A l'œuvre depuis trente-cinq ans dans les énergies renouvelables (il avait fondé la Compagnie du Vent à Montpellier en 1989, rachetée en 2007 par GDF Suez puis fusionnée avec Engie Green en 2017), le Montpelliérain Jean-Michel Germa, via sa holding SOPER, vient de prendre une participation de 25 % dans la start-up nantaise Zéphyr & Borée, dont l'ambition est de développer un transport maritime bas carbone. Autre investisseur à ses côtés : Francis Vallat, fondateur du Cluster maritime français en 2006.
« En ligne de mire, nous avons le projet d'aller plus loin en mixant d'autres briques technologiques comme l'hydrogène, le solaire, les biocarburants, déclare Nils Joyeux, cofondateur de Zéphyr & Borée. Il y a donc pour nous une logique à travailler avec Jean-Michel Germa qui est un expert des énergies renouvelables et nous apporte bien plus qu'un soutien financier. »
Accélérer la transition éco-énergétique maritime
La holding SOPER (15 salariés à Pérols et Paris), fondée par Jean-Michel Germa en 2014, gère les actifs industriels de deux entreprises : Sunti (développement de centrales solaires destinées à alimenter des sites industriels en énergie) et MGH (Maritime Green Horizon, spécialisée dans les solutions énergétiques bas-carbone en milieu marin).
Initialement dédiée au développement de solutions de stockage d'énergie électrique en mer profonde, MGH a pivoté vers le développement des énergies décarbonées destinées à des applications maritimes ou portuaires.
« La décarbonation de transport maritime est un énorme enjeu, souligne Jean-Michel Germa. Nous étudions donc la substitution des carburants fossiles par des énergies plus vertueuses, comme les carburants de synthèse biosourcés, ou encore l'énergie électrique. Mais concernant les navires de long cours, l'autonomie électrique par exemple est compliquée. SOPER fait partie des entreprises qui, au sein du Cluster maritime, ont signé le 3 décembre une convention pour accélérer la transition éco-énergétique du maritime. Et c'est aussi pourquoi SOPER vient d'entrer au capital de Zéphyr & Borée. »
Un navire à voile pour ArianeGroup
La start-up nantaise vient de signer son premier gros contrat avec ArianeGroup, leader européen de lanceurs spatiaux.
« Depuis cinq ans, nous travaillons sur un système de transport à la voile pour développer un transport maritime bas carbone, et la solution la plus disponible et la plus économique à laquelle nous croyons, c'est l'utilisation du vent, explique Nils Joyeux. Pour ArianeGroup, nous allons construire, en partenariat avec avec Jifmar Offshore Services, un navire dédié de 120 mètres de long, pour transporter les composants de la fusée Ariane 6 depuis les différents sites de fabrication en Europe jusqu'à Gourou en Guyane. Canopée, qui sera mis en chantier l'an prochain pour une mise en exploitation en 2022, sera le premier cargo à voile moderne ! Le système de voile qui sera utilisé, des ailes rigides articulées, issues du monde de la course et mises au point par VPLP Design, est actuellement testé sur Energy Observer (premier navire propulsé uniquement aux énergies renouvelables et à l'hydrogène, NDLR). »
Une pilotine pour le port de Sète
L'autre axe de travail de MGH, c'est la motorisation électrique des navires de services portuaires. Dans le cadre du projet Green Pilot, subventionné par la Région Occitanie, l'entreprise construit une pilotine (petit bateau de servitude portuaire utilisé pour aller chercher les navires) à propulsion électrique pour le port de Sète.
« La pilotine est à l'eau et nous faisons des essais, elle sera livrée en avril, précise Jean-Michel Germa. Il s'agira d'une première mondiale... Ce marché est une niche, mais il s'agit de proposer des solutions moins bruyantes et moins polluantes dans les ports. »
Du côté de Sunti, le dirigeant annonce avoir « sécurisé une subvention de la Région Nouvelle Aquitaine et de l'Ademe via le Fonds chaleur, pour un projet dans les Pyrénées-Atlantiques chez un industriel de l'agroalimentaire, soit 2 500 m2 de capteurs solaires qui devraient être opérationnels fin 2020 ».