• Loi "sécurité globale" : comment la commission sur l'article 24 a déclenché une crise politique au sein de la majorité

    L'article 24 de la proposition de loi "sécurité globale" est parvenu en quelques jours à fragiliser la solidarité gouvernementale et à opposer le Premier ministre au président de l'Assemblée nationale. Récapitulatif en cinq actes.

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    France Télévisions
    Publié le 28/11/2020 17:09 Mis à jour le 28/11/2020 17:09
     
     Le Premier ministre, Jean Castex, discute avec le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, à Paris, le 24 novembre 2020. (AMAURY CORNU / HANS LUCAS / AFP) Le Premier ministre, Jean Castex, discute avec le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, à Paris, le 24 novembre 2020. (AMAURY CORNU / HANS LUCAS / AFP)

    Il était voté depuis une semaine par les députés en première lecture. Mais en quelques jours, le fameux article 24 de la loi sécurité globale est devenu un sujet politique en soi. Plusieurs vidéos de violences policières ont fragilisé le soutien de la majorité au gouvernement à propos de cet article. Contesté par une trentaine de sociétés de journalistes et par la plupart des associations de défense des droits humains, il prévoit la possibilité de pénaliser d'un an de prison et de 45 000 euros d'amende la diffusion de "l'image du visage ou tout autre élément d'identification" d'un policier ou d'un gendarme en intervention, si l'intention du diffuseur est jugée malveillante.

    Face au tollé provoqué par cet article, le Premier ministre, Jean Castex, a lancé jeudi l'idée de créer une commission pour "réécrire" le fameux article 24. D'où l'indignation du président de l'Assemblée nationale, Richard Ferrand, qui a rappelé à Matignon qu'il s'agissait là d'une prérogative de l'Assemblée ou du Sénat. Voici comment majorité et gouvernement se sont divisés autour de cette annonce.

    1L'article 24 est voté avec 162 députés LREM absents de la séance

    L'article 24 de la proposition de loi "sécurité globale" est voté en première lecture vendredi 20 novembre à l'Assemblée nationale, mais le scrutin des députés illustre la division au sein de la majorité, comme le rapporte France 3 Centre-Val de Loire. Seuls 103 des 271 députés LREM votent pour. Cinq députés LREM présents dans l'hémicycle s'abstiennent et 162 ne sont pas présents lors de la séance.

     

    2 L'ensemble de la loi est votée en première lecture, sur fond de polémique

    Les députés adoptent mardi 24 novembre la loi "sécurité globale" en première lecture, par 388 voix contre 104 et 66 abstentions. Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, s'en félicite sur Twitter, avec une allusion à l'article 24 qui "renforce la protection des forces de l'ordre".

    Gérald DARMANIN
    @GDarmanin
    La proposition de loi sur la sécurité globale a été très largement adoptée par l'Assemblée nationale.
     
     
     
    Renforcement des compétences des polices municipales
     
    Renforcement de la protection des forces de l’ordre
     
    Interdiction de la vente des mortiers
    Image
    1,1 k
    592 personnes tweetent à ce sujet.

    Mais cet article 24 continue à susciter la controverse après la violente évacuation, la veille, d'un campement de migrants à Paris, place de la République, dont témoignent des images filmées par les journalistes. Gérald Darmanin admet d'ailleurs sur Twitter que certaines images de la dispersion du campement sont "choquantes". Il demande "un rapport circonstancié" au préfet de police et saisit l'IGPN, la "police des polices".

    3-Jean Castex propose une "commission indépendante" pour faire évoluer l'article 24

    Jeudi 26 novembre, Jean Castex annonce dans la soirée la création prochaine d'une commission indépendante pour statuer sur la rédaction de l'article 24. Gérald Darmanin, lui, revendique la paternité de cette idée. Le ministre de l'Intérieur avait en effet envoyé quelques heures plus tôt une lettre en ce sens au Premier ministre, que France Télévisions a pu consulter.

     

    Lettre envoyée par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin au Premier ministre Jean Castex, proposant de créer une commission pour faire évoluer le texte de l'article 24 sur la loi de sécurité globale, le 26 novembre 2020, que France Télévisions a pu consulter. (FRANCE TELEVISIONS)Lettre envoyée par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin au Premier ministre Jean Castex, proposant de créer une commission pour faire évoluer le texte de l'article 24 sur la loi de sécurité globale, le 26 novembre 2020, que France Télévisions a pu consulter.(FRANCE TELEVISIONS)

     

    Le ministre de l'Intérieur relève qu'"en l'absence d'un examen préalable par le Conseil d'Etat, des questionnements juridiques subsistent quant à la solidité juridique" de l'article 24. "Tout en maintenant l'article 24 dans la proposition de loi, je vous propose de désigner une commission ad hoc visant à étudier des pistes possibles d'évolution de sa rédaction dans le cadre de l'examen au Sénat prochain", écrit-il.

    4-Des députés expriment leur colère

    Cette commission chargée de réécrire l'article 24 suscite la colère de plusieurs parlementaires, dont celle du président de l'Assemblée nationale, Richard Ferrand (LREM). Le ministre chargé des Relations avec le Parlement, Marc Fesneau, lui fait écho via un message sur Twitter citant l'article 24 de la Constitution : "Le Parlement vote la loi. Il contrôle l'action du Gouvernement. Il évalue les politiques publiques."

    Marc Fesneau
    @MFesneau
    Un autre Article 24 (Constitution de 1958 celui là) : « Le Parlement vote la loi. Il contrôle l'action du Gouvernement. Il évalue les politiques publiques ». Voilà. Simple, clair, net. Confiance pleine et entière à la démocratie représentative. @AssembleeNat et @Senat
    LCI
    @LCI
    En réponse à @LCI
     
     @MFesneau sur l'#Article24 : "Il ne me semble pas que tel qu'il est rédigé, il soit de nature à empêcher la diffusion d'images telles que celles que nous avons vues lundi ou hier."
     
     @agindre dans #LaMatinaleLCI.
    LIEN Vidéo

    Dans Le Figaro, la présidente déléguée du groupe LREM à l'Assemblée, Aurore Bergé, s'irrite, elle aussi, du mépris supposé de l'exécutif envers les députés. "Le Parlement et la majorité parlementaire ne sont pas des paillassons sur lesquels on s'essuie. Nous serons condamnés à suivre l'avis de cette commission qui s'imposera à nous immédiatement", estime-t-elle. Dans le même journal, une autre députée LREM, Yaël Braun-Pivet, juge la création de cette commission "insupportable".

    A cette fronde s'en ajoute une autre, sur le fond, pour contester la ligne du ministre de l'Intérieur, selon Le Monde. "La commission indépendante, c'est une idée de Gérald. Tout comme l'article 24, qui était une idée de Gérald", s'agace un ministre, cité par le quotidien. Dans Le Figaro, le vice-président de l'Assemblée nationale Hugues Renson (LREM) estime qu'il ne faut pas "s'obstiner" quand une "mesure [l'article 24] suscite autant de résistance".

    Cette ligne est-elle alimentée par le chef de l'Etat ? Réagissant sur Facebook aux révélations de Loopsider sur l'affaire Michel Zecler, le président Emmanuel Macron "demande au gouvernement de faire rapidement des propositions pour réaffirmer le lien de confiance qui doit naturellement exister entre les Français et ceux qui les protègent".

    5 -Jean Castex précise à quoi doit servir la commission

    Dans une lettre que France Télévisions s'est procurée, Jean Castex assure à Richard Ferrand que la commission doit servir au gouvernement à "nourrir sa réflexion". "Je vous confirme qu'il n'entrera pas dans le périmètre de cette commission le soin de proposer une réécriture d'une disposition législative, mission qui ne saurait relever que du Parlement", écrit-il.

    Lettre du Premier ministre au président de l'Assemblée nationale, que France Télévisions s'est procurée. (FRANCE TELEVISIONS)

     

    Lettre du Premier ministre au président de l'Assemblée nationale, que France Télévisions s'est procurée.(FRANCE TELEVISIONS)

    La commission, dont le résultat des travaux est attendu pour le 15 janvier 2021 "au plus tard", "pourra formuler des propositions de nature juridique, procédurale, ou relevant des champs de la formation, de l'éducation ou tout autre domaine qui lui apparaîtrait pertinent, s'agissant notamment des conditions de travail et d'intervention de la presse et des forces de l'ordre". Pas sûr que cette lettre suffise à calmer la fronde de la majorité, échaudée par son soutien à un texte largement mis en cause depuis une semaine.

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  • Fondation 30 Millions d'Amis

     

    Actualités

    La justice reconnaît l'insuffisante connaissance de la

    « perdrix des neiges » pour pouvoir la chasser

    Cet oiseau au plumage discret – qui change de couleur en fonction de la saison pour mieux se camoufler au sol – figure sur la liste rouge des espèces menacées en France. ©peupleloup /Flickr

    La justice administrative reconnaît que le lagopède alpin - autrement appelé perdrix des neiges - est insuffisamment connu pour être chassé, a-t-on appris auprès de la Ligue de protection des oiseaux (LPO), qui espère que cette décision sur le fond « fera jurisprudence ».

    Après la suspension en urgence de la chasse en Haute-Savoie et en partie en Isère fin octobre pour 2020, ces nouvelles décisions du tribunal administratif de Grenoble concernant les perdrix des neiges annulent les arrêtés préfectoraux de 2019 de la Haute-Savoie, de l'Isère et de la Savoie.

    "Le bon état de conservation de l'espèce n'est pas établi"

    "Le tribunal reconnaît que les indices de reproduction collectés, avec un nombre inférieur à 30 adultes, n'est pas statistiquement représentatif et ne peuvent donc permettre de légitimer la chasse de cette espèce", s'est réjouie la LPO dans un communiqué (24/11/2020).

    De fait, les décisions du tribunal, que l'AFP a consultées, soulignent qu'"il n'existe aucun indice de confiance permettant d'envisager la population réelle de lagopèdes" compte tenu "de la difficulté de (leur) observation dans leur milieu naturel". Donc les prélèvements autorisés sont fixés "sur la base de comptage d'échantillons trop faibles ou défaillants" alors que "le bon état de conservation de l'espèce n'est pas établi", selon le tribunal.

    Espèce relictuelle de l'ère glaciaire, ce gallinacé emblématique des montagnes vit entre 1.800 et 3.000 mètres d'altitude. Il a un plumage discret qui change de couleur en fonction de la saison pour mieux se camoufler au sol. Il figure sur la liste rouge des espèces menacées en France.

    Pas d'aggravation des peines malgré la récidive

    "On espère que cela fasse jurisprudence pour les années à venir et qu'il n'y ait plus d'autorisation de chasse", a confié à l'AFP Me Eric Posak. "On ne veut pas retourner au tribunal chaque année, mais que les motifs soient respectés l'an prochain par les préfets". La LPO déplore que "les préfets reprennent année après année des arrêtés identiques à ceux pourtant annulés les années précédentes. Aucun Français ne pourrait récidiver année après année sans voir ses peines aggravées".

    "Les galliformes de montagne sont des espèces fragiles en mauvais état de conservation. Le président de la République s'est engagé, lorsqu'il était candidat, à retirer les espèces en mauvais état de conservation de la liste des espèces chassables. Il lui reste 16 mois pour tenir parole", a souligné Marie-Paule De Thiersant, présidente de la LPO Auvergne-Rhône-Alpes.

    Préfectures et fédérations départementales de chasseurs ont un mois pour faire appel des ces décisions rendues le 16 novembre.

    Avec AFP

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  • Covid-19 : "Hold-up", le documentaire polémique, est un "bric-à-brac d'inepties", dénoncent quatre académies scientifiques

    Financé par des cagnottes en ligne et officiellement sorti mercredi 11 novembre sur internet, ce documentaire de 2h40 aux accents complotistes fustige les mesures prises contre le Covid-19, en multipliant les contre-vérités et les affirmations hâtives.

    Article rédigé par
    France Télévisions
    Publié le 27/11/2020 19:47 Mis à jour il y a 34 minutes
    Temps de lecture : 1 min.
    Le documentaire "Hold-up" sur le Covid-19, qui dénonce un "complot mondial", est disponible sur les écrans depuis le 11 novembre 2020. (FLORIAN JANNOT-CAEILLET? / HANS LUCAS / AFP)Le documentaire "Hold-up" sur le Covid-19, qui dénonce un "complot mondial", est disponible sur les écrans depuis le 11 novembre 2020. (FLORIAN JANNOT-CAEILLET? / HANS LUCAS / AFP)

    "'Hold-up' sur la science". Dans un communiqué publié jeudi 26 novembre, les Académies des sciences, de médecine, de pharmacie et des technologies ont dénoncé le documentaire Hold-up, qui prétend que la crise du Covid-19 est un "complot mondial" manigancé par "les gouvernants". Les quatre académies estiment qu'"au-delà de la santé, les attaques contre la science affectent aujourd'hui de nombreux aspects de la vie de nos sociétés". Pour les académies signataires, ce "long film (...), en se donnant les apparences d'un documentaire, développe une théorie conspirationniste sur la pandémie de Covid-19" et ressemble à "un bric-à-brac d'inepties".

    Des "infox" grossières

    Ses auteurs "cherchent ainsi à minimiser la gravité d'une pandémie", qui a causé plus de 50 000 décès en dix mois en France, rappellent les académies, et à faire croire que les autorités sanitaires visent l'établissement d'un "système de surveillance et de coercition de la population". Le texte énumère ensuite une liste des opinions "souvent confuses et parfois contradictoires", ainsi que des informations infondées et contredites par les faits. Les signataires pointent par exemple du doigt les "infox" les plus grossières, comme la fabrication du virus par l'Institut Pasteur, ou l'enfermement des patients, au Canada, dans des camps d'internement.

    Au final, les académies craignent que la diffusion de ces "informations", "notamment auprès des plus jeunes", soit "de nature à compromettre le fondement rationnel des actions de santé publique pour le contrôle de la pandémie en cours". Qu'il s'agisse en l'occurrence des mesures comme le confinement ou d'un programme de vaccination à venir.

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  • En Corée du sud, les sectes à nouveau au cœur

    des contaminations au Covid-19

    Les autorités sanitaires et la Ville de Séoul ont déposé plainte, le 16 août, contre le leader de l’Eglise évangélique Sarang Jeil, le militant d’extrême droite Cheon Guan-hung, l’accusant de ne pas avoir respecté un ordre de quarantaine.

     

    Par Publié le 18 août 2020 à 12h52 - Mis à jour le 18 août 2020 à 14h19

     

     

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    Le leader de l’Eglise évangélique Sarang Jeil, Cheon Guan-hung, à Séoul, lundi 17 août 2020.Le leader de l’Eglise évangélique Sarang Jeil, Cheon Guan-hung, à Séoul, lundi 17 août 2020. Hong Hae-in/AP

     

    La Corée du Sud connaît une brusque résurgence des contaminations au Covid-19. Comme au début de la pandémie en février, les principaux foyers d’infection se trouvent au sein de mouvements évangéliques.

     

    Les Centres de contrôle et de prévention des maladies (KCDC) ont signalé mardi 18 août 246 nouveaux cas, pour un total de 15 761. Pour le cinquième jour, le nombre dépasse les 100 dans un pays qui semblait avoir réussi à endiguer la pandémie grâce à une efficace politique de dépistage massif et de traçage, tout en assurant un approvisionnement en masques et évitant tout confinement national.

     

    La situation est « grave », a reconnu le ministre de la santé, Park Neung-hoo. « Nous redoutons une propagation des infections dans tout le pays. » La veille, le ministère de la défense avait interdit aux militaires de quitter les bases pour des permissions.

     

    Lire aussi En Corée du Sud, le chef de la secte Shincheonji arrêté pour entrave à la lutte contre le coronavirus

     

    Lorsque la Corée du Sud a été touchée par la première vague fin février-début mars, le principal foyer de contamination était la branche de Taegu, dans le sud-est du pays, du mouvement évangélique Shincheonji. Plus de 5 000 fidèles avaient contracté le virus, forçant les autorités de Taegu à confiner ses habitants. Une vive polémique avait suivi car les responsables de la secte avaient tout fait pour ne pas communiquer la liste des adhérents. Son leader, Lee Man-hee, a été arrêté le 1er août pour obstruction aux opérations gouvernementales de lutte contre la pandémie.

     

    Liste tronquée

    Cette fois, c’est l’Eglise évangélique Sarang Jeil qui se trouve impliquée. Entre le 12 et le 18 août, pas moins de 319 cas ont été détectés parmi ses quelque 4 000 fidèles. Les autorités s’inquiètent car certains membres sont restés plusieurs jours en contact étroit.(...) Suite :Article réservé aux abonnés

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  • Lutte contre le Covid-19 : les leçons sud-coréenne et japonaise

    La Corée du Sud et le Japon ont été relativement épargnés par le Covid-19 et ignorent la déconnexion entre pouvoir et population. Respect de l’hygiène et responsabilité collective s’y enseignent dès l’école.

    Par et Publié le 19 octobre 2020 à 01h04 - Mis à jour le 19 octobre 2020 à 05h43

       

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    Deux femmes portent le masque devant le temple du quartier d’Asakusa, à Tokyo, le 13 octobre.Deux femmes portent le masque devant le temple du quartier d’Asakusa, à Tokyo, le 13 octobre. ISSEI KATO / REUTERS

    Analyse. Face à la crise sanitaire provoquée par le Covid-19, la Corée du Sud et le Japon ont agi différemment en matière de mesures gouvernementales. Mais les réactions collectives et individuelles des populations ont été similaires. Si ni Séoul ni Tokyo n’ont recouru au confinement total, les deux pays n’en enregistrent pas moins des bilans de la lutte contre le virus qui peuvent surprendre : en dépit de récentes phases de résurgence, la Corée du Sud comptait 25 035 contaminations et 441 décès le 15 octobre, et le Japon 91 402 contaminations et 1 650 morts.

    Ayant tiré les leçons de l’épidémie de syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS) de 2015, le gouvernement sud-coréen a rapidement mis en place un traçage efficace de l’origine des contaminations. Sa communication, cohérente et simple, a facilité la mobilisation de la population. Les autorités ont en outre mobilisé les entreprises pharmaceutiques, afin de mettre au point en un temps record des tests de dépistage et disposer ainsi d’une rapide appréciation de la diffusion du virus.

    Lire aussi : En Corée du Sud, les sectes à nouveau au cœur des contaminations au Covid-19

    Ce traçage des contaminations a suscité inquiétudes et débats sur la protection des données individuelles. Des campagnes de harcèlement en ligne de personnes « identifiées », parfois par erreur, comme porteuses du virus grâce aux informations données par les autorités ont provoqué des drames. Les données divulguées ont donc par la suite été limitées au sexe et à l’âge de la personne, aux lieux visités et aux heures de passage, en évitant toute identification. Grâce aux garde-fous mis en place, la population a adhéré aux décisions des autorités, en dépit des menaces potentielles qu’elles font peser sur la protection des données personnelles, voire d’abus de pouvoir des autorités.(...) 

    Suite :Article réservé aux abonnés

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    • Hauts-de-Seine : de la cocaïne dans des colis destinés à des laboratoires d’analyses, deux hommes écroués

      Un Français de 34 ans et un Marocain de 35 ans sont soupçonnés d’avoir réceptionné plusieurs colis contenant de la drogue en provenance d’Amérique du Sud, devant des laboratoires d’analyses médicales.

       Avec l’augmentation du nombre de tests de dépistage au Covid-19 effectués, les laboratoires d’analyses médicales sont surchargés. Avec l’augmentation du nombre de tests de dépistage au Covid-19 effectués, les laboratoires d’analyses médicales sont surchargés.  LP/Delphine Goldsztejn
       
      Le 23 novembre 2020 à 18h57

      Leur mode opératoire était « audacieux et bien organisé », selon les déclarations d'une source proche de l'enquête à Franceinfo, qui révèle l'affaire ce lundi. Deux hommes domiciliés en région parisienne ont été interpellés et écroués mi-novembre pour trafic de stupéfiants. Ils sont soupçonnés d'avoir réceptionné des colis de cocaïne devant des laboratoires d'analyses médicales, alors que ces établissements sont surchargés avec la crise sanitaire.

      L'affaire a commencé en août. Les enquêteurs du service départemental de la police judiciaire des Hauts-de-Seine (SDPJ 92) ont mis en place des surveillances techniques et physiques, après avoir intercepté un colis de 9,5 kg de cocaïne. Ils ont alors découvert que la drogue était envoyée par colis entre un laboratoire argentin de Buenos Aires et un laboratoire d'analyses médicales de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), explique Franceinfo.

      65 kg de cocaïne

      Les deux suspects sont ainsi soupçonnés d'être en relation avec des trafiquants d'Amérique du Sud pour se faire envoyer la drogue à l'adresse d'un laboratoire. Grâce au suivi de colis, ils arrivaient devant l'établissement au moment de la livraison, se faisaient passer pour des employés et réceptionnaient la cocaïne.

      Le 16 novembre, les deux hommes, un Français de 34 ans et un Marocain de 35 ans, ont été interpellés en flagrant délit devant un laboratoire à Enghien-les-Bains (Val-d'Oise), indique Franceinfo. 9 kg de cocaïne, trois portables et une « compteuse » de billets ont été saisis dans le véhicule des malfaiteurs.

      Selon les enquêteurs, les deux suspects auraient réceptionné au moins six livraisons, pour un total de 65 kg de cocaïne. Soit une valeur marchande estimée à plus de deux millions d'euros.

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    • Covid-19 : un premier élevage de visons contaminé en France,

      1000 bêtes abattues

      Le gouvernement a ordonné l’abattage des 1000 animaux encore présents sur l’exploitation.

       Sur les quatre élevages de visons en France, un est indemne. Des analyses sont en cours dans deux autres. Sur les quatre élevages de visons en France, un est indemne. Des analyses sont en cours dans deux autres. AFP/Mads Claus Rasmussen
       
      Le 22 novembre 2020 à 15h39

      La France vient à son tour pour la première fois de détecter la présence de Covid-19 dans un élevage de visons, en Eure-et-Loir, ont annoncé dimanche les ministères de l'Agriculture, de la Santé et de la Transition écologique.

      « L'abattage de la totalité des 1000 animaux encore présents sur l'exploitation et l'élimination des produits issus de ces animaux » a été ordonné, indiquent-ils dans leur communiqué. Sur les quatre élevages de visons que compte le pays, l'un est indemne et « des analyses sont encore en cours dans les deux derniers », dont les résultats sont attendus dans la semaine.

      Plusieurs pays européens ont déjà rapporté des contaminations d'élevages de visons, principalement au Danemark, avec la découverte récente d'un virus variant, mais aussi aux Pays-Bas puis en Suède et en Grèce, et des cas isolés ont été détectés en Italie et en Espagne. Des cas ont également été décelés aux États-Unis.

      La mutation probablement éteinte au Danemark

      Samedi, des centaines d'éleveurs danois ont manifesté en tracteur dans Copenhague, pour protester contre la décision gouvernementale d'abattre tout le cheptel pour lutter contre une mutation problématique du coronavirus. Les autorités danoises ont indiqué jeudi que cette mutation était très probablement éteinte. Elle risquait, selon les autorités, de rendre le vaccin moins efficace, car ce virus muté ne réagit pas autant aux anticorps que le virus normal.

      Le gouvernement français a souligné dimanche l'importance des gestes barrière dans ce contexte aussi : pour protéger les visons d'une contamination à partir du personnel des élevages, mais aussi, par précaution, éviter les contacts entre animaux éventuellement infectés et le personnel.

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    • Dernières prières à l’intérieur du monastère de Dadivank.
      Photo : Jonathan Alpeyrie

      Le 9 novembre dernier, un accord d’arrêt total des combats dans le Haut-Karabagh était signé par l’Arménie et l’Azerbaïdjan sous l’égide de la Russie. Son application est contrôlée par quelque 2 000 soldats russes déployés le long de la ligne de front. De retour de Stepanakert et d’Erevan, le photographe franco-américain Jonathan Alpeyrie nous livre son témoignage sur l’issue de la guerre. 

      Comment se passe la mise en place de l’accord ?

      Jonathan Alpeyrie : Ce cessez-le-feu a réellement mis un terme aux combats [contrairement aux trois précédents des 10, 18 et 26 octobre, respectivement sous l’égide de la Russie, de l’OSCE, puis des États-Unis, ndlr]. Il n’y a plus eu de bombardements. La présence des Russes a été efficace de ce point de vue. Les deux camps ont également procédé à des échanges de corps.

      Au niveau stratégique, les Arméniens ont perdu sur toute la ligne. Ils ont même accepté la création, dans le sud de leur territoire, d’un corridor reliant le Nakhitchevan [une région autonome azerbaïdjanaise, coincée entre l’Arménie l’Iran et la Turquie ndlr] au reste de l’Azerbaïdjan. Il en résulte un continuum entre ce pays et la Turquie. La grande question est de savoir pourquoi Nikol Pachinian a accepté autant de concessions. Y a-t-il été poussé par le Kremlin ? 

      Chouchi, Haut-Karabagh, le 13 novembre 2020. Des soldats arméniens s’apprêtent à procéder à un échange de corps avec les troupes azerbaïdjanaises, postées à quelques centaines de mètres de là.
      Photo : Jonathan Alpeyrie

      Comment se déroule le départ des réfugiés arméniens ? 

      J. A. : Avant de partir, ils ont tout détruit. Ils ont brûlé les maisons, abattu leur bétail, leurs chiens… Ils ont aussi coupé tous les grands arbres dans un geste symbolique, mystique. Ces terres sont arméniennes depuis l’Antiquité, elles ont vu vivre leurs ancêtres ; les Arméniens estiment qu’en les quittant, ils doivent faire place nette, ne laisser aucune part d’eux-mêmes aux Azerbaïdjanais qui recoloniseront prochainement la région. C’est un message fort : « Nous vous rendons cette terre vierge. » 

      On retrouve là le côté très dramatique de ce peuple aux racines anciennes, qui a connu de nombreuses guerres, des génocides. Cela n’a rien à voir avec la politique de la terre brûlée : cela n’aurait aucun sens, les Azerbaïdjanais ayant bien assez d’argent pour reconstruire et tout replanter derrière. En revanche, cela en dit long sur les Arméniens et leur état d’esprit actuel. 

      En partant, les habitants de Karvajar ont brûlé leurs maisons, abattu leur bétail et leurs chiens. Photo : Jonathan Alpeyrie

      Les réfugiés ont-ils où aller ? 

      J. A. : Certains se rendent à Stepanakert [la capitale du Haut-Karabagh et la région environnante ne passent pas sous contrôle azerbaïdjanais, ndlr], mais ce n’est pas la majorité. La plupart rentrent en Arménie, où beaucoup ont de la famille. Je pense également que la diaspora arménienne dans le monde continuera d’augmenter. Il ne faut pas oublier que, sur les quelque 12 millions d’Arméniens qui peuplent la planète, à peine 3 millions vivent en Arménie (et environ 160 000 dans le Haut-Karabagh). C’est une population en déclin.

      « Le fatalisme l’emporte clairement en Arménie. »

      Sans doute est-ce le calcul fait par les Turcs, qui tablent sur une disparition du pays en moins d’un siècle et se voient d’ores et déjà récupérant l’intégralité du territoire. La tendance démographique joue incontestablement contre les Arméniens. Or c’est elle qui détermine le destin des peuples à long terme.

      Par ailleurs, la perte des territoires frontaliers de l’Arménie crée une situation très précaire dans le Haut-Karabagh. La région séparatiste est désormais réduite à Stepanakert et à ses alentours. Elle est encerclée par l’Azerbaïdjan. Une route la relie toujours à l’Arménie, mais Bakou n’aurait aucun mal à la couper en cas de reprise des combats. La ville de Chouchi, passée aux mains des Azerbaïdjanais, surplombe Stepanakert : il suffirait à ces derniers de bombarder la capitale du Haut-Karabagh pour la prendre également. 

      Les soldat indépendantistes mettent en place de nouvelles positions défensives après leur défaite à Chouchi. Photo : Jonathan Alpeyrie

      Comment les Arméniens perçoivent-ils l’accord ? 

      J. A. : Le sentiment d’une trahison domine largement. Nikol Pachinian a décidé seul de signer l’accord, sans en parler à personne. En revanche, il est clair que les Arméniens avaient déjà baissé les bras et qu’ils ne nourrissent aucune illusion sur un retour, sur une éventuelle revanche. J’ai assisté à des combats d’artillerie très lourds dans la région de Syunik, dans le sud de l’Arménie ; des troupes azerbaïdjanaises se sont infiltrées en territoire arménien : Erevan a à peine réagi ! Il n’y a pas eu non plus de grande offensive pour reprendre les zones perdues. L’armée arménienne est quasi intacte, elle n’a rien fait. Ce défaitisme, cet aveu d’impuissance sont très étonnants. 

      Le fatalisme, la résignation l’emportent clairement. L’état d’esprit diffère radicalement de celui qui régnait lors de la première guerre, au début des années 1990. C’est difficile à expliquer. Les Arméniens ont-ils été pris de court ? La raison est-elle plus profonde, anthropologique, comme un signe que ce peuple admet inconsciemment qu’il est en train de disparaître ? En dehors de l’assaut du parlement, survenu peu après l’annonce du cessez-le-feu, les manifestations qui ont lieu à Erevan n’étaient pas tellement violentes ni massives. Il y avait peut-être 10 000 personnes dans les rues, les premiers temps [la capitale arménienne compte un peu plus d’un million d’habitants, ndlr], et beaucoup moins ces derniers jours. On ne peut parler de soulèvement populaire visant à renverser le gouvernement pour repartir en guerre. 

      « Tant que les Russes resteront sur place, il n’y aura pas de nouveaux combats. »

      Comment les soldats russes de la force de maintien de la paix sont-ils accueillis par la population locale ? 

      J. A. : J’ai croisé des soldats russes autour du monastère de Dadivank [XIe-XIIIe siècles, ndlr]. Personne ne s’en prenait à eux ou ne les insultait. Ils ne sont pas considérés comme des occupants, pas non plus comme des sauveurs. Le sentiment est mitigé. 

      Le célèbre monastère arménien de Dadivank.
      Photo : Jonathan Alpeyrie

      On évoque l’envoi de soldats turcs pour contrôler le cessez-le-feu. Ankara était pourtant partie prenante dans le conflit via son soutien à Bakou… 

      J. A. : C’est vécu comme une autre trahison. Les Arméniens sont sous le choc. Ils ne peuvent que constater le cynisme de la situation : les Turcs viennent encadrer l’application des accords de paix alors qu’ils ont eux-mêmes provoqué la guerre ! 

      L’accord peut-il instaurer une paix durable ? 

      J. A. : Personne ne le sait vraiment. Tant que les Russes resteront sur place, il n’y aura pas de nouveaux combats [l’accord tripartite prévoit leur présence pendant cinq ans renouvelables, ndlr]. Les Azerbaïdjanais n’ont aucun intérêt à les provoquer. Ils viennent de remporter une grande victoire militaire malgré leurs pertes (en l’absence de bilan officiel, on parle de 15 000 morts côté azerbaïdjanais, contre au moins 2 500 Arméniens tués), une victoire historique. Par ailleurs, la démographie joue en leur faveur [la population du pays, qui compte actuellement 10 millions d’habitants, est en augmentation constante, ndlr], face à une Arménie en peau de chagrin, encerclée… 

      Erevan, de son côté, entretient des relations difficiles avec son principal allié, Moscou, depuis son tournant pro-européen de 2018. Le voisin géorgien (au nord) a peu de chances de lui venir en aide en cas de problème. Rien ne dit que l’alliance avec l’Iran (au sud), pays musulman s’il est besoin de le rappeler, dure longtemps… 

      Quel est le grand gagnant de la séquence ? 

      J. A. : La Russie ! Elle a maintenant des troupes sur le terrain. C’est elle qui a eu l’initiative du cessez-le-feu. Moscou fait vraiment la pluie et le beau temps dans la région.

      Soldats russes près du monastère de Dadivank, le 14 novembre 2020. Les russes ne sont considérés ni comme des occupants, ni comme des sauveurs. Photo : Jonathan Alpeyrie

      La Turquie est l’autre gagnant – mais loin derrière la Russie. Ankara craint Moscou – à juste titre. Elle fait très attention à ne pas l’irriter. Les Turcs ont d’ailleurs très bien joué leur coup en sachant s’arrêter au bon moment, afin de laisser le dialogue ouvert. Cela leur a permis d’obtenir des concessions impensables il y a encore quelques semaines – notamment le corridor de Nakhitchevan.

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