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Violences, expéditions punitives… Quatre questions sur la situation à Dijon
Violences, expéditions punitives… Quatre questions sur la situation à DijonLa ville de Dijon est en proie depuis plusieurs jours à des violences inédites attribuées à des hommes se revendiquant de la communauté tchétchène. Des tensions qui seraient consécutives à l’agression d’un jeune homme de 16 ans, le 10 juin dernier.
Dijon a vécu une quatrième nuit de violences, après un week-end marqué notamment par des affrontements causés par des personnes se revendiquant de la communauté tchétchène. La situation est confuse dans cette cité touristique de 160 000 habitants, chef-lieu de la Bourgogne Franche-Comté. Laurent Nuñez, le secrétaire d’État auprès du ministre de l’Intérieur, se rend sur place ce mardi. Faisons le point sur les violences de ces derniers jours.
Que s’est-il passé cette nuit ?
Selon Frédéric Sampson, directeur de cabinet du préfet de Côte-d’Or, cité par France Bleu Bourgogne, des feux de poubelles et de véhicules ont eu lieu dans le quartier sensible des Grésilles et dans la ville voisine de Chenôve. 18 véhicules auraient été incendiés dans cette commune, selon son maire Thierry Falconnet, interrogé par Le Bien Public .
Toujours selon le quotidien régional, « plusieurs dizaines d’individus dont certains encagoulés » s’étaient rassemblés, dont certains « armés de Kalachnikov ». « Des détonations ont été entendues », précise le journal.
« Les événements aux Grésilles se sont terminés vers minuit », après une intervention policière, précise Frédéric Sampson. Il fait état de l’agression d’une équipe de journalistes de France 3 et d’un automobiliste « qui a vu sa voiture projetée contre une barricade enflammée par des individus masqués et encagoulés ». France Télévisions a annoncé son intention de porter plainte.
Quatre personnes ont été interpellées. Le parquet a démenti les rumeurs concernant le décès d’une victime. « Il n’y a heureusement pas de victime décédée », a annoncé le procureur de la République Eric Mathais.À qui sont attribuées ces violences ?
Selon le préfet de Côte d'Or Bernard Schmeltz, les personnes incriminées dans la nuit de lundi à mardi n’appartenaient pas à la communauté tchétchène. Contrairement à ces trois derniers jours où plusieurs dizaines voire centaines d’entre eux s’étaient rassemblées dans le centre-ville de Dijon puis aux Grésilles pour y mener des attaques ciblées dans le cadre d’un apparent règlement de comptes.
Des sources policières ont précisé que ces nouvelles violences étaient le fait de personnes voulant défendre leur « territoire » contre les incursions répétées des Tchétchènes.
Lundi, un renfort d’un escadron de gendarmes mobiles, soit 110 militaires, a été dépêché sur place.
Quel est le point de départ des affrontements ?
Plusieurs étapes sont évoquées par France 3 Franche-Comté. Dans la nuit du vendredi 12 au samedi 13 juin, plusieurs dizaines de personnes se revendiquant de la communauté Tchétchène se sont rassemblées dans le quartier de la République à Dijon. Un bar à narguilé a été pris pour cible. Les individus « étaient encagoulés et armés avec, en leur possession, des barres de fer, des couteaux, des marteaux, des tournevis et des battes de baseball », ajoutent nos confrères citant des témoins. La vice-procureure de la République de Dijon avait fait état de 10 blessés, « dont certains sérieusement », en précisant que d’autres violences ont été commises la même nuit dans le quartier des Grésilles.
Une cinquantaine de Tchétchènes, selon la police, sont revenus dans la nuit de samedi à dimanche cette fois dans le quartier des Grésilles, et un gérant d’une pizzeria a été grièvement blessé par balles, selon Le Bien Public.
Les violences sont ensuite montées d’un cran dans la nuit du 14 au 15 juin, à la manière d’une expédition punitive, après qu’un jeune de 16 ans de la communauté Tchétchène aurait été « passé à tabac » le 10 juin dernier à Dijon par un groupe de dealers.
Environ 200 Tchétchènes se sont rendus à nouveau dans le quartier des Grésilles, « armées pour la plupart de barres de fer ». « Ils nous ont insultés, ils ont frappé l’un des nôtres, on est là pour les tabasser », a indiqué l’un d’entre eux à France 3. « Quand un Tchétchène se fait frapper, on vient toujours parce qu’on est solidaire, il faut défendre les siens », a confié un participant anonyme à cette expédition, interrogé par Europe 1. Et un autre de confier : « On ne voulait pas embêter les Dijonnais, on est désolé, on a fait peur aux gens mais il vaut mieux avoir peur qu’avoir un mort en bas du bâtiment le lendemain matin » (sic).
Quelle a été la réponse des autorités ?
« Il y a bien eu des interventions de police dès vendredi soir, on n’a pas attendu lundi, a réagi Frédéric Sampson auprès de France Bleu. Le rôle des forces de police, c’est de ne pas provoquer des troubles à l’ordre public supérieurs à ce qui est en train de se passer. Il ne faut pas souffler sur les braises et conduire à une situation qui serait ingérable ».
Le maire de la ville, François Rebsamen, a lancé lundi un « appel au calme ». « Maintenant que les Tchétchènes sont partis, les petits caïds de ce quartier et des alentours sont venus faire de l’autodéfense du quartier, en cas de nouvelles attaques des Tchétchènes », a-t-il déclaré après les violences survenues lundi. Il a assuré que la police nationale était « en nombre suffisant pour assurer la sécurité d [u] quartier [des Grésilles] ».
Mais lundi, il avait également dénoncé le manque de moyens policiers, au cours du week-end. « Puisque la justice passe trop tard et que la police n’a pas les moyens de son action, la communauté tchétchène est venue faire respecter elle-même son droit, avait lancé l’élu au micro de BFMTV. On n’est plus en République quand ça se passe comme ça ».
De son côté, Marine Le Pen, qui doit se rendre mardi sur place mardi, a interpellé le ministre de l’Intérieur sur Twitter : « Notre pays sombre dans le chaos ! Que fait Christophe Castaner ? Des bandes se livrent une guerre ethnique, arme automatique à la main. Voilà, en toute clarté, la réalité de l’ensauvagement ».
Bernard Schmeltz, le préfet, « invite chacun à conserver son sang-froid et à ne pas concourir, pas des excès de langage divers, à envenimer la situation. »
Le représentant de l’État dans le département a d’ailleurs défendu la stratégie adoptée par les forces de l’ordre au cours du week-end. « Encadrer et encercler pour éviter les exactions : c’était la seule stratégie praticable », a-t-il dit. Et d’assurer que « les populations n’ont en aucun cas été abandonnées ».
Dans un communiqué publié lundi, le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner a appelé à « une réponse ferme » après « les violents troubles à l’ordre public et les actes d’intimidation survenus dans l’agglomération dijonnaise » qualifiés d'« inadmissibles ».
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Tags : France, justice, Violences, expéditions punitives, questions, situation à Dijon, plusieurs dizaines d’individus, armés de Kalachnikov, certains encagoulés, aux Grésilles
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