• Rénovation thermique, le grand chantier de la relance 

    Rénovation thermique, le grand chantier de la relance 

    Guillemette de Préval le 21/08/2020 à 07:23
    Mis à jour le 21/08/2020 à 05:30

    Dans son plan de relance post-Covid qui sera présenté le 25 août, le gouvernement entend consacrer au moins 20 milliards d’euros à la transition écologique, dont une partie pour la rénovation thermique des bâtiments. Jusqu’ici ce chantier, bon pour l’emploi comme pour l’environnement, a bien du mal à démarrer.

    Rénovation thermique, le grand chantier de la relance 

    Aujourd’hui, on compte environ 7 millions de « passoires énergétiques ». / Deligne

    La rénovation thermique des bâtiments, c’est un peu l’étendard de la relance. La Convention citoyenne sur le climat a déjà inscrit ce chantier parmi ses propositions. Puis Emmanuel Macron et Jean Castex ont tour à tour insisté sur son importance.

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    Alors que le plan de relance post-Covid doit être dévoilé le 25 août, on sait déjà que 20 à 30 milliards seront alloués à la transition énergétique, dont une bonne part pour la rénovation thermique des bâtiments. « Le sujet monte en puissance », affirme Audrey Zermati, directrice de la stratégie d’Effy, une agence de conseil pour les particuliers. «Et il fait consensus car c’est un moyen crucial de contribuer à une relance économique, verte et sociale », ajoute Étienne Charbit, responsable des projets efficacité énergique au CLER-Réseau pour la transition énergétique.

    6,8 millions de personnes en précarité énergétique

    Ce chantier est en effet bénéfique à bien des égards. Le secteur est créateur d’emplois « non délocalisables et de proximité », note Audrey Zermati. De plus, le bâtiment est le plus gros consommateur d’énergie en France (45 %). Il pèse pour 19 % des émissions de gaz à effet de serre (GES). Aujourd’hui, on compte environ 7 millions de « passoires énergétiques », ces logements énergivores dont le diagnostic de performance énergétique (DPE) est de F ou G, les pires notations. Cela représente des « factures très élevées, a fortiori pour les plus modestes », dit Étienne Charbit. Rénover les logements a donc pour effet de redistribuer du pouvoir d’achat à ces foyers.

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    En 2019, l’Observatoire national de la précarité énergétique (ONPE) estimait que 6,8 millions de personnes se trouvent en situation de « précarité énergétique », c’est-à-dire que leur facture énergétique pèse pour plus de 8 % de leur revenu. Mais alors que le montant des incitations n’a jamais été aussi important qu’aujourd’hui, le chantier n’avance pas. La Loi Énergie Climat de 2015 prévoyait d’atteindre les 500 000 rénovations par an. « On est à peine à 25 000 rénovations de bâtiments basse consommation (BBC) », déplore Étienne Charbit.

    Concernant les passoires, l’objectif des 100 000 par an est loin d’être atteint. On est plutôt à 40 000… « Or il s’agit d’une priorité », dit le représentant du CLER.

    Accompagner les ménages

    Le plan de relance soutiendra le mouvement enclenché. Mais l’argent supplémentaire ne suffira pas. Il faut aussi simplifier le dispositif. « Un effort d’homogénéisation des aides est en cours mais il peut s’améliorer », admet Audrey Zermati. Effy fait partie des mandataires de l’Agence nationale pour l’habitat (Anah), chargée de distribuer « MaPrimeRénov », une aide lancée le 1er janvier 2020.

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    À ce jour, 80 000 demandes pour financer des travaux ont été déposées à l’Anah et 40 000 sont validées. Ce dispositif remplacera définitivement l’ancien crédit d’impôt transition énergétique (CITE) au 1er janvier 2021 et sera étendu à tous les niveaux de revenus, et plus seulement réservé aux plus modestes. Il sera également ouvert aux copropriétés et aux propriétaires bailleurs. Aujourd’hui, seuls les propriétaires occupants sont aidés.

    La communication autour du dispositif doit aussi s’améliorer. Selon Étienne Charbit, il faut « mieux accompagner les ménages ». Il préconise d’accroître le nombre d’espaces FAIRE (ex-Info Énergie), lieux chargés de conseiller les particuliers. « Gagner en visibilité est essentiel », insiste Audrey Zermati.

    De la visibilité et des contrôles

    Une échéance essentielle sera aussi la publication des objectifs imposés aux fournisseurs d’énergie. Ceux-ci doivent en effet contribuer à la rénovation des bâtiments. «  À la rentrée, on connaîtra leur quota à réaliser entre 2022 et 2026 », explique Nicolas Moulin, président de Primes Énergie, une autre agence de conseil.

    Sur la piste de la réduction des énergies fossiles

    Cet indicateur permettra de « réorganiser la filière », explique-t-il, avec la formation d’« artisans bien qualifiés ». Pour être apte à rénover des logements, il faut être labellisé RGE (Reconnus garant de l’environnement). Environ 50 000 artisans en France ont ce label. « Mais il n’est pas assez fiable, trop facile à obtenir », critique Nicolas Moulin. Il suggère d’augmenter les contrôles sur les chantiers « à l’aveugle, tous les 6 mois, au lieu de tous les 5 ans environ actuellement ».

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    Le renforcement des contrôles permettra d’éviter les fraudes, nombreuses aujourd’hui dans ce secteur qui connaît une forte demande. « Et si cette exigence va de pair avec des aides financières et un gain en visibilité, les professionnels et les particuliers voudront se lancer, résume la professionnelle. Ils auront davantage confiance en l’avenir. »

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