• Les engagements amazoniens d’Emmanuel Macron ne convainquent pas les ONG

       

    Les engagements amazoniens d’Emmanuel Macron ne convainquent pas les ONG

    Le président français a rencontré le chef amérindien Raoni Metuktire à l’issue du G7, alors que le sort de la forêt primaire brésilienne suscite inquiétudes et émotion.

    Par Publié hier à 22h22, mis à jour à 00h06

     

    Chef Raoni Metuktire, à Bidart, près de Biarritz, le 26 août 2019.

    Chef Raoni Metuktire, à Bidart, près de Biarritz, le 26 août 2019. REGIS DUVIGNAU / REUTERS

    Il y avait peu de chances que les déclarations et les engagements d’Emmanuel Macron, et des chefs d’Etat réunis pour le G7 à Biarritz, du 24 au 26 août, convainquent les organisations non gouvernementales (ONG) qui, elles, se sont mobilisées pour un contre-sommet. En particulier sur l’Amazonie, dont les images de la forêt en flammes ont suscité une immense émotion.

    Même la rencontre avec le chef Raoni, qui était l’invité de plusieurs ONG à proximité de Biarritz et des travaux du G7, n’a pas suffi pas à satisfaire les organisations mobilisées pour le climat et l’environnement. Et même si le chef indien a confié avoir eu une « bonne discussion » avec le président français.

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    Plus tôt, dans une intervention diffusée par France Inter, Raoni Metuktire, grand chef du peuple kayapo, s’est adressé aux chefs d’Etat :

    « Je m’adresse à tous les leaders, à vous tous qui êtes chefs dans vos pays. Vous devez mettre en place des moyens de faire pression sur le gouvernement brésilien pour qu’il prenne des mesures pour mettre fin définitivement aux feux de forêt. Il faut que ça s’arrête, on ne peut pas continuer comme ça. La situation actuelle est désastreuse (…) Je demande une aide extérieure. Je veux qu’il y ait une mobilisation générale pour qu’on éteigne ces feux. On ne peut pas laisser brûler ça comme ça. »

    Le vieux chef, 89 ans, inlassable défenseur des droits des communautés indigènes, a par ailleurs appelé à la destitution du président brésilien Jair Bolsonaro. « Je pense que le président français et d’autres forces internationales peuvent faire pression pour que le peuple brésilien fasse partir Bolsonaro et que le Congrès vote sa destitution », a-t-il aussi déclaré à l’Agence France-Presse.

    « De la poudre de perlimpinpin » selon Greenpeace

    Emmanuel Macron avait déjà annoncé une mobilisation, lors d’une conférence de presse tenue avec son homologue chilien, Sebastian Pinera, lundi 26 août, d’au moins 20 millions de dollars – 18 millions d’euros, soit environ la moitié de ce qu’a coûté l’organisation de ce G7 – pour « les pays qui feront connaître leurs besoins ». A cette aide destinée à renforcer les moyens de lutte contre les incendies des pays concernés, Emmanuel Macron a dit vouloir apporter « des soutiens militaires dans la région dès les prochaines heures ».

    De « la poudre de perlimpinpin » pour Greenpeace. « Emmanuel Macron a fait le choix de mettre les incendies en Amazonie au cœur des discussions de ce G7. Or, la réponse n’est pas à la hauteur de l’urgence et de l’ampleur de ce désastre environnemental », explique l’ONG dans un communiqué lundi soir. Pour Jean-François Julliard, directeur de Greenpeace France, la prise de position du chef de l’Etat sur l’Amazonie est « opportuniste et symbolique ». « Il faut lutter contre les causes de la déforestation, qui sont bien plus dangereuses que les incendies pour l’Amazonie, et la France est un pompier pyromane, en contribuant à cette déforestation, notamment par les importations de soja pour l’alimentation animale », a-t-il confié au Monde.

    Le sentiment est partagé par de nombreuses ONG. En avançant vers le palais, où se tenait le G7, vite bloqués par la police, dimanche midi, les porte-parole des deux coordinations (basque « G7 EZ ! », et française, « Alternatives G7 »), qui ont organisé le contre-sommet qui s’est tenu à Hendaye et Irun, du 21 au 23 août, ont dénoncé aussi ce qu’ils jugent un affichage d’Emmanuel Macron.

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    L’Amazonie absente du communiqué final

    « Emmanuel Macron a osé prononcer la phrase suivante pendant le G7 : “Nous devons répondre à l’appel de l’océan et de la forêt qui brûle (…) Nous sommes tous Amazoniens.” Ces sept chefs d’Etat, véritables pyromanes de la planète, prétendent vouloir éteindre l’incendie, qu’ils ont eux-mêmes engendré : extraction massive d’énergies fossiles, déforestation, agro-industrie, pollution de tous les milieux naturels… », a ainsi déclamé l’une des porte-parole, Aurélie Trouvé, présidente d’Attac, en lisant une « Déclaration d’illégitimité du G7 » devant les forces de l’ordre.

    Plus modéré, le WWF, s’il a bien accueilli l’annonce de l’aide de 20 millions de dollars pour éteindre les feux amazoniens, dit attendre plus. « Les membres du G7 n’ont pas su encore s’attaquer aux racines de cette crise en luttant de manière efficace contre la déforestation générée par leurs importations et leurs activités dans la région (soja, viande ou minier) », explique l’organisation dans un communiqué, lundi soir.

    Surtout, au-delà de la crise amazonienne, les ONG restent sur leur faim sur l’ensemble des dossiers climatiques et environnementaux. De fait, le communiqué final et « commun des chefs d’Etat et de gouvernement du G7 », du 26 août, s’il mentionne le commerce, et les points chauds de l’actualité internationale, Iran, Ukraine, Libye et Hongkong, ne dit rien de l’Amazonie ou encore du climat.

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