• « S’adapter va devenir le maître mot de notre drôle de vie » :

    « S’adapter va devenir le maître mot de notre drôle de vie » : le coronavirus, la France et la disparition de l’esprit de légèreté

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    Publié aujourd’hui à 09h23, mis à jour à 16h19

     

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    Récit

    Des Hauts-de-France à la Côte d’Azur, l’inquiétude, ces derniers jours, est allée crescendo dans le pays. Et l’allocution d’Emmanuel Macron, jeudi 12 mars, a définitivement marqué un tournant.

    La bise ou pas la bise ? Jusqu’au week-end dernier, la question ne se posait pas vraiment. Consigne ou pas consigne, clac clac, on s’embrassait. « Allez ! On est en France ! On sait vivre ! », se voyait opposer celui ou celle qui marquait sa surprise et une hésitation. Cela se voulait joyeux et un brin rebelle – « Même pas peur ! » –, et les bises étaient d’autant plus enjouées qu’on les savait proscrites par les autorités sanitaires. Mais voilà que d’un coup, la situation a changé… Est-ce la peur d’une évolution à l’italienne ? Le décompte macabre, jour après jour, des contaminations et des décès ? L’annonce d’une pandémie par l’OMS ? La bise, en France, a disparu. Et avec elle, l’esprit de légèreté. L’heure est à l’autodiscipline. Le coronavirus a imposé sa loi, la peur s’est installée.

    L’heure est venue où la moindre toux, d’où qu’elle vienne, est suspecte et provoque moult angoisses

    Une peur diffuse, sournoise, croissante. Une peur qui se veut raisonnable, responsable, maîtrisée, mais qui incite à s’informer sur le mal, son origine, les traitements, les statistiques. Qui conduit à multiplier les précautions et avertissements aux enfants. Une peur qui pousse surtout à s’enquérir de ses proches, parents et grands-parents. « C’est ma seule véritable angoisse, confie cette architecte, mère de trois enfants scolarisés et fille d’une dame de 92 ans, qui vit seule, veillée par trois aides-soignants. Elle est fragile parmi les fragiles, dépendante ô combien ! Que faire ? Comment la protéger ? Que se passera-t-il si le système s’enraye, si un employé tombe malade, si je ne peux pas passer la voir ? Et si l’on manquait de lits d’hôpital ? Pire, s’il fallait faire des choix, comme en Italie, comme en période de guerre, entre les multiples patients ? » L’idée lui est insoutenable. Elle téléphone tous azimuts, échange avec des amies dans le même cas. L’une a appris mercredi que ses visites à l’Ehpad de son père sont désormais interdites, et elle panique. Il n’a pas de tablette pour utiliser Skype ou FaceTime. Pourquoi ne l’a-t-elle pas équipé et formé plus tôt ? Comment n’a-t-elle pas vu venir ce qui était inéluctable ? « Les anciens, nos trésors, risquent d’être absorbés dans l’œil du cyclone. »

    Qui songerait encore à rire ?

    Les moins inquiets sont encore les enfants. Parents, instituteurs et professeurs ont depuis longtemps parlé du coronavirus avec eux, et ça a été le sujet d’exposé le plus choisi depuis un mois. C’était le cas de Corentin, 10 ans, élève de CM2. Deux heures de recherche sur Internet avec maman. Dix minutes de compte-rendu au tableau. Il en a retenu l’essentiel : méchante grippe, hyper contagieuse et dangereuse pour « les vieux et les personnes déjà malades ». La classe a respiré.

     

     

     

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