Le 1er décembre 2018 à Narbonne, environ 200 personnes s’étaient retrouvées au niveau d’une barrière de péage qui avait été incendiée. La tension était montée au cours de la nuit et des cocktails Molotov" avaient été jetés en direction des gendarmes,

Il y a tout juste un an, au début du mouvement des gilets jaunes, une barrière de péage d’autoroute et un peloton de gendarmerie étaient incendiés près de Narbonne : 31 personnes, dont deux en détention provisoire, sont jugées à partir de lundi.

Les 28 hommes et trois femmes se succéderont pendant deux semaines à la barre du tribunal de Narbonne, face aux 48 parties civiles, dont une majorité de gendarmes, et la société Vinci Autoroutes. Ils devront répondre de plusieurs chefs, notamment celui de « violences volontaires sur personnes dépositaires de l’autorité publique » mais aussi, pour certains, de vols et recels. 

Le 1er décembre 2018, lors de l’acte III des gilets jaunes, le mouvement social connaît un regain de tension partout en France et certaines manifestations dégénèrent, notamment à Paris avec des scènes de guérilla urbaine autour des Champs-Elysées. 

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Ce soir-là, à Narbonne, et en marge de la manifestation des gilets jaunes dans cette ville fortement mobilisée comme beaucoup d’autres dans le Sud, environ 200 personnes se retrouvent au niveau de la barrière de péage de Narbonne Sud, qui est incendiée. La tension monte au cours de la nuit, « des cocktails Molotov » sont jetés en direction des gendarmes, appelés pour « protéger l’intervention des pompiers » qui tentaient d’éteindre l’incendie, selon le parquet. 

Les installations militaires du peloton d’autoroute de Narbonne et les locaux de Vinci sont dégradés et incendiés, ainsi que des véhicules. « Compte tenu de la violence des actes commis (…) et des menaces », les gendarmes ont dû être évacués. Du matériel et des tenues de gendarmes ont par ailleurs été volés, précise le parquet.

« Procès exceptionnel »

Le traitement judiciaire de ce dossier interroge : « Ca a été une instruction éclair », estime Me Sylvie Ferval, l’avocate d’un des deux prévenus en détention provisoire, affirmant qu’il y a « des consignes pour régler au plus vite ce genre d’événement ». 

Me Stéphane Cabée, ancien bâtonnier de Carcassonne et avocat d’un autre prévenu, parle, lui, d’un « objectif de rentabilité ».

« Ils ont limité (les personnes mises en cause) à 32, très bien, mais en l’occurrence ils n’étaient pas 32, mais des dizaines et des dizaines », dit-il.
Le 32e prévenu dans cette affaire étant mineur, il sera jugé séparément par le tribunal pour enfants, à une autre date.

Me Cabée parle d’un « procès exceptionnel, car (il y a a) beaucoup de prévenus, beaucoup d’avocats, pas mal de parties civiles, le tout dans un contexte tout à fait exceptionnel » du mouvement des « gilets jaunes ». 

Un collectif de gilets jaunes a appelé à un rassemblement devant le tribunal de grande instance à partir de lundi et « tous les jours du procès ». 

« Tant que l’un ou l’une d’entre nous sera inculpé, nous ne rentrerons pas chez nous! (…) Nous nous sommes levés contre la vie chère et contre la dégradation de nos conditions de vie. (…) peu importe quelle est la main qui a allumé la mèche, ces actions sont celles d’un mouvement social collectif ». 

Dans l’Aude, où le chômage touche près de 16% de la population active et 20 % des ménages vivent sous le seuil de pauvreté (2015).
Les peines encourues sont très variables selon les prévenus, mais certains risquent jusqu’à 10 ans d’emprisonnement et des amendes de plusieurs milliers d’euros.

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