Après un épisode cacophonique autour du congé de deuil d’un enfant qui a fait tanguer la macronie, l’exécutif cherche à amadouer les députés de la majorité, malmenés sur le terrain et en quête de davantage de considération dans la chaîne du pouvoir.
À une poussée de tension et de grandes explications, a succédé la recherche de l’apaisement entre le sommet et les parlementaires. Car la journée de mardi avait été houleuse, marquée par une réunion de groupe où a transpiré « beaucoup d’émotion », dixit la députée LREM Coralie Dubost.
En cause: le tollé suscité par le rejet le 30 janvier à l’Assemblée d’une proposition de loi UDI-Agir qui visait à porter de cinq à douze jours le congé de deuil pour un enfant.
En première ligne, les députés de la majorité ont essuyé le feu des critiques pour leur opposition, qui avait évidemment été préalablement concertée avec le gouvernement. Et l’effet double lame est venu d’Emmanuel Macron lui-même qui avait demandé samedi de « l’humanité » au gouvernement.
Une sortie perçue comme inélégante par certains députés, alors que sur le terrain « des collègues vivent des situations d’extrême violence quasi quotidienne » en portant l’action du gouvernement, souligne une députée LREM.
« Les choses sont rattrapables si l’exécutif et notamment le président prend la peine de s’y atteler », complète un autre marcheur. Un souhait qui a été entendu puisque le chef de l’État réunira les députés de la majorité mardi prochain.
L’opération réconciliation a été amorcée il y a deux jours par Emmanuel Macron qui a appelé le président du groupe Gilles Le Gendre « pour redire toute sa confiance et son affection aux députés, et saluer leur tâche dans ce moment difficile, leur travail et leur sang-froid, et les valeurs qui inspirent notre action », selon l’entourage de Gilles Le Gendre.
« Les députés ne sont pas responsables, tu ne peux pas plaider autre chose que la bonne foi », insiste un conseiller de l’exécutif en soulignant que le Premier ministre avait lui-même reconnu "une boulette« et assumé »une part de responsabilité ».
Mais « il faut qu’on retisse le lien qui s’est tendu avec les députés », métaphorise-t-il encore, alors que l’opposition LR ironise sur "les couacs en stock qui montrent l’amateurisme du gouvernement« . Car l’épisode symbolise aussi la relation ambivalente qu’entretient Emmanuel Macron avec une majorité élue dans le sillage de l’élection présidentielle, et immédiatement taxée de »godillots". Dans la chaîne du pouvoir, le groupe LREM cherche comment peser sans ressusciter le spectre des « frondeurs » du quinquennat Hollande. Un vrai défi de management pour l’exécutif qui peine à trouver la bonne fréquence avec sa majorité.
À ce titre, des récents échos dans la presse ont été particulièrement mal reçus, à l’image de ce « ténor de la macronie" traitant les députés LREM de »cons«, ou ce membre du gouvernement confiant qu’un élu de la majorité »ne sert à rien car il est là pour voter, avoir une mission de temps en temps et surtout fermer sa gueule ». Des propos "d’une grave lâcheté«, s’étrangle le député Guillaume Chiche qui met en garde: »ça peut être le sel d’une division ».
Si Edouard Philippe convie régulièrement par grappes des députés à Matignon, Emmanuel Macron est, lui, plus avare de ces marques de considération. En septembre dernier, il avait réuni quelque 200 députés et sénateurs LREM et MoDem mais avait autant manié le fouet que la caresse en exhortant ses troupes à ne pas être un « parti bourgeois » et en délivrant un discours ferme sur l’immigration qui avait heurté une frange du groupe.
« Nous ne pouvons être les victimes collatérales de la violence politique actuelle »: les syndicats de collaborateurs parlementaires ont dénoncé hier l’agression « inacceptable » d’un des leurs en marge d’un meeting à Rouen dans le cadre des municipales. Le collaborateur de la députée LREM Sira Sylla a été victime « d’une attaque d’une violence sans nom de la part d’une vingtaine de militants d’extrême gauche. Insultes, coups, un oeuf écrasé sur l’oeil. Cinq jours d’ITT et traumatisé », a indiqué l’élue de Seine-Maritime, soulignant que l’agression du jeune homme de 21 ans a en outre été diffusée sur les réseaux sociaux.
Agression d’un collaborateur parlementaire
« Nous ne pouvons être les victimes collatérales de la violence politique actuelle »: les syndicats de collaborateurs parlementaires ont dénoncé hier l’agression « inacceptable » d’un des leurs en marge d’un meeting à Rouen dans le cadre des municipales.
Le collaborateur de la députée LREM Sira Sylla a été victime « d’une attaque d’une violence sans nom de la part d’une vingtaine de militants d’extrême gauche. Insultes, coups, un oeuf écrasé sur l’oeil. Cinq jours d’ITT et traumatisé », a indiqué l’élue de Seine- Maritime, soulignant que l’agression du jeune homme de 21 ans a en outre été diffusée sur les réseaux sociaux.
Des départs de députés LREM
Frédérique Tuffnell a annoncé hier sa décision de quitter le parti et le groupe majoritaire, tandis que Xavier Batut a choisi de se mettre « en retrait » du parti, tout en restant apparenté au groupe à l’Assemblée.
Frédérique Tuffnell, élue de Charente-Maritime, a notamment invoqué son refus de « creuser davantage le fossé » créé par la réforme des retraites entre les Français et la majorité.
Avec ce nouveau départ, les effectifs du groupe LREM tombent à 300 membres et apparentés à l’Assemblée contre 314 en 2017 (en comptant le président de l’Assemblée Richard Ferrand), alors que la majorité absolue est à 289 sièges.
Le groupe macroniste a prononcé trois exclusions depuis le début de la législature, dont récemment celle de Sabine Thillaye, et enregistré une dizaine de départs volontaires, sur fond de conflits sur la ligne de LREM ou de désaccord pour les municipales.
S’y ajoutent plusieurs passages de députés membres à part entière à membres apparentés de la majorité.
« Un peu de câlinothérapie »
Les députés de la majorité « ont besoin un peu de câlinothérapie », a expliqué hier la ministre de la Cohésion des territoires Jacqueline Gourault pour expliquer l’invitation du chef de l’Etat qui les réunira mardi prochain. « Il y a besoin de rapprocher les points de vue, de discuter, de percer peut-être des abcès qui se sont créés à cause de maladresses, à cause des uns et des autres d’ailleurs, des maladresses de chaque côté », a analysé la ministre MoDem. « Quand il y a des difficultés, il faut toujours essayer d’en sortir par le haut, par le dialogue, et c’est ce que va faire le président de la République », a-t-elle ajouté.
Parmi les députés de la majorité, « il y en avait peu qui avaient une expérience politique » en 2017, comme dans « toutes périodes historiques qui ont connu aussi des nouveaux parlements, des nouveaux députés qui n’avaient pas d’expérienc