• Municipales 2020: les dessous de la stratégie parisienne de Bayrou

    Billard à trois bandes

    Municipales 2020: les dessous de la stratégie parisienne de Bayrou

    Ni soutien à Griveaux, ni soutien à Villani, et même proclamation de la nécessité d’un plan B... Le patron du MoDem fait enrager les macronistes. Il rêve à la fois de sortir Hidalgo et d’apparaître en faiseur de roi

    A Paris, la députée Marielle de Sarnez, acolyte de toujours de François Bayrou, est à la manœuvre en vue des élections municipales.
    A Paris, la députée Marielle de Sarnez, acolyte de toujours de François Bayrou, est à la manœuvre en vue des élections municipales.
    © Sipa Press

    Le MoDem a désigné mardi soir une nouvelle série de 41 chefs de file et accordé son soutien à 100 candidats aux élections municipales de mars prochain. Mais le nœud parisien bloque le reste des discussions.

    Ouvrir plusieurs portes à la fois, créer un rapport de force, instaurer un suspense. En termes de stratégie politique, François Bayrou est un expert. Le président du MoDem sait parfaitement manier le chaud et le froid. Un froid, il en a jeté un glacial en affirmant, le 28 octobre sur France inter, qu’il fallait un plan B – Agnès Buzyn ou Jean-Louis Borloo – pour mettre fin au duel fratricide qui oppose, chez LREM à Paris, Benjamin Griveaux à Cédric Villani.

    Depuis, les relations entre le parti présidentiel et son principal allié sont crispées. Au cœur des tensions notamment, ce sondage qui a circulé sous les manteaux macronistes pour tester les candidatures d’Agnès Buzyn et de Jean-Louis Borloo dans la capitale. Toute La République en marche désigne François Bayrou comme le commanditaire. Le parti a saisi la commission des sondages, estimant que cette enquête d’opinion n’avait pas été réalisée dans les règles de l’art. Si les résultats n’ont, eux, jamais fuité, faut-il penser qu’ils ne sont favorables à aucun des deux plans B ? « On a tout le temps de les faire sortir », sourit un membre du MoDem.

    L’idée d’un plan B, le chef de file centriste l’avait en tête depuis plusieurs semaines. « Griveaux, il n’y a jamais cru et Villani, il n’y croit plus non plus », résume l’un de ses proches. « Il faut le rassemblement le plus large possible de ceux qui veulent changer en profondeur la gouvernance de Paris, d’une droite républicaine jusqu’au centre gauche en passant par le centre », plaide la députée de Paris, Marielle de Sarnez. En première ligne dans la capitale, elle jure parler avec tout le monde.

    « Possibilité ». Le feeling entre le maire de Pau et Benjamin Griveaux n’a jamais existé. « Bayrou le déteste », cingle-t-on chez LREM. Plusieurs cadres du MoDem sont plus cléments à l’endroit du candidat investi par En Marche. Mais les intuitions politiques du Béarnais ne sont pas toujours simples à contrecarrer, et l’UDI avait officialisé dès la rentrée son soutien à l’ancien porte-parole du gouvernement – or le parti de Jean-Christophe Lagarde fait toujours figure de repoussoir pour le patron centriste. « C’est la théorie des dernières ruptures amoureuses : la dernière rupture dans le temps est toujours la plus douloureuse même si ce n’est pas le cas. Bayrou a une dent plus dure contre Griveaux parce qu’il a dealé avec l’UDI avant de parler avec le MoDem », décrypte un marcheur parisien.

    Alors l’équipe de Cédric Villani met tout en œuvre pour convaincre les troupes centristes de rallier le mathématicien, passé par les rangs du MoDem lyonnais durant le quinquennat Sarkozy. François Bayrou continue de se poser la question de rejoindre ou non le médaillé Fields. « C’est une possibilité », affirme un proche. Les militants centristes restent très partagés.

    Derrière la détermination de Bayrou à mettre un coup de pied dans la fourmilière parisienne, il faut aussi voir son envie d’en finir avec l’ère Hidalgo. Entre eux, le passif est lourd. Matthieu Lamarre, ancien assistant MoDem parti ensuite au sein de l’équipe de communication de la maire de Paris, n’est-il pas l’un de ceux par qui l’affaire des assistants parlementaires européen – dans laquelle François Bayrou et Marielle de Sarnez seront convoqués le 6 décembre, selon Le Monde, en vue d’une mise en examen – est arrivée ? « François Bayrou a une haine envers Anne Hidalgo », assure un parlementaire centriste.

    Imprimatur. Désavouer publiquement le choix de LREM dans la capitale, c’est aussi une manière pour le principal allié de la macronie de se rappeler à son bon souvenir. « Il y a une volonté chez François Bayrou de montrer au Président qu’il doit être mieux traité », considère un membre influent de la majorité. Certains marcheurs le soupçonnent de poser là les jalons d’une négociation au niveau national.

    A Lyon, face au président de la métropole, David Kimelfeld, le MoDem soutient Gérard Collomb, proche de longue date de François Bayrou, et dont l’une des adjointes est la MoDem Fouziya Bouzerda. A Bordeaux, LREM a investi Thomas Cazenave, proche de Macron, alors que la ville est dirigée par l’héritier d’Alain Juppé, Nicolas Florian, dont le premier adjoint est aussi MoDem. « François Bayrou ne l’a jamais digéré », analyse un soutien de Benjamin Griveaux. Le problème, c’est que le nœud parisien bloque le reste des discussions. « Il faut que Paris se décante sinon ça n’avancera pas », regrette l’un des négociateurs centristes.

    Plus le temps passe, plus la situation semble insoluble. Les candidats ont jusqu’en février 2020 pour déposer leurs listes. Le MoDem ne devrait pas dégainer son soutien à quiconque avant le mois de janvier. Patienter pour mieux peser ? François Bayrou a un sens certain du timing. « Il cherche à être un faiseur de roi et apparaître comme celui qui trouve la porte de sortie », analyse l’un de ses proches. « Il est dans une logique de terre brûlée en signifiant qu’il donnera son imprimatur au dernier moment », anticipe-t-on à LREM. François Bayrou attend aussi d’y voir plus clair dans le jeu d’Emmanuel Macron. « Griveaux, je n’y crois plus, et Villani, je n’y crois pas encore  », a récemment confié en petit comité le Président, comme le rapportait l’Opinion.

    Le centriste pourrait-il finir par soutenir l’un des deux marcheurs en lice ? « Ce qu’il a dit est une fin de non-recevoir. Il est arrivé à un point de non-retour », tranche un cadre LREM. Mais il n’est pas si rare de voir le Béarnais changer d’avis. « Emmanuel Macron est le candidat des forces de l’argent », avait-il mitraillé en septembre 2016, cinq mois avant de le rejoindre.

    « François Bayrou mis en examen Une importante fuite de données révèle des secrets des gens ultra-riches cachant leurs fortunes dans des paradis fiscaux »
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