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A l’IHU Méditerranée Infection de Didier Raoult, les start-up sont aussi les bienvenues (1/2)
A l’IHU Méditerranée Infection de
Didier Raoult, les start-up sont aussi les bienvenues
Depuis le début de la crise du coronavirus, l’IHU Méditerranée Infection est sous les feux des projecteurs grâce à son emblématique directeur, le professeur Didier Raoult et son fameux traitement à la chloroquine. Mais le désormais célèbre infectiologue ne passe pas sa vie à faire des essais cliniques et publier des articles dans des revues scientifiques. Avec l’IHU, il porte aussi l’ambition d’offrir aux citoyens des solutions concrètes. Et cela passe par la valorisation de ses travaux portés par des entreprises privées.
Les professeurs de l’IHU sont aussi des entrepreneurs
Dès sa création, l’IHU Méditerranée Infection portait dans ses gènes le virus de l’entreprise. « Les citoyens veulent que nos recherches aient un impact direct sur leur vie quotidienne. C’est l’une de nos missions premières », insiste le professeur Eric Chabrière. Cet épidémiologiste, proche collaborateur de Didier Raoult, est le responsable de la valorisation de la recherche. Il est un peu le chef de l’incubateur qui accueille aujourd’hui neuf jeunes entreprises issues pour la plupart des travaux de l’établissement.
L’association de l’excellence académique et de l’agilité des start-up
Eric ChabrièreEric Chabrière est d’ailleurs le co-fondateur de l’une de ces sociétés, Gene & GreenTK. Lancée dès 2013 avec le professeur Mikael Elias (Université du Minnesota), Gene&Green TK est la première des start-up à avoir bénéficié de l’incubation de l’IHU Méditerranée Infection. Le chercheur David Daudé, récemment installé en tant que P-dg de la société, explique : « nous développons des enzymes, capables de lutter contre les infections bactériennes ou les agents neurotoxiques ». Par exemple, elle a créé Vesutox, une poudre soluble capable de dégrader le gaz sarin en quelques minutes. Un produit qui intéresse au plus haut point l’armée française. « Grâce à la réputation de l’IHU, nous avons pu répondre à un appel d’offres de la direction générale des armées. C’est l’une des forces de cette association entre excellence académique et agilité des start-up », explique Eric Chabrière. L’aventure entrepreneuriale a séduit bien d’autres chercheurs de l’IHU et de l’AP-HM.
Eric Chabrière interrogé sur LCI en pleine crise sur le coronavirus. (Crédit DR)
En 2015, Didier Raoult et Jean-Marc Rolain, professeur de pharmacie à l’IHU, s’associent avec Olivier Blin, chef du service pharmacologie de la Timone, Séverine Pitel, contrôleur financier de Protisvalor et Sébastien Gallice, pharmacien, pour créer Biosqual. Cette société est spécialisée dans le développement d’analogues de la squalamine, un antiviral naturel de requin, à usage clinique. Cette molécule naturelle détient des propriétés antiseptiques remarquables qui permettraient de lutter contre les infections nosocomiales. « L’idée est de développer des médicaments, et d’être en accord de co-développement ou en accord de licence avec des industriels qui soient capables de les commercialiser au niveau international », détaille Olivier Blin.
Si la société est elle-même fondée par des chercheurs de l’IHU, elle profite en plus de son expertise : « avoir accès aux technologies et aux collections biologiques de l’IHU permet d’accélérer le développement et d’avoir les meilleurs experts sur l’ensemble des domaines des maladies infectieuses », avoue le professeur Blin.
Un immense terrain d’expérimentation high-tech
Les sociétés hébergées à l’IHU profitent pleinement de l’environnement académique : « Sans l’IHU, les start-up n’auraient pas les moyens de se payer des profils expérimentés comme nos scientifiques qui se paient habituellement à prix d’or », avance Eric Chabrière. Elles disposent également d’un espace dédié de 400 mètres carrés pour travailler, d’un laboratoire et de l’accès aux équipements de pointe de l’hôpital. Par exemple, l’IHU dispose d’un microscope électronique de pointe qui lui a permis notamment de séquencer le génome du coronavirus. Mais surtout, il détient l’une des plus importantes collections de microbes au monde. Un merveilleux terrain de jeu pour Xegen, une autre start-up labellisée IHU qui a développé un logiciel d’analyse génomique. « L’IHU est un de nos plus anciens clients. Ils nous commandent régulièrement des prestations pour faire de la génomique comparative. Ici, on travaille avec les plus grands spécialistes de la microbiologie. C’est inestimable », avoue Julien Paganini, le P-dg et fondateur de Xegen. D’autres start-up utilisent aussi l’IHU pour faire des tests grandeur nature.
2- IHU Méditerranée infection : les futures pépites de l’IHU de Didier Raoult Richard Michel
Une conférence à l'IHU Méditerranée Infection en avril 2019 (Crédit : @IHU_MarseilleAu plus fort de l’épidémie de Coronavirus, Medihandtrace basée à l’IHU (Institut hospitalo universitaire) Méditerranée Infection étudie un sujet majeur pour les hôpitaux : l’utilisation du gel hydroalcoolique dans les hôpitaux. La société a développé un dispositif électronique installé sur les distributeurs de gel qui permet d’analyser l’utilisation de ces derniers par le personnel soignant.« Nous l’avons installé à l’IHU depuis plusieurs années et cela leur permet de surveiller les bonnes pratiques d’hygiène avec des données précises. On a d’ailleurs relevé une très forte augmentation de l’utilisation du gel depuis le début de la crise », explique Francine Lanceleur, la directrice générale de Medihandtrace. Forte de son expérience à l’IHU, elle a réussi à vendre sa solution à une vingtaine d’établissements en France et à l’étranger. L’an dernier, elle a attiré l’attention du groupe néerlandais Christeyns, leader européen des solutions d’hygiène, qui est entré à son capital aux côtés de l’IHU.
« C’est le professeur Raoult, lui-même, qui vient directement assister aux réunions stratégiques pour donner son avis au nom de l’IHU »
Eric ChabrièreEn contrepartie de tous ces avantages (lire le premier volet de notre dossier publié hier), les start-up ont toutes cédé 5% de leur capital à l’IHU. Une participation mineure mais qui implique réellement l’établissement dans la vie des sociétés. « C’est le professeur Raoult, lui-même, qui vient directement assister aux réunions stratégiques pour donner son avis au nom de l’IHU », raconte Eric Chabrière. L’établissement profite pleinement lui-aussi de l’activité de ses start-up.
Certaines sociétés comme Gene&GreenTK publient aussi des articles scientifiques en collaboration avec l’IHU et l’hôpital, ce qui augmente le financement du ministère de la santé qui rémunère les établissements de soin en fonction des publications. « En plus, ils apportent un appui technique sur des travaux de recherche. Je peux vous dire que l’investissement de départ de l’IHU est largement remboursé », assure Eric Chabrière.
Les outils développés par les start-up font partie du quotidien de l’IHU. « On utilise la solution de Medihandtrace tous les jours pour se protéger des maladies nosocomiales », affirme le chercheur. Une autre start-up Procramé a créé une boite pour ranger les blouses, les masques et les gants dans un environnement stérile. « Tous nos services sont équipés », poursuit-il. Un partenariat gagnant-gagnant en somme.
La députée Cathy Racon-Bouzon était en visite dans les locaux de l’IHU du professeur Didier Raoult dimanche 29 mars (crédit : @RaconCathy)Créer à l’IHU une biobanque de la collection de microbes et de bactéries
Et l’IHU compte bien donner naissance à d’autres sociétés. Dernière en date, Techno-jouvence a été créée en novembre dernier. Elle utilise les propriétés régénératrices du ver planaire pour développer des cosmétiques. Et l’Institut hospitalo universitaire réfléchit à monter une nouvelle société pour créer une biobanque de sa collection de microbes et de bactéries. Une mine d’or qu’il pourrait valoriser en offrant l’accès à d’autres organismes de recherche, publics et privés.
Cela permet à nos chercheurs d’être en lien direct avec les besoins réels de la société
Eric ChabrièreLa valorisation de la recherche rapporte un peu plus de 500 000 euros par an à l’IHU « mais surtout, cela permet à nos chercheurs d’être en lien direct avec les besoins réels de la société », insiste Eric Chabrière. Il estime que sa casquette d’entrepreneur lui permet d’être plus efficace même comme soignant. « Cela m’apporte un réseau bien plus large que le seul monde académique. Nous avons une vision plus proche des chefs d’entreprises avec un seul objectif : faire avancer la recherche au service du citoyen. Grâce à cette approche et au réseau, l’IHU a pu aller vite sur la mise en place du dépistage massif du coronavirus et tester 2,5 % des Marseillais », se félicite-t-il.
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Tags : France, recherche, IHU Méditerranée infection, start-up, futures pépites, IHU de Didier Raoult, Marseille, Eric Chabrière, Gene & GreenTK, Medihandtrace
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