ROYAUME-UNI - La campagne pour les élections législatives britanniques vient-elle de prendre un nouveau tournant? Le parti travailliste de Jeremy Corbyn a en tout cas jeté un pavé dans la mare de Boris Johnson ce mercredi 27 novembre.
Le leader du Labour a dévoilé, au cours d’une conférence de presse à Westminster, près de 451 pages de documents non expurgés. À l’intérieur, des comptes-rendus de six réunions d’un groupe de travail sur l’investissement et le commerce, entre les États-Unis et le Royaume-Uni après le Brexit.
Les documents en question ont déjà été publiés par le gouvernement britannique, mais dans un format expurgés.
Secret uk us trade talk document ..nearly 600 pages...
Dans ces documents, assure Jeremy Corbyn, la preuve que le NHS, le système de santé britannique, pourrait se retrouver ouvert au marché américain dans le cadre d’un accord commercial post-Brexit. “Ces documents confirment que les États-Unis demandent que le NHS soit sur la table dans les négociations commerciales [...] Nous avons la preuve qu’avec Boris Johnson, le NHS sera bien à vendre [...] Page 41, les Américains écrivent: ‘tout est inclus, à moins que quelque chose ne soit spécifiquement exclu’, ils veulent ‘un accès total au marché comme la base de départ des négociations’”, a détaillé Jeremy Corbyn lors de sa conférence.
Selon le travailliste, les gouvernements britannique et américain se sont déjà mis d’accord pour allonger la durée des brevets en matière de médicaments. Augmentant de fait le coût de ces derniers pour le NHS, assure le leader du Labour.
Le NHS au coeur de la campagne
Le parti conservateur a réagi dans la matinée en dénonçant des “mensonges” et des éléments pris hors de leur contexte, relaie le Guardian. “Les discussions présentent dans les documents étaient des discussions préliminaires dans lesquelles “Les États-Unis expliquaient uniquement leur législation et leur approche des accords commerciaux”. Pour les conservateurs, les différents documents montrant “clairement qu’au début des négociations l’équipe américaine a parfaitement conscience que le Royaume-Uni n’acceptera aucune tentative de mettre sur le NHS sur la table”. D’autres passages explicitent selon que “nous ne croyons pas actuellement que les États-Unis ont un intérêt majeur pour le domaine de la santé”.
"There will be no sale of the NHS, no privatisation, the NHS is not on the table in any way"
Boris Johnson says Labour's claim it has proof the NHS is at risk under Tory Brexit plans is a "diversionary tactic"http://bbc.in/2QVmkgs
Interviewé en début d’après-midi, Boris Johnson a réitéré les dénégations -” Le NHs n’est en aucun cas sur la table”- accusant par ailleurs les travaillistes d’utiliser le système de santé britannique pour faire diversion face aux accusations d’antisémitisme.
Au cours de sa conférence de presse, Jeremy Corbyn a notamment argué que les secrétaires d’État qui ont participé à ces discussions ont sanctionné ce cadre, et se sont gardés de publier ces informations.
Le NHS, tout comme le Brexit, est devenu l’un des principaux enjeux de la campagne au Royaume-Uni. Le Premier ministre Boris Johnson a régulièrement affirmé qu’il “n’était pas à vendre”. “C’est une invention complète, c’est complètement faux. Un gouvernement conservateur, dans aucune circonstance, ne mettra le NHS sur la table dans les négociations commerciales”, avait-il affirmé lors d’un débat avec Jeremy Corbyn sur ITV News.
Il faut dire que le locataire du 10 Downing street paye à cet égard sa proximité avec Donald Trump, qui est favorable à un Brexit dur et n’a jamais caché son intérêt pour le NHS. Résultat, le président américain est un angle d’attaque particulièrement choyé des opposants à Boris Johnson, qu’il s’agisse des Lib-Dem (centre), du Labour évidemment, mais aussi du SNP (indépendantistes écossais). Alors que Donald Trump est attendu mardi 3 et mercredi 4 décembre à Londres pour le sommet de l’Otan, le piège est tendu pour le leader conservateur.
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