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Brexit : population, industrie, finance… ce que perd vraiment l'Union européenne
DécryptageBrexit : population, industrie, finance… ce que perd vraiment l'Union européenne
Avec l'officialisation ce vendredi du départ du Royaume-Uni, l'Union européenne va perdre l'un de ses membres les plus puissants et les plus emblématiques. Un tournant historique qui transforme le visage de l'UE à de nombreux niveaux. Carte d'identité de cette « Europe des 27 ».
Avec le départ du Royaume-Uni, l'Union européenne perd 66 millions d'habitants et 5,5 % de sa superficie. (Les Echos)
Publié le 29 janv. 2020 à 17h01Mis à jour le 29 janv. 2020 à 18h11C'est (enfin) officiel. Vendredi, le Royaume-Uni ne fera plus partie de l'Union européenne . Après presque 70 ans d'élargissement constant, la zone de coopération politique et économique perd l'un de ses membres les plus puissants. Un moment inédit et historique.
En passant de 28 à 27 Etats membres, l'Union européenne change considérablement de visage, que ce soit au niveau démographique, stratégique ou économique. Voici donc la nouvelle carte d'identité de l'« Europe des 27 ».
13 % d'habitants en moins
Avec 513 millions d'habitants en 2019, l'Union européenne se classe à la troisième position des zones les plus peuplées au monde, loin derrière les géants chinois (1,4 milliard) et indien (1,3 milliard).
En perdant les 66 millions de citoyens du Royaume-Uni, la population européenne va chuter de 13 %, à 447 millions d'habitants. Suffisant toutefois pour que l'UE conserve sa place sur le podium, devant les Américains (328 millions d'habitants).
Toujours la première puissance maritime mondiale
Avec 4,476 millions km², l'Europe a toujours été un petit poucet en termes de superficie. Une taille qui la positionne à la septième position mondiale. En perdant le Royaume-Uni et ses 243.000 km² soit 5,5 % du total, l'UE conservera cette septième place avec une superficie de 4,233 millions km², tout juste entre l'Australie et l'Inde.
La perte sera plus importante concernant le territoire maritime. Avec 25,6 millions de km², l'Union européenne est de loin la première puissance maritime mondiale, devant les Etats-Unis (12,2 millions). Sans les 6,8 millions km² du Royaume-Uni, elle se retrouvera amputée d'un quart de son espace maritime mais conservera la première place avec 18,8 millions km². En grande partie grâce à la France et ses 10 millions de km².
Deuxième puissance économique mondiale, pour l'instant…
Affichant un PIB de 18.750 milliards de dollars en 2018, l'Union européenne est, selon les chiffres du Fonds monétaire international, la deuxième puissance économique au monde, talonnant les Etats-Unis (20.500 milliards). En perdant le Royaume-Uni et ses 2.828 milliards de dollars de PIB, soit sa deuxième économie, l'Union européenne se voit amputée de 15 % de sa puissance économique.
Avec un PIB d'environ 16.000 milliards de dollars, l'UE des 27 conserve son statut de deuxième puissance économique mondiale mais se retrouve sous la menace de la Chine qui a enregistré 13.400 milliards de dollars de PIB en 2018 et qui jouit d'une croissance bien plus dynamique que celle du Vieux Continent.
Des fleurons industriels perdus
Berceau de la révolution industrielle, le Royaume-Uni compte aujourd'hui des entreprises parmi les plus puissantes au monde. Ainsi l'Union européenne va perdre avec BP et Shell (toutefois codirigée avec les Pays-Bas), deux des plus grands groupes pétroliers au monde. Dans le secteur des assurances, c'est un acteur emblématique, Prudential, fondé en 1848, qui quitte l'UE, tout comme le numéro trois mondial de la distribution, Tesco.
Dans le secteur aéronautique, c'est Rolls-Royce, l'un des plus gros motoristes au monde, qui sort de l'Union européenne, ainsi que le géant des télécommunications Vodafone, troisième opérateur mobile mondial en nombre d'abonnés. Enfin, Unilever, quatrième acteur mondial des produits alimentaires et de soins du corps, fait également partie de ces entreprises, même si, comme Shell, il s'agit d'une société néerlando-britannique.
A noter toutefois que la perte de ces fleurons de l'industrie est avant tout symbolique car l'accord du Brexit permettra à ces entreprises de commercer avec l'Union européenne dans des conditions favorables.
Finance : bye bye la City
Si elle a perdu en 2018 son titre de première place financière au monde, en passant derrière New York, la City de Londres reste un lieu emblématique du secteur. Au Royaume-Uni, les services financiers emploient 1,1 million de personnes, dont près de la moitié rien qu'à Londres. En tout, le secteur de la finance a rapporté 132 milliards de livres à l'économie anglaise en 2018, ce qui représente 6,9 % de son PIB, selon les données du parlement britannique.
Le Brexit entériné, la première place financière de l'Union européenne est désormais Francfort, qui se classe 15e au niveau mondial, talonnée par Paris (17e), selon le classement 2019 du think tank britannique Z/Yen. Toutefois, il est difficile d'évaluer l'impact de la « perte » de la City pour l'Union européenne, beaucoup d'établissements ayant annoncé des transferts d'actifs et de personnels du Royaume-Uni vers le continent. Mais dans quelles proportions ? Là-dessus, le flou reste total .
Enseignement : sans Oxford et Cambridge, le vide
Selon le classement de Shanghai , qui répertorie chaque année les meilleures universités du monde, le Royaume-Uni est le seul pays au monde à pouvoir rivaliser avec les tout-puissants établissements américains. En 2019, l'université de Cambridge se classait ainsi troisième et celle d'Oxford septième. Dans ce classement qui fait référence, les quatre premières universités européennes sont britanniques.
Sans le Royaume-Uni, le titre de meilleur établissement du supérieur de l'Union européenne revient à l'université de Copenhague qui se classe… 26e. Elle est suivie par Paris XI (37e), le Karolinska Institute de Stockholm (38e) et l'Université de la Sorbonne (44e).
Première destination touristique mondiale
D'après les chiffres de l'Organisation mondiale du tourisme, l'Union européenne capte à elle seule 50 % du secteur avec 713 millions de visiteurs internationaux. L'UE peut se targuer d'avoir en son sein les deux pays les plus visités au monde, à savoir la France (86,9 millions de touristes en 2017) et l'Espagne (81,8 millions).
Avec 37,7 millions de visiteurs, le Royaume-Uni se classe septième destination mondiale, mais ne représente que 5,3 % du tourisme européen. Un chiffre d'autant plus faible que l'incertitude liée au Brexit fait fuir les touristes de la perfide Albion. La fréquentation y a ainsi chuté de 7,7 % au deuxième trimestre 2018 .
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