La vingtaine d’enfants hospitalisés ces derniers jours dans les services de réanimation parisiens pour défaillance cardiaque ont «tous été en contact» avec le virus Sars-CoV-2. Le lien a été confirmé ce jeudi par l’équipe de l’hôpital Necker lors d’une conférence de presse de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AH-HP). Depuis le 15 avril, un nombre inattendu d’enfants atteints de myocardite (inflammation du muscle cardiaque) ont été admis dans les services pédiatriques d’Ile-de-France. La majorité d’entre-eux présentant un tableau clinique proche mais incomplet de la maladie de Kawasaki, une inflammation des vaisseaux souvent secondaire à une infection virale.
«Maladie post-infectieuse»
Après deux semaines d’alerte en France, mais aussi au Royaume-Uni, en Espagne ou encore en Italie qui ont constaté le même phénomène, la première grosse interrogation sur la connexion possible avec le Covid-19 vient d’être levée pour les cas français. «Ces enfants ont tous été en contact à un moment ou à un autre avec ce virus», a confirmé Sylvain Renolleau, chef du service de réanimation et surveillance continue médicochirurgicales de Necker. En les testant, les pédiatres se sont aperçus que la totalité de ces jeunes patients avaient soit une PCR «encore positive mais faible» (diagnostic qui permet de voir si la personne est infectée à un instant T), soit un test sérologique positif (qui établit après coup que le virus a bien été présent dans le corps).
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Un nombre important de ces tests ont permis d’établir un contact avec le virus datant de trois à quatre semaines. «Ce qu’on comprend de la temporalité de l’arrivée de ces enfants, de façon différée par rapport au début de l’épidémie chez l’adulte, c’est qu’il s’agit probablement d’une maladie post-infectieuse, de mécanismes d’immunologie qui suivent l’infection à Covid 19», a expliqué Damien Bonnet, chef du service de cardiologie médicale pédiatrique de Necker. Même si aujourd’hui on n’a pas tous les arguments de certitude pour dire qu’il y a un lien de causalité directe.»
«Restitution complète de la fonction cardiaque»
Selon les informations communiquées par le staff médical, tous ces enfants ont eu besoin d’une aide ventilatoire à cause de cette «réaction inflammatoire exagérée». Une réaction qui entraînerait donc une atteinte cardiaque et non pulmonaire comme chez les adultes atteints du Covid. «Ils ont presque tous eu besoin d’un support par médicaments pour aider la fonction cardiaque et pour normaliser la pression artérielle, a précisé Sylvain Renolleau. Jusqu’à ce jour, ils ont tous évolué favorablement en trois à quatre jours de soins en réanimation, avec pour l’heure une restitution complète de la fonction cardiaque, même si le délai de surveillance est pour l’instant court.»
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Dans une note datée du 29 avril et diffusée aux médecins du groupe, le directeur médical de crise de l’AP-HP, Bruno Riou, indique que 21 cas précisément sont en ce moment pris en charge dans les réanimations pédiatriques. Une adolescente de 16 ans se trouve également en réanimation à la Pitié-Salpêtrière. Aussi, le document fait état d’autres cas dans les villes suivantes : «Reims, Nancy, Bordeaux, Montpellier, Chambéry et Lyon.»