• Grève du 17 décembre : 615 000 personnes ont manifesté en France selon le ministère de l’intérieur

     

     

    Les cortèges ont souvent rassemblé moins de manifestants que le 5 décembre. A Paris, en revanche, la manifestation a connu sa plus forte affluence depuis le début du mouvement.

    Le Monde avec AFP Publié aujourd’hui à 09h08, mis à jour à 20h19

       

    Manifestation contre la réforme des retraites à Lyon le 17 décembreManifestation contre la réforme des retraites à Lyon le 17 décembre BRUNO AMSELLEM POUR « LE MONDE »

    Ils sont fonctionnaires, enseignants, cheminots, avocats, soignants… Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté, mardi 17 décembre, contre la réforme des retraites, pour la première fois à l’appel de l’ensemble des principales organisations syndicales − CFDT comprise.

    Le ministère de l’intérieur a comptabilisé 615 000 manifestants partout en France, dont 76 000 à Paris. Le 5 décembre, au premier jour du conflit, 806 000 manifestants avaient battu le pavé, selon les autorités, puis 339 000 il y a une semaine. De son côté, la CGT a dénombré 1,8 million de manifestants, dont 350 000 dans la capitale.

    Notre direct : Suivez en direct la journée de mobilisation contre la réforme des retraites

    Mardi, la CGT, FO, la CFE-CGC, Solidaires et la FSU marchaient pour réclamer le retrait pur et simple du projet, en essayant de profiter des difficultés de l’exécutif. Le gouvernement est en effet fragilisé par la démission, lundi, de son haut-commissaire aux retraites, Jean-Paul Delevoye, après une semaine de révélations sur ses activités et mandats non déclarés. Ces organisations devaient se réunir dans la soirée pour décider de la suite du mouvement.

    Dans les mêmes cortèges, mais derrière leurs propres banderoles, la CFDT, la CFTC et l’UNSA défilaient pour améliorer le contenu du projet de fusion des 42 régimes existants en un système universel. Et surtout pour refuser l’introduction, dès 2022, d’un « âge d’équilibre » qui doit atteindre 64 ans en 2027 afin de favoriser l’équilibre des comptes grâce à un dispositif de bonus-malus.

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    • Des manifestations denses partout en France

    Tête de cortège avec Philippe Martinez (CGT) à la manifestation contre la réforme des retraites du 17 décembre à Paris.Tête de cortège avec Philippe Martinez (CGT) à la manifestation contre la réforme des retraites du 17 décembre à Paris. BENJAMIN GIRETTE POUR « LE MONDE »

    De nombreux rassemblements ont eu lieu mardi dans toute la France. Ils étaient notamment 20 000 manifestants à Marseille, selon la police, et 200 000 selon les organisateurs. Entre 17000 et 120 000 ont défilé à Toulouse, de 17 000 à 40 000 à Lyon, de 14 000 à 30 000 à Nantes… Des chiffres souvent supérieurs à la précédente mobilisation le 10 décembre, mais souvent en retrait par rapport à celle du 5 décembre.

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    A Paris, la manifestation est partie vers 14 heures de la place de la République vers celle de la Nation. Mais, en raison de l’affluence, les derniers n’ont pu quitter la place de la République que peu avant 17 heures. Le ministère a comptabilisé 76 000 personnes dans la capitale, un chiffre proche du comptage effectué par le cabinet Occurence pour un collectif de médias (72 500), mais bien en-deça de celui de la CGT qui a dénombré 350 000 manifestants. La journée est « un franc succès », s’est réjoui le leader de la CGT, Philippe Martinez, estimant que, « malgré les tentatives de division du gouvernement, la population reste mobilisée ».

    « Il faut que tous ceux qui portent une réforme juste et équitable soient dans la rue pour montrer que nous ne voulons pas de cet âge d’équilibre qui est terriblement injuste, qui va concerner d’abord ceux qui ont commencé à travailler tôt », a déclaré, de son côté, le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, qui a rapidement quitté les lieux, le service de presse de la CFDT expliquant ce départ par des « mouvements de foule ».

    « Services publics à l’agonie, Retraitez nous bien », ou « On révolte ceux que l’on saigne », pouvait-on lire sur les pancartes. Peu d’incidents ont émaillé le cortège parisien, selon nos journalistes sur place. A 19 heures, la police avait procédé à 3 759 contrôles préventifs et 30 interpellations, selon la préfecture de police de Paris. Le parquet de Paris indique que onze personnes ont été placées en garde à vue.

    « Ce que j’ai compris, c’est que cette journée est décisive : en fonction de la mobilisation, le gouvernement prendra des décisions », juge Julien, fromager parisien de 35 ans, qui « ne comprend pas pourquoi le privé ne se mobilise pas plus ». Cyril, professeur d’EPS en Seine-Saint-Denis, n’a « aucune confiance dans notre ministre, qui ne cesse de mentir. Depuis deux ans, il dit qu’il va revaloriser les enseignants et il ne se passe rien ». Il y a de nombreux « flous » qui perdurent dans cette réforme des retraites, estime-t-il, avec notamment cet « âge pivot ». « De toute façon, on sait que tout le monde va y perdre », dit-il.

    « Voir autant de nos militants présents montre qu’au-delà de la question de la retraite, ils en ont marre de la politique Macron », observe à Marseille Cyril Jouan, secrétaire CFDT 13, qui reconnaît que la base est « plus énervée que le sommet » du syndicat.

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    • Plus de 32 % des cheminots en grève, 25 % des instituteurs

    Paris France le 17 décembre 2019 / rassemblement intersyndicale à la maison de la RATP en face de la Gare de Lyon. Quelques centaines de manifestants chantent dans le Hall de la RATP.Paris France le 17 décembre 2019 / rassemblement intersyndicale à la maison de la RATP en face de la Gare de Lyon. Quelques centaines de manifestants chantent dans le Hall de la RATP. BENJAMIN GIRETTE POUR « LE MONDE »

    Le gouvernement a annoncé 9,74 % de grévistes dans la fonction publique :

    • 15,69 % dans la fonction publique de l’Etat ;
    • 4.71 % dans la fonction publique territoriale ;
    • 11.8 % dans la fonction publique hospitalière.

    « Rapporté aux effectifs d’agents publics par versant, le taux de grévistes dans la fonction publique est de 9,74 % », précise le secrétariat d’Etat auprès du ministère de l’action et des comptes publics, Olivier Dussopt. Ces chiffres sont en baisse par rapport à la journée du 5 décembre, note Bercy, qui avait comptabilisé 26 % de grévistes dans la fonction publique ce jour-là.

    Dans l’éducation nationale, 25,05 % des enseignants étaient en grève dans le primaire et 23,32 % dans le secondaire, selon le ministère - contre respectivement 50 % et 60 % selon les syndicats, qui entendaient maintenir la pression après des réunions bilatérales vendredi 13 et lundi 16 décembre.

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    Au 13e jour de la grève illimitée à la SNCF, un tiers des cheminots (32,8 %) étaient en grève, dont 75,8 % des conducteurs de trains, 59,2 % des contrôleurs et 34 % des aiguilleurs, selon la direction de la SNCF, soit une forte hausse par rapport à lundi. La SNCF avait annoncé un trafic « très perturbé » avec un TGV sur quatre et un train de banlieue sur cinq « en moyenne ». Il y avait trois liaisons TER sur dix, « essentiellement » assurées par autocars. Seulement 5 % des trains Intercités circulaient.

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    Mardi, les actions prenaient aussi la forme de barrages filtrants, ports bloqués, tout comme les expéditions au départ de certaines raffineries, rassemblements de surveillants devant plusieurs prisons… Des dizaines de milliers de foyers ont été privés d’électricité en Gironde, à Lyon, Nantes ou Orléans, des actions revendiquées par la CGT du gestionnaire du réseau RTE.

    • Edouard Philippe affirme sa « détermination totale » à mener la réforme 

    Le premier ministre, Edouard Philippe, a affirmé mardi, lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, sa « détermination totale » à mener à bien la réforme des retraites pour « faire prévaloir l’équilibre du système futur et la remise à l’équilibre du système actuel ».

    Il a également rappelé qu’une série de réunions bilatérales de travail se tiendraient mercredi à Matignon, avant une multilatérale jeudi. « Il n’y a pas de disparition du dialogue social : au contraire, il y a un dialogue social intense », a martelé le premier ministre, qui a affirmé ne pas avoir « peur » du débat parlementaire. « Je n’ai pas peur du débat parce que je suis convaincu que ce régime universel apportera un plus, et je constate qu’une partie – y compris de ceux qui défilent aujourd’hui, les organisations syndicales – sont d’accord avec moi », a-t-il ajouté.

    Les leaders politiques Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise), Olivier Faure (Parti socialiste) et Julien Bayou (Europe écologie-Les Verts) ont appelé le gouvernement à retirer sa réforme des retraites en pointant son manque de soutien social et politique ou son effondrement « moral » après la démission de Jean-Paul Delevoye. Les trois hommes ont appelé en marge de la manifestation parisienne à un geste pour les fêtes de Noël, alors que plusieurs responsables de l’exécutif avaient auparavant exhorté les grévistes de la SNCF à une trêve pour les fêtes de fin d’année. « Le gouvernement est aujourd’hui ultra-minoritaire.Il n’y a plus un seul syndicat qui soutient sa réforme. Comment prétendre pouvoir mettre en place une réforme systémique sans base sociale et politique? », s’est interrogé Olivier Faure.

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    • Manifestation des personnels hospitaliers

    Des figures de la gauche viennent saluer les grévistes de la Gare de Lyon, à Paris. Sur sa blouse, dans son dos, une soignante a inscrit Des figures de la gauche viennent saluer les grévistes de la Gare de Lyon, à Paris. Sur sa blouse, dans son dos, une soignante a inscrit "la retraite on la veut pas a point on la veut bien saignante". JULIEN MUGUET POUR « LE MONDE »

    Pour la seconde fois, le Collectif interhôpitaux et L’Inter-Urgences appelaient à une manifestation nationale pour « exister sans être phagocyté » dans un hôpital public qu’ils jugent à bout de souffle, en parallèle de la mobilisation contre la réforme des retraites. Leur objectif : réclamer l’ouverture de « négociations » avec la ministre de la santé, Agnès Buzyn, et obtenir davantage de moyens pour l’hôpital public que ceux concédés en urgence il y a près d’un mois.

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    A Paris, un millier de blouses blanches et bleues, médecins, internes, infirmières ou encore aides-soignantes ont défilé. Derrière une banderole clamant « Hôpital public en urgence vitale », le cortège est parti à la mi-journée de l’hôpital Lariboisière (10e arrondissement) en direction de République pour permettre à ceux qui le souhaitaient de rejoindre la manifestation contre le futur « système universel » de retraites.

    « Tout le monde est épuisé, on a l’impression de donner beaucoup sans que les patients soient mieux soignés », a résumé Margot, médecin urgentiste depuis 2007. « Tout le monde s’en va », a renchéri Nicolas, aide-soignant depuis dix ans à l’hôpital parisien Tenon, où « il manque 11 manipulateurs radio » et où ceux qui restent sont « payés 1 000 balles de moins que dans le privé ».

    Doublement du budget alloué à la santé, revalorisation salariale générale, recrutements immédiats et ouvertures de lits supplémentaires… Les revendications n’ont pas changé depuis le début d’un mouvement inédit dans les services d’urgences mi-mars, qui s’est étendu depuis à l’ensemble de l’hôpital.

     

    Le Monde aujourd'hui à 18h37
    URGENT

    La CGT revendique 1,8 million de manifestants dans toute la France Avant les chiffres du syndicat, le ministère de l'intérieur avait annoncé 615 000 manifestants dans toute la France. Voici les chiffres des deux premières journées de mobilisation, à titre de comparaison : Le 5 décembre806 000, selon le ministère, 1,5 million selon la CGT. Le 10 décembre339 000, selon le ministère, 885 000, selon la CGT. Le 17 décembre 615 000, selon le ministère, 1,8 million, selon la CGT. A Paris : Le 5 décembre65 000, selon le ministère, 250 000, selon la CGT. Le 10 décembre31 000, selon le ministère, 180 000, selon la CGT. Le 17 décembre 76 000, selon le ministère, 350 000, selon la CGT.

     

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