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Les suppressions d'emplois s'accélèrent dans les banques européennes
Les suppressions d'emplois s'accélèrent dans les banques européennes
Le géant HSBC pourrait supprimer autour de 10.000 emplois dans le monde. Depuis le mois d'avril, le secteur bancaire a multiplié les annonces de suppressions de postes. Au total, jusqu'à 50.000 emplois seraient en danger.
Deutsche Bank a annoncé en juillet la suppression de 18.000 postes dans le cadre de sa restructuration.
FELIX SCHMITT/NYT-REDUX-REA
Par Édouard LedererPublié le 7 oct. 2019 à 15h58Mis à jour le 7 oct. 2019 à 19h35Un à un, les voyants passent au rouge dans le secteur bancaire européen. L'ampleur du phénomène varie d'un pays à l'autre, mais depuis maintenant six mois, les grands établissements multiplient les annonces de suppressions de postes dans tous leurs grands métiers. Des restructurations qui vont des salles de marché jusqu'aux agences bancaires.
Des dizaines de milliers d'emplois en danger
Dernier épisode en date : selon le « Financial Times » , HSBC réfléchirait à supprimer 10.000 emplois supplémentaires, en plus des 4.700 annoncées en août par Noel Quinn, son nouveau dirigeant. Au total, entre annonces et rumeurs non démenties, jusqu'à 50.000 emplois bancaires seraient désormais en danger en Europe, et pourraient être supprimés à plus ou moins brève échéance. L'emploi poursuit là son lent déclin : à fin 2018, les banques des 28 pays de l'Union comptaient près de 2,7 millions de salariés, selon la Fédération bancaire européenne (FBE), soit près de 600.000 personnes de moins qu'en 2008.
« Un grand nombre de banques ont des plans stratégiques qui courent jusqu'en 2020. Mais comme leurs revenus s'avèrent inférieurs à leurs attentes, ils annoncent à présent à mi-parcours des corrections sur les coûts », explique Jon Peace, responsable de la recherche banques européennes chez Credit Suisse. De fait, certains objectifs 2020 ont dû être enterrés. C'était le cas chez Société Générale et BNP Paribas, qui ont revu à la baisse leurs prévisions dès le mois de février. En août, c'était au tour d'UniCredit de prévenir qu'il n'atteindrait pas ses objectifs pour 2019. Même tonalité chez Commerzbank, qui a alerté que le bénéfice annuel prévu serait difficile à atteindre.
Deutsche Bank en pleine restructuration
Dix ans après la crise financière, ces annonces donnent le tournis : outre HSBC, le mouvement le plus spectaculaire vient d'Allemagne. Deutsche Bank a donné en juillet le coup d'envoi à une restructuration massive de 18.000 emplois. L'établissement qui a un temps rêvé de devenir le Goldman Sachs européen va essentiellement tailler dans ses activités de marché, mais une partie sera également portée outre-Rhin, dans la banque de détail.
D'autres annonces ont émaillé ces dernières semaines, chez Commerzbank , Barclays ou encore les Espagnols Caixa et Santander. Sans confirmation à ce stade, UniCredit pourrait, elle, viser une réduction de 10.000 postes, selon Bloomberg. « S'il doit y avoir un ajustement de la main-d'oeuvre, nous en parlerons en décembre », a commenté son patron Jean-Pierre Mustier en août dernier lors d'une journée investisseurs.
Un redoutable cocktail
Les banques françaises ne sont pas épargnées. En avril, Société Générale a annoncé 1.600 suppressions de postes , dont la moitié en France. Cela s'ajoute à 530 réductions d'effectifs prévus en banque de détail dans l'Hexagone.
Chez BNP Paribas, ce sont encore 500 postes (d'ici trois ans) qui devraient être coupés en France dans la filiale de services aux investisseurs . La banque de la rue d'Antin a eu la main plus lourde en Belgique avec 2.200 emplois en moins d'ici trois ans chez BNP Paribas Fortis, et un plan de départs anticipés à la retraite de 1.500 personnes en Italie.
Des espoirs douchés
Sur le papier, une telle purge a de quoi surprendre : sauf accident industriel - comme celui de Deutsche Bank -, les établissements restent bénéficiaires. Sauf que l'équation se tend pour les banques européennes : d'un côté, les revenus tendent à stagner, en raison d'un environnement de taux qui rogne les marges et les revenus… même s'il soutient les volumes ; de l'autre, l'inflation des coûts est pour l'heure difficile à enrayer, alors que les banques traversent une mutation technologique d'ampleur.
Or, le secteur attendait, jusqu'au début 2019, une éclaircie sur le front des taux. Espoir progressivement douché par la Banque centrale européenne (BCE). L'institut a décidé de poursuivre, pour une durée non définie, sa politique de taux négatifs.
Edouard Lederer
Tags : Europe, suppressions d'emplois, s'accélèrent, banques européennes, 50.000 emplois seraient en danger, lent déclin, corrections sur les coûts, Allemagne
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