Par David Bensoussan le 23.09.2019 à 07h30 Abonnés
EXCLUSIF - Dans un rapport très fouillé, les sénateurs Vincent Delahaye et Rémi Féraud épinglent le système opaque et inflationniste des indemnités versées aux
diplomates en poste à l’étranger.
Un rapport du Sénat épingle le système opaque et inflationniste des indemnités versées aux diplomates à l'étranger.
DR / le Nouvel Observateur
C’est un rapport qui va provoquer quelques remous dans les milieux diplomatiques. Deux membres de la commission des finances du Sénat, le centriste Vincent Delahaye
et le socialiste Rémi Féraud se sont penchés sur les rémunérations du ministère des Affaires étrangères et tirent la sonnette d’alarme: alors que les effectifs ont baissé de
9,4% en dix ans, la masse salariale a dérapé de 20%. La faute à un système d’indemnités très généreux et complètement illisible.
Les diplomates s’en plaignent souvent, le Quai d’Orsay a largement été mis à contribution dans la maîtrise des effectifs de l’Etat, initiée par Nicolas Sarkozy. Depuis 2008,
il a perdu 1.222 postes. Mais l’effort a reposé, en grande partie, sur les agents ayant des contrats de droit local, c’est-à-dire du pays où ils résident. En particulier des
employés de catégorie C, travaillant sur des fonctions support (entretien, chauffeurs…) et payés plus chichement.
A l’inverse, les hauts fonctionnaires ont été plutôt épargnés: les effectifs des cadres de catégorie A et A+ ont même augmenté globalement alors que le Quai ne sait pas
toujours quoi en faire. "Si le ministère évalue les personnels de catégorie A+ sans affectation à environ 18 personnes, d’autres agents A+ sont affectés à des missions
souvent mal définies qui ne correspondent pas à leur cœur de métier", écrivent les sénateurs.
8.845 euros net de salaire moyen à l'étranger
Dans le même temps, la masse salariale a augmenté de 796 à 954 millions d’euros, faisant grimper le coût moyen d’un agent de 35% ! Une progression exponentielle liée à
l’évolution de l’Indemnité de Résidence à l’Etranger. L’IRE est versée selon des modalités de calcul très complexes correspondant à plusieurs critères: fonctions
occupées, parités de change, coût de la vie locale, situation sécuritaire du pays... Les directeurs du Quai s’appuient dessus pour décider des ajustements lors de
réunions annuelles. LIEN
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