• Kim Jong-un : le dirigeant nord-coréen est-il mort après une chirurgie cardiaque ?

     

     
    , Mis à jour le 26/04/20 15:44

     

    Kim Jong-un : le dirigeant nord-coréen est-il mort après une chirurgie cardiaque ? Après l'annonce de la mort de Kim Jong-un par plusieurs médias asiatiques ce samedi 25 avril, le flou règne autour du véritable état de santé du dirigeant de la Corée du Nord. Si les autorités ne confirment pas, les Etats-Unis dévoilent des photos d'un train qui alimentent le doute.

    [Mis à jour le 26 avril 2020 à 15h44] Depuis l'annonce du décès de Kim-Jong un ce samedi, aucun élément probant peut confirmer cette folle rumeur. Pourtant certains spécialistes l'affirment, le dictateur nord-coréen serait "pratiquement mort", c'est à dire qu'il serait dans un état végétatif à la suite d'une opération cardiaque.

    Aux Etats-Unis, l'information n'a pas été confirmée, CNN rapportait il y a quelques jours, en citant un responsable américain, que Washington "étudiait des informations" selon lesquelles Kim Jong Un était "en danger grave après une opération chirurgicale".  Donald Trump avait d'ailleurs balayé la rumeur selon laquelle l'état de santé de M.Kim était en train de se dégrader en qualifiant ces informations "d'erronées". Du côté de la Corée du Sud, même son de cloche, le pays par ses représentants, indique que le "leader pourrait être en tournée régionale". Ce samedi, le site 38 North alimente les spéculations en publiant des photos satellites du train spécial du dirigeant qui était stationné du 21 au 23 avril dans cette station balnéaire. "La présence du train ne prouve pas où se trouve le dirigeant nord-coréen et n'indique rien sur sa santé, mais elle donne du poids aux affirmations selon lesquelles il séjourne dans une zone réservée à l'élite sur la côte est du pays" indique néanmoins le site.

    Malgré tout, le leader de la Corée du Nord n'est plus apparu pour des interventions publiques depuis le 11 avril, ce qui alimente les spéculations sur son état de santé. Kim Jong-un n'a pas participé au traditionnel hommage rendu pour l'anniversaire, le 15 avril, de son grand-père Kim Il-sung, ni aux cérémonies du 25 avril célébrant la création de l'armée du peuple. Pour contrer les rumeurs, le quotidien nord-coréen Rodong Sinmun a annoncé ce samedi 26 avril, qu'il avait adressé un message de félicitations aux travailleurs de Samjiyong. A Hongkong, la question ne se pose plus et l'annonce de sa mort a été faite, après avoir indiqué que la Chine avait envoyé des médecins en Corée du Nord. Sa directrice adjointe, Qin Feng, a également rappelé que Pyongyang avait mis deux jours (51 heures exactement) avant d'annoncer officiellement la mort de son père, Kim Jong-il, en 2011.

    L'état de santé Kim Jong-un ne cesse d'alimenter les rumeurs depuis mardi dernier, alors que l'information selon laquelle le dirigeant nord-coréen aurait été opéré et se trouverait dans un état de santé préoccupant se diffuse. Samedi 25 avril, plusieurs médias en Chine et au Japon ont annoncé le décès du dictateur de 36 ans, qui règne d'une main de fer sur la Corée du Nord depuis décembre 2011. Kim Jong-un serait mort ou se trouverait sur son lit de mort, sans espoir de récupération, alors que cette semaine, la Chine a envoyé une équipe médicale chez ses voisins communistes pour vérifier l'état de santé du dirigeant et le conseiller. "Une délégation médicale chinoise menée par un haut représentant du département de liaison internationale du Parti communiste chinois (PCC) aurait quitté Pékin jeudi pour la Corée du Nord, afin de porter conseil à Kim Jong-un", rapportait Le Monde vendredi. C'est cette délégation qui aurait indirectement laissé fuiter l'information du décès du "leader suprême". La dirigeante d'une chaîne d'information de Hong Kong, proche d'un ministre chinois, a en effet annoncé que le chef d'Etat nord-coréen était mort. Cette dernière a posté une vidéo sur le réseau social chinois Weibo, citant une "source très solide".

    De son côté, le magazine japonais Shukan Gendai rapportait vendredi 24 avril que Kim Jong-un était dans un état "végétatif" après l'échec d'une intervention chirurgicale. Le même journal, qui citait un expert médical chinois, rapportait que Kim Jong-un aurait été victime d'un malaise au début du mois d'avril et qu'il avait besoin d'une endoprothèse, typique du traitement d'un anévrisme. Manifestement, l'opération n'aurait pas été faite assez rapidement ou aurait été  "bâclée", certains rapports indiquant que le chirurgien "avait les mains tremblantes". Mais ces informations sont à prendre avec des pincettes. Une source basée en Corée du Sud a déclaré, ce même vendredi 24 avril, que Kim Jong-un était en vie et apparaîtrait bientôt en public.

    Kim Jong-un bientôt remplacé par sa soeur Kim Yo-jong ?

    L'absence de Kim Jong-un depuis plusieurs semaines a alimenté les spéculations sur son état de santé. Il y a environ une semaine, CNN, qui citait un responsable américain, assurait que Washington étudiait "des informations" selon lesquelles le dirigeant était en "grave danger après une opération chirurgicale". Certaines rumeurs laissaient entendre que la soeur du dirigeant nord-coréen, Kim Yo-jong, pourrait être en train de se préparer à le remplacer en tant que chef suprême. Des rapports disent qu'elle a récemment été promue à un poste de pouvoir important.

    L'opacité propre à la Corée du Nord et à ses dirigeants alimente inévitablement les fantasmes. Néanmoins, plusieurs signes alertent. Le 15 avril dernier, lors des célébrations du 108e anniversaire de la naissance du fondateur du régime, son grand-père Kim Il-sung, Kim Jong-un a brillé par son absence des photos officielles, alors qu'il s'agit, et de loin, de l'événement le plus important inscrit au calendrier politique local. Une absence remarquée, mais les spéculations sur l'état de santé du leader de 36 ans ont réellement pris de l'ampleur après que Daily NK, un média en ligne géré par des Nord-Coréens ayant fait défection du régime, a assuré que Kim Jung-un avait été opéré tout dernièrement pour des problèmes cardio-vasculaires.

    Le site a ajouté qu'il était en convalescence dans une villa dans la province de Phyongan, dans le centre du pays, évoquant des problèmes de santé liés au "tabagisme excessif", à l'"obésité" et à la "fatigue" du dirigeant suprême. Il convient de préciser que ces informations n'ont pas été confirmées.

    La Corée du Sud reste prudente

    La Corée du Sud voisine et ennemie historique de Pyongyang a fait part de ses doutes face à ces spéculations. "Nous n'avons rien à confirmer et aucun mouvement particulier n'a été détecté en Corée du Nord", a déclaré dans un communiqué un porte-parole de la présidence sud-coréenne. La prudence est donc de mise, surtout qu'il ne s'agit pas de la première fois qu'une absence publique de Kim Jung-un alimente la rumeur.

    Partager via Gmail

    votre commentaire
  • Etats-Unis: le Sénat s’oppose à verser des aides financières immédiates aux Etats américains

    Les gouverneurs exhortent le Congrès à débloquer 500 milliards de dollars pour les Etats. Le sénateur Mitch McConnell préférerait qu’ils se déclarent en faillite

    Le Capitole, siège du Congrès américain.
    Le Capitole, siège du Congrès américain.
    © Sipa Press

    Où qu’ils se trouvent sur la carte, les Etats américains voient leurs perspectives financières se dégrader en raison du coronavirus et de son impact sur l’activité... sans réellement voir d’aide fédérale poindre à l’horizon.

    Jeudi, les membres de la Chambre des représentants ont voté un nouveau train de mesures, mais aucune aide directe aux Etats. D’un montant de 484 milliards de dollars, le plan (qui avait été approuvé mardi par le Sénat) vient renflouer deux programmes d’aide aux petites entreprises, apporte une assistance supplémentaire aux hôpitaux et prévoit un accroissement des capacités nationales de dépistage.

    Les Etats, eux, dépensent sans compter pour enrayer la crise sanitaire au moment où leurs recettes fiscales s’effondrent en raison du confinement et de la fermeture des entreprises. Certains gouverneurs ont d’ailleurs déjà suspendu ou annulé des milliards de dollars de dépenses.

    Tous exhortent le Congrès à débloquer 500 milliards de dollars pour compenser l’argent qui ne rentre plus dans leurs caisses. La National Governors Association, qui regroupe des gouverneurs des deux grandes familles politiques, souhaite aussi que le Congrès participe au financement des frais de santé, des allocations-chômage et de l’approvisionnement en tests et équipements de protection.

    Des espoirs douchés, cette semaine, par Mitch McConnell, leader de la majorité républicaine au Sénat. L’élu du Kentucky a dit préférer que les Etats se placent sous la protection de la loi sur les faillites pour réduire leurs dettes plutôt que leur fournir davantage d’aide fédérale.

    Il y a fort à parier que le soutien financier aux Etats et aux collectivités locales animera les débats au Capitole lors de l’examen du prochain plan de relance, début mai. Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants, a déclaré que les démocrates militeraient pour une augmentation des dotations aux collectivités locales.

    Mitch McConnell, lui, a affirmé qu’il ne voulait pas subventionner des engagements de cotisations retraites qui datent d’avant la crise du coronavirus. Ces montants, que le sénateur juge élevés, ont souvent été négociés il y a plusieurs années par les gouverneurs et les syndicats de fonctionnaires.

    « Les républicains n’ont aucune intention de renflouer les caisses de retraite des Etats en empruntant de l’argent aux générations futures », a-t-il indiqué.

    De leur côté, les Etats refusent purement et simplement d’envisager l’option de la faillite.

    « Vous voulez que le marché s’effondre comme un château de cartes ?, a demandé jeudi Andrew Cuomo, gouverneur de l’Etat de New York, lors de son point presse quotidien. Laissons l’Etat de New York se déclarer en faillite. Laissons le Michigan se déclarer en faillite. Laissons l’Illinois se déclarer en faillite. Laissons la Californie se déclarer en faillite. C’est l’économie nationale qui s’effondrera. »

    Le Congrès a adopté un plan d’aide d’un montant de 2 000 milliards de dollars, dont 150 milliards destinés aux Etats et aux collectivités locales, mais les fonds ne peuvent être utilisés que pour des dépenses liées au coronavirus. Or les Etats affirment qu’ils ont besoin d’argent pour boucher les trous dans leur budget, certains demandant aussi plus de flexibilité pour l’utilisation des 150 milliards de dollars déjà votés.

    La National Association of State Budget Officers a estimé qu’une injection de liquidités aiderait l’économie américaine à repartir, prévenant que les Etats finiraient par être contraints de supprimer des services essentiels si le Congrès ne débloque pas de nouveaux fonds.

    « La baisse de recettes que les Etats subissent actuellement pourrait être supérieure à celle de la dernière récession », indique Marc Nicole, président de l’association, dans un courrier adressé mercredi au président Trump et aux leaders du Congrès. Certains Etats anticipent une chute de 20 %, la pandémie étrillant leurs principales sources de recettes, l’impôt sur le revenu et la TVA, poursuit-il. A titre de comparaison, les recettes générales totales avaient reculé de 11,6 % entre 2007 et 2009.

    Mitch McConnell a également proposé que les Etats augmentent les taxes pour générer plus de recettes. Contrairement au budget fédéral, le budget des Etats doit, pour la quasi-totalité d’entre eux, être équilibré. Toute nouvelle dépense doit donc provenir d’une recette fiscale ou d’une aide fédérale, et pas d’un emprunt.

    Pour David Skeel, professeur de droit à l’université de Pennsylvanie, le fait de laisser les Etats faire faillite pose des questions sur le plan parlementaire et juridique. D’une part, ces faillites pourraient être considérées comme une violation de la disposition constitutionnelle relative aux contrats. D’autre part, elles contreviendraient aux clauses protégeant la souveraineté des Etats, ajoute-t-il.

    David Adkins, directeur exécutif du Council of State Governments, estime pour sa part que les déclarations de Mitch McConnell font partie de sa stratégie de négociations avec les parlementaires démocrates. Tôt ou tard, poursuit-il, le Congrès va devoir allouer directement des sommes importantes aux Etats et aux collectivités locales pour éviter des licenciements massifs dans la fonction publique.

    « Les républicains sont en difficulté dans certains Etats », indique David Adkins, ajoutant que Mitch McConnell « ne veut pas que ces républicains vulnérables soient accusés d’une baisse de 20 % du budget des écoles publiques ».

    La situation des Etats a évolué à la vitesse de la lumière. Il y a quelques mois encore, portés par la forte croissance et des prévisions budgétaires radieuses, les gouverneurs étaient nombreux à enchaîner les propositions. Certains Etats étaient également à la tête de coquettes économies.

    Selon les prévisions des responsables financiers, les 3,5 milliards de dollars de réserves de l’Etat de Washington pourraient être engloutis en trois ans par l’effondrement des recettes. Même avec une aide fédérale, l’Etat devra drastiquement réduire son budget, prévient David Schumacher, directeur du Bureau de la gestion financière.

    « Ce sera un élément déterminant pour savoir si on s’achemine vers des difficultés budgétaires et des réductions de coût importantes, ou purement et simplement vers une catastrophe », déplore-t-il.

    Les villes voient elles aussi leurs finances se dégrader. Plus de 2 100 d’entre elles anticipent des déficits, selon une enquête récente de la National League of Cities et la Conference of Mayors.

    Pour faire face à la crise, les gouverneurs de certains Etats ont décidé de limiter leurs dépenses en gelant les salaires des enseignants et les allègements de taxe foncière, et en réduisant le financement de l’enseignement supérieur. La Virginie a ainsi réduit son train de vie de 500 millions de dollars au dernier trimestre de son exercice budgétaire, qui se terminera au 30 juin, et suspendu 2,3 milliards de dépenses prévues sur les deux prochains exercices.

    Aubrey Lane, secrétaire aux Finances de l’Etat de Virginie, est d’accord avec le fait que les nouvelles aides soient versées sous conditions, par exemple une interdiction de les dépenser dans les systèmes de retraite.

    « Je comprends que cet argent ne peut pas être un chèque en blanc qui compense la mauvaise gestion de ces dernières années, déclare-t-il. Mais une grande partie de la situation actuelle s’explique par le fait que l’économie est à l’arrêt. »

    Pour lui, la faillite n’est pas une option pour la Virginie parce que « nous avons une obligation constitutionnelle d’équilibrer notre budget ».

    Les faillites d’Etats ou de collectivités locales sont extrêmement rares : 0,16 % seulement des municipalités notées par Moody’s Investors Service ont fait défaut sur leur dette ces cinq dernières années. En anéantissant les recettes provenant de la taxe foncière et les caisses de retraite, la dernière récession a néanmoins fait augmenter ce chiffre, qui se situait auparavant à 0,09 %.

    Les Etats américains sont considérés comme particulièrement solvables et les taux d’intérêt de leurs obligations sont relativement proches de ceux des bons du Trésor américain. L’Illinois, le New Jersey et le Kentucky, si cher à Mitch McConnell, font exception à cette règle et peinent à honorer leurs obligations vis-à-vis des policiers, des enseignants et d’autres fonctionnaires.

    La moitié des Etats autorisent les villes à se placer sous la protection de la loi sur les faillites et une poignée d’entre eux a utilisé la procédure pour alléger leurs obligations à l’égard des retraités ou des détenteurs d’obligations. Porto Rico s’est, par exemple, déclaré en faillite en 2017 après y avoir été autorisé par le Congrès.

    Detroit, la plus grande ville américaine à avoir fait faillite, est sorti du dispositif en 2014 après dix-huit mois de procédure, mais peine toujours à surmonter des problèmes de long terme, notamment l’importance de ses dettes et sa dépendance vis-à-vis du secteur automobile.

    Jeudi après-midi, les prix des obligations de l’Illinois et du New Jersey adossées à des taxes dont l’échéance est supérieure ou égale à quinze ans se sont effondrés, les rendements augmentant d’environ un dixième de point de pourcentage par rapport à la dette notée AAA, selon des données Refinitiv.

    Greg Saulnier, analyste chez Refinitiv, explique que les investisseurs réagissent sûrement moins à la possibilité d’une faillite de ces Etats qu’à l’apparente opposition de Mitch McConnell à apporter une aide importante fédérale dans un avenir proche.

    « Cela montre qu’il souhaite retarder le déblocage d’une éventuelle aide fédérale aux Etats et aux collectivités locales, ce qui pourrait amplifier le problème », précise-t-il.

    Joseph De Avila et Heather Gillers ont contribué à cet article.

    Traduction de Marion Issard

     

    Traduit à partir de la version originale en anglais

    Partager via Gmail

    votre commentaire
  • La cour d'appel de Versailles rejette l'appel d'Amazon, qui suspend à nouveau ses activités en France

    Saisie par le géant américain, la cour d'appel de Versailles a rendu sa décision ce vendredi 24 avril 2020. Elle rejette le recours formulé par l'e-commerçant américain tout en élargissant la liste des produits considérés comme essentiels. Amazon a réagi en fin de journée en annonçant prolonger la suspension de ses activités en France au moins jusqu'au mardi 28 avril.
     
    Publié le 24 avril 2020 à 14H49 mis à jour le 24 avril 2020 à 21H57
    La cour d'appel de Versailles rejette l'appel d'Amazon, qui suspend à nouveau ses activités en FranceLa cour d'appel de Versailles rejette l'appel d'Amazon, qui suspend à nouveau ses activités en France© Amazon
     
    Covid-19 : Livraison, drive... La distribution alimentaire française passe en mode agile

    [Mise à jour 21h55] : Amazon a annoncé ce soir prolonger la suspension de ses activités en France. "L’astreinte, telle que précisée par la Cour d’Appel, pourrait impliquer que même un taux infime de traitement accidentel de produits non-autorisés, de l’ordre de 0,1%, pourrait entraîner une pénalité de plus d'un milliard d'euros par semaine, explique l'e-marchand. Malheureusement, cela signifie que nous n’avons pas d’autre choix que de prolonger la suspension temporaire de l’activité de nos centres de distribution français alors que nous évaluons la meilleure façon d’opérer au regard de la décision de la Cour d’Appel". 

     

    L'e-commerçant ajoute que ses clients "peuvent toujours commander plusieurs millions de produits auprès des entreprises indépendantes qui vendent sur Amazon et au travers de notre réseau logistique mondial". Amazon ne précise pas la date sur une éventuelle reprise, mais selon des sources concordantes, les entrepôts français devraient rester inactifs jusqu'au mardi 28 avril.

     

    [Article original] La cour d'appel de Versailles a rendu sa décision ce vendredi 24 avril. Elle confirme "l’ordonnance rendue le 14 avril 2020 en ce qu’elle a ordonné à la S.A.S. Amazon France Logistique de procéder, en y associant les représentants du personnel, à l'évaluation des risques professionnels inhérents à l'épidémie de Covid-19 sur l'ensemble de ses entrepôts ainsi qu'à la mise en œuvre des mesures prévues à l’article L. 4121-1 du code du travail en découlant".

     

    La juridiction précise que dans l'attente de la mise en œuvre des mesures citées, elle ordonne "dans les 48 heures de la notification du présent arrêt, de restreindre l’activité de ses entrepôts aux seules opérations de réception des marchandises, de préparation et d'expédition des commandes des produits, tels que figurant sur le catalogue de la société à la date du 21 avril 2020".

     

    Sont concernés les produits des catégories high-tech, informatique, bureau, animaux, santé et soins du corps, homme, nutrition, parapharmacie et enfin épicerie, boissons et entretien. La liste des références considérées comme essentielles est donc élargie. "Passé ce délai de 48 heures, pour chaque réception, préparation et/ou expédition de produits non autorisés, et ce pendant une durée maximale d'un mois, à l'issue de laquelle il pourra être à nouveau statué, une astreinte de 100 000 euros pourra être prononcée", poursuit la cour d'appel de Versailles.

     

    "Nous avons pris connaissance de l’issue de notre appel et restons perplexes face à la décision. Nous sommes en train d’en évaluer les implications pour nos sites ainsi que pour nos collaborateurs, pour les clients en France ainsi que pour les TPE et PME françaises qui comptent sur Amazon pour développer leur activité", a indiqué Amazon France à L'Usine Digitale.

     

    Maintien des commandes malgré la fermeture des entrepôts

    Amazon et le syndicat Sud-Solidaires avaient défendu leurs intérêts mardi 20 avril devant la juridiction, saisie par l'e-commerçant. Le 14 avril dernier, le tribunal judiciaire de Nanterre, saisi par les syndicats, avait dans une ordonnance exigé qu’Amazon évalue les risques liés au Covid-19 avec les représentants du personnel. La décision enjoignait par ailleurs le groupe américain de limiter ses livraisons aux seuls produits essentiels – produits alimentaires, médicaux et d’hygiène – sous peine d’une amende d’un million d’euros par infraction constatée.


    Jugeant cette décision inapplicable, Amazon France choisissait de fermer ses sites français, et faisait appel. L’e-commerçant n’arrêtait pas pour autant ses activités dans l’Hexagone, assurant que ses clients français seraient livrés grâce à un approvisionnement issu de ses entrepôts situés hors du territoire français. Une décision jugée par d’aucuns comme une provocation envers la justice et les syndicats, l’entreprise affichant ainsi sa préférence pour le maintien de ses activités. La date de fermeture des entrepôts avait été corrigée à deux reprises, et courait jusqu'à demain samedi 25 avril inclus.


    Des caméras thermiques aux Etats-Unis
    La polémique divise en France, entre défenseurs de la sécurité sanitaire des employés et partisans du maintien de l'activité économique, à l'heure où l'e-commerce est privilégié par de nombreux consommateurs confinés. Par ailleurs, si le cas Amazon est très discuté, la société n'est pas la seule à avoir été mise en cause par des collaborateurs et syndicats en France, comme en témoignent des tensions observées notamment sur des sites de La Redoute ou du distributeur Carrefour

    Le débat est aussi très vif aux Etats-Unis où la firme de Seattle été accusée dès fin mars d'avoir laissé se multiplier les cas de contamination de Covid-19 dans ses entrepôts situés à New York, dans le Kentucky, en Floride, au Texas, dans le Michigan et l'Oklahoma. Là encore, Amazon n'a pas arrêté ses activités, l'e-marchand américain annonçant néanmoins doter de caméras thermiques ses entrepôts américains afin de détecter les employés ayant de la fièvre. Au moins 6 entrepôts autours de Seattle et Los Angeles seraient déjà équipés, tandis que des caméras thermiques vont être également installées à l'entrée des magasins Whole Foods, l'enseigne rachetée par le géant de l'e-commerce en 2017.

    Le chiffre d’affaires d’Amazon serait, au niveau mondial, de 11 000 dollars par seconde

    Partager via Gmail

    votre commentaire
  • France et Chine ne masquent plus leurs tensions

    L’ambassadeur de Chine a été convoqué mardi au Quai d’Orsay. Malgré notre dépendance envers les fournisseurs chinois pour faire face au coronavirus, les relations entre les deux pays sont loin d’être confiantes

    France et Chine ne masquent plus leurs tensions
    © Kak

    La Chine a fait état mercredi d’un déclin du nombre de nouveaux cas confirmés de Covid-19 (46 dont 36 voyageurs arrivant de l’étranger, contre 89 la veille) mais reste préoccupée par le nombre croissant de contaminations dans sa région frontalière avec la Russie. Par ailleurs, le président Macron espère un sommet des cinq membres permanents du conseil de sécurité de l’ONU. Comme Donald Trump et Boris Johnson, « l​e président (chinois) Xi Jinping m’a confirmé son accord », a-t-il déclaré sur RFI. La réponse de Vladimir Poutine est encore attendue.

    Etonnante situation : au moment où la France compte sur un « pont aérien » avec la Chine – le mot est celui du Premier ministre Edouard Philippe – pour obtenir les masques qui lui font tant défaut, l’ambassadeur de la République populaire de Chine à Paris se voit convoqué au Quai d’Orsay pour se faire, diplomatiquement, remonter les bretelles.

    Mardi soir, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a indiqué que le matin même il avait « fait connaître clairement [sa] désapprobation de certains propos récents à l’ambassadeur », dénonçant « certaines prises de position publiques récentes de représentants de l’ambassade de Chine en France ». En cause, le compte Twitter de cette dernière où le ton est à la polémique, sous prétexte de «rétablir des faits distordus » par « des médias qui se prennent pour des parangons d’impartialité et d’objectivité », « des experts et des politiciens de certains pays occidentaux plus soucieux de calomnier, de stigmatiser et d’attaquer la Chine que de réfléchir aux moyens de contenir l’épidémie chez eux».

    Sur le site de l’ambassade, un anonyme « diplomate chinois en poste à Paris » soutient aussi qu’« en Occident », on a vu « des politiciens revendre à des structures privées les équipements achetés avec l’argent public pour s’enrichir personnellement », ou que « les personnels soignants des Ehpad ont abandonné leurs postes du jour au lendemain, ont déserté collectivement, laissant mourir leurs pensionnaires de faim et de maladie ».

    Mise en scène. Excellent francophone, très politique, l’ambassadeur Lu Shaye est arrivé en France en juillet. Ce diplomate de 55 ans a notamment travaillé pour le comité central du Parti communiste, après avoir été maire adjoint de... Wuhan. Sa convocation au Quai d’Orsay témoigne des tensions latentes entre Paris et Pékin. Il s’agit d’une démarche assez inhabituelle.

    Le dernier ambassadeur ainsi convoqué avait été celui de Turquie, en décembre, au plus fort des tensions entre les présidents Erdogan et Macron. La « désapprobation » exprimée par Jean-Yves Le Drian intervient dans le cadre plus général de la dégradation des relations entre l’Occident et la Chine.

    Et pourtant, le pont aérien se poursuit... Le transporteur Geodis indique ainsi que « depuis le 28 mars, neuf vols » ont déjà eu lieu depuis la Chine avec des masques, et que cinq autres sont prévus dans les prochains jours.

    Interrogée le 29 mars sur France inter, la secrétaire d’Etat aux affaires européennes avait dit publiquement ce qu’on entend très largement dans les coulisses du pouvoir. Amélie de Montchalin accusait la Chine (et la Russie) d’« instrumentaliser » leur solidarité, parlant de « propagande » et « mise en scène de belles images ». Ces propos ont été assez peu appréciés en Chine, où Hua Chunying, porte-parole des Affaires étrangères, réagissait en ces termes directs : « Nous espérons que la personne concernée, par ses paroles et ses actes, fera davantage pour la coopération internationale. »

    Une récente note interne du Quai d’Orsay sur le « jour d’après » décrit la Chine comme le principal problème pour la diplomatie française et occidentale. Il faut « éviter » que « l’après-crise ne permette l’emprise de la Chine sur la mondialisation et la gouvernance mondiale », avertit ce document du Centre d’analyse, de prévision et de stratégie. Un vétéran de la diplomatie française considère que cette note est « anxiogène » et que « ce n’est pas le moment de dire cela aux Chinois, même s’ils affichent une ambition de suprématie ».

    Emmanuel Macron appelle à la formation d’un «axe indo-pacifique», reprenant un vocable américain. Pékin soupçonne Paris d’être trop aligné sur les Etats-Unis, son principal adversaire stratégique

    Ces textes du Quai d’Orsay sont lus par les Chinois, comme le sont les déclarations du président Macron appelant, comme dans son discours sur la dissuasion du 7 février, à la formation d’un « axe indo-pacifique ». Comme l’« atlantisme » au début de la Guerre froide, on voit apparaître un « indo-pacifisme » sous leadership américain et tourné contre la Chine. Même si Paris se défend de visées antichinoises, il reprend le mot, largement utilisé aux Etats-Unis pour décrire la stratégie de containment de la Chine, « puissance révisionniste ». Un document de du Pentagone cite d’ailleurs la France comme « allié clé » dans la région.

    Pékin n’ignore pas non plus les propos du président français, lorsqu’il justifie ainsi sa politique de rapprochement avec la Russie : « Pousser la Russie loin de l’Europe est une profonde erreur stratégique parce que nous poussons la Russie (...) à s’allier avec d’autres grandes puissances comme la Chine, ce qui ne serait pas du tout notre intérêt », déclarait-il devant les ambassadeurs le 27 août.

    Certes, les échanges au plus haut niveau sont réguliers – Emmanuel Macron s’est rendu deux fois en Chine, comme Xi Jinping en France – mais « les Chinois sont agacés par le double langage du gouvernement français », note un proche du dossier. Ils soupçonnent Paris d’être trop aligné sur les Etats-Unis, leur principal adversaire stratégique.

    Concurrence. L’un des grands dossiers sur la table, mis entre parenthèses par le coronavirus et dans l’attente d’une décision commune de l’UE, est celui de la 5G et de la place du chinois Huawei dans les infrastructures télécoms en Europe. En France, les milieux de la sécurité sont très réservés sur l’implication de l’industriel chinois, partageant (en mode mineur) les craintes américaines. En revanche, les opérateurs sont plus allants, considérant que Huawei fournit la meilleure offre au meilleur prix. Le gouvernement français ne souhaite pas « d’interdiction ciblée et généralisée » à l’encontre de Huawei, comme l’ont fait les Etats-Unis ; il entend néanmoins « protéger le cœur du système » contre le risque chinois.

    Un autre sujet va permettre de tester la relation franco-chinoise : l’annulation de la dette africaine, après l’allocution d’Emmanuel Macron lundi. Alors que cette promesse devrait coûter à la France à peine un milliard d’euros sous forme de « reports » de remboursement, le chef de l’Etat a déclaré, mercredi sur RFI, que la Chine « doit faire un geste important » car elle est un « grand bailleur du continent africain » (144 milliards de 2000 à 2017, selon la Johns-Hopkins University). Fidèle à sa politique, la France veut inscrire la Chine dans une « démarche multilatérale » sans perdre de vue qu’« en Afrique, on est concurrent », selon un proche du dossier.

    La prise de conscience des Européens d’une trop grande dépendance industrielle à l’égard de la Chine – illustrée par la crise du Covid – permet de « relativiser la montée en puissance chinoise » assure Frédéric Charillon, professeur de relations internationales et chroniqueur de l’Opinion. D’autant que cette crise provoque des « dégâts dans la perception qu’ont les opinions publiques de la Chine ». Le ton polémique de l’ambassade de Chine à Paris est sans doute très contre-productif pour l’image d’une Chine qui se veut bienveillante.

    Avant la pandémie, la contestation à Hong Kong et le sort des Ouïghours avaient déjà battu en brèche le soft power de Pékin, tourné vers les routes de la soie. Spécialiste de la Chine à Sciences Po, le sociologue Jean-Louis Rocca, peu suspect de partager les critiques idéologiques des néoconservateurs à l’égard de la Chine, estime de la même façon que « lorsqu’un pouvoir est fragile, comme l’est le pouvoir chinois, il en rajoute dans la confiance en soi ». A coup de tweets vengeurs... qui se terminent par une convocation au Quai d’Orsay.

    Partager via Gmail

    votre commentaire
  • Pandémie de Covid-19 : Donald Trump suspend le financement de l'OMS

     
    15 avr. 2020

     

    Donald Trump a annoncé mardi la suspension de la contribution américaine à l'Organisation mondiale de la santé (OMS), coupable à ses yeux d'avoir commis de nombreuses "erreurs" sur le coronavirus et d'être trop proche de la Chine. Les Etats-Unis étaient le premier bailleur de l'OMS avec plus de 400 millions de dollars par an.
     
    Abonnez-vous à notre chaîne sur YouTube : http://f24.my/youtube En DIRECT -
    Suivez FRANCE 24 ici : http://f24.my/YTliveFR

     

     

     

     

     

    Partager via Gmail

    votre commentaire
  • Sanders jette l'éponge et adoube Biden

     

    Le sénateur du Vermont et rival de l’ex vice-président Joe Biden a annoncé lors d’une conférence téléphonique avec son équipe de campagne au grand complet qu’il renonçait à poursuivre sa campagne des primaires démocrates pour l’élection présidentielle. "La campagne se termine, la lutte continue", précise toutefois le communiqué publié dans la foulée de cette annonce.
    Bernie Sanders devait prononcer ce soir un discours retransmis via les réseaux sociaux dans lequel il devait expliquer les motifs de sa décision et la façon dont il entend soutenir Joe Biden, assuré désormais d’obtenir l’investiture du parti démocrate. Selon son entourage, Sanders a pesé le pour et le contre d’un maintien de sa candidature mais a estimé, compte tenu de la crise pandémique aux Etats-Unis qui a gelé de fait la campagne, qu’il était devenu prioritaire de consolider l’unité des démocrates face à Donald Trump.
    Sanders, comme Biden, ont effectivement tous deux lourdement critiqué le président sortant pour sa gestion erratique de la crise. La Convention démocrate de Milwaukee (Wisconsin, où les résultats de la primaire d’hier ne s’annonçaient pas bons pour Sanders) a été repoussée à la mi-août. Ce qui laisse le temps aux deux camps rivaux de peaufiner leur stratégie unitaire et de discuter la prise en compte d’une partie des promesses de campagne du sénateur "socialiste" de 78 ans.

    Partager via Gmail

    votre commentaire
  • Le trumpisme ne connaît pas la crise...

    0
    14

     

     

     

     

     

    Donald Trump lors d’une conférence de presse à la Maison Blanche à Washington, le 3 avril.Donald Trump lors d’une conférence de presse à la Maison Blanche à Washington, le 3 avril. JIM WATSON / AFP

     

    Une heure minimum, tous les jours. Le coronavirus ayant privé Donald Trump des meetings de campagne dans lesquels il se régénère, le président les a transportés à la Maison Blanche. Il y fonctionne en mode alternatif : le chef de guerre contre la pandémie côtoie le diviseur en chef, toujours prompt à houspiller la presse, cette cible de choix pour ses partisans, lorsqu’elle lui pose les questions qui déplaisent ou qu’elle rappelle ses propos lénifiants d’hier, lorsqu’il niait ou relativisait la dangerosité de l’épidémie.

     

    Article réservé à nos abonnés Lire aussi La panne du leadership américain dans la crise du coronavirus

     

    Dans ces happenings souvent déroutants au cours desquels il s’échine à réécrire l’histoire de la contagion, la gravité des courbes des décès coexiste celles des audiences dont se rengorge le président des Etats-Unis. Il a noté avec ravissement qu’il est « premier sur Facebook », voire plus suivi que les plus populaires émissions de téléréalité.

     

    Parallèlement à cette omniprésence, le trumpisme continue d’avancer à découvert. Vendredi soir 3 avril, le président a annoncé le limogeage de l’inspecteur général chargé de superviser le renseignement national, Michael Atkinson. Nommé par le milliardaire, ce dernier avait fait son travail en août 2019 en transmettant au Congrès le signalement d’un lanceur d’alerte alarmé par la teneur d’une conversation téléphonique entre le président des Etats-Unis et son homologue ukrainien. Ce signalement avait été à l’origine de la mise en accusation de Donald Trump pour avoir subordonné une aide militaire et une invitation à Washington à l’ouverture d’enquêtes par Kiev contre ses adversaires politiques.

     

    Article réservé à nos abonnés Lire aussi Président Trump, an IV : la Maison Blanche à responsabilité limitée

     

    Pas de couverture-santé par temps de pandémie

     

    « Il est essentiel que j’aie une confiance totale dans les fonctionnaires qui servent comme inspecteurs généraux », a assuré le président dans une lettre adressée aux responsables de la commission du renseignement au Sénat. Un tel limogeage constitue la négation du principe de contrôle du pouvoir exécutif sur lequel repose en partie l’équilibre institutionnel américain, mais Donald Trump, qui classe les hommes en deux catégories, les loyaux dont il attend une obéissance aveugle, et les ennemis, n’en a cure. Certains sénateurs républicains avaient voté en février contre sa destitution en assurant qu’il retiendrait la leçon de sa mise en accusation. Les voilà un peu plus humiliés.

     

    Lire aussi Coronavirus : aux Etats-Unis, « Donald Trump bénéficie d’un réflexe de rassemblement autour du drapeau »

     

    L’avant-veille, Donald Trump s’était également opposé à ce que des non-assurés puissent bénéficier du programme Obamacare pour disposer d’une couverture santé par temps de pandémie. Plutôt que de se dédire et de rouvrir une période exceptionnelle d’inscription, le président des Etats-Unis qui voue aux gémonies ce legs de son prédécesseur, a jugé plus judicieux de garantir que les frais de santé liés au virus seront couverts par l’Etat fédéral, mais ces frais seulement. Ces Américains particulièrement exposés resteront donc vulnérables pour tous les autres accidents de santé.

    Partager via Gmail

    votre commentaire
  • L'Algérie face à la crise pétrolière et sanitaire

    Confrontée à la baisse des cours du pétrole, au retard dans sa restructuration économique et à l'épidémie du Covid-19, l'Algérie combine réflexion et actions.

    Par , à Alger
    Publié le 31/03/2020 à 11:24 | Le Point.fr
    Tres dependante des hydrocarbures, l'Algerie doit faire face a un defi economique et sanitaire.

    Très dépendante des hydrocarbures, l'Algérie doit faire face à un défi économique et sanitaire. ©Ryad Kramdi / AFP

     

    Alors que les économistes s'inquiètent de la situation financière de l'Algérie, au sein du gouvernement, on assure que le pays « est capable de résister à l'impact de la crise ». Fonte des réserves de change, inflation de la facture des importations, recours à l'endettement extérieur… Les cauchemars des décideurs économiques algériens sont bien connus et sont devenus tout d'un coup très menaçants. La chute du prix du pétrole, au plus bas depuis fin 2002, conjuguée aux plus sombres scénarios de reprise de l'économie mondiale, a incité le président Abdelmadjid Tebboune à prendre des mesures d'urgence pour limiter les effets de la double crise, pétrolière et sanitaire.

    Lors de la dernière réunion du conseil des ministres, le 22 mars, le chef de l'État a notamment annoncé sa décision de reporter l'examen du projet de loi de finances complémentaires. « La loi de finances, héritée de l'ex-gouvernement Bedoui, qui voulait clairement mettre des bâtons dans les roues à l'équipe qui allait suivre, pose un vrai problème au gouvernement actuel », assure une source au ministère des Finances.

    Des coupes sont prévues pour dégager « les financements nécessaires aux actions urgentes ». « Plusieurs postes d'équipement et de fonctionnement incluent des ouvrages et services dont l'utilité n'était pas impérieuse et dont le budget s'est avéré complètement surévalué car lié à des prestations en dehors de l'Algérie », assure une source gouvernementale en évoquant plusieurs exemples comme « des investissements démesurés dans les réseaux ferrés dédiés au transport du phosphate ou l'extension surdimensionnée du métro d'Alger ».

    Lire aussi : L'Algérie toujours fortement dépendante des hydrocarbures

    Glissement du dinar

    Mais, pour plusieurs experts, le point noir du budget reste la part consacrée au fonctionnement. « Le gouvernement veut baisser le budget de fonctionnement de 30 % sans toucher aux salaires, tout en augmentant le salaire minimum, en supprimant l'IRG sur les bas salaires ou en recrutant 4 000 vacataires. On voit mal comment les mesures prévues pourront se concrétiser », avance, sceptique, le journaliste économique Hassan Haddouche.

    Dans l'équipe chargée de travailler au remodelage du budget, on dédramatise : « La propension des fonctionnaires touchant moins de 30 000 dinars [220 euros] est très faible. Des économies importantes seront faites par ailleurs sur plusieurs études et préétudes reportées à l'année prochaine, sur des foires et des manifestations elles aussi reportées, des voyages pour certains annulés. Quant au coût de l'opération qui consiste à faire des vacataires des permanents, il a été calculé en fonction des nouvelles recettes fiscales, notamment sur le patrimoine et les vignettes automobiles. »

    Tout en admettant que les marges de manœuvre sont « relativement réduites », Jean-François Dauphin, responsable Moyen-Orient Asie centrale au Fonds monétaire international (FMI), avait reconnu fin février, après sa rencontre avec le ministre de l'Industrie Ferhat Aït Ali, « une vraie volonté de changement ». C'était avant que l'économie mondiale « n'entre en récession », selon les termes de l'institution devant laquelle l'Algérie, de l'avis de plusieurs économistes et cercles de réflexion, « sera condamnée à négocier d'ici à deux années ».

     

    Lire aussi : Algérie : virus et krach pétrolier ébranlent le système

    Scénario catastrophe

    Les scénarios les plus pessimistes, notamment celui de l'économiste Abderrahmane Mebtoul qui propose onze mesures pour éviter l'effondrement économique, prennent à témoin le niveau des réserves de change passées de 193 milliards de dollars en 2014 à moins de 60 milliards aujourd'hui. Toujours selon ces prévisions, un baril à 45 dollars (moyenne calculée sur l'année 2020) accélérerait la fonte des réserves de change dans lesquelles l'État se retrouverait obligé de prélever au moins 30 milliards.

    Un scénario que rejettent les responsables du budget. « Ce scénario catastrophe est complètement irréaliste. Une ponction de 30 milliards de dollars représenterait l'équivalent du budget de fonctionnement de l'État après la baisse prévue des 30 %. Nous avons encore de la marge pour libérer la liquidité », défend l'un d'entre eux. « Cela dépendra, entre autres, du glissement du dinar, que l'on peut envisager de 10 à 30 %. La Banque centrale sera obligée de compenser la baisse des recettes par une correction du taux de change. »

     

    Lire aussi : L'Algérie au bord de la cessation de paiements

    Des importations en baisse en janvier

    En partant du principe que l'Algérie n'est endettée qu'auprès de l'Algérie, « d'autres mécanismes ont été prévus » par l'équipe aux commandes en cas de période plus longue d'arrêt de la machine économique. Et « avant de couper dans les dépenses inutiles, en attendant un rebond certain des prix du pétrole avant le début du deuxième semestre, l'État s'est assuré que les produits et les services de base pourraient être fournis de manière souveraine et indépendante pendant au moins une année ». « L'Algérie est capable de résister à l'impact de cette crise sanitaire et pétrolière », promet-on.

    Dans les documents officiels auxquels Le Point Afrique a eu accès, la capacité installée de production électrique est supérieure de 30 % de la demande, plus de 92 % de la population est raccordée à l'électricité, à l'eau et au gaz ainsi qu'à la téléphonie mobile, les barrages sont pleins et les stations de dessalement fonctionnelles à plus de 80 %, les stocks et la production de produits raffinés sont disponibles pour les cinq prochaines années suite à l'achat et à la réfection des raffineries existantes, et, d'un point de vue alimentaire, « la production agricole, qui représente plus de 40 % du PIB, satisfait 70 % des besoins alimentaires de la population ».

    Lire aussi : « L'héritage désastreux » de Bouteflika à l'index du gouvernement Djerad

    Réformes reportées

    « Dans l'immédiat, la question qui se pose est celle de la résilience de notre système économique et de sa capacité à faire face à cette crise sans précédent avec le minimum de dégâts possible », s'inquiète pourtant l'économiste Mouloud Hedir, ancien directeur du commerce extérieur au ministère du Commerce. « Les réformes qui depuis des années étaient chaque fois renvoyées à plus tard, que ce soit le ciblage des subventions, la révision graduelle des prix des produits de base, l'ajustement du taux de change, etc., deviennent maintenant incontournables. La politique économique doit vraiment changer de braquet face au tsunami qui pointe à l'horizon. »

    Une mesure semble toutefois faire consensus parmi les experts : la baisse des importations qu'Abdelmadjid Tebboune a décidé de ramener de 41 à 31 milliards de dollars en arrêtant, entre autres, sa collaboration avec les bureaux d'études à l'étranger, ce qui permettrait une économie de 7 milliards de dollars par an. Selon les statistiques du commerce extérieur, les importations, au mois de janvier, ont déjà baissé d'un quart. « Si on extrapole sur une année, et même si cette baisse est en grande partie due au ralentissement de l'activité économique, l'objectif sera atteint », admet Hassan Haddouche.

    Partager via Gmail

    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique