espèces animales et les foyers de virus qu’ils hébergent, pour lesquels aucune immunité n’est constituée. Plus nous détruisons l’Amazonie pour y planter du soja transgénique, plus nous déboisons les forêts de Malaisie ou d’Indonésie, demain celles du Congo, pour y implanter la monoculture de l’huile de palme, plus nous prétendons faire de la forêt brûlée du pâturage pour produire de la viande bovine, bref : plus nous détruisons d’écosystèmes, plus nous multiplions les zones de contact, plus nous ouvrons la voie et le chemin à ces zoonoses devenues le vecteur central des épidémies. Dont certaines, comme le montre le cas du SARS2, ne peuvent être stoppées, parcourent le monde et se transforment en pandémies.

    Nommons les choses par leurs noms : ces « zones de contact » multipliées désignées par les infectiologues comme les sources de nouvelles épidémies, sont le fruit d’un phénomène connu et étudié dans le détail depuis des décennies – notamment par les géographes et les économistes – et qui porte pour nom l’extractivisme.

    L’extractivisme s’entend ici comme l’ensemble des activités (et des industries qui leur servent de support) consistant à extraire, directement et en masse dans le milieu naturel et sans retour vers lui, des ressources naturelles qui ne se renouvellent pas ou peu, lentement, difficilement ou coûteusement

    Pour le dire plus complètement, l’extractivisme consiste en la destruction de la biodiversité par l’irruption de l’activité humaine dans des écosystèmes complexes et par nature fragiles, soit pour extraire une ressource déjà disponible dans l’écosystème (du bois, des ressources halieutiques en mer, du pétrole ou des gaz en milieu souterrain…), soit pour, après destruction du milieu naturel et de l’écosystème prévalent, implanter une mono-activité (huile de palme, soja le plus souvent transgénique, troupeaux d’animaux à viande…),. avec des effets de destruction souvent irréversibles sur de vastes ensembles naturels .

    L’extractivisme concerne tout à la fois des ressources naturelles « foncières » ou des ressources relevant de la biosphère, et ne cesse de s’étendre[11]

    Ainsi, avec la fonte des glaces en zone arctique, la ruée vers l’or noir présent dans les pôles menace de détruire ou de sérieusement altérer nos plus grandes et seules réserves d’eau potable, et met en danger l’espèce humaine dans son ensemble par le risque désormais avéré que la fonte des glaces jointe aux activités d’extraction de l’homme libère des ensembles de virus inconnus pour lesquels aucun système immunitaire dans le monde vivant d’aujourd’hui n’est préparé (cf. Encadré).

    L’extractivisme, précisons le, ne consiste pas en la seule activité « d ’extraction » conçue dans le sens étroit de prélèvement de ressources, car pour être efficace, ou seulement opérant, l’extractivisme suppose la mise en place de voies d’évacuation, de transport et de circulation mondialisées. L’extractivisme requiert en effet d’immenses réseaux de transports (routes, voies ferrées, canaux, pistes d’atterrissage, pipe-lines, lignes à haute tension, navires et cargos marchands spécialisés de divers types, etc.). Les confins de la planète sont ainsi reliés par ces voies de pénétration multiples – qui sont autant d’atteintes à l’intégrité des espaces naturels désormais artificialisés et implantés dans le globe.

    L’ouverture de ces routes et conduits multiples modifie totalement les données de l’exploitation des ressources naturelles là ou elles sont extraites. Ainsi, au cœur des forêts détruites et éventrées pénètrent et s’entassent des flux ininterrompus de migrants – journaliers employés par les grandes multinationales de l’extraction mis en contact avec les populations indigènes encore isolées, comme avec ces populations d’animaux qui sont les foyers d’où essaimeront et se répandront les futures zoonoses. Ce pour ne rien dire du fait que les routes et pistes forestières spécialement créées pour donner accès aux ressources naturelles en forêt, en montagne, dans la toundra ou les tourbières sont ensuite utilisées par d’autres acteurs – attirés là par les infrastructures installées, pour tenter leur chance et exploiter d’autres ressources toujours plus loin dans les béances ouvertes par les grandes exploitations multinationales.

    Ajoutons ici un dernier élément. La voracité de l’extractivisme – un phénomène ancien – est aujourd’hui décuplée et démultipliée par le niveau de puissance, sans précédent dans l’histoire de l’humanité – de la finance internationale[12]. L’avidité de la finance– le niveau de rémunération exigé par les détenteurs de capitaux et les actionnaires – le niveau de concentration du capital entre des mains restreintes (les fameux fonds de pensions et autres fonds de placement), ont atteint des proportions telles que ces nouveaux opérateurs industrialo-financiers sont capables en quelques années seulement d’imprimer des destructions irréversibles sur des espaces immenses. Que l’on songe par exemple au gaz de schiste. Lorsque, il y a quelques années, le pétrole a atteint le prix de 150 dollars le baril (en 2004), ouvrant ainsi un boulevard aux énergies vertes et renouvelables, car à ce prix tout investissement ou presque dans les énergies vertes devenait rentable, qu’ont fait la finance, les grandes banques d’affaires et les grands opérateurs de l’énergie ? Se sont-ils précipités pour – enfin – faire monter en puissance la production d’énergie verte ? Que nenni ! La finance, les grandes multinationales de l’énergie se sont précipitées sur un nouvel hydrocarbure : le gaz de schiste ! Des investissements immenses sont ainsi venus prolonger l’extractivisme « classique » des compagnies pétrolières, en l’étendant et en lui donnant un nouveau terrain de jeu presque sans limite. Ainsi, en quelques années, les États-Unis, importateurs nets d’hydrocarbures depuis des décennies, sont devenus le premier producteur mondial d’hydrocarbures et un des principaux exportateurs de la planète, le tout au prix de gigantesques nouvelles et irréversibles destructions.

    La voracité, la puissance des multinationales, appuyées sur une finance plus concentrée et plus destructrice que jamais, est ce qui caractérise la période que nous traversons.[13]. L’anthropocène, que nous avions désignée aussi sous le vocable de capitalocène défini comme l’âge dans lequel le capital et ses opérateurs (financiers comme industriels) ont pris la commande et le contrôle de l’extractivisme – a ainsi ouvert cette ère de destructions enchaînées et enchâssées les unes dans les autres, dans laquelle nous sommes aujourd’hui plongés.

    Dans ces conditions on comprend pourquoi extractivisme et zoonose(s), zoonose(s) et mondialisation sont dans une relation étroite, intime, nécessaire[14].

    Ainsi, et là est le point essentiel que nous voulions établir dans ce premier article, l’enseignement central de la crise ouverte par le SARS2 est que l’entrée dans l’anthropocène ne se manifeste plus seulement par un changement climatique dont les effets – à peine commencés – sont déjà catastrophiques. L’enseignement du SARS2 est que l’entrée dans l’anthropocène signifie aussi et tout autant l’entrée dans l’âge des zoonoses, dans l’âge de nouvelles épidémies et pandémies « émergentes » et à répétitions, celles ci pour certaines d’entre elles étant elles mêmes puissamment favorisées par le changement climatique. Zoonoses et changement climatique apparaissent ainsi comme les deux grandes menaces aujourd’hui avérées, liées à l’entrée dans l’anthropocène.

    C’est cette nouvelle situation durable qu’il faut désormais être capable de penser et pour laquelle, il faut concevoir et préparer – en matière de politiques publiques – les armes nécessaires.

    A suivre…

    Notes

    [1] C. Bonneuil « Capitalocène, réflexions sur l’échange inégal et le crime climatique ». revue EcoRev, 2017/1, n°44.

    [2] idem C. Bonneuil précise encore: «… en termes d’extinction de la biodiversité, de composition de l’atmosphère et de bien d’autres paramètres (cycle de l’azote, de l’eau, du phosphore, acidification des océans et des lacs, ressources halieutiques, déferlement d’éléments radioactifs et de molécules toxiques dans les écosystèmes…), notre planète sort depuis deux siècles, et surtout depuis 1945, de la zone de relative stabilité que fut l’Holocène pendant 11 000 ans et qui vit la naissance des civilisations. Dans l’hypothèse médiane de +4°C en 2100 (formulée par le GIEC), la Terre n’aura jamais été aussi chaude depuis 15 millions d’années. Quant à l’extinction de la biodiversité, elle s’opère actuellement à une vitesse cent à mille fois plus élevée que la moyenne géologique, du jamais vu depuis 65 millions d’années. Cela signifie que l’agir humain opère désormais en millions d’années, que l’histoire humaine, qui prétendait s’émanciper de la nature et la dominer, télescope aujourd’hui la dynamique de la Terre par le jeu de mille rétroactions. Cela implique aussi une nouvelle condition humaine : les habitants de la Terre vont avoir à faire face, dans les prochaines décennies, à des situations auxquelles le genre Homo, apparu il y a deux millions et demi d’années seulement, n’avait jusqu’ici jamais été confronté, auxquelles il n’a pas pu s’adapter biologiquement et dont il n’a pu nous transmettre une expérience par la culture. »

    [3] Les divers débats auxquels l’hypothèse de l’entrée dans l’Anthropocène a donné lieu sont précisément discutés dans C. Bonneuil et J.B Fressoz (2016) « Anthropocène. La Terre, l’histoire et nous ». On consultera aussi avec fruit Andreas Malm (2017) « L’anthropocène contre l’histoire: Le réchauffement climatique à l’ère du capital « (ed LA FABRIQUE), ainsi que Virginie Maris (2018) La part sauvage du monde – Penser la nature dans l’Anthropocène (ANTHROPOCENE) du Seuil. Des lectures complémentaires utiles sont constitués par : Campagne Armel [2017], Le capitalocène, Aux racines historiques du dérèglement climatique, Préface de Christophe Bonneuil, Paris, Éd. Divergences. ; Malm Andreas [2016], Fossil Capital : The Rise of Steam Power and the Roots of Global Warming, New York, Verso. ; Malm Andreas [2017], « Nature et société : un ancien dualisme pour une situation nouvelle », Actuel Marx, Paris, PUF, 1er semestre, p. 47-63.

    [4] La suite de cet article en présentant les formes particulières prises par l’extractivisme sous l’égide du capital et de la finance, précisera en quoi et pourquoi l’anthropocène est bien un capitalocène. Le maintien des deux notions se justifie par la relation qu’elles entretiennent entre elle. En suivant P.J Crutzen (météorologie et chimiste, rappelons le) qui le premier a proposé le terme, on posera que l’anthropocène désigne bien un âge géologique nouveau – celui dans lequel les activités et productions humaines influencent de manière décisive l’évolution des grands écosystèmes de la planète. L’expression capitalocène désigne alors quant à elle les modalités particulières – sous l’action et la domination du capital – sous lesquelles ces écosystèmes sont percutés et altérés.

    [5] Nous disons cette fois venu de Chine, car le H5N1 est né au Mexique, Ebola dans les forêts d’Afrique …

    [6] SARS-CoV-2 est l’acronyme anglais de Severe Acute Eespiratory Syndrome Coronavirus 2) . Il s’agit de la désignation officielle du coronavirus 2, exprimé en français par le sigle SRAS-CoV2, acronyme de Syndrome Respiratoire Aigu Sévère.

    [7] Le chercheur scientifique Bruno Canard s’est longuement exprimé sur ce sujet, pour regretter notamment que les travaux, qu’avec son équipe il avait engagé pour approfondir l’étude du SARS-CoV1 et tester des vaccins, avaient dû être interrompu. L’Union Européenne (comme au demeurant le CNRS et l’ANR…) sollicité pour financer la poursuite de ces travaux n’ont pas vu l’intérêt de poursuivre une recherche fondamentale sur un virus – même s’il faisait partie d’une famille – dont les effets dévastateurs annoncés, avaient somme toute été limités … Voir l’entretien donné par Bruno Canard au journal Le Monde « Face aux coronavirus, énormément de temps a été perdu pour trouver des médicaments » Le Monde, 29 Février 2020

    [8] Le coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient ou MERS-CoV (acronyme anglais de Middle East respiratory syndrome-related coronavirus, est le nom d’une variante de coronavirus hautement pathogène découvert en 2012 au Moyen-Orient, se caractérisant lui aussi par un symptôme de pneumonie aiguë, le syndrome respiratoire du Moyen-Orient.

    [9] Ainsi, un récent article de synthèse sur le sujet précise : « …60% des 1 400 agents pathogènes pour l’Homme sont d’origine animale et 75% des maladies animales émergentes peuvent se transmettre à l’Homme » Avec encore cette précision qu’« au sein des maladies émergentes, les zoonoses occupent une place particulière et leur importance tend à augmenter mécaniquement. La fréquence des maladies émergentes s’accroît depuis 1940 avec un pic dans les années quatre-vingt-dix (…). Entre 1940 et 2004, près de 330 nouvelles maladies infectieuses ont été découvertes, dont 60 % sont des zoonoses provenant à 70 % de la faune sauvage. » (Hélène Chardon, Hubert Brugère (2016) « Zoonoses au plan mondial, Enjeux et Perspectives » in La Revue Scientifique. Viandes et Produits Carnés, 13 novembre 2017.

    [10] Il semble que la première véritable zoonose pandémique (et non simplement « épidémique ») a été celle du VIH Sida, dont les travaux les plus solides rapportent l’origine à des virus présents dans des grands singes d’Afrique qui se seraient transmis à l’homme.

    [11] Il est hors de portée de cet article de proposer une « quantification » des ressources objets de l’extractivisme. A titre d’illustration et pour faire toucher du doigt l’ampleur des phénomènes concernés, indiquons à propos de la seule déforestation que selon la FAO (en charge du comptage sur ce point),16 millions d’hectares de forêts disparaissaient annuellement sur Terre. Ce qui représente l’équivalent de la surface de l’Angleterre, ou encore l’équivalent en surface de 86 % de la forêt française qui disparaît chaque année. Sont principalement visées les forêts tropicales. Selon le dernier rapport du World Ressources Institute (WRI), en 2018, près de 12 millions d’hectares de forêts tropicales ont disparu. Ce chiffre est en augmentation constante

    [12] Alimenté et soutenu par la finance et la banque, l’extractivisme dans les dernières décennies a démultiplié ses champs d’opération. C’est ainsi qu’il se déploie désormais dans des domaines tels que :

    – les ressources en eaux souterraines et superficielles (eaux minérales y compris)

    – les ressources minières, pétrolières, gazière (gaz de schiste et de souche y compris),

    – les ressources minérales (graviers, sable, pierre, argile…) et en métaux et métalloïdes (sous forme de nodules polymétalliques en mer),

    – les ressources forestières (notamment en forêt tropicale et tout particulièrement en Amazonie), etc.

    Le plus souvent un même milieu est soumis à plusieurs formes d’extractivisme qui vont cumuler leurs effets négatifs. Ainsi, par exemple, dans de nombreuses forêts tropicales l’extractivisme végétal (tourné vers l’exploitation d’une ressource particulière) voit ses effets écologiques, sanitaires et sociaux exacerbés par la collecte intensive de viande de brousse, l’orpaillage ou d’autres activités minières, pétrolières ou gazières qui en général se développent autour de l’activité d’extraction initiale.

    [13] Ce point est rappelé avec force par C. Bonneuil (2017) dans un article spécialement consacré à ce sujet, dans lequel il est rappelé notamment que « Si toute l’activité humaine transforme l’environnement, les impacts sont inégalement distribués. 90 entreprises sont à elles seules sont responsables de plus de 63 % des émissions mondiales de gaz à effets de serre ». Sur ce thème, voir aussi le récent ouvrage de J.-M. Harribey (2020), Le Trou noir du Capitalisme, ed Du Bord de l’Eau

    [14] Sur les formes destructrices prises par la mondialisation libérale (au-delà du seul extractivisme) et le sens qu’ y revêt la pandémie du Covid, voir l’analyse proposée par L. Charles : « Le Covid-19, révélateur des contradictions de la mondialisation néolibérale ». Note des Economistes Atterrés, mise en ligne sur le site des EA le 23 Mars 2020.

    Source : Blogs Mediapart

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  • L'endettement des entreprises privées et le risque de crise systémique

     

     

    Lundi 04 Mai 2020

    Cette note a été réalisée en collaboration avec Esther Regnier, Université de Bretagne occidentale.

    Depuis la survenue de la crise sanitaire du Covid-19, il est vite apparu que cette pandémie mondiale laisserait dans son sillage une récession économique. Fort de ce constat inquiétant, un certain nombre de commentateurs n’ont pu s’empêcher de mettre en parallèle cette crise économique avec celle de 2008.  Ces deux crises, bien que différentes dans leur origine, se traduisent par des manifestations à l’échelle mondiale, endogènes au fonctionnement de notre modèle économique. La crise de 2008 émane de la dérégulation de la sphère bancaire et financière et se propage à la sphère réelle par une crise de demande au niveau mondial ; la crise du Covid-19, d’abord sanitaire, s’est rapidement transformée en crise économique du fait du confinement des consommateurs et des travailleurs et de l’interdépendance des chaînes de production induite par la mondialisation actuelle.

    Entre la crise de 2008 et aujourd’hui, nombre de spécialistes avaient pointé les risques de gonflement d’une bulle de l’endettement privé et en premier lieu de celui des entreprises. Cet emballement de l’endettement des entreprises privées a été largement encouragé par les politiques de sortie de crise menées par les gouvernements et les banques centrales à travers le monde.

    L’équilibre fragile de la stabilité économique et financière de nos économies mondialisées s’est trouvé bousculé par la crise du Covid-19 qui opère comme un accélérateur de contradictions. Dès lors, il convient de prendre en compte le risque d’une crise systémique liée à l’explosion de la bulle de l’endettement privé Et de ne pas attribuer à la crise sanitaire l’entière responsabilité de la fragilité du tissu entrepreneurial et financier de l’après crise.

    Par cette note, nous souhaitons mettre en avant l’endettement grandissant des entreprises privées, qui a démarré bien avant la crise du Covid-19. Nécessaire pour assurer l’investissement productif ou la trésorerie, la dette des entreprises revêt un caractère risqué lorsqu’elle n’est pas soutenue par la création de valeur permettant de la rembourser. En outre, nous pointons plusieurs facteurs qui ont contribué à augmenter les risques pris par les investisseurs et les entreprises en lien avec cet endettement. Avec la crise économique qui s’annonce, nous montrons enfin que cette bulle de l’endettement des entreprises pourrait exploser, entrainant dans son sillage l’ensemble du système économique et financier.

    Pour lire la note dans son intégralité, téléchargez le PDF ci-dessous.

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  • 16/05/2020 à 19h07

    Biophytis veut éviter le passage en réanimation grâce à son traitement Sarconeos
     
    Biophytis veut éviter le passage en réanimation grâce à son traitement Sarconeos - AFP
     
     

    Depuis le début de l'épidémie, le coronavirus a fait 27.625 morts en France, dont 96 décès supplémentaires au cours des dernières 24 heures. Mais la pression exercée sur les services hospitaliers continue de s'alléger.

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    • Coronavirus : Derichebourg Aeronautics Services envisage de supprimer 700 emplois

       

       

       
       

      Le sous-traitant aéronautique, dont les techniciens travaillent sur les chaînes de montage d’Airbus et de Dassault, a indiqué aux représentants du personnel qu’il va devoir supprimer 700 des 1.700 salariés. La direction veut négocier un accord de performance collective pour alléger le plan social, une proposition qui divise les syndicats.

      La baisse d’activité d’Airbus et ses projets de restructuration conduisent ses sous-traitants à réduire la voilure. (Lydie LECARPENTIER/REA)

      Le sous-traitant d’Airbus Derichebourg Aeronautics Services à Blagnac (Haute-Garonne) a évoqué le 6 mai devant les délégués du personnel un futur plan de suppression de 700 emplois parmi ses 1.700 salariés en France (2.100 dans le monde), qui interviendra cet été ou en septembre. « La direction nous a alors proposé de négocier un accord de performance collective pour réduire le plan de sauvegarde de l’emploi », indique Jean-Marc Moreau, secrétaire du syndicat FO de l’entreprise.

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      Cette filiale du groupe Derichebourg (36.000 personnes) emploie 900 salariés dans l’agglomération toulousaine, les autres à Saint-Nazaire et Marseille notamment. Environ 90 % de l’effectif travaillent sur les chaînes d’avions et d’hélicoptères d’Airbus, les autres chez Dassault, etc. Ce sont des inspecteurs qualité et des techniciens de montage, de support logistique et technique, etc. Avec la crise sanitaire et économique, 43 % des salariés sont en activité (850 au chômage partiel) et la direction espère remonter à 55 % dans les prochains mois. Pas davantage toutefois car Airbus a diminué ses cadences d’un tiers et va internaliser des activités.

      Derichebourg Aeronautics Services a organisé un comité social et économique (CSE) le 11 mai pour ouvrir les négociations sur un accord de performance collective. Parmi les pistes de discussion, la direction a évoqué le 13e mois et la perte de l’indemnité de transport ou du panier repas. Seul le syndicat FO, majoritaire avec 55 % des voix, a accepté le principe d’un tel accord, tout en demandant une expertise avant d’en négocier le contenu. La CFE-CGC et l’Unsa Aérien se sont prononcés contre. « Le président Pascal Lannette a dit que dans tous les cas il y aura un plan de sauvegarde de l’emploi, nous refusons donc de perdre des acquis sociaux, affirme Philippe Faucard, délégué syndical Unsa Aérien. La direction nous propose de perdre 8 à 10 % de salaire pour montrer à Airbus qu’elle baisse ses coûts. C’est assez surprenant d’en arriver là au bout de deux mois alors que nous percevons les aides de l’Etat et que Derichebourg est un grand groupe coté en Bourse. »

      Pour FO, en revanche, un accord de performance collective doit permettre de sauver des emplois. « Nous n’avons encore rien signé, prévient Jean-Marc Moreau. Je ne suis pas pour la perte du 13e mois ni pour faire des salariés pauvres, sinon on ne signera pas. Mais refuser la discussion et partir directement sur un PSE, c’est perdre toute chance de sauver des emplois. Et après le PSE, il y a aussi le risque d’un dépôt de bilan… »

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      Source: https://www.lesechos.fr/pme-regions/occitanie/coronavirus-derichebourg-aeronautics-services-envisage-de-supprimer-700-emplois-1202899

      Airbus, Restructuring, Guillaume Faury

      World news – FR – Coronavirus : Derichebourg Aeronautics Services envisage de supprimer 700 emplois

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    • Dictature patronale

      L’assemblée vote la précarisation des CDD et intérim sous prétexte de lutte contre le Covid

      Dans le cadre du projet de loi « portant diverses dispositions urgentes face à l’épidémie de Covid-19 », l'Assemblée Nationale a voté ce vendredi la possibilité de déroger aux règles de renouvellement des CDD et intérim jusqu'à fin 2020. Un pas de plus vers la dictature patronale sous prétexte de lutte contre le coronavirus.

      vendredi 15 mai

       

      Muriel Pénicaud, ministre du Travail. Crédit photo : Arnaud Journois

       

      Depuis le début de la crise sanitaire, le gouvernement n’a cessé de faire des cadeaux au patronat pour limiter la perte de profits : versement de 100 milliards d’euros pour sauver les entreprises, chômage partiel pris en charge par l’État, augmentation du temps de travail et attaque des congés payés prévues par la loi d’état d’urgence sanitaire...Une fois de plus, les victimes de la crise sanitaire et économique sont les salariés et les plus précaires, transformés en une variable d’ajustement face à la crise.

       

      Ce vendredi, les députés ont voté de nouveaux textes pour faciliter le renouvellement des CDD et de l’intérim pendant la période de crise. Ces textes prévoient l’assouplissement de l’encadrement juridique du recours aux CDD et aux intérimaires. Si aujourd’hui, les contrats précaires sont dans une certaine mesure encadrés par la loi, ces nouveaux textes viennent faciliter la tâche au patronat en lui permettant de disposer plus facilement d’une main d’œuvre flexible. Jusqu’à présent, les CDD ne pouvaient être renouvelés que deux fois, et pour une durée maximale de 18 mois dans la plupart des cas. Avec l’adoption de ce projet de loi, le recours aux contrats précaires est grandement facilité pour les patrons : selon Médiapart, une simple « convention d’entreprise » pourra fixer « le nombre maximal de renouvellements possibles pour un contrat de travail à durée déterminée » et « fixer les modalités de calcul du délai de carence entre deux contrats ».

       

      Ainsi, le gouvernement précarise encore plus les CDD et les intérimaires. Encore une fois, ce sont les plus précaires qui vont payer la crise économique qui se profile, ces mêmes travailleurs précaires qui ont été en première ligne face au virus depuis le début de la crise sanitaire. Ce sont en premier lieu des salariés en contrats courts, partiels ou intérimaires, qui, pour certains, ont connu une surcharge de travail durant le confinement - livreurs, caissières, auxiliaires de vie et aides soignantes… - et qui, pour d’autres, ont vu leurs contrats prendre brutalement fin. Pour adapter la main d’œuvre aux besoins du patronat, ce sont ainsi 49% des CDD qui n’ont pas été renouvelés.

       

      Si Muriel Pénicaud a souligné que cette « mesure n’existe que jusqu’au 31 décembre », elle pourrait bien être renouvelée et inscrite définitivement dans la loi, comme l’a été l’état d’urgence. Nous devons refuser que les précaires jouent le rôle, de manière temporaire ou non, de variable d’ajustement pour sauver et maximiser les profits du patronat. Avec la mise en place de ces nouvelles mesures, ce sont les femmes, les jeunes et les immigrés, ceux qui sont le plus concernés par les contrats précaires, qui vont être touchés. La première revendication dont devraient se saisir les travailleurs est l’interdiction des licenciements et le partage du travail entre toutes et tous avec maintien du salaire.

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    • Aide aux migrants: la relaxe de Cédric Herrou consacre le principe de fraternité

       

       
      AFP
      il y a 2 jours

      Cedric Herrou, le 8 août 2017 à Aix-en-Provence  

      © boris HORVAT Cedric Herrou, le 8 août 2017 à Aix-en-Provence

      "On a réussi à voir, enfin, ce qu'était la fraternité" : après trois procès et une saisine du Conseil constitutionnel, Cédric Herrou, symbole de l'aide aux migrants, a été relaxé mercredi par la cour d'appel de Lyon.

       

       

       

      "Je ne vois pas comment ils pouvaient me condamner. C'est l'État qui avait fait des actions totalement illégales", a déclaré à l'AFP l'agriculteur militant de la vallée de la Roya, à la frontière franco-italienne, joint par téléphone.

      Le Conseil constitutionnel avait ouvert la voie aux juges lyonnais en affirmant "la liberté d'aider autrui dans un but humanitaire", dans une décision historique du 6 juillet 2018 qui avait conduit la Cour de cassation à annuler une condamnation de M. Herrou et ordonner qu'il soit rejugé.

      "C'est le triomphe de la raison et du droit", s'est félicitée Me Sabrina Goldman, avocate du prévenu, à l'annonce de la décision.

      M. Herrou était poursuivi pour "aide à l'entrée, à la circulation et au séjour irrégulier d'étrangers en France" - quelque 200 migrants, principalement érythréens et soudanais, convoyés en 2016 d'Italie jusque chez lui.

      Depuis des mois, avec d'autres, il alertait les autorités sur des centaines de personnes bloquées dans la vallée de la Roya par le rétablissement des contrôles frontaliers, et empêchées ainsi de déposer une demande d'asile à Nice.

      Un collectif d'habitants et d'associations décidait alors d'ouvrir un lieu accueil dans une colonie de vacances désaffectée de la SNCF. Après trois jours d'occupation de ce "squat des Lucioles", M. Herrou était arrêté en octobre 2016 avec trois autres personnes et placé en garde à vue.

      Condamné à une amende en première instance à Nice début 2017, puis à quatre mois de prison avec sursis en appel à Aix-en-Provence, l'agriculteur avait saisi les Sages, via deux questions prioritaires de constitutionnalité, sur le "délit de solidarité" dont il s'estimait victime.

      "Une aide désintéressée aux migrants, qu'elle soit individuelle ou +militante+ et organisée, ne doit pas être poursuivie", tranchait alors le Conseil constitutionnel, affirmant "la liberté d'aider autrui, dans un but humanitaire, sans considération de la régularité de son séjour sur le territoire national".

      - "Acharnement" -

      Fin 2018, la Cour de cassation retenait ce "principe de fraternité" pour annuler la condamnation de M. Herrou et ordonner un nouveau procès devant la cour d'appel de Lyon.

      Mais la position adoptée par les Sages et la plus haute instance judiciaire n'a pas empêché le parquet général, le 11 mars dernier à l'audience, de réclamer "huit à dix mois" de prison avec sursis, soit la peine la plus lourde jamais requise à l'encontre du prévenu - huit seulement l'avaient été jusque-là.

      Cédric Herrou devant le tribunal correctionnel de Lyon, le 11 mars 2020  

      © PHILIPPE DESMAZES Cédric Herrou devant le tribunal correctionnel de Lyon, le 11 mars 2020

      Pour l'avocat général Fabrice Tremel, l'action du prévenu "n'avait pas un but exclusivement humanitaire mais une revendication idéologique, militante". "L'immunité ne peut pas s'appliquer" dans son cas; "il a fait le choix d'être, au sens propre du terme, un hors-la-loi", martelait le magistrat.

      La cour d'appel ne l'a pas suivi, l'agriculteur étant "renvoyé de toutes les poursuites" engagées à son encontre. Les juges l'ont également dispensé de peine pour avoir occupé sans autorisation les locaux abandonnés de la SNCF. Ces faits-là n'étaient pas contestés dans le pourvoi.

      La défense a accueilli l'arrêt de la cour d'appel avec "un vrai soulagement", en regrettant qu'il ait fallu plus de trois ans de procédure pour obtenir gain de cause.

      "Pourquoi s'acharner sur quelqu'un qui n'a fait qu'aider ? Comment considérer ce qu'il a fait autrement qu'une action humanitaire ?", déplore Me Goldman, en voyant dans les dernières réquisitions du parquet général la preuve d'un "acharnement consternant" aux dépens de Cédric Herrou.

      "En me relaxant, la justice condamne en fait l'État. N'y a-t-il pas eu, à un moment, un harcèlement ?", s'interroge de même l'agriculteur.

      ppy-cha/fga/pb

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    • Technologie

      Coronavirus : en Isère, une entreprise invente une toile virucide

      VU DANS LA PRESSE - Une entreprise iséroise a mis au point un procédé à base de particules d'argent qui fait disparaître le virus. 95% du coronavirus est détruit en 15 minutes et près de 99.5% en 1h. Sous forme de toile, il peut être utilisé sur toutes les surfaces.

      Le coronavirus étudié au microscope électronique. Le coronavirus étudié au microscope électronique. Crédit : AFP
      Camille Descroix Camille Descroix

      Une innovation pour éradiquer la Covid-19 ? Le groupe Serge Ferrari, spécialisé dans la fabrication de toiles composites pour l'architecture, a annoncé avoir créé une membrane composite à base de particules d'argent qui détruit le coronavirus.

      Cette toile, qui peut être utilisée sur de nombreuses surfaces comme les tables ou les bureaux, permettrait de limiter considérablement la propagation du virus dans des lieux très fréquentés comme les transports et les centres commerciaux, rapporte Le Parisien.

      "Lorsque le confinement a commencé, nous avons mobilisé une dizaine de chercheurs de notre groupe, sur notre site isérois mais aussi en Suisse, à Eglisau, au nord de Zurich. Nous voulions apporter notre contribution à la lutte contre le virus en nous appuyant sur notre savoir-faire", a expliqué Philippe Espiard, directeur du service recherche et développement de Serge Ferrari, à nos confrères.

      Un procédé à base d'argent testé et validé

      "Pour ce travail sur le coronavirus, nous connaissions les propriétés antivirales de l'argent, mises en lumière par le milieu médical. Nous avons donc intégré des particules d'argent dans nos membranes pour les rendre virucides", explique Philippe Espiard. Cette innovation a été testée par un laboratoire lyonnais indépendant, Vir­Health, et a démontré son efficacité."

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