• Attentat de Conflans : sept personnes mises en examen dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat de Samuel Paty

    Attentat de Conflans : sept personnes mises en examen dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat de Samuel Paty

    Le parent d’élève à l’origine de la polémique, Brahim C., et le militant islamiste Abdelhakim Sefrioui ont été inculpés mercredi soir pour « complicité d’assassinat terroriste ».

     

    Publié hier à 10h22, mis à jour à 07h27

     

    Le procureur national antiterroriste, Jean-François Ricard, a fait le point, mercredi 21 octobre, sur les dernières avancées de l’enquête concernant le meurtre de Samuel Paty. Les enquêteurs cherchent à établir si l’assaillant, Abdouallakh Anzorov, a bénéficié de complicités avant de perpétrer cet attentat qui a soulevé une vague d’émotion dans le pays.

     

    Samuel Paty, 47 ans, a été décapité vendredi 16 octobre près de son collège de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) par ce réfugié d’origine tchétchène de 18 ans, après avoir montré à ses élèves des caricatures de Mahomet lors d’un cours sur la liberté d’expression. Un hommage national lui a été rendu mercredi soir à la Sorbonne, à Paris.

     

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    • Enquête pour « complicité d’assassinat terroriste »

     

    « Il est aujourd’hui clair que le professeur a été nommément désigné comme une cible sur les réseaux sociaux » par le parent d’élève à l’origine de la polémique, Brahim C., et le militant islamiste Abdelhakim Sefrioui, « au moyen de manœuvres et d’une réinterprétation des faits », a résumé le procureur national antiterroriste. Les deux hommes, qui avaient appelé les musulmans à se mobiliser après le cours sur la liberté d’expression dispensé par Samuel Paty le 6 octobre, ont été mis en examen mercredi pour « complicité d’assassinat terroriste », a annoncé le parquet national antiterroriste.

     

    Deux des trois amis d’Anzorov, qui s’étaient livrés spontanément au commissariat d’Evreux vendredi soir, auraient aidé le terroriste. Le premier, âgé de 19 ans, est soupçonné d’avoir accompagné le tueur à Rouen, la veille, pour l’achat d’un couteau, retrouvé à proximité du lieu du crime. Le second, âgé de 18 ans, a accompagné Anzorov dans la coutellerie, puis véhiculé le terroriste dans deux magasins d’Osny (Val-d’Oise), où il a acheté deux pistolets AirSoft. Ils ont aussi été mis en examen du même chef. Le troisième proche, Yussuf C., est lui poursuivi pour « association de malfaiteurs terroriste en vue de commettre des crimes d’atteintes aux personnes ». Tous ont été placés en détention provisoire, sauf Brahim C., qui a toutefois été incarcéré dans l’attente d’un débat sur cette question.

     

    Les enquêteurs antiterroristes s’intéressent aussi à des échanges téléphoniques entre ce père de famille et l’assaillant. Mais le terroriste ne disposait que du nom du professeur. « Son identification n’a été rendue possible que grâce à l’intervention de collégiens » de l’établissement, a souligné le procureur. Deux d’entre eux, âgés de 14 et 15 ans, sont accusés d’avoir désigné l’enseignant en échange d’une « somme de 300 ou 350 euros ». Ils ont été mis en examen pour « complicité d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste » et placés sous contrôle judiciaire mercredi.

     

    Anzorov leur avait affirmé « avoir l’intention de filmer le professeur, de l’obliger à demander pardon pour la caricature du prophète, de l’humilier, de le frapper », selon le magistrat antiterroriste. Les deux élèves se sont mis « peu après à l’écart » avec le tueur « afin, semble-t-il, de se dissimuler des caméras de surveillance et d’un véhicule de police en patrouille ». « Peu avant 17 heures, plusieurs adolescents », en lien avec ces deux-là, désignèrent à l’assaillant Samuel Paty au moment où il sortait du collège.

     

    La radicalisation islamiste d’Anzorov « n’était ni silencieuse ni soudaine », rapporte Le Parisien, mercredi soir, qui a pris connaissance des éléments d’investigations de la sous-direction antiterroriste (SDAT) et de la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Prosélytisme auprès de sa famille, rejet des femmes, messages faisant l’apologie du djihad, et même contact avec la Syrie selon les enquêteurs, il ne cachait pas son basculement dans l’islam radical depuis au moins six mois, voire un an. « En dépit de ces signes de dérive sectaire, ce Tchétchène de 18 ans d’Evreux est resté sous les radars des services de renseignement : il n’était ni “fiché S” ni surveillé », écrit le journal.

     

    • « Fausse déclaration dans le but de nuire à l’image du professeur »

     

    Lors de son audition au commissariat le 12 octobre, soit six jours après avoir donné un cours d’enseignement moral et civique sur le thème de la liberté d’expression – et quatre jours avant d’être assassiné –, Samuel Paty a démenti les affirmations de la jeune fille qui l’incriminait et avait donné une autre version des faits, selon les informations de Franceinfo.

     

    Une plainte avait été déposée par le parent d’une élève contre le professeur d’histoire-géographie pour « diffusion d’images pornographiques », après que ce dernier eut montré à ses élèves des caricatures de Mahomet parues dans Charlie Hebdo. Ce parent d’élève avait également diffusé une vidéo, qui a fait le tour des réseaux sociaux, dans laquelle il traitait M. Paty de « voyou » et appelait à « dire stop ». Les policiers ont interrogé l’enseignant sur la rumeur affirmant qu’il avait demandé aux élèves musulmans de se signaler et de sortir de la classe. Il a démenti fermement :

     

    « J’avais proposé à mes élèves de détourner le regard quelques secondes s’ils pensaient être choqués pour une raison ou pour une autre. A aucun moment je n’ai déclaré aux élèves : “Les musulmans, vous pouvez sortir car vous allez être choqués.” Et je n’ai pas demandé aux élèves quels étaient ceux qui étaient de confession musulmane. »

     

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    L’enseignant a aussi affirmé que l’élève – dont le père a déposé plainte – qui se plaignait de l’attitude de son professeur n’était pas présente lors du cours en question. « Cette dernière le situe en effet le 5 octobre, alors qu’il s’est en réalité déroulé le 6 », rapporte Franceinfo. « Elle a inventé un récit au travers de rumeurs d’élèves. Il s’agit d’une fausse déclaration dans le but de nuire à l’image du professeur que je représente, du collège et de l’institution », a dénoncé Samuel Paty, qui a porté plainte à son tour pour « diffamation publique » concernant la vidéo mise en ligne par le père de cette élève.

     

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    • Dissolution du collectif propalestinien Cheikh Yassine

     

    Par ailleurs, le conseil des ministres a prononcé mercredi la dissolution du collectif propalestinien Cheikh Yassine, « impliqué, lié à l’attentat de vendredi et depuis bien longtemps le faux nez d’une idéologie antirépublicaine qui diffuse la haine », a déclaré le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal.

     

    Emmanuel Macron, qui avait annoncé cette dissolution mardi soir, a souligné lors du conseil des ministres que « le mal a été nommé : c’est l’islamisme politique, qui entretient méthodiquement une déconstruction de la République », a rapporté M. Attal. C’est une « bataille sécuritaire, éducative, culturelle, et une bataille qui va durer », a aussi dit le chef de l’Etat, selon M. Attal.

     

    Le collectif Cheikh Yassine – du nom du fondateur du Hamas tué par l’armée israélienne en 2004 – avait été créé par Abdelhakim Sefrioui, militant islamiste radical actuellement en garde à vue dans l’enquête sur l’attentat de vendredi.

     

    Des mosquées de Bordeaux et Béziers visées par des dégradations et des menaces

    Des mosquées de Bordeaux et de Béziers ont été visées par des dégradations pour l’une – des tags et des vitres brisées – et des menaces sur le réseau social Facebook pour l’autre.

    Des actes dénoncés, mercredi 21 octobre sur Twitter, par le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, qui a « demandé aux préfets des départements concernés de protéger ces lieux de culte. De tels actes sont inacceptables sur le sol de la République ».

    La mosquée Nur El Mohamedi, à Bordeaux, a déjà été la cible d’inscriptions la semaine dernière, selon Abdelaziz Manaa, vice-président du lieu de culte. Une enquête judiciaire est en cours, a annoncé dans un communiqué la préfecture.

    A Béziers, une plainte a été déposée mardi par l’Association culturelle des Français musulmans de Béziers (ACFMB) après la publication d’un message sur Facebook appelant à « cramer la mosquée ». L’association a découvert ce message le 17 octobre, au lendemain de la décapitation de Samuel Paty, et « des investigations sont actuellement diligentées (…) afin de tenter d’identifier l’auteur », selon un communiqué du procureur de Béziers.

      « Nouveau coronavirus transmis par le porc à l'Homme : un risque de propagation démontréAttentat de Conflans : violemment mise en cause sur les réseaux sociaux, la Cour nationale du droit d’asile porte plainte »
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