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La France sommée d’agir face à l’échouage massif de dauphins sur ses côtes
La France sommée d’agir face à l’échouage massif de dauphins sur ses côtes
Les corps de nombreux dauphins retrouvés sur la côte atlantique durant l’été portent la trace d’engins de pêche. La Commission européenne a demandé au gouvernement de prendre des mesures adaptées.
Un volontaire du réseau national échouage (RNE) prend les mesures d’un dauphin échoué sur une plage à Plovan (Finistère), le 30 janvier. FRED TANNEAU / AFP
Après les hécatombes hivernales de dauphins, voilà que l’été se révèle, lui aussi, meurtrier. Alerté, Sea Shepherd est parti patrouiller au sud de la Bretagne depuis le 1er août à bord de son navire, le Clémentine. « On n’avait jamais connu une saison comme celle-ci, assure Lamya Essemlali, présidente de l’ONG pour la France. Il ne se passe pas un jour sans qu’on nous signale une capture de cétacé par des pêcheurs. Il y a énormément de fileyeurs et de chalutiers actifs dans la zone en ce moment, peut-être parce que le poisson s’est un peu rétabli pendant le confinement. En tout cas, on constate beaucoup d’échouages de dauphins. »
Cette campagne de Sea Shepherd est exceptionnelle : ces dernières années, ses militants surveillaient le golfe de Gascogne l’hiver, lorsque les chalutiers affluent pour la saison du merlu et du cabillaud, entre décembre et avril, générant des dégâts sur les populations de cétacés, qui s’échouent en masse sur les côtes atlantiques.
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Exceptionnelle, l’hécatombe en cours met d’autant plus le gouvernement français sous pression que la Commission européenne lui a demandé officiellement de prendre des mesures adaptées, afin de réduire les dégâts prévisibles de l’hiver prochain. Le 2 juillet, Bruxelles a fait savoir que Paris avait trois mois pour fournir une réponse à la hauteur du dossier. Le même jour, à la suite d’une plainte de Sea Shepherd, le tribunal administratif de Paris condamnait l’Etat français pour « carence » dans la gestion de ce dossier.
1 200 dauphins échoués durant l’hiver 2018-2019
Comme l’ont rappelé six associations de défense de la nature, dans un courrier envoyé samedi 15 août au gouvernement, plus de 1 200 dauphins se sont échoués sur les côtes atlantiques françaises durant l’hiver 2018-2019, la majorité portant des traces d’engins de pêche, selon le bilan établi par l’Observatoire Pelagis (université de La Rochelle) avec d’autres partenaires. Or, les experts estiment qu’environ 90 % des animaux tués sombrent au fond de l’océan sans atteindre le littoral : ce sont au total plus de 11 000 dauphins qui ont été tués cette année-là. Le massacre s’est reproduit lors de la saison 2019-2020, malgré la baisse des activités de pêche due au confinement en mars.
« Les captures accessoires de baleines, dauphins et marsouins dans les filets de pêche représentent à l’échelle européenne la menace la plus importante pour leur conservation, écrivent les six associations — France Nature Environnement (FNE), Whale and Dolphin Conservation, Seas at Risk, Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), WWF et ClientEarth —, dans la lettre qu’elles adressent aux ministres de la mer, Annick Girardin, de la transition écologique, Barbara Pompili, et de l’agriculture et de l’alimentation, Julien Denormandie. Il apparaît clairement aujourd’hui que la notion de captures accidentelles qualifiant la mortalité des dauphins par la pêche est inappropriée. » Ce point est important : en France, baleines, rorquals, delphinidés, marsouins, cachalots et autres mammifères marins sont protégés par un arrêté de 2011 (ils le sont aussi par des traités internationaux), qui interdit toute forme de destruction sauf… en cas de « captures accidentelles dans des engins de pêche ».
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Tags : écologie, biodiversité, législation, pêche, filets, France sommée d’agir, échouage massif de dauphins, côtes atlantiques, traces d’engins de pêche
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