• Malte de nouveau épinglée pour son opacité fiscale

    Malte de nouveau épinglée pour son opacité fiscale

    Sociétés inactives, manque d'information sur les bénéficiaires effectifs d'entreprises, coopération parfois défaillante, l'île de Malte voit son statut dégradé par l'OCDE en termes de transparence et de coopération fiscale au niveau international.

      Environ 12.000 entreprises enregistrées à Malte sont inactives selon l'OCDE et leur propriétaire n'est pas toujours connu.
      Environ 12.000 entreprises enregistrées à Malte sont inactives selon l'OCDE et leur propriétaire n'est pas toujours connu. (iStock)
      Publié le 2 sept. 2020 à 17:32Mis à jour le 2 sept. 2020 à 17:33

      L'île de Malte revient sous les feux de la rampe. Pas pour ses célèbres chevaliers. Mais plutôt pour son manque de coopération en matière de fiscalité. Régulièrement pointée du doigt comme étant un paradis fiscal aux portes de l'Europe, l'île méditerranéenne vient d'être épinglée par l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE). Publié mardi, le rapport élaboré cet été par les pairs du Forum mondial est sans équivoque. En termes de transparence et d'échange d'informations fiscales à la demande d'Etats tiers, Malte voit son statut être rétrogradé de « largement conforme » obtenu lors d'un premier examen en 2013 à « partiellement conforme ».

      Evolution des principales évaluations de l'OCDE pour Malte entre 2013 et 2020

      Evolution des principales évaluations de l'OCDE pour Malte entre 2013 et 2020 OCDE.

      Concrètement, il est reproché aux autorités maltaises de ne pas être suffisamment transparentes quant à la propriété juridique et la comptabilité de certaines entreprises enregistrées dans l'île. Si le cadre juridique est en place, la surveillance effective est faible notamment sur les bénéficiaires effectifs des comptes bancaires. Il importe, pour l'OCDE, de renforcer les mesures de contrôle des banques.

      Législation non conforme

      Le rapport du Forum Global mentionne en particulier le cas des bons de souscription d'actions au porteur à Malte. En 2013, il avait été recommandé de surveiller de près ces émissions et d'assurer une parfaite information sur la propriété. Ce qui n'a pas été fait de manière appropriée et complète. De même, « la définition des bénéficiaires effectifs de fiducies à Malte en vertu de la législation maltaise de lutte contre le blanchiment d'argent n'exige pas d'identifier les personnes physiques […] », souligne encore l'OCDE. Cette législation « n'est pas conforme à la norme » internationale.

      Des entreprises inactives

      Autre problème identifié : il existe environ 12.000 entreprises inactives enregistrées à Malte. Les informations sur leurs propriétaires et leur comptabilité manquent parfois. « Malte a confirmé que des mesures avaient été prises pour radier ces entreprises inactives, mais comme certaines de ces mesures ont été récemment prises en 2020, leur efficacité ne peut pas être évaluée », regrette le rapport.

      A cela s'ajoute un manque de coopération manifeste de Malte pour communiquer les informations demandées par des pays tiers. En 2013, Malte avait reçu quelque 80 demandes d'informations sur des entreprises de la part d'autorités fiscales de pays étrangers. Aujourd'hui, le nombre approche des 500. Sur ce total, 86 demandes portaient sur leur propriété effective. « La rapidité des réponses de Malte aux demandes s'est détériorée », souligne le rapport. Et Malte « n'a pas fourni d'informations sur la propriété dans certains cas en raison de l'indisponibilité des informations sur la propriété des sociétés inactives ».

      Quelle réponse européenne ?

      Bref, comme le résume Quentin Parrinello, porte-parole de l'ONG Oxfam, « des personnes peuvent se cacher à Malte tout en y réalisant des affaires ».

      La dégradation de la situation de Malte est loin d'être anodine et soulève la question de l'intégration de cet Etat européen dans la liste noire des paradis fiscaux la commission européenne . En février dernier, Panama qui avait fait l'objet d'une même sanction par l'OCDE avait été réintégré dans cette liste noire.

      Bref, comme le résume Quentin Parrinello, porte-parole de l'ONG Oxfam, « des personnes peuvent se cacher à Malte tout en y réalisant des affaires ». La dégradation de la situation de Malte est loin d'être anodine et soulève la question de l'intégration de cet Etat européen dans la liste noire des paradis fiscaux la commission européenne. En février dernier, Panama qui avait fait l'objet d'une même sanction par l'OCDE avait été réintégré dans cette liste noire. « Politiquement Malte vient de subir le même sort. Un pays européen ne répond pas aux standards internationaux. Il devrait donc logiquement intégrer la liste de la Commission européenne », indique Quentin Parrinello. La crédibilité de la liste européenne est en jeu.

      « Politiquement Malte vient de subir le même sort. Un pays européen ne répond pas aux standards internationaux. Il devrait donc logiquement intégrer la liste de la Commission européenne », indique Quentin Parrinello. La crédibilité de la liste européenne est en jeu.

      Richard Hiault

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