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Brexit : un "nombre dingue" de Britanniques cherche à acheter des maisons dans nos campagnes
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Brexit : goodbye United Kingdom
REDÉMARRAGE - Après trois ans et demi d'attentisme, les acquéreurs britanniques cherchent de nouveau activement des maisons perdues dans la campagne française. L'officialisation de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, vendredi 31 janvier, met fin au coup d'arrêt engendré par le référendum de 2016.
01 févr. 21:31 - Laurence VALDÉSLoin de les faire fuir, le Brexit, qui s'est concrétisé vendredi 31 janvier après trois ans et demi de tergiversations, semble au contraire réveiller l'envie de nombreux Britanniques de s'installer en France. Depuis cet automne, les sujets de Sa Majesté se remettent en effet à acheter des maisons dans la campagne tricolore.
"Ils étaient historiquement les plus gros acheteurs sur le marché des non-résidents, qui représente environ 5% des biens immobiliers vendus chaque année en France, jusqu'à ce que les Belges leur passent devant après le vote en faveur du Brexit en juin 2016. Ce référendum a effectivement marqué un coup d'arrêt car, comme toujours en économie, le manque de visibilité bloque les acheteurs", explique à LCI Brice Bonato, co-fondateur de Sextant, un réseau de conseillers immobiliers spécialisés dans la vente de biens en France auprès d'une clientèle internationale, essentiellement britannique.
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Des demandes multipliées par 4 ou 5 depuis qu'un accord a été trouvéLeur approbation, ou non, de la sortie juridique du Royaume-Uni de l'Union européenne ce vendredi 31 janvier n'est finalement pas la question. Ces acheteurs avaient en réalité seulement besoin que la situation soit clarifiée pour revenir dans le jeu. "Pendant que les non-résidents britanniques attendaient de savoir à quelle sauce ils allaient être mangés, le marché était devenu assez atone : les ventes auprès de cette clientèle ont ainsi baissé de 40 à 50% de 2016 à fin 2019", rappelle Brice Bonato. À l'inverse, depuis que Boris Johnson a fini par arracher son accord de retrait de l'UE mi-octobre, "nous avons ressenti une hausse des demandes, qui se sont multipliées par quatre ou cinq", observe-t-il encore.
Ce prodigieux regain d'intérêt saute également aux yeux des notaires français. "Le nombre de Britanniques cherchant actuellement à acquérir un bien en France est complètement dingue. Il s'agit avant tout d'un projet en vue de la retraite", note pour sa part Maître Thierry Delesalle, également joint par LCI et qui revient tout juste d'un salon londonien consacré à l'immobilier français.
Ils recherchent majoritairement des maisons en pleine campagne entre 80.000 et 150.000 euros"Il est vrai que la livre sterling a repris des couleurs avec un taux de change actuellement à 1,18 euro, contre 1,07 cet été. Mais ce n'est pas la principale raison. Ces Britanniques "qui recherchent majoritairement des maisons situées en pleine campagne, vendues entre 80.000 et 150.000 euros" semblent en effet également se laisser séduire par la fiscalité française. "Le petit retraité britannique est moins imposé en France qu'au Royaume-Uni. Non seulement parce qu'Outre-Manche, on ne tient pas compte des revenus des autres membres du foyer fiscal mais aussi parce que la première tranche est imposée à 20% [contre 11% en France]", relève le notaire.
Ce rattrapage est-il alors susceptible de faire monter les prix ? Pas vraiment car les biens ciblés sont majoritairement déjà à faible prix et peu demandés. "Il s'agit la plupart du temps de petites maisons en pierre avec du caractère et entourées de verdure, dans le Limousin, la Bretagne, le Poitou ou la Dordogne notamment", détaille Brice Bonato. Or, "dans ces environnement ruraux, les prix sont plutôt stables". Par exemple, sur les cinq dernières années, ils ont augmenté de seulement 2,7 % en moyenne sur l'ensemble des zones rurales (contre 29,4% en moyenne dans les dix plus grandes villes), selon les indices calculés par le site spécialisé dans les estimations MeilleursAgents.
Les Britanniques participent à la régénérescence de certains villages qui en avaient bien besoinCertes, dans trois grandes zones de l'ouest et du centre, plus de la moitié des transactions comptabilisées sur le marché très restreint des acquéreurs non-résidents est effectuée par des Britanniques, selon une étude statistique des Notaires de France publiée mi-janvier. Il s'agit du centre/ouest (60%), du littoral ouest (54%%) et du Massif central (51%). "Pas suffisant cependant pour changer radicalement la donne face à un marché global très actif comptant plus d'un million de ventes annuelles au total en France. En revanche, cette clientèle redynamise la campagne, en faisant tourner le marché immobilier, les villages, les commerces. Certains aménagent en effet leur bien pour en faire un gite, d'autres reprennent des commerces laissés à l'abandon. Les Britanniques participent ainsi à la régénérescence de certains villages qui en avaient bien besoin", reconnaît Brice Bonato.
Une situation qui n'a rien à voir en revanche avec celle de Paris, où les Britanniques sont minoritaires. "L'effet du Brexit y a davantage pris la forme d'une vague lente et continue depuis deux ou trois ans que celle d'un tsunami", commente Me Delesalle. Il s'agit essentiellement d'expatriés français, aux salaires importants et qui reviennent au gré des déménagements de banques ou de compagnies d'assurance dans la capitale française. Et trustent les biens de grandes surfaces, type appartements familiaux 5 pièces, de la capitale et de la région parisienne.
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