• Le renard, les uns le chassent, les autres le soignent : pourquoi il déchaîne les passions

    Le renard, les uns le chassent, les autres le soignent : pourquoi il déchaîne les passions

    • Le renard, un animal utile, qui débarrasse les céréaliers des mulots et campagnols, mais qui est considéré comme un concurrent par les chasseurs au petit gibier. Le renard, un animal utile, qui débarrasse les céréaliers des mulots et campagnols, mais qui est considéré comme un concurrent par les chasseurs au petit gibier.   Czesznak Zsolt
      Publié le 31/07/2020 à 16:18 / Mis à jour le 31/07/2020 à 18:41

    Tantôt classé comme une espèce nuisible, tantôt considéré comme un être sensible, le renard est pris en tenailles entre des réglementations contradictoires. Ses défenseurs, célèbres ou anonymes, sont de plus en plus nombreux à faire entendre leur voix. Même si les chasseurs demeurent sourds à leurs arguments.  

    On en entend souvent parler mais on le croise rarement. Le renard, animal nocturne, est aussi discret qu'il est devenu médiatique. Utile pour les uns, nuisible pour les autres, le renard est devenu le symbole de la lutte entre les défenseurs de la condition animale et les chasseurs

     
      
     
     

    Classé espèce nuisible par un décret de 2012, le renard peut être chassé entre le 1er juin et le 28 février. Il est chassé partout en France sauf dans trois départements (Corse du Sud, Haute-Corse, Savoie et une partie du Doubs). Il peut être tiré, piégé ou même déterré dans un grand nombre de départements. C'est la vénerie sous terre, une méthode de chasse dite traditionnelle, largement décriée pour sa violence. 

     

     

    Difficile d'estimer leur population en France. Difficile d'estimer leur population en France. - PIXABAY - Erik Karits

    Un ennemi des chasseurs

    Pour les chasseurs, le renard est l'ennemi à abattre. "C'est un redoutable prédateur qui chasse le petit gibier. Il s'en prend aux perdrix, faisans, lapins... Aujourd'hui on fait en sorte qu'il ne s'étende pas trop", explique Jean-Pierre Gaillard, patron de la fédération de chasse dans l'Hérault. Le renard est un concurrent, il faut s'en débarrasser. En guise de justification, les chasseurs accusent le renard de tous les maux : il véhicule des maladies transmissibles à l'homme, il attaque les volailles dans les poulaillers.

    Jean-Pierre Gaillard cite un exemple récent du côté de Lunel. "J'ai été appelé car un renard avait massacré une nichée de paons". Pour le président, l'interdiction de la chasse au renard équivaudrait à "la disparition des chasseurs au petit gibier". "Il faut trouver un équilibre", argue-t-il. "On ne veut pas qu'il prolifère mais on ne veut pas l'éliminer. La population est stable dans l'Hérault. Leur nombre en 2020 est identique à celui de 2009. On en dénombre 10 au 100 km sur les chemins de comptage." Pour la saison 2018-2019, 2 207 renards ont ainsi été prélevés dans l'Hérault

    Une Gardoise lance une pétition  : L'homme a peur de ce qui l'entoure, il fait de la nature son jouet

    2 207 de trop pour les défenseurs du renard. On ne compte plus les pétitions sur les plateformes en ligne qui demandent l'interdiction de la chasse et la défense des animaux. Une Gardoise a lancé en mai 2019 une pétition pour "L'abolition du classsement des espèces nuisibles". Elle a recueilli plus de 90 000 signatures. Publiée sous un pseudonyme, elle préfère garder l'anonymat par crainte de représailles des chasseurs.

    Elle raconte comment l'idée s'est imposée. Un habitant de sa commune avait accroché un renard ensanglanté par les pattes devant chez lui, à la vue de tous. "Des enfants allant à l'école, sont passés devant ce pauvre animal assassiné. Son sang dégoulinant de sa gueule entrouverte. Imaginez le choc pour ces jeunes habitants ! Horrifiés, certains parents ont appelé la gendarmerie." Les forces de l'ordre ont demandé au chasseur de retirer l'animal de la voie publique et expliqué aux parents que cette chasse était légale. "J'ai eu un très fort sentiment d'injustice. C'est aberrant d'avoir droit de vie et de mort sur des animaux, s'insurge cette militante anti-chassse et anti-corrida. Chaque espèce a une utilité dans la nature et fait partie de la chaîne alimentaire. L'homme a peur de ce qui l'entoure. Il fait de la nature son jouet. Il ne la considère pas comme essentielle à sa survie." Dès la barre des 100 000 signatures atteinte, cette Gardoise enverra une lettre au président Macron.  

    Le combat de One Voice en faveur de la faune sauvage

    Son point de vue est largement relayé aujourd'hui en France. One Voice en a fait un combat quotidien : infiltration dans des équipages de vénerie sous terre, diffusion de vidéos sur Youtube, pétitions en ligne et relais sur les réseaux sociaux...  Objectif de l'association : protéger la nature pour les générations futures et défendre l'idée qu'elle n'est pas un terrain de jeux. La vidéo montrant le massacre d'un renardeau sous les yeux de deux enfants de 5 et 12 ans a suscité une vive émotion. Déterré, l'animal est attrapé par le museau avec des pinces. Un chasseur oblige l'aîné des enfants à achever le renard à coups de pinces sur la tête. Des images d'agonie insoutenables.

    Attention ces images peuvent être choquantes :

     

    Muriel Arnal, la présidente, insiste sur l'utilité du renard, pas suffisamment mise en avant selon elle. "Les renards sont des animaux sensibles et intelligents. Ce sont de précieux alliés pour les agriculteurs puisqu'ils mangent les mulots et les campagnols. Ils ont un rôle à mener parmi nous. Cela évite aux agriculteurs d'utiliser des pesticides."

     

    Gypsie a été recueillie par l'association One Voice. Gypsie a été recueillie par l'association One Voice. - ONE VOICE

    La présidente de One Voice a choisi son camp : "Ce sont les cousins de nos chiens. Les chasseurs les persécutent pour leur seul plaisir. Ce n'est pas à eux de décider qui a droit de vie ou de mort. Tous les animaux sont utiles." Pour elle, les arguments des chasseurs ne sont que des "mensonges". "On nous agite des épouvantails pour justifier leur plaisir de massacrer. On n'est plus à l'âge des cavernes...". Selon les estimations, entre 600 000 et 1 million de renards sont tués chaque année. One Voice a ausssi initié une pétition, "J'aime les renards", qui a recueilli 300 000 signatures. L'objectif : "Nous sommes pour une réforme radicale de la chasse et nous voulons que le renard soit protégé comme les loups".

    One Voice
    @onevoiceanimal
    Révoltés par notre infiltration dans un équipage de vénerie sous terre dans laquelle des chasseurs obligent un enfant à tuer un renardeau, des personnalités appellent à de profonds changements. #JAimeLesRenards #LeLien #TheLink https://one-voice.fr/fr/blog/un-enfant-tue-un-renardeau-deux-victimes.html
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    435 personnes tweetent à ce sujet.
     

    Marie-Pierre Puech : Je rêve d'un monde où les hommes et les animaux seraient amis

     

    Marie-Pierre-Puech recueilles les animaux de la faune sauvage dans son arche de Laroque. Marie-Pierre-Puech recueilles les animaux de la faune sauvage dans son arche de Laroque. - MIDI LIBRE - THEO RUIZ

    A Laroque, au nord de l'Hérault, la vétérinaire Marie-Pierre Puech ne milite pas seulement pour l'interdiction de la chasse au renard. Elle les recueille à l'hôpital de la faune sauvage, qu'elle a fondé il y a une dizaine d'années, et les soigne. Près de 4 000 animaux ont été admis en 2019 dans ce centre de soins. Parmi eux une trentaine de renards dont la moitié de renardeaux. Ils viennent de Nice, Perpignan ou Clermond-Ferrand. "Enfant, on nous fait lire Le Petit Prince et les fables du roman de Renard. Puis, le renard est transformé en bouc-émisssaire."

     

    La vétérinaire dénonce une "législation schizophrène" qui doit évoluer. Elle plaide pour qu'il ne soit pas considéré comme une espèce nuisible et vante à son tour son utilité en matière de transition écologique. "On dit qu'il véhicule des maladies, qu'il mange les poules ou le petit gibier. Mais on ne dit pas assez qu'il est un allié indispensable de l’agriculture. Le renard mulotte et se nourrit de fruits. Cela évite l'emploi de pesticides."

    Comme le député vétérinaire Loïc Dombreval, elle rappelle que si le renard est un concurrent des chasseurs pour le petit gibier, c'est parce que ces animaux élevés, dénués d'instinct, sont des proies incapables de se défendre. "Il faut laisser faire la nature, elle s'équilibre seule. Je rêve d'un monde où les hommes et les animaux seraient amis." Selon la vétérinaire, la population s'auto-régule. Il ne faut pas craindre une pullulation. Quant aux maladies, elle cite ce vieux proverbe : "Quand tu veux tuer ton chien, tu l'accuses d'avoir la rage." Une maladie qui a officiellement disparu en France depuis vingt ans. Elle rappelle qu'en Suisse ou au Canada, les renards ont été vaccinés contre la rage plutôt que d'être éliminés. "Les mentalités doivent changer."

    Des raisons très controversées

    Une évidence partagée par le président du groupe d'étude parlementaire sur la condition animale Loïc Dombreval. "Les raisons qui le classent comme une espèce susceptible d'être nuisible sont très controversées".  Le député a initié une tribune pour dénoncer les méthodes de chasses dites traditionnelles comme la vénerie souterraine. "Une méthode odieuse qui fait souffrir les animaux. C'est dégueulasse."

     

    Loïc Dombreval appelle Barbara Pompili, nouvelle ministre de la Transition écologique, à prendre des décisions "courageuses". Loïc Dombreval appelle Barbara Pompili, nouvelle ministre de la Transition écologique, à prendre des décisions "courageuses". - MAXPPP - Vincent Isore

    Lire l'interview de Loïc Dombreval dans son intégralité

    Il appelle comme beaucoup d'autres la nouvelle ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, à des actes courageux. Des décisions dont aucune ne fera l'unanimité tant deux visions du monde s'affrontent au sujet du renard. Comme de l'ensemble de la faune sauvage. 

    "Le référendum sur les animaux" lancé par Hugo Clément

    Le journaliste Hugo Clément et plusieurs chefs d'entreprises sont à l'initiative du RIP. Comprendre le référendum d'initiative partagée pour faire évoluer la condition animale. Si le nombre de signatures et de soutien de parlementaires est suffisant, il est possible de soumettre une proposition de loi au référendum

    Six mesures sont proposées : interdiction de la chasse à courre, interidction des élevages à fourrure, interdiction de l'élevage en cage, mettre fin aux spectacles avec des nimaux sauvages, nbe plus pratiquer l'expérimentation animale, sortir de l'élevage intensif. 

    Sont indispensables : le soutien de 185 parlementaires (députés ou sénateurs) et la collecte de 4 700 000 signatures.

    Pour participer à cette initiative il faut se rendre sur le site dédié. Au 31 juillet 2020, près de 425 000 personnes sont inscrites.

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