Par Joël Ignasse le 02.06.2020 à 11h50 Abonnés
Découverte il y a quatre ans, la plus proche exoplanète de la Terre est fort semblable à cette dernière. Ce n’est pas pour autant qu’elle est favorable à la vie.
Vue d'artiste de la surface de Proxima b, la planète la plus proche du Soleil.
ESO/M. Kornmesser
La découverte de l'exoplanète Proxima b avait, en août 2016, suscité l'enthousiasme de la communauté scientifique. Elle présentait le double intérêt d'orbiter autour de Proxima du Centaure, l'étoile la plus proche de notre système solaire et en plus d'être située dans la zone habitable de ce système. C'est-à-dire qu'elle reçoit assez d'énergie pour que l'eau, si sa surface en abrite, puisse demeurer à l'état liquide. Un élément indispensable (mais pas suffisant) pour espérer y trouver une forme de vie telle que nous la connaissons. Une nouvelle étude réalisée par le spectrographe le plus puissant du monde affine les connaissances sur ce monde scruté comme jamais.
Toute proche de son étoile
Proxima b orbite autour de Proxima du Centaure qui est l’étoile la plus proche du Soleil, situé à seulement 4,25 années-lumière de ce dernier. C’est également l’étoile la plus étudiée du ciel et la découverte d’une planète tournant autour d'elle constituait un petit évènement. Proxima b a été repérée grâce au "chercheur de planètes" "HARPS", et au spectrographe "UVES", tous deux basés au Chili, par des astrophysiciens de l’Université de Genève. Ils ont utilisé pour ce faire la méthode des vitesses radiales qui consiste à repérer, à l'aide de mesures Doppler, les micro-changements dans la position d'une étoile, consécutifs à la force de gravitation qu'exerce sur elle une planète gravitant autour. Et ce, malgré le fait que l'étoile soit des centaines de fois plus grosse que la planète.
Des scientifiques de la même université, qui sont apparemment de grands amateurs de café au vu du nom de leurs différents instruments, ont à nouveau scruté l’étoile avec le tout dernier spectrographe ESPRESSO (Echelle SPectrograph for Rocky Exoplanets and Stable Spectroscopic Observations), installé sur le Très grand télescope de l’ESO, au Chili. L’instrument est 3 fois plus puissant que ses prédécesseurs. Les nouvelles mesures, qui feront l’objet d’une publication dans la revue Astronomy and Astrophysics, ont tout d’abord permis de confirmer que la planète existait bel et bien : elle a une masse de 1,17 fois celle de la Terre contre une estimation qui était auparavant de 1,30 masse terrestre. Elle est également située toute proche de son étoile dont elle fait le tour en seulement 11,2 jours.
Une exoplanète peu favorable à la vie
Si Proxima B est environ 20 fois plus proche de son étoile que la Terre du Soleil, les deux planètes reçoivent à peu près la même quantité de rayonnement. Proxima du Centaure est en effet une naine rouge beaucoup plus petite que le Soleil. Ce qui laisse supposer que les températures à la surface de Proxima B sont compatibles avec la présence de l’eau à l’état liquide. Une des premières conditions nécessaires au développement de la vie, telle que nous la connaissons.
Mais une condition sans doute insuffisante pour espérer que celle-ci se soit développée autour de cette naine rouge qui est fort colérique et qui est le siège de puissantes éruptions stellaires à l’origine d’un flux de rayons X qui bombarde l’exoplanète. Une épaisse atmosphère pourrait la protéger de ces délétères radiations mais pour l’heure, il n’y a aucune preuve de l’existence d’une telle couche protectrice. Le prochain spectrographe développé par l’Université de Genève qui s'appellera RISTRETTO devrait fournir la réponse d’ici quelques années.
L'étoile Proxima du Centaure est une naine rouge qui connait de violentes éruptions. Crédit : Roberto Molar Candanosa / Institut Carnegie pour la science, NASA / SDO, NASA / JPL.
D’autres planètes autour de Proxima ?
Tout juste un an après la découverte de Proxima b, une étude évoquait la présence de deux ceintures de poussières dans le système qui trahissaient l’existence d’au moins une ou deux autres planètes. La recherche n’a pas pu être confirmée et le flou demeure sur l’existence ou non de compagnons planétaires. ESPRESSO ne permettra pas de trancher cette question mais dans les données recueillis par le spectrographe, les scientifiques ont repéré un deuxième signal pouvant révéler la présence d’une seconde planète trois fois plus petite que la Terre. Si elle existe réellement, elle serait l'une des plus petites exoplanètes jamais découvertes. Il faudra cependant attendre les investigations de RISTRETTO pour être certain de sa réalité.