PARADOXE – Plus prudente dans son déconfinement que ses voisins, la Californie fait pourtant face, elle aussi, à l'emballement d'une épidémie qui semble désormais incontrôlable.
Elle se distinguait pourtant par une remarquable prudence dans sa gestion de la crise sanitaire. Premier des 50 Etats à avoir instauré l'état d'urgence et à confiner sa population début mars, la Californie n'a consenti à rouvrir son économie que sur la pointe des pieds à la différence de ses voisins comme le Texas ou la Floride. Début mai, l'épidémie semblait même y être sous contrôle avec environ 2.200 morts et 55.00 cas positifs, un faible ratio par rapport à sa population.
Six semaines plus tard, le scénario tourne à la catastrophe : le bilan est passé à près de 200.000 cas et plus de 5.700 décès et les hospitalisations ont bondi de 32 % ces deux dernières semaines, atteignant les 4.240 personnes. Et le nombre de cas positifs journaliers explose, avec un nouveau record établi mardi 24 juin de 7.149 nouvelles contaminations. La situation sanitaire est la plus problématique dans le comté de Los-Angeles, principal foyer de contamination, avec plus de 90.000 cas positifs à ce jour. Sur Twitter, Gavin Newsom, gouverneur démocrate de Californie, multiplie ces derniers jours les appels à la prudence, enjoignant les Californiens à ne pas être "égoïstes" et à porter un masque.
Un déconfinement coupé net...
Et au vu de la situation, certains comtés suspendent le déconfinement qu'ils avaient amorcé. A San Francisco par exemple, la réouverture des bars en plein air, des musées ou encore des salons de coiffure qui devait avoir lieu lundi 29 juin ne se fera pas pour le moment. Et pour freiner la circulation du virus, le gouverneur californien n’a donc d’autres choix que de prendre de nouvelles mesures comme celle de rendre obligatoire le port du masque dans l’espace public. "Nous ne pouvons pas continuer comme nous l’avons fait ces dernières semaines", a déclaré Gavin Newsom à cette occasion.
Mais certains comtés font de la résistance et ont annulé la mesure, comme ceux d'Orange, de Riverside et de San Bernardino, relève la chaîne ABC11. Car, même dans un Etat démocrate, ces incitations au maintien du masque et aux gestes barrières ne font pas l'unanimité.
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...démarré il y a deux mois
La première étape du déconfinement a démarré le 8 mai avec la réouverture des petits commerces, des librairies, des fleuristes en excluant dans un premier temps les centres commerciaux, les bureaux et les restaurants. Cinq jours plus tard, ce sont les bureaux de tout l'Etat qui ont été autorisés à accueillir de nouveau du public sous de strictes conditions ainsi que les restaurants, mais seulement dans six comtés du Nord. A ce moment-là, les autorités sanitaires de Los Angeles et de San Francisco plaidaient pour maintenir les mesures de confinement.
Le stade 3 du déconfinement impliquant la réouverture des lieux de culte, des cinémas ou encore des parcs d’attractions a été enclenché dans certains comtés à la fin mai et devait être généralisé à toute la Californie au mois de juin... avant finalement que le rebond de l'épidémie n'en décide autrement. Les tournages ont repris à Hollywood le 12 juin, avec la contrainte de la distanciation physique, mais les salles de cinéma de Los Angeles n'ont toujours pas eu l'autorisation de rouvrir. Le parc de Disneyland, qui était supposé rouvrir le 17 juillet, a annoncé repousser l'échéance, dans l’attente du feu vert des autorités sanitaires.
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Les grands défis du déconfinement
Pourquoi la Californie est elle à ce point touchée malgré toutes ces précautions ? Si Donald Trump ne cesse de répéter que le bond actuel des contaminations est dû à la hausse des dépistages, plusieurs facteurs sont avancés aujourd’hui pour expliquer cette reprise de l’épidémie. Ce déplacement de l’épidémie du nord-est au sud-ouest des Etats-Unis peut en effet être une conséquence aussi des rassemblements familiaux lors du week-end de Memorial Day fin mai ou des manifestations antiracistes de juin suite à la mort de George Floyd. "Il est très probable, étant donné la hausse que nous voyons, qu’il s’agisse de gens qui ont pu se trouver dans une foule durant l’une des manifestations", a jugé le Dr Barbara Ferrer, responsable de la santé pour le comté de Los Angeles.