Les scientifiques français s'étaient pliés pour la dernière fois à cet exercice en 2012. Entretemps, leurs outils se sont améliorés. « Nous avons des meilleurs modèles, a expliqué Olivier Boucher, directeur de recherche au CNRS, à l'AFP. Comme les capacités de calcul augmentent, nous avons affiné la résolution et nous avons aussi des modèles qui représentent mieux le climat actuel ».
Grâce à cette échelle plus fine, les chercheurs ont mieux modélisé les conséquences du réchauffement climatique en Europe de l'Ouest, en s'intéressant aux vagues de chaleur. « L'intensité et la fréquence des vagues de chaleur ont augmenté ces dernières décennies. Cette tendance va se poursuivre au moins dans les deux décennies qui viennent, quel que soit le scénario considéré ».
Réchauffement climatique : les prévisions du Giec étaient trop optimistes
D'ici 2100, la Terre pourrait se réchauffer de 15 % de plus que la pire des prédictions du Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat). Ces dernières étaient donc trop optimistes. Pour espérer rester sous les 2 °C, il faudra réduire encore plus les émissions de gaz à effet de serre par rapport à ce qui était prévu.
Article de Futura avec l'AFP, publié le 8 décembre 2017
Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec), l'organe scientifique de référence sur le réchauffement, a publié en 2014 un éventail de scénarios prédisant le réchauffement climatique à la fin du XXIe siècle en fonction du volume des émissions de gaz à effet de serre.
Patrick Brown et Ken Caldeira, climatologues à l'Institut Carnegie de l'université de Stanford, en Californie (États-Unis), estiment, dans une étude publiée dans la revue Nature, que « le réchauffement climatique sera probablement plus important » que les pires modèles du Giec. Pointant du doigt le degré d'incertitude des scénarios climatiques, ils notent que les modèles les plus pessimistes, qui supposent une augmentation des émissions de gaz à effet de serre tout au long du siècle, prévoient une augmentation des températures entre 3,2 et 5,9 °C d'ici 2100 par rapport à la période préindustrielle.
Le réchauffement serait pire que prévu
Dans l'objectif de rétrécir cette large fourchette, l'étude introduit dans les modèles des données liées à l'observation par satellite de l'énergie solaire absorbée ou renvoyée par la Terre. Et elle « élimine la partie basse de cette fourchette », concluant que « le réchauffement le plus probable est d'environ 0,5 °C plus important que ce que suggère le modèle brut » du Giec concerné, résume le communiqué de Carnegie.
À ce stade, le monde a gagné près de 1 °C, selon les scientifiques. Moins d'un degré qui a suffi à provoquer plus de précipitations, un rétrécissement de la banquise, une acidification des océans et une augmentation de leur niveau moyen. « Nos résultats indiquent que parvenir à n'importe quel objectif de stabilisation de la température mondiale nécessitera des réductions plus importantes des émissions de gaz à effet de serre que celles précédemment calculées », écrivent les auteurs de l'étude. L'accord de Paris de 2015 prévoit de limiter en deçà de 2 °C la hausse moyenne de la température mondiale par rapport aux niveaux d'avant la Révolution industrielle, voire de 1,5 °C.
Rapport Giec : enfin la reconnaissance mondiale du réchauffement climatique
Article de Jean-Luc Goudet paru le 6 avril 2007
Cette fois, c'est fait. Les experts mondiaux du climat ont validé le quatrième rapport sur l'environnement proposé par le Giec. La Commission européenne a salué le travail mais il a fallu de subtiles tractations pour éviter des mots qui fâchent dans certains pays.
Pour que le quatrième rapport du Groupe intergouvernemental du climat (Giec) rédigé par des experts de l'ONU soit publié, il fallait l'accord de toutes les nations. En discussion depuis lundi à Bruxelles, le rapport a été publié, donc validé, ce vendredi 6 avril 2007.
Ce rapport, plus alarmant que les trois précédents, a de quoi inquiéter et, surtout, met de nombreux pays devant leurs responsabilités. On connaissait déjà son premier volet, scientifique, publié en février, qui indiquait pour 2100 une hausse probable de la température moyenne de 2 à 4,5 degrés et une montée du niveau des océans de 19 à 58 centimètres.
Dans le reste du rapport, les experts du Giec énoncent les effets de ces modifications :
- Au-delà de 2 à 3 degrés de plus qu'en 1990, le réchauffement aura des impacts négatifs sur toutes les régions du globe.
- Au-delà de 1,5 à 2,5 °C de plus, de 20 à 30 % des espèces animales et végétales risquent de disparaître.
- Le nombre de victimes d'inondations pourraient augmenter de deux à sept millions de personnes chaque année.
- En 2080, sécheresses, dégradation et salinisation des sols conduiront 3,2 milliards d'hommes à manquer d'eau et 600 millions à souffrir de la faim.
- Les conséquences de ces inondations seront plus graves là où la pression démographique s'accentue et dans les grands deltas d'Afrique de l'Ouest, d'Asie ou du Mississippi.
- « Les populations pauvres, même dans des sociétés prospères, sont les plus vulnérables au changement climatique » ont ajouté les experts pendant la conférence de presse.
Chipotages politiques
Le débat s'est clairement déplacé du terrain scientifique sur le terrain politique. Les débats ont bien montré les réticences des uns et des autres, ainsi que les points qui font mal. L'Arabie Saoudite, la Chine, les États-Unis et la Russie ont chacun contesté tel ou tel paragraphe qui semblait gêner leurs intérêts.
La Chine, d'après l'Agence France Presse, voulait retirer l'expression « très élevé » dans la phrase annonçant « le risque très élevé, basé sur de nombreuses observations et preuves dans tous les pays et la plupart des océans, que de nombreux systèmes naturels soient affectés par les changements climatiques. »
Quant aux États-Unis, ses représentants (toujours selon l'AFP) ont fait supprimer un passage prédisant que l'Amérique du Nord « devrait être localement confrontée à de graves dommages économiques et à des perturbations substantielles de son système socio-économique et culturel ».
Ironie du sort, c'est le moment qu'a choisi une équipe de treize chercheurs américains et israéliens, dirigée par Richard Seager, climatologue au Lamont Doherty Earth Observatory (New York), pour publier dans Science une étude alarmante sur l'évolution probable du climat dans le sud-ouest des Etats-Unis et au Mexique. Selon ces chercheurs, il faut s'attendre à une baisse de l'ordre de 15 % de l'humidité dans ces régions au cours des trois prochaines décennies. Et de prédire le retour régulier des catastrophiques phénomènes météorologiques appelés American Dust Bowl qui ont ravagé l'agriculture, déjà en crise, dans les années 1930. Une forte sécheresse s'était alors abattue sur la région des grandes plaines au centre des Etats-Unis et avait mis à mal les cultures avant de provoquer une importante érosion éolienne et de puissantes tempêtes de poussière. « Durant le Dust Bowl, souligne Richard Seager dans Nature, la baisse d'humidité n'a été que de 15 %. »