Donald Trump a défendu mercredi le retrait des troupes américaines de Syrie, minimisant la menace qui pèse sur les forces kurdes et faisant l’éloge d’une incroyable lettre adressée à son homologue turc Recep Tayyip Erdogan.

"Ne jouez pas au dur ! Ne faites pas l’idiot !" : ce langage fort peu diplomatique est celui employé dans une lettre adressée par le président américain Donald Trump à son homologue turc Recep Tayyip Erdogan. "Trouvons un bon accord", suggère Donald Trump dans cette missive de quatre paragraphes dévoilée mercredi mais datée du 9 octobre, dont l’authenticité a été confirmée. Elle a donc été adressée au président turc le jour où il a lancé ses troupes à l’assaut des Kurdes dans le Nord de la Syrie.

"Vous ne souhaitez pas être responsable du massacre de milliers de personnes, et je ne veux pas être responsable de la destruction de l’économie turque – ce que je ferais (si nécessaire)", écrit le président américain. "L’Histoire vous jugera d’un œil favorable si vous agissez de façon juste et humaine. Elle vous considérera à jamais comme le diable si les choses se passent mal", met en garde Donald Trump sans autre précision. "Ne jouez pas au dur ! Ne faites pas l’idiot !", conclut-il. "Je vous téléphonerai plus tard".

Sud Ouest
Crédit photo : BAKR ALKASEM / AFP

Le PKK, une "menace terroriste" pire que Daesh 

Mercredi, quelques heures avant le départ du vice-président Mike Pence pour Ankara, où il espère convaincre les Turcs de mettre fin à leur invasion dans le nord de la Syrie visant les Kurdes, le président a pris ses distances avec le conflit en cours. "Si la Turquie pénètre en Syrie, c’est une affaire entre la Turquie et la Syrie, ce n’est pas une affaire entre la Turquie et les États-Unis comme beaucoup de gens stupides voudraient vous le faire croire", a-t-il lancé.

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À ceux soulignant que les États-Unis ont une responsabilité particulière envers les Kurdes, qui se sont battus à leur côté contre les djihadistes de Daesh, le locataire de la Maison Blanche rétorque qu’il ne faut pas trop s’inquiéter, et ne pas les idéaliser. "Ce ne sont pas des anges, ce ne sont pas des anges", a-t-il lancé. "Les Kurdes savent se battre", a-t-il ajouté, affirmant même qu’ils étaient "plus en sécurité aujourd’hui". Puis, dans une sortie surprenante, qui sera douce aux oreilles de son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, il a affirmé que le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui mène une sanglante guérilla contre la Turquie depuis plusieurs décennies, était "probablement" une plus grande "menace terroriste" que Daesh.

Revendiquant haut et fort son choix de retrait des troupes, Donald Trump a estimé cependant qu’il n’avait en rien donné à Erdogan son accord pour son offensive militaire dans le nord de la Syrie contre une milice kurde, qui se considère comme la branche syrienne du PKK. "Je ne lui ai pas donné de feu vert. Quand vous dites ça, c’est très trompeur", affirme-t-il.